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JESUS CAMP =+

31 Oct

Sans voix-off, ce documentaire ne prononce pas directement de point de vue, émettant pour seule réponse à son sujet des manifestations de sidération – par l’entremise de Mike Papantonio (animateur radio connu pour ses compétences d’avocat – un équivalent français serait Julien Courbet). Il s’agit de montrer des enfants « embrigadés » avec pour catalyseur un rassemblement évangéliste (dit ‘charismatique’) pour enfants et pré-ados aux USA, dans un camp des Kids On Fire School of Ministry régenté par Becky Fischer. Ce que nous voyons pourtant, ce sont des enfants affirmatifs, aux discours assumés et clairs (peu importe si leurs prémisses semblent abracadabrantes). Ils sont positifs, sérieux, apparemment solides ; ils ont confiance en leur vocation.

De cette manière ils se font l’écho des adultes les encadrant, qu’il s’agisse de leurs parents ou des prêcheurs, Betty et ses partenaires, porteurs de Vérité. Tout le monde est focalisé et sûr de ce qu’il connaît, le doute est inexistant, la passion régnerait sans partage s’il n’y avait pas une once d’inquiétude. En effet, comme tous les gens avec des garanties compromises ou snobées par une large part de ses concitoyens, ils sont conscients des menaces pesant sur eux ; comme tous les fondamentalistes, ils savent bien que la défaite de leur cause ou la négation de leur message scellerait la damnation d’un ensemble plus vaste, la dégradation et le chaos sur leur région voire sur la Terre.

Les enfants de Jesus Camp portent donc une lourde responsabilité ; et surtout leurs représentations sont achevées. Ce sont des personnalités hyper-structurées. Leur condition mentale n’est pas attirante ; non qu’elle soit nécessairement malsaine, mais le champ de perception la régentant est limité ; dans leurs esprits comme dans leurs vies, il n’y aurait donc plus de territoires à explorer ; mais des révélations irréductibles à approfondir. Est-ce pire que la négligence ? On dira que c’en est une ; que ces enfants ne sont pas traités comme des individus dont il faudrait aller trouver et nourrir la sensibilité, mais des enfants auxquels on dicte l’unique et bonne sensibilité. C’est l’idée selon laquelle soumettre un enfant à un arbitraire est nocif, intrinsèquement – et égoïste de la part des adultes.

C’est vrai, ce qu’affirment ces enfants n’est jamais plus que leurs enseignements, ou les ambitions qui en sont tributaires. Leur futur peut être une succession de régressions triomphantes ; on peut le lire dans le sens inverse ; cette adhésion à une béquille solide forge des êtres blindés, en confiance car reliés à une force supérieure à toutes les entraves et les contrariétés de la vie humaine et des mesquineries de la société. Ils vont traverser l’existence avec aplomb et même partir à sa conquête ; ils subissent peut-être toutes ces leçons, toutes ces règles, mais ils ne seront pas des victimes d’un ordre externe, ou alors ils sauront s’en échapper ; dans le pire des cas, ils n’auront pas la sensation et surtout pas la conscience de leur aliénation. Qu’ont à leur offrir les émancipateurs professionnels et les âmes indolentes ? Le plaisir et la science pour éviter la tristesse et retarder le dessèchement ?

Ils ont à craindre les répercussions d’une telle foi. L’accent est mis sur la collusion entre politique et religion. Aux États-Unis, les évangélistes sont une force électorale considérable et certaines de leurs aspirations peuvent inquiéter la démocratie. Directement ou non, ils plaident pour la fin de la séparation entre l’Église et l’État, ou au minimum entre l’Église et l’action politique. Des chiffres sont cités : 25% de la population américaine (soit 80 millions de personnes), se dit évangéliste. 75% des enfants étudiants à domicile aux USA sont sujets au ‘reborn’ (la régénérescence spirituelle). Cette force a des effets concrets, comme la nomination de Samuel Alito parmi les Juges de la cour suprême (janvier 2006). Surtout, Bush et Karl Rove lui doivent une part de leur succès (et ont d’ailleurs répondu à ses appels, comme le dénonçaient les héros de Alabama Monroe).

