Tag Archives: cinéma japonais (hors-anime)

HARAKIRI =+

24 Mar

harakiri

Hara-kiri se déroule vers 1630, au début de l’ère Edo (1603-1868), période de paix et d’isolation pour le Japon. À cette époque, la dimension guerrière du samouraï tombe en désuétude, un samouraï devenant l’équivalent d’un fonctionnaire ; ou un ronin, c’est-à-dire sans maître et donc vivant dans l’exclusion. Paradoxalement c’est à ce moment qu’est instauré le Bushidō, code d’honneur instaurant le suicide rituel du suppuku (« coupure au ventre »). Celui-ci s’impose en cas de faute grave ou de déclassement, mais peut aussi être décrété par un maître insatisfait.

Dans le film Harakiri de 1963, un samouraï se présente dans la résidence du puissant clan Li afin de commettre un harakiri en bonne et due forme. Saito, le maître, lui raconte les précédents faits du genre et notamment celui concernant Motome. Mais contrairement aux autres, Hanshiro Tsugumo vient bien pour se suicider. Il est déterminé et n’a qu’une exigence : raconter son histoire jusqu’au-bout. Ce personnage est interprété par Tatsuya Nakadai, la star du chanbara autour des années 1960 et l’acteur principal de nombreux films de Kurosawa.

Ce film réunit justement plusieurs grands noms du cinéma japonais, avec le scénariste Shinobu Hashimoto, lui aussi souvent affilié à Kurosawa, manifestant une préférence pour les narrations non-linéaires dans cet Harakiri et Rashomon en particulier. Ensuite le réalisateur de Harakiri/Seppuku est Masaki Kobayashi, auteur deux ans plus tard du fabuleux Kwaidan. Son œuvre, très consciencieuse, met en valeur les différents arts du spectacle tout en posant des jugements ambivalents envers les traditions. Ses films versent souvent dans le moralisme, Harakiri étant humaniste là où Kwaidan est plus cruel et peut-être plus profond dans son regard sur les Hommes.

Harakiri justement s’attaque violemment à l’époque Edo puisqu’il dénonce l’absurdité du rite seppuku et l’hypocrisie l’entourant. Par ailleurs Kobayashi présente les ronin/samouraï sous l’angle du ‘chômage technique’. Ces hommes sans travail ni ressources sont des otages du système féodal dont la situation est particulièrement ironique. Kobayashi ne s’écarte pas de son chemin : il est spécifique et réaliste (contrairement à Lady Snowblood), modéré dans son regard (à l’inverse du Sabre du Mal) et ne fait pas du héros le défenseur d’un véritable sens de l’honneur bafoué.

La réalisation est minimaliste et extrêmement sèche, fondée sur de nombreux flash-back et un processus implacable. La démonstration est parfaitement limpide, sans fioritures et hautement morale, ce qui explique le succès dément connu par ce film. C’est pourtant un spectacle d’une lourdeur éreintante, aux contours peut-être trop simples et dans un continuum propre entre la tension extrême et l’évanouissement. La lente et minutieuse construction débouche sur une révélation simple et puissante ; puis le film s’achève dans une tempête.

Note globale 68

Page Allocine & IMDB  + Zoga sur SC

Suggestions… Sanguro + Ran

 Voir l’index cinéma de Zogarok

.

SDM 2020 (3 : Juillet – Aout)

3 Sep

Pas de SDM en Juin. Une moitié de films critiqués en Juillet, puis la même en Aout avec les derniers (diversement ignominieux).

  • Cancion Sin Nombre (drame – Pérou)
  • De Gaulle (historique/biopic – France)
  • Color Out Of Space (épouvante/fantastique – USA) Lovecraft, Cage
  • The Vigil (épouvante/fantastique – USA)
  • Yokogao / L’infirmière (drame – Japon)
  • Greenland le dernier refuge (catastrophe – USA)

