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DEAD MAN’S SHOES +

6 Mar

Tourné en 2004, Dead Man’s Shoes a permis au britannique Shane Meadows de gagner du terrain. Si ce film, comme les précédents de Meadows, est resté très confidentiel (deux salles aux États-Unis pendant une semaine), il a connu un vif succès d’estime et conduit beaucoup de cinéphiles à s’intéresser à lui. Deux ans après, Meadows présentait This is England.

Revenu au village de son enfance, voisin d’une petite ville où résident les malfrats qui ont violenté son frère, Richard va le venger. Il est déterminé, a médité son coup et n’a rien à perdre.

On avait pas vu une telle réussite dans ce genre de configurations depuis les Pusher de Winding Refn. Dead Man’s Shoes nous situe autour d’un monde de petits gangsters de rue, vivant dans des conditions chaotiques et un univers moral tribal. Un territoire où un homme seul est en rupture et doit purger une partie de ce monde-là pour restaurer son propre équilibre.

Dead Man’s Shoes est un modèle de film sans moyens, sans concession, bourré de talent et de radicalité. Registre, le réalisme sauvage. Sur le plan formel Meadows s’illustre par une manière spécifique de capturer ses plans, pour un rendu automnal quelque soit les circonstances. Quelques années avant les mastodontes La Vengeance dans la Peau ou Le dernier pub, Paddy Considine s’illustrait ici dans une performance simple et puissante.

Note globale 75

Page Allocine & IMDB  + Zogarok sur SC

Suggestions… Harry Brown + L’Impasse + Bronson + Bons Baisers de Bruges + Chute Libre + Citadel

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MINI FILMS juillet 2021

5 Sep

Les notes au détail (EFI-PTS) : l’Écriture, la Forme, l’Intensité, la Pertinence, le Style, la Sympathie.

Insanitarium * (horreur USA 2008) : D’abord le plaisir de voir une série B en roue libre, puis l’ennui quand la fête commence – le mystère, les personnages secondaires, la pression : plus rien ne sait se tenir. Les petits leviers sont sacrifiés à l’accumulation d’outrances désespérées ; c’est potable et pas honteux dans le domaine, dans l’absolu c’est médiocre à son meilleur, mais toujours abordable. Plusieurs enchaînements étranges suggèrent de gros problèmes dans l’écriture et/ou le montage, sinon de l’insouciance. La seule réussite est la performance de Peter Stormare, le reste est inachevé et la trame globale crétine, l’exécution et les images vaguement réfléchies (avec des ‘coups’ comme les regards cristallins, la conclusion carpenterienne). Notes : 245-243. (36)

Les crevettes pailletées * (comédie F 2019) : Trop gentillet pour être même vaguement intéressant, trop gras et lamentable pour être un divertissement à aborder en tous lieux et toutes circonstances. Probablement assez honnête quant à la démonstrativité ‘gay’, niche humaine plus si curieuse (d’où une ringardise qui demande la créativité et la fougue d’un Almodovar pour arriver au niveau potable des Amants passagers) ; complaisant tout en refusant d’être agressivement militant, comme l’est le vieux donneur de leçon (ou vieux con) du club. Notes : 345-323. (32)

Downrange ** (horreur USA 2017) : Le début est laborieux et les protagonistes parlent trop ; puis l’agression génère une tension excellente. Les amateurs de sensation fortes devraient être satisfaits. Un plan extravagant à la 12e minute où on prend le point de vue d’une roue en train de se faire manipuler. Fin surprenante. Notes : 377-376. (62)

Scary stories to tell in the dark ** (horreur USA 2019) : Film d’horreur pour et avec ados dans la lignée des autres succédanées de Stranger Things. Quelques apparitions pittoresques, une résolution optimiste, sinon rien à signaler. Notes : 365-364. (48)

Residue * (fantaisie Canada 2017) : Ambitieux, démonstratif, un peu sauvage et random. Du cinéma bis sous influence lovecraftienne et dont le côté ‘mindfuck’ pourra ‘parler’ (à défaut de plaire) à un public amateur des classiques américains des vingt ans précédents (Memento, les films de Richard Kelly). L’intérêt de Mr mystère venu d’X-Files dans la manipulation de ce grimoire n’est pas évident, au-delà de jouer avec un matériel extraordinaire. Notes : 444-344. (36)

