OSS 117 III : ALERTE ROUGE EN AFRIQUE NOIRE =+

8 Août

C‘est probablement ce qu’on pouvait espérer de mieux ; une suite rondouillarde avec le piquant nécessaire, un rythme et un sens de l’odieux plus communs. Les bons dialogues fusent mais aucun n’est suffisamment puissant ou original, a-priori, pour s’inscrire facilement et solidement en mémoire ; les situations sont davantage en mesure de relever ce défi, notamment celle de la prison. Les recyclages s’offrent en quantité et qualité raisonnables (celui de l’appel au cœur du Robin des Bois aux nazis est si fade que c’en devient triste ; celui de la scène -parfois censurée- à l’ambassade en Égypte est trop court, mais complété par les savoureux épanchements africophiles post-copulation). Dans tous les cas le film est pauvre en-dehors de la contribution d’OSS 117 lui-même ; lequel n’a pas (apparemment pas ?) besoin d’être en forme pour être génial.

Ses manques sont perpétuellement soulignés et par là les auteurs doivent estimer tout régler ; peut-être cette suffisance empêche-t-elle le politiquement correct saillant et pavlovien d’écraser et enlaidir la séance. Tout semble aller de soi pour l’agent comme pour les moqueurs ; et pour chacun, l’introspection demeurant inenvisageable, nul obstacle au charme et à la joie. OSS 117 est raciste, paternaliste, goujat, arrogant et commence à s’encroûter : hormis trouver que tout ça craint, le nouveau réalisateur et le même scénariste n’ont rien à lui opposer ; plus qu’auparavant cet émissaire apparaît comme un connard magnifique et rayonnant – il est vain de le réprouver ! C’est bien pour ça qu’Alerte rouge se regarde comme un de ces films moyens voire médiocres avec Depardieu ou un autre monstre truculent ; c’est un plaisir de les retrouver peu importe ce qui doit arriver, car ils ont une partition unique et jubilatoire, même si leurs arguments à froid ou chez d’autres ne sauraient que gêner ou décevoir.

Dans le cas présent cela donne un croisement entre le Roger Moore de James Bond et Stan Smith d’American Dad, auquel on aurait pu ajouter un côté Tintin adepte de safaris ; au lieu de ça s’ajoute à sa panoplie un banal anti-communisme, prétexte à des échanges plus drôles car justes (et sommaires) qu’en raison de leur supposé caractère grotesque (et bêtement réactionnaire) – mais c’est une des ces petites zones d’ambiguïtés sinon d’inconséquence qui relèvent de l’allégeance passive à l’univers d’OSS 117, infamant pris au premier degré (mais peut-être séduisant même dans ce cas pour ceux qui se sentent calibrés pour le détester ? le combattre !). C’est pourquoi le diapo fantasmatique destiné à regonfler la béquille est peut-être le climax humoristique ; c’est à la fois pathétique et merveilleux, ridicule mais presque désirable – comment ne pas souhaiter une balade dans ce monde parallèle bourrin et serein ? Comment ne pas apprécier une utopie certes médiocre mais si douce – c’est certainement le pouvoir du ringard.

L’échec de l’insertion de Pierre Miney n’a finalement qu’une vertu ; limiter la corruption de notre agent conservateur. Son entrée pose déjà toutes les limites : il n’a rien de consistant à aligner, n’est qu’un réceptacle naturel à la ‘modernité’ (en quoi il n’est qu’un fringant abruti moulé dans et pour son temps à l’image de saint Hubert) et contrairement à ‘Cousin’ OSS gagne peu à leur collaboration (hormis apparaître plus crétin et lancer des sous-entendus ‘d’homme de bien’ indigné et homophobe lors de l’allusion à René Coty). La futilité est donc maîtresse et la seconde moitié voit le scénario s’éclipser. Niney éjecté, la mission bâclée ; une enfilade de sketches plutôt bons et une poignée de démonstrations lamentables propres aux adaptations de ‘comics’ franco-belges pour enfants (comme cette course interminable dans la savane) nous accompagnent vers une sortie frustrante.

En somme ce troisième opus est tiède et se trompe de surenchère, pratiquant la redite (verbale le plus souvent, situationnelle avec Micheline) au lieu d’en rajouter dans l’outrance, l’antagonisme ou le rocambolesque. Un quatrième épisode devra générer une avalanche de malaises plutôt que les étirer ou les souligner.

Note globale 58

Page IMDB   + Zogarok sur SC

Suggestions…

Écriture 5. Formelle 5. Intensité 6.
Pertinence 5. Style 6. Sympathie 6.

 

 

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