Le film contient des images où les enfants scandent en faveur de « juges vertueux » c’est-à-dire refusant l’avortement. Les missionnaires ont leur langage : des notions telles que « guerre sainte » sont de la partie et s’il faut se débarrasser de ses hypocrisies et de ses faiblesses c’est pour intégrer « l’armée de Dieu ». Becky Fischer appelle à réparer ce « vieux monde malade » en soulignant « God fixe the rules ». Louant « l’intensité de ces enfants » elle trouve légitime d’enseigner une foi intransigeante et la remise de soi à Jésus-Christ, d’autant plus lorsque les autres religions endoctrinent de façon agressive. L’islam est dans la ligne de mire ; pas de vociférations haineuses à son endroit, juste l’identification d’un adversaire. La vision binaire et la dynamique fanatique prennent parfois des atours grotesques, comme lors de la préparation d’une conférence, où Becky lâche quelque chose comme « pas de problème de micro au nom de Jésus ».

Cette session centrée sur le Diable recèle la fameuse séquence où Becky prend à parti Harry Potter : les sorciers sont les ennemis de Dieu ! En mettant de côté l’éventuel effroi ou dégoût que peut susciter une telle perspective, on peut lui trouver des caractéristiques géniales. Le purisme est magnétique, surtout dans des sociétés où le sacré s’est envolé ou enchaîné à la médiocrité, où l’inconsistance des analyses publiquement célébrées se prend pour les stigmates d’une pensée toute en nuance. De nuances, il n’y en a plus ici ; on ne joue pas, ou alors un autre jeu, sans dupes, ouvertement générateur d’élus et d’exclus, mais d’exclus qu’il s’agit de convertir. Les protagonistes de Jesus Camp sont essentiellement tournés vers l’admiration, ils ne sont que secondairement en chasse de bêtes noires. Papantonio, qui se déclare chrétien (méthodiste), a beau considérer que les évangélistes dévient des fondements du christianisme ; leur élan en tout cas est celui de bâtisseurs, pas de simples haineux dégénérés.

En revanche que l’objet des Jesus Camp soit toxique pour l’image de la chrétienté ; dans le contexte présent c’est évident. Ce mouvement est tellement difficile à encadrer que les critiques se portent davantage sur les incantations répressives ; s’indigner à propos des incantations répressives de la part des prêcheurs est courant, faire face à une croisade est peu accessible ; c’est pourtant le vrai problème, mais comme Papantonio, la plupart des spectateurs occidentaux auront juste de la peine à le concevoir. Le document a beaucoup choqué et les protagonistes du Jesus Camp ont attiré les quolibets. Ted Haggard (le coach de Donnie Darko en plus manifestement vaniteux et manipulateur), pasteur de la New Life Church à Colorado Springs (ville QG des évangélistes), sera l’objet de scandales le poussant à la démission (et à se présenter comme un homosexuel repenti). Le camp lui-même a subi des actes de vandalisme qui l’ont contraint à la fermeture.

Par ailleurs Papantonio profère des extrémités en estimant, dès l’ouverture, que la religion pose problème car elle divise les gens et l’Amérique ; pendant que les adorateurs de « l’unité » entre les hommes se trouvent étrangers entre eux, cela leur évite de réaliser qu’ils sont des concurrents. Enfin le film en lui-même est sans grand relief, digne d’un reportage audiovisuel plutôt apathique voire formellement médiocre, mais jamais tapageur ni irrespectueux. Le nombre d’intervenants en-dehors des enfants est faible, l’exposition des conditions de vie dans le camp pas à l’ordre du jour (plutôt cotonneuses et ludiques pour le peu qu’on en voit), l’approche de leurs milieux de vie (modestes/ »classes moyennes » ou pauvres) superficielle ; concernant les parents, la parole n’est donnée qu’à une mère doctrinaire, enivrée par les principes « judéo chrétiens ».

Note globale 59

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EN DJUNGELSAGA / THE FLUTE AND THE ARROW / L’ARC ET LA FLUTE +

19 Sep

Arne Sucksdorff était un documentariste suédois devenu écologiste. Il a passé l’essentiel de sa carrière à filmer la Nature, en commençant par son pays. En Djungelsaga (circulant généralement sous son nom anglo-saxon The Flute and the Arrow) fait partie de ces premiers films tournés à l’étranger. Il a nécessité trois ans de préparation/conception et est centré sur les Murias, un peuple aborigène du district de Bastar au nord de l’Inde.

