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SDM 2023-1 : avril à octobre

13 Nov

The Whale =- (intimisme) : Vu en avril. Se regarde comme les cachalots abdiquant tout effort de décence : avec curiosité voire sidération plutôt qu’émotion. De la cohérence au niveau des tares ou vices mais peu de consistance, certainement car le film se pose en complice de l’amour inconséquent de la sincérité de ce champion de la mise à distance de l’intégralité des problèmes qui peuvent se poser à lui. Le type est muré derrière une foule de dénis (comme accepter de voir l’ignominie de sa fille), son entourage est déplorable et incapable d’apporter une aide véritable : tout dans la moralisation inepte et la pommade affectueuse, jamais de contrainte visant des résultats au-delà de la soirée de la part de l’infirmière. Le final spirituel est une consécration de la fuite perpétuelle de ce type qu’on traite comme un monstre pathétique, alors qu’il est davantage un fou dangereux pour lui-même ; ce qui est bien montré en revanche, c’est que le combat est perdu. Passer le cap vers la comédie aurait été bénéfique pour tout le monde, la farce assumée aurait dissipée le petit parfum mesquin imbibant cette exhibition d’une bête de foire. 757-545. (52)

Tar =+ (drame) : Vu en mai. Voir la critique. 676-657. (62)

The fabelmans – (intimisme USA) : Vu en mai. Voir la critique. 477-343. (38)

Beau is afraid =+ (comédie) : Vu en juillet. Un peu bancal ce passage semi-animé mais admettons… oh mince c’est… tout un chapitre ! J’ai d’abord aimé ce quasi-cartoon psychanalytique et le film sait renouveler le divertissement jusqu’à réaliser, aux alentours du passage au théâtre justement, qu’il ne fait que bricoler sans laisser de chances à son protagoniste de devenir intéressant en-dehors de ses mésaventures. J’en suis sorti avec cette désagréable impression de ‘tout ça pour ça’ (il m’a même fallu parcourir des avis de spectateurs pour me rappeler de nombreux éléments dont les énormités finales dans la lignée d’Henenlotter) et celle d’avoir vu une collection d’épisodes traversée par le même ahuri pleurnichard ; c’est à se demander si Beau is afraid ne devait pas être une mini-série ou n’est pas qu’une collection de courts-métrages reliés en urgence alors qu’une courte fenêtre d’opportunité s’ouvrait.

Pour autant, j’ai rarement vu un film aussi juste sur le thème de la culpabilité et aussi frontal quant à sa source (après y avoir été de façon détournée pendant au moins deux heures) : si ce type est un phobique et un inapte, il le doit à sa génitrice ; cette créature est la synthèse de ce qu’elle a voulu, ajustée par son impatience. Et puis elle ne fait que rejoindre la longue liste des individus probablement préservés d’un bonheur trop complet par une sage loi supérieure et invisible : elle était une entrepreneure géniale, elle ne pouvait pas aussi réussir son fils !

Dans le registre de la fuite en avant inventive avec un héros malmené par l’ensemble de la réalité, je préfère de loin Black book ou L’antre de la folie. 588-566. (58)

Barbie – (fantaisie>comédie USA) : Vu en octobre. Voir la critique. 576-333. (36) 

[Moyen-métrage] South Park : Joining the pandeverse =- (comédie USA) : Vu en octobre. Restera comme un des épisodes les plus ennuyeux et mal bâtis de South Park, générant approximativement aucun rire franc ce qui doit être une première (ou ne concerner qu’un nombre infime d’épisodes atypiques, comme celui avec Butters dans les Caraïbes). La conclusion est incroyablement bâclée, alors que celle du précédent ‘épisode allongé’ (Streaming Wars) était jubilatoire. Seule l’ultime scène est un peu agréable et marquante : une demi-minute de véritable fantaisie vs une quarantaine de minutes à barboter dans les mêmes démonstrations simplistes sans savoir quoi faire de son intrigue principale, ni de ces personnages parallèles (qui ne sont que pénibles). Le retournement en faveur des compétences manuelles est bien vu mais c’est la seule ‘idée’ finalement digne d’être exploitée, ce que les auteurs ont compris… ce qui laisse dubitatif concernant l’existence de cet épisode, davantage utile à se payer Disney et railler les milliardaires mégalos de l’époque qu’à nous offrir de nouveaux exploits de Cartman ou Randy… du moins des exploits dignes de ce nom. Il est temps d’arrêter cette série qui historiquement doit être encore la plus drôle. 465-555. (48)

 

