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TROIS JOURS AVANT LE CHANGEMENT…

13 Mai

Le mirage Hollande déjà sabordé

A peine élu, Hollande est déjà rendu impotent, ses plans discrédités et sa posture d’alternative abattue. Dans la foulée des insolents résultats des Législatives Grecques, d’une Bourse en panique et d’un marché sceptique, les acteurs de l’actualité cherchent ouvertement à transférer les souverainetés nationales vers l’Union Européenne. Parallèlement, les commentateurs labellisés légitiment les prises de positions tranchées de leaders appliquant la vision néolibérale de l’économie et de la politique, la seule enseignée de façon massive tant par le biais des médias que des programmes scolaires ambitieux. Ceux qui devraient être les observateurs sont des porte-paroles, vraisemblablement pas tout à faits conscients de leur caractère moutonnier et prosélyte.

Plus que jamais, l’Europe est régentée par l’Allemagne, Etat fédéral qui trouve son compte, plus que les autres, dans l’établissement d’une Union supranationale et défend ardemment ses intérêts (car la monnaie euro est consacrée par et pour elle, a été formalisée selon sa propre monnaie antérieure). Ambassadeur de Bruxelles et des dogmatiques européistes, Merkel vient réprimer les alternatives et nier l’autorité d’un chef d’état sur son propre pays. Révision du Pacte de Stabilité ? C’est non et ce « non-négociable » de la Dame de Fer allemande se substitue au « There is no alternative » qui scellait, peut-être sans savoir à quel point, l’ascendant d’une logique implacable. De toutes façons, Hollande n’a posé aucune condition, le « non » est donc d’autant plus aisé qu’il vient contrecarrer une posture à l’arrachée, n’expliquant ni le comment ni l’après. Il en va de même pour l’idéal de « croissance », mot-valise à la mode depuis quelques jours, concept rabattu mais jamais planifié par l’intéressé et son équipe.

Et pendant ce temps, Hollande s’amuse du brio des Corréziens, parvenus à hisser un des leurs au  »poste suprême » (comme on pouvait le clamer, avec raison, il y a déjà quelques décennies) pour la seconde fois. En marge, il glisse à son entourage et ses collaborateurs que la situation de l’Europe, l’élection en Grèce et les perspectives de récession radicale le préoccupe ; d’ailleurs, il fait confiance aux solutions qui sont exposées par les leaders de la technocratie bruxelloise et leurs acolytes, les économistes de l’école néolibérale.

C’est donc un nouveau Président ému de son parcours, tout affecté de devoir quitter sa Corrèze, qui s’offre à la vue des Français. L’oligarchie des incapables trouve là une pleine et belle incarnation ; un type lambda qui, comme nous, sera spectateur de notre Histoire et dont les gémissements ne seront même pas audibles pour les décideurs de notre destin.


Diversion par les mœurs

Et sur quoi Hollande se recroqueville-t-il déjà ? Sur les réformes sociétales, de mœurs, et l’application de principes humanistes gratuits mais sans implication, de symboles égalitaristes. Il y aura donc parité parfaite dans le Gouvernement, pour la première fois ; puis bientôt, le mariage  »gay » (on parle peu, voir jamais, de « mariage homosexuel »).

Obama s’est épris du sujet très récemment… À l’heure ou l’empire néolibéral est chamboulé et que les peuples se donnent les moyens de gronder (mais avec les outils qu’on leur accorde), le chef d’État de la première puissance du Monde fait les unes en évoquant l’union civile homosexuelle, thème qui pourrait être réglé en un clin d’oeil… Mais la gauche libérale-démocrate a tout intérêt à repousser les réformes sociétales, car elles lui garantisse un combat penaud et fédérateur, tout en faisant des adversaires  »conservateurs » d’odieux passéistes bloquant le progrès et les libertés individuelles. Il y a une deuxième raison, c’est qu’une fois les homosexuels mariés, ceux-ci n’ont plus, comme les hétérosexuels mariés et dans une situation sociale équivalente, d’intérêt à se bercer des litanies consensuelles des valets des néolibéraux.

L’UMP tient bon, Copé tient la barre

Copé dit d’Hollande que c’est une « anguille », mais Copé lui-même est une anguille ; méthodes, personnalités et perspectives inverses, mais anguille qd même ! Après la fin des élections présidentielles, le leader de l’UMP a eu la bonne idée de reprendre le programme de Sarkozy pour la campagne des Législatives ; reste à voir en quoi les deux aventures électorales se répondront ou se contrediront.

Paradoxalement, ce programme, sans le mal-aimé Président sortant, perd son meilleur porte-parole. Copé, mal défini, n’est pas, pour l’heure, cohérent dans des postures idéologiques quelconque, puisqu’on le connaît plutôt comme un défenseur taquin de l’ordre établi et de la position officielle de la droite de gouvernement sur les débats ou polémiques du moment.

Raillé, assimilé à une « droitisation » opportuniste (sauf que le terme de  »droitisation » a été invoqué pour chacune des postures un tant soit peu non-linéaires de Sarkozy pendant cinq ans), ce programme a permis à Sarkozy de revenir à 48% et de se réapproprier l’électorat traditionnel des droites (mais aussi les non-alignés et les attentistes), devenu sceptique et parfois revenu de loin. Ce sont surtout les slogans qui ont rassurés, mais aussi la possibilité d’offrir aux électeurs du Front National une brèche, même factice ou dérisoire, sur leurs sujets de prédilection. C’était, notamment, la renégociation à propos de Schengen ; ayant gagné le respect de Merkel et des européistes, Sarkozy aurait pu davantage inciter à quelques inflexions. Il aurait pu aussi se transformer en Orban français, en mode libéral et atlantiste ; c’est en tout cas ce qu’il a laissé leurrer. Opération brillante et sans doute pas si vaine, car ainsi Sarkozy a su redonner un horizon à la droite traditionnelle. Elle n’aura le récupérer si elle comprend son intérêt objectif au lieu de se laisser absorber par l’illusion « centriste-humaniste ». Lisse et bien sous tous rapports, cette étiquette est un piège aguicheur qui la conduira à l’échec (électoral bien sûr, idéologique surtout) et à l’abandon de toute influence sur le jeu politique (quand ces centristes-humanistes croient justement le contraire).

L’UMP peut encore se tirer honorablement des Législatives, mais elle aura du mal à transformer l’essai (l’essai étant la remontée fulgurante de Sarkozy, qui a su remobiliser à droite et au centre et capter les indécis). La droite mainstream perdra probablement ce scrutin, peut-être même y aura-t-il une nouvelle vague rose qui justifiera des commentaires condescendants au sujet de la stratégie de l’UMP depuis l’entrée de Sarkozy dans la campagne (c’est-à-dire il y a deux mois et demi). Mais ils auront tort ; c’est simplement que les électeurs croient peu à la praticité des réformes promises, ou ne croient pas que les dirigeants de l’UMP pourront tenir des engagements aussi forts. Pour s’émanciper de l’absolutisme européen, Sarkozy a réussi, dans l’entre-deux de l’élection, à apparaître comme le plus apte, à défaut et même si c’est cruellement absurde, d’être le plus sincère et décidé. Un sursaut ponctuel mais néanmoins impressionnant, d’ailleurs près de la moitié (un sondage à la sortie des urnes avançait le chiffre de 51%) des électeurs du FN ont tenté le vote Sarkozy, peut-être avec l’énergie du désespoir ou bien un espoir timide, mais ils l’ont fait néanmoins, quitte à se tromper.

Le cerbère de confort tient sa belle affiche

Mélenchon n’en finira jamais d’user des armes du système pour exister. L’hypothèse d’un duel Marine/Méluche est donc désormais réalité, la candidature étant validée ce samedi. Jusqu’à jeudi, Mélenchon ne savait ou il serait catapulté ; il s’est même cramponné à des alliances réclamées (et non négociées) à Martine Aubry. Au lendemain du premier tour pourtant, cette crapule niait encore l’intérêt des législatives pour son cas personnel (allant jusqu’à minimiser son implication). Aujourd’hui, il s’invite sur les terres de Marine Le Pen pour pérenniser la bonne affiche des  »populistes », déjà encouragée lors de son émergence (avec notamment le face-à-face autour de la table de JJ Bourdin). C’est amusant, c’est triste aussi. D’emblée, Mélenchon réaffirme ses vieilles manies en animalisant sa concurrente, notamment en lui demandant de venir « aboyer » devant lui. Il réclame le débat, tout en conservant ses manières de malotru et maintenant le clivage anti-riche/anti-immigré qui séparerait les gauches radicales des droites extrêmes… alors même que Marine Le Pen a été bien plus cohérente, pugnace et surtout concrète dans, non seulement sa dénonciation de la sournoise banalisation de la crise de la dette (perçue, par le biais des médias, comme allant de soi), mais qu’elle y a par ailleurs apporté des solutions globales et précises (abrogation de la loi de 1973 notamment).