Wara no tate / Shield of straw * (suspense Japon 2013) : Un autre de ces films d’action stupides et polars ‘tordus’ ultra-démonstratifs signés Miike, passé d’ouvert à offert au grand-public. C’est blanchâtre et d’un style hideux, proche d’un Taxi mortellement lent et sérieux en-dehors des scènes explosives. Même en accéléré x2 je me suis copieusement ennuyé ; heureusement c’est tellement mauvais que les accès ‘d’émotion grave et forte’ (ou les tronches impliquées des collègues flics) me sortaient de la torpeur grâce à leur nullité. Le sujet est trop lourd pour l’équipe en présence et probablement ce convoi d’un tueur d’enfant n’est mis en image que pour son énorme potentiel de racolage. ‘Saloperie de monde, mais que voulez-vous il faut bien des lois et des droits – et vivement qu’on bute le salopard, la justice ne peut pas laisser passer !’ est le sommet que le film arrive tout juste à tutoyer ; mais comme il s’obstine de façon surréaliste à souligner l’absurdité de cette protection et la fatalité du cas (le méchant est incroyablement cruel et l’auto-justice reçoit tout en sa faveur bien que la raison incarnée par notre pilier soit de dire ‘Non’ à cette évidence), l’usure et la charité font se sentir ‘obligés’ d’y trouver un peu de valeur. L’écriture est manifestement supervisée par des cyniques profonds ou des attardés mais même dans ce cas la scène du métro et les ‘dilemmes de flics’ à ce moment laissent interdit. Notes : 252-212. (18)

Southbound ** (horreur USA 2016) : Film à sketches horrifique au concept obscur – si bien que j’ai peut-être raté ce qui en ferait davantage qu’un divertissement saignant à l’originalité ‘gadget’. Certains sketches sont redondants et monolithiques, ceux du dîner et de l’hôpital sont facilement les plus percutants. Notes : 367-355. (52)

Mausoleum * (horreur USA 1983) : Cinéma d’horreur grotesque avec monstre pustuleux et possession d’une MILF blonde à forte poitrine. Qualité visuelle notamment lors des scènes clé comme l’intro au mausolée inondé de fumées vertes. Les effets spéciaux assez bons même si trop loufoques pour être effrayants. Souvent très lent ; une bonne expérience horrifique pour grands enfants ou bisseux régressifs ; écriture cousue de petites choses idiotes, mais l’inutile est réduit au minimum (ou à cette scène avec cette dame de compagnie). Notes : 354-355. (42) 

Hell * (horreur 2012) : La quarantaine de minutes ouvrant le film montre de la survie ‘réaliste’. Sans inspiration ou qualités notables, en-dehors de ce décors sableux. La suite est au choix l’oubli total de ce qui pouvait faire l’intérêt et la différence de ce film – ou du cinéma bis ‘classiciste’ dont on a le droit de n’être pas lassé. Je trouve regrettable une telle mise en place pour finir dans l’horrifique aligné sur Massacre à la tronçonneuse & cie ; que la fin du monde ne soit prétexte qu’à rejouer la carte des fondamentalistes bouseux morbides peut être un tas de choses, mais sûrement pas un signe de génie ou de passion pour le sujet (qu’il soit la post-apocalypse, l’effondrement, l’intégrisme, le survivalisme). Les auteurs sont tout de même assez larges d’esprit pour mettre en avant le lien de ces méthodes et projets brutaux avec la pénurie – non avec une sorte de folie, qui aurait sa place dans un cinéma plus libre et ludique (films gore ou slashers). Le laïus final éculé et même pas approprié d’Angela atteste de cette intelligence au mieux superficielle, au pire simplement imitatrice. Notes : 475-354. (38)

La Giovinezza/Youth *** (intimisme Italie 20) : Dans la continuité de La grande belleza (avec ce même goût visuel à la fois raffiné a-priori et en vertu des ingrédients, pourtant un brin dégueulasse), le poids de la civilisation et des devoirs mondains ou d’actif au bord de la décadence mis de côté ; à l’abri du besoin et des contingences trop lourdes, ces types ont tout le temps de sentir leur vieillesse l’emporter et le monde s’éloigner – et suffisamment de rouerie et de confort pour ne pas en être trop affectés. Notes : 786-767. (68)

Le colosse de Rhodes ** (action Italie 1961) : Péplum traditionnel rehaussé par le ton violent et désenchanté propre aux œuvres de Sergio Leone, qui sera bientôt le rénovateur du western. Notes : 666-566. (62)

La noche de 12 anos / Companeros *** (drame Uruguay 2018) : Film poignant sur la captivité, la solitude manifestement abyssale et la sortie de cet enfer, d’abord en esprit et par un opportunisme autrefois inenvisageable. Si ce n’est déjà le cas, chaque nation latino-américaine devrait bientôt avoir plusieurs films ambitieux réglant leurs comptes aux dictatures militaires. Dans celui-ci comme dans les autres (mais c’est valable pour l’ensemble des films politiques dans la région), le contenu idéologique est peu important ; et c’est autant de leurres en moins. Notes : 778-777. (74)