Cancion Sin Nombre ** (Pérou) : Un film avec de l’élégance et un peu d’inspiration pour l’articulation des émotions brutes, la présentation des contraintes et des impasses personnelles ; mais aussi un film sec, démuni comme sa galerie d’esseulés en dernière instance. On aura pas plus de visibilité qu’eux sur le dossier ou simplement les agents de l’autre côté. Le rythme est lent mais on évite la contemplation vide, beaucoup de scènes montrent les gens engourdis sans rallonger pour bien démontrer. De jolis passages à la limite de l’abstraction, quand Georgina est rendue au fond ou lessivée. La liaison du journaliste avec ce comédien (danseur ?) est largement inutile et sa nature semble au service de l’intégration du film sur le marché occidental, du moins celui des prescripteurs de bon goût (idéalement, d’opinion). (62)

Mr.Jones / L’ombre de Staline *** (USA) : voir la critique. (72)

De Gaulle ** (France) : Film prudent et complètement futile, donnant une forte visibilité à l’existence de la fille handicapée mongolienne. Inspirations pauvres avec quelques plans ‘puissants’ grâce à l’environnement (l’accès au bateau, passages en bord de mer). Forcément nous récoltons un De Gaulle un peu ‘droits de l’hommiste’ et une lecture inclusive de l’Histoire : les forces de l’Empire sont citées plusieurs fois – mais si on s’en tient au film, on ne sait rien de leur application. Néanmoins on est loin des horreurs imaginables de la part d’un tel biopic dans un tel contexte ; il veut passer pour équilibré et surtout ne fâcher personne. Les interprètes sont irréprochables, spécialement le couple Charles/Yvonne, mais on apprécie leurs jeux que poliment ; ils pourraient mettre toute l’intensité ou la belle dignité qu’ils voudraient, l’écriture et la mise en scène ne suivent pas, rien ne saurait décoller – ce serait gênant d’être vivant ou partial, odieux voire révisionniste ! Beaucoup de belles postures et de déclamations nobles (peu ampoulées), mais le passage à l’acte pas évoqué ; naturellement on a droit au passage radio en conclusion – en omettant l’anecdote de l’enregistrement raté – faudrait pas casser l’effet ; pourtant ce n’est pas avec une approche si tiède qu’on dope une légende ; au mieux on l’entretient pour des publics et citoyens endormis. (46)

Jumbo **** (Belgique) : voir la critique. (78)

La Plateforme *** (Espagne) : voir la critique. (68)

Color out of Space *** (USA) : Les personnages et leur mode de vie attirent la sympathie ; l’ambiance est assurée, techniquement c’est très bon, visuellement ça va loin – avec un peu d’inédit et beaucoup d’inspiration auprès de The Thing et dans une moindre (et incertaine) mesure de Society, puis de très jolis moments dans la phase apocalyptique (avec même une échappée vers une sorte de paradis à la Berserk III). Mais pour les puristes de Lovecraft c’est à proscrire absolument ; j’étais déjà circonspect devant cette fin d’une lourdeur suspecte, devant cette fille et l’induction d’une relation avec cet espèce de ‘héros’ du dehors – ces détails ajoutés aux considérables libertés prises avec l’œuvre originelle risquent de faire exploser l’aigreur et l’impatience d’un ‘vrai’ lovecraftien.

Comme le film précédent et contrairement à l’ensemble des films 2020 vus jusqu’ici, je l’ai vu sur un petit écran et il n’a pas été diffusé en salles en France. Contrairement à La plateforme (qui n’est sorti en salles principalement que dans son pays d’origine et s’est propagé grâce au rachat Netflix et à sa ‘chance’ d’être rendu accessible en début de confinement), Color Out of Space a eu droit à des projections en festival et, à l’international, à des sorties limitées. (64)