En dépit de cela, c’est ce même théâtre de dupes qui est de nouveau mis en scène. Le système envoie ainsi dos-à-dos ses deux facettes  »radicales », consacrant les deux personnages comme les représentants de mouvements à la marge des consensus, comme deux excroissances spectaculaires. Dans ce choc des  »extrêmes », Mélenchon incarne le côté  »utopiste », l’idéal que les formations plus raisonnables ne peuvent assumer, trop occupées par le principe des réalités. A l’autre bout du ring et de l’échiquier, MLP est la menace réelle et ultime, le réceptacle de tous les non-dits les plus nauséeux, celle qui engendre les débats qui font mal, celle qui bascule dans un monde interdit et pose des perspectives aveuglantes tant elles se hissent hors du cadre rationnel de la raison et de la démocratie. C’est là les images mentales qui sont fixées et sculptées dans l’esprit des français.

En outre, il y a des questions politiques pures, que les médias dominants ne posent pas et que les médias alternatifs ne posent pas non plus (par mélenchonisme -c’est le cas d’AgoraVox-, désintérêt, ou parce que l’actualité est trop vaste et vivace en cette période post-électorale doublée d’une accélération de la crise occidentale).

Les voilà donc : le FDG restera-t-il une structure, un large espace de coopération de gauche ? Ou bien est-il voué à n’être qu’un rassemblement ponctuel ? Sera-t-il torpillé par l’égoïsme des élus du PCF ou la lâcheté de Mélenchon – les deux s’annoncent déjà ? Y a-t-il d’ailleurs encore un Front de Gauche, à l’heure ou Mélenchon et ses acolytes peinent à trouver des accords et des circonscriptions ? Bref, l’étiquette Front de Gauche existera-t-elle toujours après ces Législatives ? Et si c’est le cas, est-ce que le mouvement orchestré par Jean-Luc Mélenchon ne deviendra pas un FN de confort d’une majorité de centre-gauche (balayant des cadres d’EELV à des satellites du MoDem) ?

Le rallié opportuniste

Éternel loser, Bayrou reste le spectateur de sa propre déchéance. Voilà un homme espérant se fixer au carrefour de la vie politique mais que ses voisins survolent et ses lointains adversaires méprisent. En évoquant le « danger » d’une cohabition, le brave centriste a fait le boulot, qu’aucune force apparente ni aucun mouvement d’opinion ou politique ne réclamait. Splendide retournement de veste, de la part d’un des meilleurs propagandistes de l’idée, schématique et simpliste mais pas innocente, selon laquelle Hollande allait ruiner la France.

Afin de justifier cette orientation, on invoque des raisons de valeur plutôt que de politique, d’économie. La vérité, c’est que Bayrou fait de la realpolitik à son échelle personnelle et que l’européisme béât du Parti Socialiste lui facilite la tâche. En outre, Bayrou s’est offert au camp du vainqueur annoncé en espérant participer à sa réussite électorale ; mais il n’a créée aucune interdépendance, le PS et Hollande ne lui doivent rien, simplement lui est à leurs pieds sans pouvoir plus désormais se retourner sur sa droite, puisqu’il l’a abandonné. Son ralliement, qui en fait n’existe que pour lui (il n’a intégré aucune équipe) a brisé un non-dit qui lui était favorable : en ayant toujours pas basculé officiellement vers le centre-gauche, Bayrou conservait ses chances de récupérer les fuyards modérés, libéraux et  »humanistes » de l’après-Sarkozy. Il a encore raté sa chance et s’est encore vautré tout au fond d’un gouffre, face à une pente probablement encore plus pénible à escalader (et en plus avec le sentiment, pour les électeurs, que désormais ce n’est même plus la peine). 

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6 MAI 2012, TROIS ELECTIONS

7 Mai

Le second tour français d’hier est une bonne chose. D’abord, il met enfin un terme à cette campagne interminable et toujours plus médiocre et futile. Ensuite, c’est l’occasion d’évoquer deux autres scrutins qu’il ne s’agirait pas d’oublier ; l’un, mineur, en Serbie (premier tour des Présidentielles), l’autre, capital, en Grèce (législatives à hauts risques). Enfin, à titre personnel, je suis à la fois frustré et ravi qu’une telle équipe se hisse à la tête des institutions en France, car c’est au pied du mur que le sursaut aura lieu, c’est devant l’échec des fausses alternatives qu’il y aura prise de conscience : les Grecs en sont là.

FRANCE : le super-favori se contente de la « victoire étriquée » redoutée sur le tard

Contre toute attente, François Hollande est élu avec une courte majorité ; pas sur le fil, mais avec un score dérisoire compte tenu du climat actuel. Il n’aura vraisemblablement pas su canaliser la défiance vis-à-vis du monde politicien ni même de l’ « hyper-Président », au point que la carte électorale est très traditionnelle. Autrement dit, les lignes n’ont pas bougées, elles se sont simplement infléchies, comme s’il s’agissait d’un scrutin standard dans un contexte ordinaire. Ainsi, l’Est de la France reste acquis à la droite mainstream, avec notamment des envolées autour de 63% en PACA et en Alsace. Comme si cette élection n’en était qu’une de plus.

Naturellement, personne ne s’empresse de le relever (pas même les lieutenants de l’UMP!?), pourtant François Hollande est l’un des Présidents les moins bien élus de la Ve République ; c’est même carrément le moins bien élu depuis Giscard en 1974, ce dernier détenant le record avec 50.7%. Hollande se hisse à peine au niveau du Mitterand de 1981 (51.76%). En 2007, Sarkozy a réunit 53.1% des voix alors qu’il n’y avait pas de réel ou profonde sentiment anti-Ségolène ; malgré l’animosité à son encontre, il parvient à empêcher son adversaire d’atteindre un tel score et même lui en fait même réaliser un plus faible que celui de Chirac en 1995 (Jospin, à 47.36%, était alors considéré comme un vainqueur officieux).

Finalement, l’élection présidentielle française de 2012 devrait rester comme l’histoire d’une occasion manquée. Les Français sont massivement restés accrochés au Président sortant, qui s’en tire avec les honneurs alors que ses homologues européens ont été, pour la plupart, balayé en raison des inquiétudes populaires face à la crise : de toute évidence, Sarkozy a su répondre et même dompter celles-ci. Son score (48.38%) est inespéré et n’a jamais été envisagé par quelque sondage que ce soit depuis l’année dernière et même depuis les tous premiers sondages anticipant 2012, ou il était perpétuellement laminé. Il aurait fallu attendre vendredi pour qu’une issue à 52-48 soit envisagée, laissant, pour la première fois, ouverte l’idée d’une victoire très étroite pour Hollande – sauf que, à un jour et demi du scrutin, il est trop tard pour les commentaires et trop tard pour rebondir. Et si cette tendance observée en toute fin de parcours n’était pas le reflet d’un pragmatisme et d’une prudence retrouvée des sondeurs ? Et si Sarkozy n’était jamais tombé à 43% (ou même à 40%) ?

Désormais, il est évident que François Hollande n’a suscité aucun espoir – ou bien un espoir à la marge, soit à Gauche. Les Français réfutant toute appartenance politique auront probablement penché vers Sarkozy, par scepticisme devant l’effervescence infondée autour de la candidature Hollande. Il y a eu un repli vers Sarkozy ; la crise de confiance est telle qu’elle a suscité l’apathie, la nonchalance des électeurs, finalement à peine mobilisés pour le sauveur qu’on leur avait promis et résignés, pour une large partie d’entre eux, à retourner dans les bras de celui qu’il avaient sans doute raillé ou abandonné… après avoir, lui, suscité des attentes fortes.

« Quand Jean-Luc Mélenchon prend la Bastille, c’est sur arrêté préfectoral » Nathalie Arthaud

Mélenchon, l’éternel pleutre


Au soir du second tour, sur BFMTV, le candidat du Front de Gauche est interrogé à propos de son éventuelle candidature aux Législatives. Et là, c’est avec un brio édifiant, mais ô combien transparent, que Mélenchon esquive. Il prétend que si la décision n’est pas encore prise, c’est « sans doute » que le sujet n’est pas essentiel, assène que « les journées ne font que 24 heures » et aborde encore de nouveaux sujets périphériques, s’auto-congratulant et s’attribuant une part de responsabilité dans la défaite de Nicolas Sarkozy.

Jusqu’au-bout, Mélenchon n’assume même pas d’avoir rompu. Ce qu’il n’ose pas dire, c’est qu’il a besoin de la certitude que le PS se désistera dans sa circonscription. Ses hésitations sont tactiques et traduisent non seulement son manque de confiance et de légitimité, mais aussi sa dépendance à des anciens camarades qu’il exècre pour mieux servir. Mélenchon n’est qu’un faux rebelle, un dissident frileux.

Quelle majorité ?