L’arbre le maire et la médiathèque ** (France 1993) : S’écoute et ne mérite pas davantage que des coup-d’oeil. Ce n’est pas idiot, quand c’est brillant c’est pour sans engagement. Comme Un conte de printemps, ça a été pour moi un accompagnement futile et agréable de type radio ou podcast. Notes : 633-534. (44)

Les oiseaux de passage ** (drame Colombie 2019) : Après avoir bien affiché son style et ses ambitions, ce film n’en fait au mieux que ce qu’on pourrait attendre de lui si on était un directeur de programmation effrayé d’avoir à se justifier sur la marchandise. Tout se noie dans une histoire banale, les sentiments ont déjà été mille fois affichés de cette façon – et si un personnage, une situation, commence à trop s’étoffer, on coupe et retourne à la contemplation. Manière de respecter les traditions et l’immobilisme agressif de ce village ? Enlevez-lui sa plastique relativement exotique et ce film n’est plus qu’un brouillon de série B mafieuse. Notes : 574-453. (46)

Hyènes * (Sénégal 1992) : On peut apprécier l’effort technique et la direction d’acteurs, puis sans indulgence saluer la mise en scène et musique ; mais c’est un de ces spectacles assommants qui n’emmène nulle part. C’est lent, curieusement ampoulé, tente tièdement la satire et s’achève comme un conte. Notes : 563-333. (34)

Dilili à Paris * (2018) : C’est un cinéma bien brave mais ennuyeux ; c’est gentillet et moraliste sans être pleinement crétin, un défilé de Gary & Mary Sue dans des mondes aseptisés ; on passe au Moulin Rouge mais tout est aussi sage et tiède – comme dans un Ehpad. Les ‘mâles maîtres’ sont le seul booster pour quelques secondes ; cette secte misogyne sent le raccrochage hasardeux à la vague féministe de l’époque. Elle ne déploie rien en mesure de secouer cette petite utopie (où la seule adversité sont les grincheux) sans grâce mais avec du style, pour les nostalgiques anti-racistes, taillée par Michel Ocelot. Le souffle Kirikou était déjà timide sur ses précédentes productions ; son œuvre se dégrade tranquillement et s’enlaidit avec le temps. La plus grande sophistication technique rend paradoxalement toujours plus ringard et repoussant – on est dans une ‘vallée de l’étrange’ et si le résultat est plus propre qu’Azur et Asmar, c’est aussi plus commun. Ni expérimental ni traditionnel, Dilili court après l’innovation mais semble le faire dans un monde parallèle. Notes : 463-323. (28)

Cul et chemise * (comédie Italie 1979) : Une de ces comédies exigeant énormément de fatigue et de familiarité pour être adéquatement reçue. S’il vous manque au moins l’un des deux il n’y a plus qu’un film gentiment minable, au rythme subjectivement amolli par la médiocrité ; il ne mérite pas de sanction, que de l’oubli. De Terence & Bud, mieux vaut aller directement vers les Trinita (ou Mon nom est personne sans Bud). Notes : 244-233. (26)

35 rhums * (intimisme France 2009) : Au début 35 rhums étonne par sa radicalité dans la complaisance pour la banalité ; or il a trop de style pour avoir les façons grasses et dégueulasses d’un drame social ou d’un reportage vite-fait pour la télé. C’est du naturalisme anti-réaliste et du cinéma sensoriel focalisé sur la vie urbaine non-miséreuse mais un peu ténébreuse. Claire Denis se fascine pour une humanité à la fois utopique et triste, percluse de fonctionnements maladifs sous-entendus ou carrément ‘annulés’ en esprit. Il ne devrait rien arriver à une humanité si sereine… on ne saurait comprendre d’où le mal pourrait surgir ; donc on plane avec quelques bouffées émotionnelles appelées à être balayées. Si ce filtre ‘pastel’ sur la réalité a son charme il rend aussi la séance profondément stérile par sa sacralisation de l’acceptation au mépris de toute approche un peu analytique. Notes : 364-244. (42)

Mini-Critiques : 2021: Aout, Juin, Mai, Avr, Mar, Fev, Jan. 2020: Dec, Nov, Oct, Sept, 15, 14, 13. 2019: 12, 11, 10. 2018: 9, 8. 2017: 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1

Mini Courts : 2020, 4, 3, 2, 1

Mini Revus : 2ou2020, 1

Mini Mubi : 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1. Courts & moyens Mubi : 4, 3, 2, 1