The Vigil * (USA) : On y va car il implique le judaïsme, ça restera son originalité ; hormis le manque de vulgarité flagrante, c’est à peine compétitif par rapport à Countdown, simplement plus précieux. Ce film d’horreur tambourine son ambition pour ‘mieux’ nous délivrer un résultat médiocre et des plus triviaux – dès qu’on est peu envoûté par ses mystères, qu’il met pourtant tellement d’efforts à gonfler. Rien ne semble autorisé à décoller et l’écriture ne fait que se crasher – c’est raccord avec l’attitude de ce mec fait exclusivement de peur, d’impuissance et de culpabilité, imprégnant chaque scène de sa stérilité en-dehors des outrances typiques marquées Blumhouse. Les perches tendues par mamie ne servent donc à rien et le démon pourrait être n’importe lequel – même si on peut saluer l’emphase à l’égard de ses manifestations. Les interprètes et certaines séquences (les plus rudes et inscrites dans le registre fantastique) relèvent le niveau, la scène enflammée (relayée dans la promo) est même potentiellement marquante au moins esthétiquement (même si le passage des murs mouvants sonne radicalement cheap et est emblématique de la vacuité et de la fausse créativité générale). La faiblesse et la lose systématique ennuient puis détournent carrément ; son trauma filmé comme un épisode de série policière [respectable mais datée] d’il y a quinze ans avec la résolution d’époque n’est qu’ennuyeux. Vu dans une salle parsemée dans l’absolu mais bien remplie dans les circonstances ; public jeune avec peu d’égards pour le film au début ; difficile de leur en vouloir. (42) 

Suggestions… The Visit + La nonne.

Yokogao / L’infirmière ** (Japon) : Beaucoup plus ennuyant que la moyenne, assez superficiel dans son écriture et tiède dans son approche, sauvé par la présence de cette MILF et sa témérité sur le (seul) plan émotionnel. Il invite à se frotter à la solitude d’une personne dégradée, à sa honte dont on admet la légitimité sans trop savoir à quel point elle est appropriée – peut-être que cet affichage n’est que préventif, peut-être même que cette femme n’est que traversée d’instincts embarrassants et, pourquoi pas, de fantaisies qui accomplies la ferait basculer dans l’illégalité ; mais tout ça n’est rien d’incroyablement déviant (pas plus qu’être envahi par le désir d’éteindre quelqu’un). Dommage que pour y arriver le film soit à ce point indirect, surtout qu’il n’a pas grand chose à dire et que son scénario est pour le moins minimaliste sans ces effets (tellement lourds qu’à un moment au zoo on en vient à douter de cette orchestration – comme lorsqu’un ‘simplet’ ou un ‘professionnel’ a bavé trop longtemps pour mieux se défiler tout en paraissant sérieux). Petit coté Haneke (avec un passage en voiture à la station-service). On reconnaît la patte du réal d’Harmonium, son attention alléchée et sans jugements à la cruauté, aux impulsions accablantes et aux fatalités gouvernant les autres ; ainsi que ce côté un peu creux ou plus précisément, non épanoui. Peut-être un futur Lars von Trier sur le terrain des sentiments ? (56)

Greenland le dernier refuge *** (USA) : Est ce qu’il promet, en un peu plus sensible et étoffé. Les personnages sont inégaux et le duo particulièrement aimable ; ce n’était donc pas la peine de sombrer dans la niaiserie avec ce sermon lors du passage chez Papy. Les dix premières minutes sont elles aussi dissuasives, heureusement le film se corrige immédiatement. Il est occupé par les exigences de l’époque (deux anges gardiens black en chemin) sans en être plombé. La représentation des humains est équilibrée, peu de cruauté gratuite, pas de pessimisme exubérant. De loin la nouveauté la plus beauf vue ce mois d’Aout et de loin la sortie que j’ai préféré ; je crois définitivement que le branlage auteurisant et les mystères vaseux imprégnant le cinéma ces temps-ci ne lui font pas de bien. (66)

Light of my life * (USA) : voir la critique. (34)

The Hunt ** (USA) : voir la critique. (32) 

Swallow ** (USA) : voir la critique. Celui-ci et le précédent ont été vu hors-salles. (52)

SDM 2020 : 1) Janvier, 2) Février – Mai, 4) Septembre – Octobre.

SDM 2019. (retour en tant que mini-critiques, fin absolue des critiques systématiques)

LE SABRE DU MAL +

22 Sep

LE Sabre du mal

Film de samouraïs sorti en 1966, c’est le plus célèbre de Kihachi Okamoto, dont l’oeuvre fut prolifique et appréciée dans les années 1960 avant que sa carrière ne devienne plus laconique et anonyme. La vedette est Tatsuya Nakadai, un sinon l’acteur le plus emblématique du cinéma d’arts martiaux de l’époque, une des vedettes d’Akira Kurosawa notamment. Dans Dai-bosatsu tôge, il incarne un méchant total, réprouvant quasiment toute émotion, d’un rationalisme sans failles dopé par son absence de vanité.