Il y aura un Premier Ministre et dès aujourd’hui, chacun annoncera ses petits pronostics. Ce ne sera pas le cas ici. Ce n’est pas le lieutenant qui compte, c’est sa légion.

Le risque maintenant est dans la formation d’un bloc de centre-gauche, entre la gauche timorée et le centre démissionnaire. Il est possible que les  »humanistes » rejoignent les  »progressistes », pour établir la grande alliance des démocrates tièdes, bien-pensants et passifs devant l’Histoire et la marche du Monde.

Cette majorité  »raisonnable » suscitera la colère d’opposants trop tranchés (Marine Le Pen) ou trop déphasés et caricaturaux (Mélenchon, Poutou), tandis qu’elle gagnera le respect de la droite mainstream et du centre-droit qui y verront des interlocuteurs possibles. Les convergences des deux blocs majoritaires feront le bonheur des européistes et des marchés financiers, rassurés par l’assurance de concessions faciles pour les uns, d’une stabilité pour les autres. Une alliance PS/UMP n’est donc pas exclue en cas d’accélération -même légère- de la Crise, même si elle se fera tout en reniant Sarkozy et sa dérive  »pétainiste » . Si une telle situation arrive avant une décennie, gageons que Copé réussira à se placer ; Bayrou lui sera au bon endroit, mais relégué au fond de la salle.

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GRECE

Échiquier politique

Il y avait, jusqu’ici, six grandes formations en Grèce. Le paysage politique était dominé par le PASOK (parti social-démocrate) et le ND (parti de droite modérée), qui réunissaient ensemble les trois quarts des suffrages : c’était encore le cas en 2009 ou le PASOK arrivait en tête des Législatives (44% contre près de 34% pour le ND).

En marge, avec 4-8% des suffrages selon les élections, le LAOS occupait l’espace le plus à droite, les communistes sont unis derrière le KKE et la Gauche radicale est incarnée par le SYRIZA. Le parti écologiste local (adhérent du Parti Vert Européen), le OP, est lui en progrès depuis plusieurs années, mais tourne néanmoins encore autour de 2-3%.

Contexte pré-électoral

Georges Papandréou (PASOK), leader de l’opposition jusqu’en 2009, a eu le destin que l’on connaît. En révélant le gouffre financier et le déficit public national, il a ouvert la boîte de Pandore. Si les mœurs grecques sont coupables, sans doute que Papandréou ne s’attendait pas à devoir assumer un remboursement de la dette aussi intransigeant. Il a voulu négocier mais a perdu ; d’ailleurs, son initiative avortée de référendum (fin 2011) a montré à la face du Monde que les Grecs n’avaient plus la main sur leur pays. Notez que cette éphémère promesse de référendum a été aussitôt oubliée – et qu’elle n’a pas été rappelée à l’occasion du scrutin d’hier.

Forcé à la démission, Papandréou a laissé la place à un Gouvernement de circonstance. Une coalition rassemblant les deux grands partis (PASOK et ND) mais aussi, c’était pourtant techniquement dispensable, le LAOS, souvent qualifié d’extrême-droite. Avec ce Gouvernement acceptant les conditions de redressement imposées par le FMI et l’Union Européenne, la Grèce est devenu le laboratoire des européistes austéritaire.

Les sondages annonçaient une lourde sanction à ce Gouvernement improvisé, les deux partis devant céder la moitié de leurs parts du marché électoral, au profit notamment des partis de Gauche radicale et d’extrême-gauche rassemblés au sein de la coalition SYRIZA (équivalent du Front de Gauche français). De nouveaux partis sont apparus ou se sont affirmés à cet endroit de l’échiquier, pendant que l’extrême-droite authentique (bardée de références néo-nazis) était appelée à entrer au Parlement (avec 6-7% de promesses de votes).

Ce qu’on oublie aussi, c’est que des dissidents du PASOK et du ND ont aussi agité la vie politique grecque et rejoint l’opposition.

Résultats de l’élection

Le PASOK et le ND ne cumulent que 37% des suffrages, soit moitié moins qu’autrefois. Le Gouvernement sortant de Papadimos (70% des sièges) devra donc soit éclater, soit composer avec d’autres blocs. Même le LAOS, son associé de droite radicale, ne profite pas de leur chute ; lui aussi perd la moitié de son capital de voix (2.9% au lieu de 5.6% en 2009) en raison de son acceptation de la rigueur. En passant sous la barre des 3%, il perd ses quinze sièges du Parlement, arrivant au niveau des Verts, qui malgré leur stabilité et leurs 2.93%, n’ont pas encore le niveau aux Législatives. 

C’est surtout le PASOK (parti de Papandréou) qui souffre de cette désaffection ; Nouvelle Démocratie (ND, droite et centre-droit) est leader avec 18.9% des suffrages (contre 33.5% en 2009), tandis que son adversaire et homologue de centre-gauche s’effondre à la dernière place du podium avec 13.2% (c’est 30 points de moins qu’en 2009).

Le grand vainqueur de l’élection est le SYRIZA, Coalition de Gauche radicale largement étoffée pour l’occasion, atteignant les 16.8% de suffrages (+12.2pts) et devenant premier parti d’opposition au ND, si celui-ci devait se maintenir et refuser les formations en rupture ou dites  »extrémistes ». Aube Dorée, groupuscule de l’extrême-droite néonazi, est quand à lui passé d’une audience marginale (0.3% à son meilleur) à une représentation parlementaire, réunissant plus du double du seuil nécessaire et s’assurant 21 sièges.

Quelle majorité ?

Si une nouvelle majorité n’est pas formée d’ici dix jours, les Grecs devront retourner aux urnes.

Le Gouvernement sortant ne pouvant plus compter sur les forces traditionnelles du PASOK et du ND, et n’ayant plus la possibilité de recourir au LAOS pour simuler l’ouverture et l’attention au peuple qui souffre, il lui faudra accueillir (ce n’est pas une science exacte mais c’est, comme toujours, les issues probables ou éventuelles à mon sens) :

1°) les dissidents des deux partis, qui cumulent 17.7% des suffrages et 52 sièges (une façon de rallier les rebelles tout en proposant une formule alternative, prenant en compte le refus de la rigueur pour chercher le consensus – tout en le foulant dans les faits : il s’agirait donc de simuler la compassion et la rigueur saine, à l’italienne post-Berlusconi)

2°) la Gauche du PASOK : KKE communiste et SYRIZA, soit 25.3% des suffrages et 78 sièges (cette deuxième hypothèse engendrerait un Gouvernement à deux vitesses, dangereux pour les deux camps)

3°) un mix de ces forces pour essayer d’annuler leurs effets : par exemple, les dissidents du ND (avec l’argument d’une légitimité électorale plus forte pour la droite modérée) avec les communistes du KKE (qui n’ont pas profité du vote protestataire et seront plus faciles à dompter que la nouvelle Gauche radicale)

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sigle Nom de la formation score Nb votants Évolution/2009 Idéologie, position
ND Nouvelle Démocratie

18.87%

(108 sièges)

1.19 millions

-14.6pts

(+17)

Austéritaire – sortantDroite & centre-droit. Conservatisme
SYRIZA Coalition de la Gauche radicale

16.77%

(52 sièges)

1.05 millions

+12.2pts

(+39)

OppositionGauche, Gauche radicale & EXG.
PASOK Mouvement Socialiste Panhellénique

13.19%

(41 sièges)

0.83 millions

-30.7pts

(-108)

Austéritaire – sortantGauche & centre-gauche. Social-démocratie.
GI Grecs Indépendants

10.60%

(33 sièges)

0.67 millions

NEW

Opposition – dissidentsDroite issue du ND.
KKE Parti Communiste Grec

8.48%

(26 sièges)

0.53 millions

+0.9pts

(+5)

Opposition -Indéterminé Gauche/EXG – gauche communiste
XAC Aube Dorée

6.97%

(21 sièges)

0.44 millions

+6.7pts

(ENTREE)

Opposition EXD.
DIMAR Gauche Démocrate

6.10%

(19 sièges)

0.38 millions

NEW

Opposition – dissidentsGauche issue du PASOK
OP Verts Ecologistes

2.93%

0.18 millions

+0.4pts

Opposition – IndéterminéÉcologistes.
LAOS Alerte Populaire Orthodoxe

2.90%

0.18 millions

-2.7pts

(-15)

Austéritaire – sortantDroite
Autres

13.19%

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SERBIE : dualité Libéraux / Conservateurs & consensus pro-européen 

En Serbie se déroulait simultanément l’élection Législatives et le premier tour des Présidentielles.