 

SDM 2022 : Novembre (4), Aout à Octobre (3), Juillet (2), Janvier et Mars (1)

Mini 2022 : Décembre, Novembre, Octobre, Septembre, Aout, Juillet, Juin, Mai, Avril, Mars, Février, Janvier

SDM 2021 : Décembre ou 3/3, Juillet ou 2/3, Juin ou 1/3

 

 

TITANE =+

17 Juil

3sur5  La notion d’expérience est un peu creuse et galvaudée (modestement par rapport à ‘cinéma de genre’) mais parfaitement appropriée dans le cas de Titane. Ce n’est pas nécessairement un bon film or pour l’attaquer comme pour le soutenir la tâche est difficile. C’est par contre à voir impérativement pour tous ceux qui cherchent l’originalité, l’outrance et l’intensité, spécialement en explorant les cinémas de la marge et du bis (et la confirmation après Grave que Ducournau est à suivre, car même si elle ne devait pas convaincre elle saura probablement impressionner).

Prolongeant les premiers retours et la presse évoquant Cronenberg puis particulièrement Crash, les cinéphiles abondent en citations, se réfèrent naturellement à Christine de Carpenter, à Winding Refn pour les scènes de pulsions violacées ou à Tsukamoto (Tetsuo, Bullet Ballet) pour ceux plus alertes ou réceptifs aux tentations transhumanistes. Une autre référence s’est imposée à moi : Henenlotter et ses farces lubriques comme Elmer ou Sex Addict. J’ai vu en Titane une fantaisie horrifique brutale et imprévisible, jouant à plusieurs degrés pour livrer, selon l’envie du spectateur, une comédie acide, un film d’exploitation et de suspense dans un univers LGBT ou un drame pathétique d’un ton inhabituel ; dans tous les cas le grotesque règne.

Mais ce qui fait de Titane une expérience à vivre [avant d’être à évaluer comme (plutôt) une réussite], c’est la présence de Vincent Lindon (surtout avec la connaissance de l’aura de l’homme et acteur, moins dans l’absolu). Quand il débarque dans ces lieux de sauvage étrangeté, c’est encore dans sa peau d’abîmé au grand cœur – les stéroïdes n’y changent rien, le tirent plutôt vers Patrick Sébastien. Le contraste entre son désespoir et celui de la psychopathe Alexia relance constamment la machine et apporte un semblant de légitimité à cette irréalité ; il faut une capacité de déni, de bienveillance et d’inflation de l’ego de cette trempe pour faire tenir un tel mirage – sans quoi, passé la foire gore, on s’en irait vers du plus trivial, du Rob Zombie (31, Devil’s Rejects) ou vers l’ennui.

Les scènes de danse, ennuyeuses à mes yeux (sauf celle, tant elle est grossière, du salon tuning), pourront plaire aux fétichistes de poses lascives et d’extases de drogués non-démolis. La façon dont le message est martelé dans ces moments devient un brin malaisante et la dernière danse pourrait rater son coup, en omettant que, tout simplement, ce qui reste d’Alexia, quelque soit les attentes ou la libido du public, est proche de la viande avariée. Si c’est par empathie que vous êtes alors en train de vous réjouir, sachez qu’au préalable vous allez souffrir – si l’inhumanité d’Alexia vous a rendu plus froid, alors il n’y aura que des sensations fortes pour égayer une séance décadente – Benedetta de Verhoeven donne davantage la nausée, autrement dit des besoins de vomi tournés vers l’intérieur. Enfin si vous n’êtes pas un ergoteur progressiste, un fondamentaliste ou un complotiste bio il n’y a aucune raison d’intellectualiser ce que vous aurez vu.

Note globale 66

Page IMDB  + Zogarok sur SC

Suggestions… Eastern Boys + La féline/Schrader + eXistenZ + Neon Demon + T’aime

Écriture : 6. Forme : 7. Intensité : 8+.

Pertinence : 4. Style : 6. Sympathie : 6+.

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ARAC ATTACK, LES MONSTRES A HUIT PATTES =-

18 Jan

Arac Attack est probablement un des tous meilleurs films d’araignées : il le doit à ses moyens et ses effets spéciaux de blockbuster estival, également à ses qualités intrinsèques – et surtout à la médiocrité du domaine. Comédie folklorique et nanar délibéré conçu avec intelligence, dans un esprit comparable à celui de Joe Dante, Arac Attack réussit à concilier les impératifs : il est rythmé, plein d’humour sans se cacher derrière son second degré et assume des éléments du film d’horreur (terreur pure de la scène de la caverne).