L’ensemble de leurs activités sont passées en revue succinctement. Une prise ‘actuelle’ via les turpitudes de quelques personnages choisis (Chendru, Ginjo ou Riga) permet d’entretenir le rythme. La chasse au tigre sert de ligne générale ; inventée, elle mobilise les locaux en ‘demi’-acteurs amateurs. Les éléments du quotidien, rituels et objets culturels sont montrés et racontés, certains comme la flûte se distinguent. Des scènes animalières prennent subtilement et progressivement plus de place. La voix-off est celle d’un savant empathique, pédagogue pour le public, complaisant envers ses sujets d’attention (en expliquant l’intégrité de leurs traditions). Les commentaires soulignent le partage et les vertus de cette réalité communautaire en général. Ni zèle ni surcharge d’informations.

Le film offre une contemplation intense et appliquée, permet de fréquenter une ‘philosophie’ habitée et animée, avant d’être une étude approfondie (jugement critique minimisé). En raison du contexte, il ne fouille pas de caractères singuliers, l »individualiste’ occidental pourra donc sentir ou relever ce manque. D’un strict point de vue formel la séance est mémorable, en raison de qualités techniques avancées et d’un langage raffiné, en plus des décors, du Technicolor et du budget manifestement opulent. Comme le suédois Gorilla/Gorilla Safari (1956), En Djungelsaga fait partie des films tournés en Agascope, cousin scandinave du Cinemascope ; le format est très large et sert des projets de cinéma impressionnants, comme celui-ci. Le spectacle est également enrichi par la musique de Ravi Shankar, compositeur indien, joueur de sitar – l’instrument et l’auteur seront très prisés mondialement dans les années 1960-70.

Note globale 76

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Suggestions…  La grande aventure/Sucksdorff

Scénario & Écriture (3), Casting/Personnages (2), Dialogues (4), Son/Musique-BO (4), Esthétique/Mise en scène (4), Visuel/Photo-technique (5), Originalité (3), Ambition (4), Audace (3), Discours/Morale (-), Intensité/Implication (3), Pertinence/Cohérence (3)

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LE PAYS DU SILENCE ET DE L’OBSCURITÉ +

2 Fév

Ce peuple ‘du silence et de l’obscurité’ vit ce qu’éprouve l'(anti)héroïne de Chronique d’un scandale – sauf qu’elle n’a pas la maladie (l’infirmité réelle) pour l’excuser et la ravager, l’abattre complètement (ou pour trente ans comme ce fut le cas de Fini Straubinger, rencontrée par Herzog pendant le tournage de son précédent documentaire, Behinderte Zukunft/Handicapped Future – 1971). Ils sont sourds ou aveugles, les deux pour la plupart, par accident, dégénérescence ou de naissance. Ils vivent l’exclusion véritable et entière, irrécupérable (sauf peut-être via Hollywood) ; contrairement à l’exclusion sociale, la leur gardera une emprise définitive et manifeste, quand bien même il y aurait réparation, amélioration, soutien – d’ailleurs ce dernier est là, pour les cas qui nous occupent et ne fait que les retenir aux bords de la normalité.

Herzog observe avec attention mais sans émotion [perceptible] des situations sociales et démonstrations pathétiques propres à ces individus. S’il y a une sensibilité vibrante, alors c’est une empathie froide, de l’empathie volontaire, active en esprit et qui s’accepte impuissante – à résorber et à ‘entrer dans’, comprendre ; une empathie n’apportant rien par elle-même, sinon [à] voir avec bienveillance, recomposer, emprunter des détours pour simuler une proximité. Techniquement cela implique caméra à l’épaule, intérêt pour les objets et les données concrètes, à la façon d’un explorateur enthousiaste malgré ses limites. Nous restons différenciés, tout en considérant leurs moyens de se relier au monde extérieur – ou simplement leur façon d’y être. La mise en scène n’essaie pas de nous immiscer en eux, les laissent seuls à développer sur leurs ressentis ou à présenter leurs expériences – à l’exception d’un artifice (l’ouverture ‘introspective’) et de quelques superpositions orientées (de courts extraits de Bach et Vivaldi). En revanche, le rapport à la société et le regard qu’elle pourrait jeter sont absolument évacués (l’homme politique reste un représentant lointain, un commissionnaire passant un instant sans rien venir prendre ni donner, sans que des mondes se croisent et échangent).