Le premier tour des Présidentielles s’est soldé par la qualification sans surprise des deux principaux candidats. L’élection est concentrée autour du duel Tadic/Nikolic, gauche libérale/droite nationale. Le président-sortant, Boris Tadic (DS – Parti démocratique), est le favori pour le second tour qui se déroulera le dimanche 20 mai (dans deux semaines). Toutefois, leurs scores respectifs sont moins forts que prévu (autour de 30%) : Tadic est légèrement en tête avec 26.8% contre 25.2% à Nikolic. Ivica Dacic, ministre de l’Intérieur et liée au gouvernement sortant de Tadic, a quand à elle marquée des points au bénéfice du Parti Socialiste (SPS) avec 16.6% des suffrages.

Les deux camps sont pro-européens, mais Tomislav Nikolic (SNS – Parti Serbe du Progrès) est plus nuancé. Candidat conservateur à tendance national-populiste, il est parfois assimilé à la prétendue nouvelle extrême-droite occidentale. Boris Tadic, lui, a les faveurs des observateurs et journalistes étrangers ou l’intégration Européenne est envisagé comme l’unique horizon, alors même que le dogme de la libre-concurrence et de l’abattement des frontières est dans le même temps validé et souvent encouragé par les mêmes protagonistes.

Le second tour sera l’occasion de revenir plus en détail sur cette élection et ses enjeux, mais aussi de cerner les forces en présence et les clivages déterminants chez les Serbes.

Article publié à 15heures.

TYPOLOGIE DES CANDIDATS 2012

6 Mai

Prévu depuis le lancement du Blog, cet article est l’occasion d’ouvrir la catégorie « Sociologie au Burin », dont les typologies et en particulier celles du MBTI sont des éléments décisifs (et seront définis plus précisément plus tard).  Article absolument ludique et sans doute superficiel, mais le sujet ne tient pas de la farce pour autant : il s’agit de dresser des hypothèses à parti de modèles et de présentations succinctes.

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Le MBTI est le maître et la référence la plus crédible de toutes les échelles de mesure de profils ; l’Ennéagramme est moins sérieux, ses origines sont même relativement floues voir ésotériques et les types proposés assez caricaturaux (au moins a-priori). Pour l’Ennéagramme, l’intérêt est surtout dans l’établissement de combinaisons, de correspondances ; plusieurs types peuvent former un portrait, abstrait mais significatif. Avec le MBTI, il est davantage question de comportement, d’attitude, de mode de fonctionnement.

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A noter que Slate a diffusé récemment un article sur le même thème (MBTI seulement) – néanmoins, les diagnostics MBTI ne sont pas tous ceux que vous trouverez ici (certains, comme pour Bayrou, m’ont même étonné). Retrouver ce sujet sur une plateforme aussi vive et pédagogue est une excellente surprise ; en revanche, on peut regretter qu’il y manque un argumentaire pour justifier les attributions… et que les « experts » non-cités sont probablement issus de l’avis général des internautes et amateurs, d’ailleurs les profils-types peuvent être déduits spontanément en raison de leur évidence, chez certains personnages en portant tous les traits (c’est le cas de Nicolas Sarkozy en particulier).

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Présentation rapide des deux modèles (liens pour en savoir plus), sur lesquels le Blog reviendra probablement à d’autres occasions (pour le Cinéma notamment), puis application au cas par cas pour les dix candidats.

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MBTI

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4 critères définissent le test de Myers Brigg :

* I/E (Introverti/Extraverti) = l’introverti s’épuise au contact des autres, l’extraverti gagne à être en société, il est dans son élément

*  N/S (iNtuition/Sensation) = les intuitifs comprennent à partir de la déduction, de l’extrapolation, de la généralisation ; les sensitifs se fient à l’expérience et au bon sens, à leurs acquis plutôt qu’à la théorie

* T/F (Thinking, Penseur/Feeling, Affectif) = les penseurs prennent leurs décisions sur la base de critères rationnels et objectifs ; les types sentimentaux ne sont pas nécessairement « émotionnels » ni grégaires, mais tendent à minimiser le raisonnement logique au profit de considérations soit humaines, soit passionnelles

* P/J (Perception/Jugement) = les perceptifs évitent de s’engager ; les « jugeurs » sont organisés, se fient à des critères qui sont souvent ceux de la société, savent généralement ce que sera leur futur proche et leur avenir lointain

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Tempéraments à l’épreuve de la pratique sportive, ainsi que dans le rapport au Monde en général (adaptabilité).

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4 grandes familles (descriptions caricaturales) :

* NT, les Rationnels (xNTx) = c’est la famille la plus rare (environ 10%), la moins sociable et la plus axée vers la théorie, la quête de connaissances, de compétences et de compréhension. Tout passe par la pensée ; l’analyse, la logique, jouent un rôle fondamental au quotidien. Ce groupe est orienté progrès et peut, au contraire des SJ, passer outre les traditions ; mais le souci du travail, de la découverte et de l’intelligence les séparent des SP, alors que le relativisme côté valeurs et la priorité accordée à la logique les dissocie des NF. Souvent des scientifiques, philosophes.

En savoir plus : 16types.fr

* NF, les Idéalistes (xNFx) = les standards éthiques, les valeurs culturelles jouent un rôle décisif pour les membres de ce groupe (entre 15% et 20%). Des idéaux élevés, des buts nobles via lesquels ils pourront s’extraire du marasme et de notions matérielles et affirmer leur identité sont les sujets de préoccupation essentiels de la vie des NF. Souvent des enseignants, journalistes.

En savoir plus : 16types.fr

* SP, les Artisans (xSxP) = catégorie la plus exubérante, la plus spontanée et la plus « bruyante », c’est celle des esthètes, des hédonistes et des amuseurs (25% à 35%). Ils sont orientés solution et ont un bon sens pratique, mais leur faculté d’adaptation à la nouveauté est plus limitée que pour les précédents. Ce sont les plus instables mais aussi les meilleurs « vivants » ; avec les NF, c’est chez eux que se retrouvent les Artistes.

En savoir plus : 16types.fr

* SJ, les Guardiens (xSxJ) = groupe le plus répandu (autour de 45%), c’est celui des « conservateurs », de ceux qui assimilent les règles, les structures et les contraintes sociales et sont naturellement portés à en reconnaître la valeur. Aptitudes logistiques, managers, protecteurs aussi. Ils peuvent être rigides, se mettre des ornières, ne pas voir ou accepter le changement.

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En savoir plus : 16types.fr

L’Essentiel :

– les caractéristiques définies par E/I et  P/J sont relatives aux attitudes. Les deux autres sont plus « viscérales » et profondes, décisives pour le fonctionnement.

– chaque type implique les quatre fonctions-clés ; le modèle estime ainsi que tout Homme est à la fois Penseur et Affectif, ainsi qu’Intuitif et Sensitif ; les niveaux d’introversion ou d’organisation (pour aller vite) s’appliquent à ces 4 notions.

– Par exemple, un NT sera d’abord Intuituif (N) et Penseur (T) ; il ne fait appel à ses aspects de Feeler (F) ou de Sensor (S) qu’en de rares occasions ; cela lui demande un effort, lui apparaît contre-nature, nouveau ou dérangeant. L’introversion et l’extraversion se calque ensuite là-dessus : un NT introverti, par exemple l’INTJ, est d’abord N (Intuition Introvertie – Ni) avant d’être T (Penseur extraverti – Te) – ou IN et TJ.

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ENNEAGRAMME

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9 types, en substance (liens vers des descriptions pour cerner plus vite)

* type 1 – l’Idéaliste, le Perfectionniste : Ennea.com ; CCE ; Moncoach ; EIP  ; EnCo

* type 2 – l’Altruiste, le Romantique : Ennea.com ;  CCE

* type 3 – le Battant, le Magicien : Ennea.com ; CCE

* type 4 – l’Artiste : Ennea.com ; CCE

* type 5 – L’Observateur, l’Expert : Ennea.com ; CCE

* type 6 – Le Loyaliste : Ennea.com ; CCE

* type 7 – L’Optimiste : Ennea.com ; CCE

* type 8 – Le Leader : Ennea.com ; CCE

* type 9 – L’Affable, le Médiateur : Ennea.com ; CCE

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– ces types sont issus de trois Triades : Emotionnelle, vivant selon le ressenti, le rapport aux autres, l’image (types 2-3-4) ; Mentale, se fondant sur la réflexion, la logique, la créativité et la planification (types 5-6-7) ; Instinctive, fidèle à ses tripes, à son monde intérieur, à ses convictions ou ses modèles personnels, orienté vers l’action (types 8-9-1)

– à chaque type peut s’ajouter une aile ; par exemple, un Type 8 peut avoir une aile 7 ou une aile 9 ; l’aile 9 le rend plus conciliant, plus modéré, plus porté au retrait ; l’aile 7 le rend davantage anticonformiste, agressif, entreprenant

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– Pour en savoir plus :

http://homeusers.brutele.be/dossiers/evoluer/enneagramme_type_de_personnalite.htm

http://www.enneagramme.com/Theorie/9_types.htm

http://homeusers.brutele.be/dossiers/evoluer/enneagramme_dossier.htm

– Pour déterminer votre profil :

http://www.enneagramme-envolutif.com/formation-enneagramme-test.html

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MARINE LE PEN = ESFP – 6aile7

MBTI : ESFP ou ENFP

L’hypothèse ESFP s’impose avec évidence, pour la gouaille et le tempérament bouillonnant, par endroits presque « boute-en-train » du personnage, pour la simplicité du ton aussi. Mais son brio dans les débats, sa capacité à allier des concepts ou des idées complexes avec spontanéité font pencher vers le « N », de même que ses facultés d’oratrice. Par ailleurs la capacité de MLP, plusieurs fois démontrée, à faire tomber les masques de ses interlocuteurs (d’un point de vue psychologique) et à saisir ce qui n’est pas dit au-delà même des arguments, d’une gêne ou d’une colère patente, peut être autant comprise comme une caractéristique décisive du « Se » (rien ne lui échappe dans le présent) que du « Ne » (faculté à tisser des liens dans l’environnement et l’ambiance). Très réactive, imprévisible et charismatique, comme l’est l’ENFP de papier. « ExFP » de toutes façons, le type des comédiens, des exubérants et des leaders ou pédagogues hauts-en-couleur.