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Plus volontaire et généreux qu’Arachnophobie, ce nouveau Gremlins ou Blob (plusieurs tons en-dessous, forcément) n’est pas loin de faire parler ses protagonistes de prestige et les emploie dans des conditions cartoonesques (notamment avec la séquence du chat, façon Beetlejuice). De leur côté, les personnages humains sont potentiellement aimables pour un public approprié – des prototypes aussi bigger-than-life que leurs situations et répliques (avec une grand-mère placide censée être badass).

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En résulte un film de monstre enfantin, associant suspense horrifique et farce bis de luxe ; un machin improbable entre Romero et Burton, pour public familial, pour bisseux, pour cinéphiles (indulgents). Si on est un peu réceptif, certaines démonstrations peuvent devenir gênantes. La légèreté agressive inspire alors un ennui spécifique, celui éprouvé devant des manifestations hystériques aux efforts indéniables mais aux effets déplorables, faute de consistance.

Note globale 52

Page Allocine & IMDB

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BLACK SHEEP =+

22 Déc

black sheep

Black Sheep, ou La Nuit des Moutons en québécois, est un nanar volontaire dans l’esprit des premiers films gore et cheap de Peter Jackson, Braindead et Bad Taste. Cette farce avec moutons tueurs génétiquement modifiés se présente avec le plus grand sérieux. À ce point c’est même assez plombant, 20e degré ou pas. Le début est incertain et les sarcasmes entravés, qu’ils concernent le phobique des moutons ou les militants écolos. La stratégie s’avère néanmoins payante assez rapidement grâce à un humour omniprésent et une rigueur extrême.

Ce n’est pas génial sur toute la longueur, on peut même être vanné par moments, mais les créateurs développent leur folklore avec férocité. Ce film indépendant convainc par sa maestria, des qualités techniques certaines (la photo est assez belle, les paysages néo-zélandais au diapason) et une réalisation astucieuse pour compenser les faiblesses, notamment pour les plus gros mutants. Jonathan King n’a pas les moyens d’organiser un carnage dantesque mais arrive à en donner l’illusion, en se focalisant sur certaines attaques et imposant un tempo rapide. Ce premier film lui permettra d’obtenir Sam Neill pour son opus suivant, Le secret des sept volcans, qui lui n’a pas trouvé d’écho.

Tout en revendiquant sa filiation avec les films de zombies, Black Sheep parodie voir pastiche surtout les drames familiaux. La trame mélo concernant les deux frères, assumée avec un premier degré total, participe à cette lourdeur générale permettant de mieux créer du contraste. Il n’y a pas l’hystérie des films de Jackson, plutôt une espèce de classicisme en trompe-l’œil souillé par du bis pétaradant. C’est exotique, grand-guignol (la fabrique de moutons-garous), globalement amusant, avec parfois des gags très potache (les responsables oubliés du trou de la couche d’ozone), toujours dans cet enrobage absurde mais élégant. De préférence pour un public jeune ou disposé.

Note globale 58

Page Allocine & IMDB   + Zoga sur SC

Suggestions… Isolation + Horribilis

Scénario/Écriture (2), Casting/Personnages (3), Dialogues (3), Son/Musique-BO (2), Esthétique/Mise en scène (3), Visuel/Photo-technique (3), Originalité (3), Ambition (3), Audace (3), Discours/Morale (-), Intensité/Implication (3), Pertinence/Cohérence (2)

Note arrondie de 59 à 58 suite à la mise à jour générale des notes.

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WEDDING NIGHTMARE / READY OR NOT ***

14 Sep

4sur5 Fantaisie horrifique goulue et carnassière curieusement équilibrée. Dans l’absolu Wedding Nightmare n’innove en rien et si on devait l’éplucher pour le considérer morceaux par morceaux, il y aurait de quoi nourrir le scepticisme, douter de la pertinence d’assortir telle outrance et tel pastiche. Certains de ces morceaux sont excellents, d’autres moyens ou succincts (l’ouverture indiquant un traumatisme appelé à se reproduire est aussi fracassante que commune, surtout au niveau sonore), l’alchimie est brillante. Le fond du film décuple cette tendance : le propos est franchement idiot et le postulat délirant, pourtant l’approche fonctionne. Elle accepte une normalité grotesque et laisse place aux sentiments de révolte, d’attraction et d’empathie, dans des décors naturels somptueux (en employant de véritables domaine et château).