Caustique sans le faire exprès, ce personnage personnifie le cynisme profond (et sans rage) du film. C’est un rōnin (samouraï sans maître) délaissant volontairement les codes traditionnels à l’heure de la faillite de sa ‘caste’ objective (le film se déroule en 1860). Sa situation aux portes du nihilisme assumé place Le Sabre du Mal à distance de ses camarades de l’époque, plus proche de l’attitude de films bis, insolents et violents comme Lady Snowblood que d’œuvres au moralisme glacé comme Rashomon ou Hara-kiri. Le Sabre du Mal est loin de ne valoir que comme défilé d’exploits hauts-en-couleur, fonction qu’il porte haut en passant : c’est le chaînon manquant entre Orson Welles et Sergio Leone.

Un divertissement total, un peu théâtral, beaucoup fétichiste. Nakadai/Ryunosuke apparaît comme un véritable démon humain, il est d’ailleurs à peine mortel malgré la mobilisation contre lui. Le spectacle est somptueux, la mise en scène à un rare degré de puissance tranquille et souveraine. Au fil de ses représentations crues sur la condition humaine se dresse aussi un point de vue sur le couple : celui formé par Ryunosuke et Ohama est d’un pathétique et d’une brutalité à rendre Qui a peur de Virginia Wolf tout gentil et désuet comme un petit drame de mœurs à apprécier en famille.

Le combat dantesque (malgré quelques incongruités typiques de l’époque dans les façons de mourir) du dernier temps est brutalement interrompu au point de générer une des fins les plus anormales jamais recensées. Le Sabre du Mal aurait du ouvrir une trilogie mais le projet a été abandonné, empêchant vraisemblablement Omamoto de s’inscrire parmi les cinéastes japonais les plus impressionnants de son époque et d’être lui aussi abondamment cité par les cinéphiles. Il a en tout cas fourni l’un des plus beaux films de samouraïs.

Note globale 82

Page Allocine & IMDB  + Zoga sur SC

Suggestions… Sword of the Stranger  

 Voir l’index cinéma de Zogarok

.

SUICIDE CLUB ***

2 Mai

suicide club

3sur5 Suicide Club est la réaction grotesque et très acide d’un auteur à la banalisation du suicide dans son pays, le Japon. C’est même l’un des traits distinctifs de sa culture. Sion Sono attaque donc la complaisance générale, dont le Mode d’emploi complet au suicide, best-seller nippon de Wataru Tsurimi, est l’avatar le plus obscène. Il montre le suicide comme dernière chance face au déshonneur, alternative unique des jeunes refusant d’intégrer une société focalisée sur la compétition et l’abandon au travail (ils sont au-delà de la révolte ou du désespoir), mais aussi mode notamment dans les écoles, ce qui porte le phénomène à un degré d’aberration dangereux.

En raison de ses scènes gores, de son postulat redoutable et de l’introduction où un gang de 54 écolières se suicident dans le métro en chantant, Suicide Club (2001) est le film par lequel Sion Sono a accédé à la notoriété internationale. Il a encore peu de moyens, largement compensées par son originalité et sa radicalité. Un concurrent à Takashi Miike débarque alors. Ses mauvais penchants ont tendance à l’emporter cependant : sans allez jusqu’à montrer et raconter strictement n’importe quoi comme dans Cold Fish, Sono se comporte un peu trop en vagabond hystérique. Les performances sont décousues et ce qu’elles portent est trop crypté. Néanmoins la séance est assez exceptionnelle compte tenu de ses outrances visuelles et de l’urgence qui l’anime.

La posture du film a un côté ado, peut-être emo mais alors très sérieux et courageux. Fort en WTF, avec du style et une signature propre contrairement à la plupart des artisans du bis japonais (et du monde entier, de toutes façons), le film s’envole définitivement vers l’excentricité dans la deuxième partie, abandonnant à peu près tout repère narratif. Il n’y a d’ailleurs pas de héros et l’enquête des flics sur la vague de suicide sert plutôt de prétexte, étant de toute façon impuissante (dans la fiction) à maîtriser ou même saisir les mécanismes d’une telle déferlante. Enfin le film jouit d’une manière de flirter avec l’horreur sans jamais y entrer tout à fait unique. Quelques mois après la sortie de Suicide Club, Sion Sono présente son adaptation en roman, où une organisation mondiale pousse les jeunes au suicide en utilisant Internet.