Il y a une deuxième hypothèse qui peut maintenir le doute pour MLP, c’est l’ESTJ : contrairement à Mélenchon qui en adopte parfois une « persona » grossière, c’est structurel dans le cas de MLP. En effet sa tertiaire Te (la Pensée Extravertie) est de plus en plus investie, en réponse probablement à la récente accélération de sa carrière. Cette énergie Te était clairement noyée sous les deux fonctions dominantes (Perception Extravertie et Sentiment Introverti) il y a une décennie.

Enneagramme : 6, 7, 3

Loyale, dynamique, avec un côté borderline ostensible qui n’entame rien de sa combativité, voir de sa témérité. Les événements de sa vie personnelle pourraient en avoir fait une des « contre-phobiques »  souvent cités pour évoquer le Type 6 (qui tend à se laisser dominer par ses peurs, ou les surmonte avec aplomb et souvent excès). On peut parler, dans ce cas, d’optimisation maximale et magistrale du type.

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NICOLAS SARKOZY = ESTP – 3aile2

MBTI : ESTP

Comme Chirac et Berlusconi. C’est un type imprévisible, irréfléchi ou incohérent dans ses actes en surface, mais se fiant à son cadre interne (Ti – Pensée introvertie) pour décider et agir vite (Se – Sensation extravertie). Il aime les biens matériels, le clinquant, cherche la reconnaissance, le feu des projecteurs ; c’est un dominant naturel. Il vit sur le moment présent, est doué en général et en particulier pour l’improvisation ; il s’adapte en toutes circonstances, sauf s’il est compromis et ne rate jamais une occasion de se mettre en avant. Il aime les plaisirs terrestres surtout ; Sarkozy est l’ESTP, dans une version plus assumée que Chirac et plus « narcissique » que Berlusconi, lequel portait carrément toutes les outrances « sensorielles » du type (potentiellement le plus jouisseur, hédoniste et cynique).

Enneagramme : 3w2, 8w7

Sarkozy est vraisemblablement 3aile2 (le type de « la star », du Battant tendant ici vers l’instinctif), ou bien oscille entre 8 et 7 (8 aile 7 ou 7 aile 8). Sa gloutonnerie, son déni face au réel, la force physique dont il a pu faire preuve abondent en ce sens ; sa fuite de la faiblesse (trait fondamental du 8) ressemble beaucoup à la quête d’admiration et l’identification à un rôle (pratique spontanée du 3). La recherche de compensation, l’égo surgonflé, évoquent généralement les types 3 & 8 et Sarkozy incarne tout à fait ce qui les relie. La fausseté, le vide transparent de l’homme, son aptitude à s’adapter aux publics auxquels il fait face, sa façon de se mettre en scène, font cependant pencher plutôt vers le type3 (là encore, à l’instar de Chirac, qui oscillait lui plutôt entre 3 et 9).

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FRANCOIS HOLLANDE = ESFP – 7aile6 (ou 9aile1)

MBTI : ESFP ?

Peu d’intérêt sur ce profil, pas grand chose à creuser, pas d’angle d’attaques prégnant ou stimulant (comme pour le reste d’ailleurs). Hollande serait ESFP a-priori et est généralement typé comme tel. Néanmoins il y a trop d’éléments contradictoires à son sujet et en même temps peu de traits saillants ; il est donc difficile de cerner le personnage, à moins qu’il soit aussi dissocié qu’il en ait l’air.

Enneagramme : 7, 9, 6

Hollande est souvent perçu comme un 7w6 et il en est médiatiquement la caricature. Optimisme, bonne humeur, entrain définissent le type, plus encore avec cette aile ; c’est aussi, en grossissant le trait encore avec les comportements les plus récurrents, un bon communicant, mais un piètre leader et un dominateur peu crédible. Le 7aile6 peut être un bon chef d’équipe, approuvé d’ailleurs et populaire surtout, mais on ne lui fait pas confiance en cas de crise, ou on chercherait quelqu’un de plus solide, plus stable ou sérieux. En revanche, il excelle dans les rôles de seconds ou dans le costume du farceur de service. Tendance à s’affadir, à se contenter des acquis, à fuir la réalité, la tâche, l’effort, la remise en question (correspondances entre les types 7 dits ‘malsains/désintégrés’ et 9). Voit et pense à court-terme (être SFP redouble cet aspect). L’aile 6 illustre l’importance accordée au sentiment d’appartenance et par extension, à la conserver sa place au sein du groupe.

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JEAN-LUC MELENCHON = ENFJ – 8aile7

MBTI : ESTJ ou ENFJ

Idéaliste ou Gardien ? Le dogmatisme de Mélenchon est un pont entre ces deux pôles. Le candidat du FDG est considéré comme un ENFJ sur Slate, d’ailleurs peut-être penche-t-il vers le « F » , par idéalisme, ou par pratique (via ses messages et postures politiques), en raison de ce qu’il défend et de la fibre émotionnelle dont il abuse. Par ailleurs, l’ENFJ est le plus prompt des types  »F » à assumer le leadership ; c’est aussi, à l’instar de l’ENTJ pour les NT, le NF le plus disposé à fonctionner comme un SJ. Ce type est celui des orateurs passionnés, des amoureux de grandes causes capables de faire face à la foule en la prenant à témoin (les ENF mobilisent, les INF exposent leurs raisons) ; moins concordant en revanche, l’ENFJ est un type très  »féminin », peut-être aussi le plus réservé, prudent voir timide des extravertis.

Mais on attribue ce type un peu vite – généralement à beaucoup de personnages charismatiques ou flamboyants, marqués « à gauche », prophètes pacifistes ou militants associatifs d’envergure. Sans doute y a-t-il là une volonté de sacraliser et figer un portrait universel de « gourou ». Or l’INFP et l’ESTJ, pour des raisons différentes, peuvent très bien incarner ce gourou.

Ensuite, entre S et N, Mélenchon est dur à définir : il vit dans le présent, réagit au contexte physique -ou aux hommes et femmes qui s’adressent à lui- plus qu’aux idées ou aux débats, perdant parfois de vue une certaine cohérence. Ces caractéristiques indiquent plutôt le Ti-inf et la présence du Se. De plus, Mélenchon fut un grand suiveur pendant de nombreuses années, surtout à l’époque Mitterand (voir son attachement manifeste, parfois benêt, dans les vidéos), une caractéristique plutôt propre aux I, S, F et J (par rapport aux E, N, T et P) : surtout au Fe (fonction dominante ou auxiliaire des types xxFJ). Il ne s’agit pas du tout de dénigrer Mélenchon en lui refusant un type plus convoité ou censément plus noble ; mais Mélenchon est plutôt un gardien des traditions, d’un idéal de gauche et la confusion de l’ENFJ avec l’ESTJ, du NF avec le SJ, se comprend et même se justifie. Il est bien cependant le paroxysme de l’ENFJ masculin [et du NFJ] agressif et têtu.

Enneagramme : 8

Mélenchon est un 8 assez poussif, cumulant beaucoup des traits de ce type qui utilise prioritairement le centre instinctif pour le tourner vers l’extérieur.  

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FRANÇOIS BAYROU = INTP – 9aile1

MBTI : INTP, INxJ ou ISTJ ?

C’est probablement le plus difficile à cerner de tous les candidats (ce qui est sans doute un obstacle pour lui et son MoDem à plusieurs niveaux). INTP pour son non-conformisme, probablement surtout interne, qui émerge facilement mais est souvent floué, en surface toujours, par la culture du consensus, de l’harmonie. L’hypothèse INFJ, sur Slate, n’est pas aberrante, même si elle surprend spontanément : les qualités de pédagogue, le côté « mentor » du personnage renvoient à l’INFJ ; mais l’attitude, réservée et décisive, sied parfaitement aux IxxJ en général. La raideur, l’impression parfois d’observer un pantin hypnotisé par les croyances qu’il récite renvoient à l’ISTJ. Bayrou serait alors un ISTJ assez curieux, pour autant, jusque dans les détails, il épouse parfaitement les structures de ce type.