L’équipe du tournage et les spectateurs traversent ces arrières-mondes terrestres avec pour guide Fini Straubinger. Sourde et aveugle depuis l’adolescence, elle s’exprime avec facilité et reçoit les informations [portées par les autres] grâce à des signes dans les paumes. Elle est en charge d’un groupe de sourds-aveugles de Bavière depuis quatre ans, mobilisé en début de séance à l’occasion de son 56e anniversaire. Les groupes d’handicapés réunis autour d’elle forment une communauté paradoxale jusqu’à l’absurde, puisque tous sont radicalement insulaires par leur condition physique – pourtant ils sont davantage soudés qu’on ne le serait entre des hommes liés par l’affection ou les idéaux, car c’est une lecture du monde sur-encadrée qui les réunit. Lors du premier rassemblement, celui de l’anniversaire, leur réunion trouble à peine le silence, la solitude et la désolation dans lesquels ils sont enfermés ; l’excitation de deviner ses prochains à proximité suffirait presque, s’il n’y avait la place démesurée du toucher, sens décuplé et parfois dernier espace de contact avec l’extérieur – car la parole se perd ou se gâte, voire est privée chez les enfants mal-nés.

Dans la seconde moitié, après deux enfants diminués, nous en découvrons un autre à la périphérie de l’humanité. C’est en fait un jeune homme de 22 ans (Vladimir Kokol), sourd-muet de naissance, gamin délaissé, échoué comme un animal fébrile n’ayant profité d’aucun dressage. Il a faciès de mongolien, aucune maîtrise psychologique, ne sait saisir ni soi ni l’environnement ; étranger à tout, il est proche de l’objet animé mais sans esprit, s’envoie un ballon dans la figure, se répand en bruits de bouche. C’est comme un chien qui se serait pris un coup de tonnerre, puis aurait par miracle eu le droit de poursuivre en miettes. Il est trop tard pour l’amener à la raison et probablement même à l’intelligible, mais Fini Straubinger lui apporte deux béquilles aux bénéfices immédiats : la conscience qu’il existe, est relié et pris en compte, le réconfort et l’ouverture par la musique. L’étendard du syndicat des handicapés prononce la phrase de fermeture : « Si une guerre mondiale éclatais, je ne m’en rendrais pas compte ». Comme on peut le constater sur Julie malgré l’effroi que son regard et son timbre de voix inspirent, le martyr a aussi, à l’usure, ses vertus.

Note globale 77

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Suggestions… Mary & Max + Martyrs/Laugier + Incidents de parcours/Romero

Scénario/Écriture (3), Casting/Personnages (4), Dialogues (4), Son/Musique-BO (4), Esthétique/Mise en scène (3), Visuel/Photo-technique (2), Originalité (3), Ambition (4), Audace (4), Discours/Morale (-), Intensité/Implication (4), Pertinence/Cohérence (4)

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HOLD-UP *

17 Nov

1sur5   Une chose opportuniste, terriblement mal conçue, contre-modèle sur les plans narratif et esthétique ; elle reprend les pires méthodes des documentaires ‘d’investigation’ à charge ou sensationnalistes, avec empressement et grossièreté. Les points de vue divergents et souvent en eux-mêmes inconsistants (notamment sur la dangerosité du Covid19 – ou alors il faut assumer qu’il y en a plusieurs ; c’est apparemment trop d’efforts) sont simplement rangés bout-à-bout. Ce film issu du crowfunding vaut une compilation Youtube/Dailymotion totalement random ; ce qui le sauve de l’insignifiance complète, c’est qu’il présente ses propres images et entretiens ; rapporte plusieurs vérités et permet une synthèse sur la situation – confuse mais avec un accès à l’ensemble des points-clés et seulement pour l’hydroxychloroquine (un des plus triviaux) un développement satisfaisant. C’est la seule raison interne pour laquelle je le laisse à l’avant-dernier étage avant la nullité.