THE LAST FRONTIER / LA CHARGE DES TUNIQUES BLEUES ****

7 Juil

4sur5 Un western un peu bizarre, relativement à huis-clos comme les opus mielleux de John Ford (Rio Bravo en tête), mais aussi une espèce de drame psychologique espiègle prenant le parti de la liberté, observant le cynisme et la lâcheté avec sérénité. Le titre VO ‘The Last Frontier’ est donc un meilleur indicateur que celui générique de la VF. Les démonstrations, heureusement douces, au service des oppositions ne sont pas mirobolantes – ce clash sauvagerie/civilisation avec le petit discours questionneur assorti. Elles restent fondées et sérieuses dans ce contexte américain avec les débuts de la Guerre de Sécession et donc la marche vers l’unification (au contraire de la simple aspiration romantique – d’ailleurs le mythe du ‘bon sauvage’ n’a pas sa place ici et nous sommes donc plus près de Sergio Leone dans quinze ans que de la concurrence contemporaine dans le domaine du western).

Le film est plus riche et étonnant sur les enjeux moraux et les prétentions de façade de cette communauté improvisée. Il accepte les ambiguïtés et reconnaît en elles des compromis, non la manne d’un flou artistique ou de la ‘nuance’ gratuite. On voit le prix du consentement ou de l’acceptation, la relativité de l’idéal du courage et de la noblesse des questions dites d’honneur, l’importance des instincts égoïstes ou grégaires, les diverses sortes d’avidité et de ‘territorialité’ chez les quatre principaux personnages (le crasseux, le mauvais et les deux planqués tirant leur légitimité de leurs charmes). C’est là que le regard du marginal apporte une contribution sérieuse et plus globale, car il est lucide sur son compte et attaché à ses ‘privilèges’ naturels, peut apprécier les dons de la civilisation sans avoir reçu son instruction ni avoir été ajusté par elle. Pourtant aujourd’hui il est attiré par les beautés de l’ordre communautaire (la femme et l’uniforme), prêt à des efforts et sacrifices pour y accéder – or il risque d’y mourir à plusieurs degrés et ne pas trouver d’écho auprès de gens plus équilibrés et insérés donc plus dépendants et hypocrites.

Ces conflits entre devoirs, traditions et désirs, ne relèvent que de choses classiques mais sont difficilement dicibles et admissibles en-dehors de films spécialement sombres ou lourds, ou bien traités de façon moins mature. L’issue est un peu schizophrène et primesautière puisqu’elle mêle à la fois le ‘happy end’ imposé de l’extérieur et la sur-normalisation de l’exclus, donnant un air de conformisme à la fois sain et ironique (on respecte les formes sociales pour un retour sur investissement) et impropre (on rentre effectivement dans le moule et soudain il n’y a plus d’adversité même intérieure, c’est la réconciliation au pays de Candy amoral mais sans reproches). C’est toujours plus honorable que la complaisance envers l’auto-destruction du rebelle dans Seuls sont les indomptés (lequel a le mérite d’être cohérent en intégralité puisque dès le départ le protagoniste est un suicidé déraciné, avant d’être un inadapté).

Note globale 78

Page IMDB   + Zogarok La charge des tuniques bleues sur Sens Critique

Suggestions… Vorace + Jeremiah Johnson

Les+

  • personnages, dialogues
  • contexte et mise en scène
  • regarde honnêtement l’humanité

Les-

  • la musique (relativement au reste)
  • fin un peu régressive, comme d’habitude

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ANGRY BIRDS 2 COPAINS COMME COCHONS =+

7 Nov

Ladaptation de 2016 était une bonne surprise, un film d’animation relativement sensible où les personnages grandissaient. Le second épisode est moins équilibré, quasiment nu en-dehors de la comédie et des mignonneries. Il se conforme intégralement à l’animation à l’américaine, mielleuse et hystérique, où rien n’est jamais grave, compliqué ou menaçant (les drones peuvent espionner notre héros ça ne fait pas partie des choses sérieuses). Angry Birds 2 ne tombe pas non plus dans la débilité de Moi moche et méchant ou l’aseptisation de Comme des bêtes. Il est encore trop inventif (et cela dès l’ouverture avec ses oiseaux prenant le métro) mais n’a rien à soi pour relever la recette commune.