Enneagramme : 9, 1, 5, 6

A-priori, Bayrou est un « 9 » assez facile à diagnostiquer. Pour des raisons basiques : simplicité du personnage, souci de la neutralité, de la modération, ainsi que pour la sagesse (peut-être un  »6 » intégré ?) ; mais également pour les discours-fleuves, le souci du détail. Bayrou est aussi un « passif-agressif », à tous les niveaux (sur les plateaux, dans son action politique, dans sa façon d’être et de se présenter). Le 9 associé au 1 cumule la résistance aux émotions négatives, à l’adversité et à la violence des deux types ; il induit aussi un certain idéalisme, le désir de préciser (et ensuite, dans une moindre mesure, de communiquer) sa vision du Monde ; il inclue aussi une certaine rigidité, une paresse, une indécision… plutôt qu’une peur, qu’un souci de sécurité, de maîtrise (et d’une stabilité matérielle), propres aux types 5 et 6. Ces deux-derniers sont les opposés du 1 et 9, mais on peut aussi les qualifier de reflet ; par exemple, le 1aile9 et le 5aile6 se font face sur le cercle de l’ennéagramme ; ils tendent à se complémenter mais aussi à s’identifier l’un à l’autre et peuvent simultanément se confondre comme apparaître incompatibles. Bayrou pourrait être un 6aile5 (qui s’identifie, et réciproquement, avec le 1aile2) ; sa solitude abonde en ce sens (à titre privée, celle-ci est délibérée – Bayrou ferait volontairement le vide autour de lui), ainsi que sa loyauté et son attachement à un cadre familial et à des racines géographiques.

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EVA JOLY = INFJ – 3aile4 

MBTI : INFJ ou INFP

Eva Joly affiche les grandes qualités de l’INFJ… et les grands défauts des « IN » en général, communication laconique ou inadaptée en tête. Eva Joly pourrait être INFP, mais les IxFP sont souvent les plus passifs (cependant, beaucoup d’INFP compensent leur « faiblesse » par un masque d’aplomb et de dédain) ; son intransigeance et sa froideur pourrait la faire apparaître comme une « T », mais son mode d’expression (mimiques et phrasé) sont emprunts de valeurs, de références subjectives, d’affects (d’ailleurs la campagne, les propos, les clips, sont « F » malgré eux). C’est plutôt son « J » qui la rend si droite, si (apparemment) dure, si structurée et décisive ; lui aussi qui l’a portée vers le domaine qu’elle a embrassé.

Enneagramme : 3, 4, 1

potentielle 1, pour le côté justicière, pour l’idéalisme aussi, trait qui n’est pas sans rappeler le type 4 (naturellement porté vers les idéaux de gauche). Le goût du combat, le côté workaholic, la ténacité, mais aussi la multiplication des actions sur des domaines contradictoires (concours de beauté, Droit, politique, éthique) renvoient au type 3. L’association à une aile 4 paraît évidente ; elle implique une priorité au mental au détriment de l’instinctif, un sens esthétique plus développé, une plus grande discrétion et un sens de la nuance lorsqu’il s’agit de se mettre soi-même en scène (contrairement au 3w2, le 3w4 n’est pas un profil-type de « showman », il peut même être assez froid et asocial – mais aussi moins outrancier). A noter aussi qu’un Trois accompli ne ressemble pas à un Trois, mais à ses objectifs, ses combats, bref à l’objet de son identification.

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NICOLAS DUPONT-AIGNAN = INTJ – 1w9

MBTI : INTJ

Pour l’aplomb sans fards, l’expertise, la cohérence et une certaine hauteur naturelle. Solitaire sans en souffrir (aspect irrévocablement INT), NDA est porté par ses convictions ; le terme s’applique bien, semble même façonné pour des individus comme lui, poursuivant leur vision du Juste contre vents et marées. Son discours est très établi, la confiance en l’inspiration de l’INTP n’est pas de mise ; avec l’INTJ, les idéaux sont solides et vérifiés (l’INTP est plus porté vers la polémique et l’exploration de concepts que leur revendication).

NDA a ce côté un peu professoral, donneur de leçons qui s’il peut le plomber vu de loin, passe largement grâce à sa virulence sans outrances ; en outre, en parfait INTJ, NDA retient son jugement et ses paroles jusqu’à délivrer le coup fatal. Les légers problèmes de communication (coups-d’éclats de « showman » un peu désuets, mais ça ne le soucie guère) sont typiques, bien sûr des « T », mais surtout des (I)NT(J), largement plus soucieux de fond que de forme, de symboles que d’images gratuites et chatoyantes. Autre caractéristique de l’INTJ : un conformisme de façade, une auto-discipline au service d’un état d’esprit structuré.

Enneagramme : 1, 5, 6

L’ennéatype 1 s’impose rapidement (fixation perfectionniste, colère réprimée éclatant face aux « excès » broyant son sens de la droiture), quoiqu’avec des aspects ‘résonnant’ 5. Un 5 aile 6 dans ce cas, c’est-à-dire un Observateur relativement tourné vers le Monde, actif voir énergique, bien qu’assez difficile à saisir. Les 1w9 et 5w6 sont des types-miroirs.

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PHILIPPE POUTOU = ISFP – 9w1

MBTI : ISTP ou ISFP

Poutou a un profil assez classique de petit lieutenant de la « gauche radicale » ; c’est un SP, il vit dans et pour l’instant immédiat, ne se soucie pas des conséquences de ses actes. Il est fidèle à ses habitudes mais c’est un bon camarade. Plutôt introverti, il a les traits du STP, mais ses prestations ont souvent été curieusement affectives ; le personnage manie très mal la théorie, alors que les STP sont souvent capables d’asséner des convictions arrêtées et structurées.

Enneagramme : 9, 6, 7

Poutou est un 9 typique. Négligé, paresseux, même lorsqu’il monte au front, capable néanmoins de se montrer ponctuellement offensif.

SECOND TOUR : QUE LES COLÈRES NOIRES DEVIENNENT UNE INSURRECTION BLANCHE

3 Mai

Lapalissade absolue : la prise de l’Élysée par le Parti Socialiste sera une fausse alternance. C’est une lapalissade, mais apparemment pas tant que ça, au point que même dans le monde réel, des individus circulent tout en étant capables de vous tenir un discours différenciant sérieusement et profondément Hollande de Sarkozy, à partir de valeurs viscérales ou d’argumentaires à la logique éculée. Le plus sincèrement du monde, ils vous sermonnent sur la nécessité de barrer la route à un incompétent qui va ruiner la France ou d’évincer le nabot maléfique, persuadés qu’alors la France retrouvera son souffle. C’est là qu’on réalise que l’enjeu est de taille et que les débats vont être hardus.

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Pourquoi votre vote ne servira à rien

Il convient de faire un rapide état des lieux. Rien de nouveau, juste une mise au point : synthétiser et aller de l’avant.

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Le Parti Socialiste et l’UMP (ainsi que EELV, le MoDem et dans une certaine mesure le Parti Communiste et l’aile prétendument souverainiste de l’UMP – les villiéristes et associés) valident les grands processus géo-politiques en cours. Qu’importe les postures, les discours ou même les clivages ou héritages : ces formations sont, de fait,  »européistes » et  »mondialistes », même si elles s’en défendent ou n’intègrent pas ces notions à leurs logiciels. Chacun a ses raisons, ses façons de déguiser un suivisme, un fatalisme ou une paresse politique.

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Concrètement, la classe politique est toujours plus impuissante et continue à déléguer ses pouvoirs, confiant toute marge de manœuvre à d’autres instances. Voici la synthèse, nourrissez vos réflexions de ces éléments :

PS & UMP sont sacrifiés à une Union Européenne antipolitique

ils votent 97% à 98% des amendements européens

le Traité de Lisbonne a été formaté selon leurs souhaits en 2008 (après le référendum de 2005, offre déclinée par les Français puis les Hollandais, dont la volonté a été trahie)

la Constitution Européenne était le premier traité économique (il n’était pas politique, ni social, ni culturel) impliquant un aussi grand nombre d’Etats (il ne s’agissait plus d’échanges commerciaux inter-Etats, mais de dissoudre les législations dans une norme commune)

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PS & UMP sont sacrifiés au dogme néolibéral

ils valident tous les deux le MES, qui implique la rigueur budgétaire, les coupes sociales et la mise à mort, à moyen voir court-terme, du modèle social français

ils valident tous les deux l’ouverture au marché transatlantique de 2015

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PS & UMP sont atlantistes

Hollande ne remet pas en cause l’intégration à l’OTAN

Sarkozy a dilapidé les stocks d’or nationaux pour les brader aux Etats-Unis et sauver leur monnaie

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Bilan du premier tour

Avec 55% des voix, les deux grands ténors du  »système », partisans d’une rigueur intransigeante, du recul de la souveraineté nationale et des acquis sociaux, ont assumés leur rôle avec brio. La propagande néolibérale et la complaisance bourgeoise ont étouffées les voix dissonantes, faisant de Dupont-Aignan un has-been, de Cheminade un illuminé, de Marine Le Pen un piège à débiles mentaux. Pendant ce temps, Mélenchon était sous les feux des projecteurs et artificiellement gonflé, au point ou le personnage lui-même et ses troupes se sont bercés d’illusion sur leur puissance mais aussi sur leur légitimité.