À mes yeux le problème est tout ce qu’il laisse en friche et assez peu ce qu’il raconte. Ce documentaire apparemment bâclé voire improvisé fonctionne sur la suggestion, peut-être pas tant par propagande que pour combler sa bêtise et sa paresse d’enquêter. Même pour balancer les gros morceaux dans le dernier tiers (qui le condamne aux yeux des anti-conspis et médias de masse ou leurs satellites) il est complètement hagard et désuet ; se prête aux interprétations les plus primaires, se range au socialisme pleurnichard et paranoïaque, minorant les autres motifs de défiance ou d’alerte. Il jette le discrédit sur des inquiétudes fondées concernant la technologie et le management global, se prêtant au jeu des abrutis beuglant ‘platisme lol’ dès qu’ils entendent quelque chose d’inhabituel ou l’apprennent trop tôt et par un canal non-aplatventriste. Hold-Up est toxique pour sa cause (‘l’éveil des consciences’), bon que pour deux sortes de personnes : ceux qui auront besoin d’un tel support pour alerter des zappeurs ou purs ignorants ; ces derniers – dommage que leur décrassage mental commence sur une base misérable (et médiocre au mieux).

Seul le succès colossal et soudain (le chiffre de 6 millions de vues était mis en avant deux jours après sa sortie, 8.5 millions le lendemain samedi 14) peut justifier la mise en avant d’un tel produit pour le démolir, encore que la rapidité avec laquelle on lui est tombé dessus soit surprenante et alors que le mur de silence est une tactique efficace. Peut-être un mélange de vieilles relations professionnelles au niveau des personnes et l’opportunité de se payer un adversaire grotesque au niveau du système.

Note globale 26

 

Ma contribution en commentaire sur SC (centrée sur la raison ‘externe’ de ma note modérément exécrable) :

La vertu de ce film : pousser une catégorie spéciale de conspis rageux à se déchaîner : les « anti-conspis ». Eux ‘sachent’ que les conspis qui ‘sachons’ sont des idiots ! Qu’attendons-nous pour les médicaliser puisque c’est un problème psy individuel et collectif ! (ou bien de les convertir)

Et puis surtout n’oublions pas de dénoncer la lèpre populiste. Vraiment, tout ce qui cloche dans cette situation, c’est cette manie qu’ont trop de gens de ne savoir apprécier les petits points ‘science épidémiologie obéissance & découverte’ sans lesquels on est tellement perdus !
Rendez-vous compte : des individus, par centaines de milliers, ne seraient pas enclins à croire leurs autorités ni convaincus par les consignes ! Mais qu’allons-nous devenir ! C’est de l’anarchie et pas de la bonne (la bonne c’est celle des livres et de l’avant-garde – ou bien c’est le gauchisme) !

Heureusement les fournisseurs de publicité déguisée et d’articles d’opinion à gros tirage sont là pour nous guider dans ce brouillard. Et ils sont nombreux donc on peut avoir confiance ; pas comme avec ces docs conspis et leurs mille-feuilles argumentatifs !
Quand on pense à ces complotistes qui s’affalent sur de pauvres références ! La vérité est dans le journal* et eux la trouvent sur Youtube.. sont terriblement cons !
(*nan mais allo c’est leur métier ! Y a des gens dont le métier c’est la vérité ; toi tu n’as pas suivi de cursus de vérité et d’ouvrage de conscience alors merci de la ramener que lorsqu’on t’on t’autorises ! – ou pour te joindre à la chasse au conspi, là rien n’est requis, le plus crétin sera le plus brillant)

Allez, continuons à nous indigner mutuellement de la liberté voire de l’existence de l’autre ; on arrive au sommet, encore quelques efforts ! On pourra montrer aux conspis que leurs peurs sont vaines : pas besoin de complots pour aboutir à des purges ou de la soumission de masse. Les peuples ‘endurcis’ les réclameront bien avant.