Note globale 63

Page Allocine & IMDB  + Zoga sur SC

Suggestions… Tueurs nés + Battle Royale + Halloween 2   

Sion Sono sur Zogarok >> Cold Fish + Guilty of Romance + Love Exposure + Suicide Club

 Voir l’index cinéma de Zogarok

GUILTY OF ROMANCE +

1 Déc

guilty of romance

Premier film de Sion Sono sorti en France, Guilty of Romance arrive juste après Cold Fish et est une réussite fulgurante du cinéaste japonais. La radicalité de ses propositions est souvent entachée par une forme de déni, où le délire à l’écran prend toute la place et s’enfonce sans chercher un gain de matière, évoluant dans une spirale où la fureur compulsive dégomme toutes les cartes. Guilty of Romance au contraire étend son sujet au fur et à mesure, pour relier tous les éléments dans un système toujours aussi déroutant.

Parfois hallucinant, inédit, Guilty of Romance est un peu un Edmond au féminin, une sorte d’essai sur la condition féminine et sur le couple réalisé par punk consciencieux. Il présente une femme de trente ans, Imizu, mariée à un écrivain célèbre et femme au foyer très soigneuse, menant une vie très prude. Après avoir trouvé un petit emploi ingrât ne posant pas de problème à son aimable et sobre époux, elle devient en parallèle modèle. Elle s’ouvre de plus en plus aux plaisirs et possibilités terrestre et se met à fréquenter le quartier des prostituées et des love hotels, rencontrant une collaboratrice torturée.

Totalement exalté et pourtant d’une mélancolie abyssale, Guilty of Romance offre plus qu’une synthèse de contraires. Le point de vue de Sion Sono est tellement achevé et singulier qu’il se laisse deviner et aimer (ou détester) instinctivement, sans nécessiter d’explications. La scène du miroir est un bel exemple : ça ressemble à du lyrisme ironique, c’en est en partie, c’est aussi une véritable scène de tragédie, un constat humain d’une tristesse infinie et en même temps un cas personnel bouleversant. Et il y a bien de quoi mourir de rire.

Le film regorge également de grands moments insolites, dont l’absurdité est de précipiter un langage de vérité avec hystérie et précision, comme cette scène marquant la rencontre avec la mère de l’universitaire. Le goût de la performance de Sion Sono s’épanouit de façon optimale. Il n’y a plus cette pesanteur erratique de Suicide Club ou Cold Fish, ici Sono est plus clair et concluant ; des choses improbables surgissent et sont porteuses de sens, même dans l’apparente confusion galopante de la seconde moitié. Sion Sono n’est pas comme ces auteurs tournant autour de l’idée d’une victoire des ténèbres ou d’une perte des repères sans s’y confronter : dans Guilty of romance, les ténèbres ont gagnés, les repères ont volés et les personnages doivent vivre avec cela.

Une mère sait que sa fille est une dégénérée, le répète posément et avec la force d’une telle résignation, tient un bordel où elle s’illustre. Il ne faut pas arriver avec des espoirs dans ce grand cirque sensuel, il faut accepter qu’on échappe à l’immuable et qu’on a échoué dans les limbes du présent, mais la joie reste possible. Cette virée au « château » laissera des séquelles, de façon d’autant plus prégnante qu’elle est d’une cohérence et d’une limpidité parfaites. L’humour, la philosophie et le rythme très singuliers propres à Sion Sono en deviennent délectables, en ne cessant jamais de surprendre. Lewis Carroll aurait pu apprécier.

Note globale 79

Page Allocine & IMDB  + Zoga sur SC

Suggestions… Année Bissextile + Le Dahlia Noir + La Secrétaire + Enter the Void + Marquis + Visitor Q + Tetsuo   

 Voir l’index cinéma de Zogarok

.