Malgré son esprit digne du bis le plus déchaîné et sa proximité avec le vieux cinéma gothique, Ready or Not évite les effets lourds et faux, les dérives du second degré ou de la désinvolture, mais pas le maniérisme. Il est vraisemblable dans l’exécution, ce qui permet de digérer son extravagance. Il n’utilise pas les ressorts débiles comme la succession de choix foireux du gibier humain. Comme il repose sur une seule victime a-priori, nous devinons qu’elle doit durer peu importe son état, ou bien le film devra nous livrer un épilogue conséquent. Le suspense devrait en prendre en coup or la séance garde toujours un haut niveau d’intensité, dans le pire des cas grâce à son héroïne, avec ou pour laquelle on souffre facilement. Le début est d’autant plus angoissant en sachant quelle menace pèse ; ensuite nous aurons un survival efficace où l’humour, nécessairement noir, éventuellement ‘jaune’ car odieux, se déploie plus ouvertement, en ne risquant plus d’alléger l’impact de cette traque.

Le style comique n’est pas détaché ou superposé et son insertion ne torpille ou abaisse pas le programme, ce qui distingue cette séance de nombreuses concurrentes. Il est toujours lié au malaise et à la terreur, relève du sarcasme ou d’une tentative frustrée de nier ‘l’impossible’. La femme en violet en est la manifestation la plus frappante : une vieille fille puriste, méchante et mystique, à la limite du gimmick et de la parodie. C’est une sorcière trop sinistre et absurde pour avoir sa place chez Tim Burton, mais ses racines sont parfaitement humaines. Sa détermination sera d’autant plus désarmante. D’autres membres de la famille, aux manières les plus vulgaires, serviront cette fibre comique de façon plus triviale : Émilie l’ignoble imbécile et son conjoint le balourd à cravate scotché à son iphone. Comme quoi à un certain degré l’entrée dans la famille est ‘démocratique’. La brune guindée représente l’arriviste accrochée à sa place avec autant de détermination que l’héritière à la vie frustrée tient à son énorme destinée ; elle gagne en beauté tout au long du film, comme si le déclassement de la nouvelle arrivante (sur laquelle elle portait un jugement emprunt de jalousie) la revivifiait.

Une foule de références viennent à l’esprit : forcément The Purge avec sa traque élitiste (élevée au rang de religion dans le 3) et où l’ultimatum est aussi à l’aube, puis Society qui pourrait maintenant être perçu comme un Ready or Not de la génération précédente. Deux satires des rites d’initiation des riches où on envie l’intégration familiale mais se heurte à des valeurs intéressées affreuses poussant le protagoniste vers l’échafaud. Bien entendu même ‘evil’ le traditionalisme a sa souplesse et si la situation craint trop pour ceux qui tiennent le jeu on pourra tordre la loi. Les spectateurs aux préoccupations sociales ou abstraites y verront l’illustration du mépris de toute équité de la part de privilégiés prêts à tout pour conserver leurs avantages, quitte à mourir – l’ironie du possédant. Le luxe est une bénédiction et une malédiction (on sent une réticence généralisée d’individualiste obstiné, partenaire et modérateur de la démagogie : même le mariage pourrait faire partie de ces cadeaux empoisonnés, rien ni personne n’est là pour (ré)assurer et s’y déshabituer c’est se livrer aux loups). Sur un plan immédiat, la flexibilité du mode opératoire (heureusement sans rupture de cohérence interne), le flou dans la carte, dopent l’inquiétude, la colère et le dégoût, tandis que le conflit de loyautés ou simplement de sympathies éprouvé par le mari et quelques autres membres souligne l’aliénation des ‘coupables’. Nous avons les bénéfices sensoriels d’une lutte manichéenne sans sa fermeture et sa bêtise psychologique. Le dénouement est bon car il valide le jeu et ne se laisse pas guider apparemment par les préférences idéologiques ; il pouvait être plus remuant avec un autre choix plus raisonnable au retentissement apocalyptique, mais on y perdait probablement en intégrité.

Note globale 72

Page IMDB   + Zoga sur SC

Suggestions… Midsommar + Carrie + You’re next + Would you rather + La Cabane dans les bois + Eyes Wide Shut + The Voices + Rosemary’s Baby + The Game + Kill Bill + Le Limier + MAT

Les+

  • alchimie réussie
  • photo et style, décors et couleurs
  • l’héroïne accroche immédiatement, le casting est excellent

Les-

  • pouvait aller plus loin et éviter certaines banalités ou surlignages
  • peu original pris bout par bout et dialogues restrictifs

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