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Tout a été préparé pour que le vote Marine Le Pen soit minimisé ou assimilé à un « vote de crise », donc un vote de contestation brutal, spontané, irréfléchi, surtout motivé par l’envie de secouer l’ordre établi. Par exemple, faire du vote MLP un vote de  »jeunes non-diplômés » s’inscrit dans cette éternelle stratégie consistant à assimiler le vote FN à celui d’une masse d’ignorants, de petites gens mal éduqués, à l’intelligence et la condition médiocres.

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L’hypothèse d’un « vote d’adhésion » n’est jamais émise, les thématiques du FN de Marine Le Pen sont récupérées pour être caricaturées par Nicolas Sarkozy, généralement sur un ton haineux ou violent. Le vote FN est réduit à être le témoin d’une « peur » alimentant le conflit de civilisations et l’islamophobie. La masse votant en faveur du FN se voit attribué des fantasmes que les partis traditionnels alimentent mais ne peuvent clamer haut et fort ; en quelque sorte, ils projettent sur le Front National ce qu’eux-mêmes ne peuvent assumer mais aspirent à utiliser (et Marine Le Pen doit être prudente et résister à un opportunisme qui pourrait la couper de ses axes anti-mondialistes). Il s’agira ensuite de répondre à des menaces qui n’existent pas, en menant des politiques sécuritaires et liberticides (déjà largement entamé avec la culture du fichage de Sarkozy) au nom d’une grogne qu’on feint de mal comprendre. Ou comment faire d’un vote patriote et antilibéral concret et résolu, une constellation de fachos, de désœuvrés et de borderlines électoraux ponctuels.

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Vote blanc ou abstention ?

Bien sûr, un vote blanc massif ferait la fierté ponctuelle des personnages antisystèmes et révélerait une prise de conscience active de l’inanité du duel proposé. Mais si, le 6 mai, c’est un « 30% d’abstention » qui s’affiche (et c’est tout à fait probable – l’idée est plutôt de viser un score largement supérieur), alors cela aura plus d’effet, que si étaient enregistrés 24% d’abstention plus 6% de votes blancs (ce qui signifierait 8-10% des votants), car le « 30% » restera un chiffre-clé, voir façonnera une image mentale. Tandis que si une abstention relativement forte et un vote nul et blanc vaguement en hausse s’ajoutent, alors en vérité ils s’annulent. Dans ce dernier cas, la nuance ne sera relevée que par quelques érudits tatillons au beau milieu de débats qui se dérouleront sans tenir compte de cette anecdote qui, et ce sera vrai, n’aura pas grand intérêt puisqu’elle n’est pas significative, pas assez brutale.

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A moins d’un raz-de-marée de blancs, l’abstention est une sorte de potentielle esquive lucide. Il s’agit de s’inscrire du côté de ce raz-de-marée et de l’amplifier car il y a, ici, quelque chose qui peut se jouer et prendre forme.

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Cela sanctionnera aussi en passant, les postures et les tentatives d’OPA grossières des candidats, comme Nicolas Sarkozy souhaitant ravir l’électorat du Front National tout en vomissant ses cadres et singeant ses idéaux, avec toute sa médiocrité de petit teigneux qui se croit devenu Sage.

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Comprenons également qu’une abstention massive de second tour a un sens, lorsqu’au premier tour le peuple s’est mobilisé. Sinon, cela signifie que le jeu continue ; or là, il y a rupture et crise de confiance indéniable. C’est la seule façon de signifier aux apprentis sorciers que nous serons des otages certes, mais indisciplinés. Car le 22 avril, lorsque les deux grands représentants des libéraux-bourgeois sont venus valider, définitivement et avec des scores proches (qui permettent d’autant plus d’entretenir l’illusion d’une dualité à armes égales, et de créer deux camps aux antagonismes factices), l’américanisation et la bipolarisation vaine, absurde et menteuse de la vie politique, c’est le politique qui est mort. Il est donc temps de refuser cette mascarade mortifère, ce théâtre moribond et nauséeux parce qu’il est fourbe et artificiel ; même si cela n’y changera rien, au moins, la pièce se jouera sans notre participation, mais pas sans que nous ayons posé notre mépris et notre dégoût – elle est déjà écrite mais d’autres échéances permettront, avec un peu de foi, beaucoup d’efforts et de patience, ainsi qu’un vaste travail de désenfumage, de casser ce cycle.

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Le piège « Alter-kozy »

La perversité consiste à faire de Sarkozy l’ennemi et leurrer qu’en « virant Sarkozy », naturellement tout ne sera pas réglé, mais la France retrouvera un calme intérieur et surtout, que les politiques antisociales engagées par Sarkozy se stopperont. Au contraire, elles trouveront leur point d’orgue, la crise et la dette publique servant un discours « pragmatique » frauduleux.

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L’ennemi reste dans la maison ; c’est un néolibéral qui en chasse un autre. Qu’il le soit viscéralement ou qu’il le soit par la force de ses alliances, de ses réseaux et des logiques qu’il accepte. La situation continuera à empirer, car celui-là aussi, comme tant d’autres autour des grands partis mainstream, est dans l’acceptation et la résignation devant les règles du jeu.

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Nous sommes totalement, à cet instant, dans l’entretien de l’illusion du démocrate tout beau tout neuf, surgissant après le vil conservateur (c’est le piège éternel de  »l’alternance » conçue par les libéraux-bourgeois – ou, si vous préférez, par les néolibéraux et leurs assistants ou observateurs). En quelque sorte, Hollande est notre Obama. La région France est un peu plus paupérisée, alors vous excuserez l’écart de prestance… Nous nous replions donc sur le petit gros rigolo fait maison, en attendant de trouver plus  »cool ». 

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En marge… Comment ont voté les Zogarokéens ?

Les chiffres sont naturellement très différents de ceux issus des suffrages citoyens ; les Internautes sont souvent en rupture avec les schémas politiques ou avec les leaders habituels ; ce Blog fait de la politique un sujet-phare et  »se range » en prenant parti ; les petits candidats, peu mis en valeurs dans les médias traditionnels, compensent avec Internet ; enfin, les mélenchon-marinistes sont plus nombreux sur le Net, parfois même ont tendance à bourrer les urnes.

Sans surprise, les deux candidats des grands partis mainstream n’accèderaient pas au second tour avec les Zogarokéens ; ce sont même les seuls à se situer en-dessous de leur moyenne nationale. Marine Le Pen est largement en tête (24.61%, soit +38% que ses 17.90% en France) mais pour autant, Mélenchon (19.16%, soit +72%) et même François Bayrou (13.51%, soit +48%) sont davantage sur-représentés). Ce dernier a été devancé dans la dernière ligne droite par Sarkozy (14.87%, soit -45%) tandis que François Hollande est le looser pathétique sur Zogarok (9.13%, -64%).

Les petits voir micro-candidats, c’est-à-dire l’autre moitié, réalisent des scores naturellement très au-dessus de leur niveau réel, grâce à une meilleure reconnaissance et visibilité sur le Net. Ainsi, avec +1.760%, Cheminade est en quelque sorte le grand vainqueur du scrutin Zogarokéen, même si cela ne signifie qu’un modeste 4.40% le plaçant septième sur dix. NDA est le grand champion des  »petits » (5.86%, +327%), ce qui s’est accéléré après son intervention  »choc » du Grand Journal (phénomène validé dans l’ensemble des autres sondages, impliquant critères, popularité, confiance, etc.). Le différentiel est moins exorbitant pour Eva Joly (4.08%, soit +77%) qui fait néanmoins le double de son score national (mais c’était facile). Arthaud a réussi une petite percée (2.30%, soit +410%) assez curieuse, tandis que Poutou fait à peine mieux que dans la réalité (1.57%, soit +37%), ce qui, dans les circonstances présentes, a presque valeur de fiasco.