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PRÊT A JETER *

28 Oct

2sur5 Intéressant pour une approche en néophyte mais de faible valeur même dans ce cas. Beaucoup d’enjeux flagrants sont ignorés ou balayés. En traquant cette obsolescence programmée à l’échelle du système, on pourrait aboutir à un renoncement aux innovations, à une diminution drastique des recherches non essentielles ; et probablement à des régulations voire intrusions. Déjà Latouche le pape des décroissants nous les suggèrent, en parlant de contrôle des produits y compris après leur vente. Il souhaite donc la dépossession des consommateurs et la surveillance des citoyens ; mais plus gênant pour sa posture de chevalier blanc, il prend le relais de ses ennemis ! Par ses préconisations il rejoint Bernard London dans sa guerre au libre-usage pour le redressement et le bien communs [l’obsolescence’ par obligation légale comme méthode de relance pendant la Dépression des années 1930] et plus généralement ces industriels arbitrant selon leurs [seuls] plans le temps de notre usage [comme Bruce Stevens motivé par une idéologie commerciale – la perspective maléfique entraînant toutes les aberrations et fautes morales – comme les décharges en Afrique].

Des solutions positives sont soufflées en conclusion avec ces matières et produits recyclables. Michael Braungbart apporte l’idée la plus apparemment estimable et solide avec ses tissus biodégradables et selon lui comestibles, le tout aligné sur les cycles naturels. Mais il y a bien plus saillant que ces mesures plus ou moins grandes que le désespérément moche Demain pourrait reprendre à son compte. C’est l’idée de répercuter les ‘vrais coûts’ de production (notamment du transport) afin de rendre obsolète l’obsolescence programmée ; Serge Latouche sait se faire romantique pour alléger cette rude promesse et commet un laïus à propos des ‘humanités’ comme richesses à développer.

Car en attendant la saine révolution, le documentaire ne donne aucun aperçu de solution concrète pour les masses (ni au demeurant pour l’individu). Que faire de l’économie et des emplois ? Ce film lie l’obsolescence à la croissance et en fait la raison du succès économique de l’Occident dans les années 50 ; il semble reconnaître une part bénéfique mais l’assimile à la société de consommation nécessairement à la dérive. Quelles anticipations, quelles alternatives ce film préfère passer sous silence ou n’est pas en mesure de concevoir ? Que faire de la population – réserver l’emploi à une minorité ? Le luxe ordinaire des pays développés à quelques élus ?

Cet ‘angle’ mort abyssal signe l’absence de neutralité du film, anti-consumériste et anti-croissance (et anti-obsolescence programmée – on croirait parfois anti-obsolescence tout court, comme d’autres se maintiennent anti-cancer car après tout, certains remèdes fonctionnent contre certains cas, alors si l’ensemble des cancers ne sont pas terrassés c’est que l’industrie voire le citoyen-consommateur mi-dupé mi-complice sont de mauvaise foi). Si on prend les implications du discours porté par le film au sérieux et que d’autres enjeux qu’environnementaux font aussi partie de notre lecture ; on peut voir là-dedans une combine de capitalistes établis et d’établis tout court (dont ce William Philips serait le porte-parole manifestement candide) pour maintenir leur domination, limiter l’accès du commun des mortels aux progrès ; puis simplement contrôler la meute humaine et lui enseigner une bonne parole laïque.

Finalement, si on s’en tient aux conséquences, Prêt à jeter est d’une douloureuse ironie ; il présente des exemples historiques mais semble vouloir faire.. tourner la roue à l’envers ! La citation de L’homme au complet blanc, où un inventeur est poursuivi par les patrons et ouvriers jusqu’à finalement ne pas présenter au monde sa création, est comparable à la véritable histoire des bas en nylon de Dupont, trop résistants d’où leur évacuation du marché. Mais en quoi le film est-il du côté de l’invention ou travaille-t-il à l’amélioration de la technique ? Peut-être celle-ci est comme la Terre : une réalité finie qu’il s’agit de troubler le moins possible, en s’en tenant à la meilleure recette. Reste à définir celle-ci et surtout ne pas se tromper – ou savoir dissuader les foules de s’ennuyer des fabrications standardisées des produits fournis par les corporations homologuées (et neutres en carbone), à plus forte raison de les contester (ce qui reviendrait à plaider pour cette diversité futile et l’obsolescence esthétique qui caractérisent notre ère d’abondance et d’irresponsabilité – et de tromperie ‘programmée’).

Note globale 38

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