Le programme est inclusif à outrance et parfaitement linéaire. C’est d’ailleurs un petit exploit de garder la séance si vive malgré la faiblesse des ‘possibles’ et en important peu d’éléments gratuits (donc en insérant habilement la traditionnelle pluie de références ‘geeks’ à son propre univers, en préparant le terrain pour de futurs gags ou tangentes). Les méchants d’avant sont désormais des alliés, presque des amis généralement chacun chez soi pour le bien de tous et avec lesquels il est bon de se chamailler (en échange peut-être de leur intégration, ils sont bizutés – le roi en string, les autres souvent en posture ridicule) ; les nouveaux antagonistes sont tout sauf effrayants pour le public, la torture par glaciation étant le truc le plus susceptible de troubler et braquer un très jeune public. Tout le monde est sympathique, transparent ou insignifiant, un maximum de caractères sont assimilés et chacun profite du biais général ‘optimiste’, Chuck le jaune est toujours plus balourd.

En première ligne nous avons une coéquipière de Red bardée de diplômes, espiègle, visionnaire et sans défauts. Contrairement à Terminator Dark Fate c’est bien du féminisme ‘impératif’ et pas relatif, même s’il reste opportuniste. Du reste le contenu politique ou assimilable n’est plus de la partie (alors qu’Angry Birds le film était déjà assez conséquent pour déborder des niaiseries et des conventions en la matière). C’est donc un film d’animation gentiment drôle, au rythme impeccable, à la fois gras esthétiquement mais joliment et joyeusement coloré, avec une sorte d’appendice (ou ‘court-métrage’ dispersé) suivant les aventures d’oisillons. Efficace sur le moment mais finalement évanescent, il se rapproche de Rio ou des suites de L’âge de glace. Mieux vaut voir le second Shaun le mouton, ou même Maléfique qui répond davantage à la définition de la ‘beauté’.

Note globale 56

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Suggestions… Dragons 2  + LEGO + Les Croods + Tempête de boulettes géantes

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MANDY **

30 Déc

3sur5  Cosmatos fils confirme son identité de réalisateur avec ce film de genre caricatural virant au nanar volontaire explosif. Référencé à outrance (avec ses motards issus d’Hellraiser et Mad Max 2, sa proximité avec Winding Refn), Mandy s’avère plus incarné et vivant que Beyond the Black Rainbow, même si lent. Le scénario est grotesque, les clichés abondants, par exemple au début avec les parlottes sur l’oreiller entre Red et Mandy. Elles participent à répandre un peu de symbolisme utile pour la suite – à l’instar de la corne d’Abraxas et autres breloques.

Grâce à quelques expressions même confuses ou noyées dans la bizarrerie camée ou hippie, le film cultive une certaine force émotionnelle. Suffisamment pour soutenir la pose et digérer des moments de langueur excessifs. Le couple reste parfaitement creux, tandis qu’on trouve un peu plus d’épaisseur (même peut-être ‘psychologique’) du côté de la secte (avec son gourou tyrannique et la vieille assistante énamourée). La direction artistique est brillante même si ses dettes sont abyssales. Le rendu [‘evil psychedelic’] est généreux et généralement accompli, sauf pour les passages sous forme de bande-dessiné (évoquant Métal Hurlant), sans évolution notable à partir du premier plan.

Le son fait partie des meilleurs points. Le compositeur Johann Johannson (qui s’est précédemment illustré dans Sicario) amalgame des genres profonds mais non-extrêmes du metal avec du King Crimson ou du Vangelis revisités. Mais le meilleur vient du pétage de plombs de Nicolas Cage (en amant tragique puis en Michael Myers à Ghost Rider), permettant simultanément une prise de distance et un encouragement du ‘délire’. Après sa forge façon Conan, il part en roue libre – et le film avec dans le road-movie horrifique folklorique. Sa démarche épique de bonhomme déglingué pourrait sérieusement convaincre, ses effusions aberrantes rendent la séance jubilatoire – l’humour et la légèreté, absents de Beyond, permettent à cette séance-là de devenir séduisante.

Note globale 62

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Suggestions… Mother !, Annihilation, Hérédité, Tous les garçons aiment Mandy Lane, Revenge, The Devil’s Rejects

Scénario/Écriture (3), Casting/Personnages (5), Dialogues (4), Son/Musique-BO (7), Esthétique/Mise en scène (7), Visuel/Photo-technique (7), Originalité (6), Ambition (6), Audace (7), Discours/Morale (-), Intensité/Implication (6), Pertinence/Cohérence (3)

Les +

  • direction artistique
  • Nicolas Cage
  • les excentricités des acteurs, de paysages ou de citations
  • bon équilibre grâce à l’inclusion de l’humour

Les –

  • scénario et caractères assez misérables
  • souvent traînard, d’où une perte d’intensité
  • pas lumineux
  • passages BD timorés

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