Zogarok

France

Différentiel

Hollande

9.63%

28.63%

-19.0pts (-64%)

Sarkozy

14.87%

27.18%

-12.3pts (-45%)

Marine Le Pen

24.61%

17.90%

+6.7pts (+38%)

Méluche

19.16%

11.10%

+8.1pts (+72%)

Bayrou

13.51%

9.13%

+4.4pts (+48%)

Eva Joly

4.08%

2.31%

+1.8pts (+77%)

NDA

5.86%

1.79%

+4.0pts (+327%)

Poutou

1.57%

1.15%

+0.4pts (+37%)

Arthaud

2.30%

0.56%

+1.8pts (+410%)

Cheminade

4.40%

0.25%

+4.1pts (+1760%)

BAYROU, PERDU A JAMAIS ?

28 Avr

Bayrou n’aura jamais réussi à dépasser quelques idées fixes et quelques paradoxes qu’il a minimisé ; sans doute a-t-il cru trouver finalement des fidèles prêts à le suivre vers un horizon pour lequel eux n’étaient pas prédestinés. Mais ils sont bien trop peu à lui faire confiance aussi aveuglément.

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Bayrou voudrait incarner une synthèse des sociaux-libéraux de centre-gauche et de centre-droit pour formaliser l’association idéale qui permettrait d’engendrer la sociale-démocratie à la française. Mais Bayrou est resté prisonnier d’un autre modèle lui aussi plus épanoui un peu plus à l’Est et au Nord : c’est la démocratie chrétienne, dont il est issu. Finalement, 2007 n’aura été qu’une vaine parenthèse, leurrant – surtout pour l’intéressé lui-même – que tout pouvait devenir possible, alors que Bayrou était un simple capteur mais aussi le fossoyeur même pas flamboyant du centrisme made in France… Aujourd’hui, la carte électorale révèle un retour aux publics traditionnels, soit le petit cercle des centristes historiques (sur-représenté dans les formations mais bien plus transparent dans la population civile) et, comble cruel, des zones les plus marquées par l’emprise catholique.

*

*

Simple étape dans une quête globale et multiple d’Alternative ?

*

Depuis la chute des vieux schémas, avec l’inaptitude des gauches à « changer la vie » et l’inhibition des droites, les électeurs cherchent une alternative. Le déclic a eu lieu à la fin des 90s, sous l’ère Chirac, après que Tapie ait incarnée une gauche forte qui ressemblait à une nouvelle droite nihiliste, et que les souverainistes soient réduit à l’animation folklorique autour d’un DeVilliers incapable de joindre deux bouts peu compatibles, c’est-à-dire le bloc RPR/UDF et le FN, tandem improbable dont il était une sorte d’enfant poli et sournois, mais à chaque fois réduit au silence, à genoux les mains dans le dos.

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Le désir d’alternative a porté vers Bayrou en 2007 ; mais cet arrivage massif avait déjà migré en 2009 pour faciliter le triomphe d’Europe Ecologie, avant de se réfugier à nouveau dans l’abstention, le vote blanc ou la recomposition du vote FN et, dans une autre mesure, du Front de Gauche.

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Derrière les scores intéressants de Mélenchon et Marine Le Pen (exactement 29% des suffrages), il y a ce désir de radicalité et de rupture que le réformisme serein mais exigeant de Bayrou refroidit. Si de telles postures n’ont pas été un problème auparavant, au moment ou le basculement vers des lendemains de restriction et d’incertitudes économiques est concret, imminent et surtout intégré, cette volonté de jouer l’apaisement dresse un mur car elle est inadéquate.

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Bayrou n’avait qu’à simuler l’absence d’urgence, éviter d’évoquer le problème de la dette que les Français devront résoudre de force ; alors peut-être aurait-il pu supplanter Hollande. Mais il faut beaucoup de chance ou un entourage significatif, or Douste-Blazy est un symbole déplorable, car il valide jusque dans sa silhouette l’amalgame entre centrisme et néant, entre modération et confusion, entre prudence et conservatisme. Et puis il aurait fallu que l’homme à remplacer cumule les erreurs stratégiques ; or celui-là s’appelle Nicolas Sarkozy et non pas François Hollande. Malheureusement, Bayrou ne peut reprendre le flambeau de cette droite qu’il s’est borné à réprouver ; il veut incarner ce centrisme vaguement gauchisant qu’aujourd’hui des plus forts s’approprient.

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Ce que ne veux pas admettre Bayrou, c’est qu’une large proportion des Français a compris les menaces qui pèsent sur leur avenir, mais que ceux-là, pour la plupart, ne sont pas décidés soit à se sacrifier, soit à se résigner. Les temps qui courent n’inspirent pas des aspirations consensuelles, mais plutôt une révolte brutale ou bien au minimum une soumission passive-agressive. Les deux candidats-leaders l’ont saisi : c’est pour cela que François Hollande joue à celui qui  »renégociera » le Pacte de Stabilité afin de mieux faire croire aux français qu’ils limitent les dégâts, alors qu’ils s’apprêteront à applaudir le couperet. Les marchés l’ont écrit : le SMIC sera réduit drastiquement, le CDI sera balayé afin de précariser l’ensemble des travailleurs.

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La raison de Bayrou ressemble à une incantation de politicards privilégié qui inviterait la plèbe à sagement courber l’échine en attendant la fin des intempéries. Or dans la lumière il n’y a pas d’horizon salvateur qui compenserait ; dans l’ombre, il y a des individus qui partout réalisent que les conditions d’un soulèvement de masse, mais peut-être tardif, sont réunies. Difficile alors de susciter l’espoir, surtout si les diagnostics débouchent sur la plus violente des prescriptions, c’est-à-dire européisme accéléré, technocratie accrue et rigueur intransigeante. Quand bien même un guérisseur affable nous expliquerait qu’il faut rester positif, on perd confiance.

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Bayrou, trop précoce ?

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Resurgit alors cette éternelle interrogation : et si Bayrou avait ratée sa chance historique… en 2007 ? Peut-être serait-il devenu le Hollande amélioré d’aujourd’hui, capable de créer des ponts entre les socialistes d’étiquette et les socialistes  »libéraux », les socialistes dogmatiques et les socialistes de principes, tous prêts, par stratégie, par entrisme ou par reconversion, à se ranger dans le sillage de la nouvelle Gauche, celle que Mélenchon conspue (avec raison – c’est la base-même de sa légitimité). Bayrou aurait pu se passer de ces compagnons de route essentiels mais un peu gênants que sont les Raffarin, Morin et Cavada, pour se précipiter dans les bras de ses nouveaux compagnons (« socialistes » donc) en les associant à ses collègues intimes (les « démocrates ») et devenir le père fondateur de cette famille recomposée qui dans un futur antérieur, constituait une projection tellement fascinante… Mais ce n’est pas parce qu’une vision ne s’est pas concrétisée qu’elle n’a pas eu le temps de basculer vers la désuétude ; en somme, Bayrou serait passé d’un immobilisme à un autre. Sa cécité devant le malaise de civilisation l’aurait protégé de cette cruelle révélation : en dépit de tous ses efforts et de sa compréhension plus globale que celle de ses petits camarades, François Bayrou est toujours le défenseur d’une arrière-garde, réformée seulement sur le papier.

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L’autre possibilité, pas moins lointaine mais plus cohérente et simple, c’est la reformation d’une sorte d’UDF. Si l’UMP implose ou que ses lieutenants gravitent de plus en plus clairement autour d’un rassemblement orchestré par Marine Le Pen, les centristes, les « modérés » et les « humanistes » de l’UMP, ainsi que l’aile libérale, pourraient se tourner vers le MoDem. Rama Yade et Jean-Louis Borloo joueront les hôtesses lors de ces retrouvailles, on évoquera l’incroyable popularité de François Bayrou (candidat le plus apprécié pendant la campagne 2012), peut-être d’ailleurs pour que le destin de ce dernier lui soit volé par une nouvelle génération, celle de Rama Yade et de Franck Riester. Pour l’anecdote, il sera intéressant de voir, dans une telle situation, ou se faufilera l’anguille Copé. 

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Un tel mouvement se trouverait alors au milieu du bloc PS/EELV et du rassemblement nouveau autour de feu le FN ; il pourrait être une sorte de chape de sécurité séparant l’échiquier politique de ce dernier, tout en allant quelquefois y piocher quelques thématiques qu’il s’agirait de reformuler dans un esprit de tolérance, d’harmonie et de paix… Cette formation aura la responsabilité de toujours contenir cette droite offensive et surtout de ne jamais le rejoindre ; simuler des ouvertures  »idéologiques » ponctuelles tout en raillant la candeur délicieuse du bloc de gauche modérée permettra alors à cette droite réfnovée et new look d’incarner la raison, synthèse de modernité et de tempérance. Il s’agira en quelque sorte de centristes validant les dogmes de la droite atlantiste tout en annexant les postures sociétales de la gauche américaine. Bayrou deviendra alors peut-être un vieux sage inaudible, omniprésent mais finalement transparent, qui ne trouverait sa valeur qu’une fois disparu. 

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* Article publié le même jour sur AgoraVox