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SAGA RAMBO +

31 Août

RAMBO +

Sylvester Stallone restera dans l’Histoire du cinéma grâce à deux contributions majeures au cinéma d’action : Rocky et Rambo. Les deux opus originels de ces sagas sont en dissonance avec la carrière future de Stallone et donc son image dominante. Les deux suites de Rambo dans les années 1980 seront elles-mêmes, déjà, des décharges de testostérones un peu aveugles et sans grande épaisseur. Le premier opus, baptisé First Blood aux USA mais adapté d’un roman (de David Morrell) nommé Rambo, présente la chasse à l’homme d’un innocent et ne contient qu’une seule mort (un abruti sadique), dont le héros éponyme n’est pas directement responsable – dans le 3e opus, il y aura 127 victimes. Ce rôle a été proposé à de nombreux acteurs américains des plus fameux (De Niro, Al Pacino, Dustin Hoffman, Jeff Bridges..), qui l’ont tous repoussé.

Rambo cherche à montrer les ravages de la guerre et se déroule hors des champs de bataille. Le personnage éponyme est un vétéran du Viet-Nam, vagabondant dans sa patrie en y trouvant qu’indifférence et incompréhension. Au-delà de l’ingratitude des concitoyens américains, le film pointe surtout le cynisme des décideurs états-uniens et la violences des autorités à tous les échelons. Le métrage s’ouvre sur la découverte de la mort du dernier camarade de combat de Rambo, dont le cancer est un effet de « l’agent orange », défoliant utilisé par l’armée américaine. John Rambo est seul et bientôt livré à une police locale dévoyée. Le seul délit de Rambo est l’errance. L’homme doit porter un fardeau et être blâmé pour cela, alors qu’il n’est coupable de rien. Bafoué à la base, détruit jusqu’au-bout, il devrait encore se justifier et subir les turpitudes de ses supérieurs ou d’autres bandits assermentés. Dans un premier temps, il oppose une résistance passive à l’agressivité abusive s’abattant sur lui. C’est un homme impassible parce qu’il est solide mais abîmé : et en tant qu’abîmé, il se doit d’être d’autant plus fort. Il est imperméable parce que vidé de son énergie et par réaction immunitaire, qui le contraint à endurer l’iniquité.

Il ne s’attend à rien, a passé depuis longtemps le cap du dégoût ou de la haine, ou du moins les a-t-il endormis pour arriver à tenir. Ce profil (son histoire moins) fait donc écho à celui du héros de Rocky, où Stallone interprétait de façon tout aussi brillante une brute sensible, endurcie par un univers impitoyable et médiocre : dans Rocky l’outsider devenait un champion, ici le rêve américain est dénié et le champion n’est qu’une bête humaine devenue obsolète et même dangereuse, tardant à mourir alors qu’on l’a purgée de ses ressources. Rambo n’est donc pas un film de guerre mais sur la guerre et ses lésés, c’est-à-dire le matériel humain, employé pour confronter le réel mais aussi instrumentalisé pour être fondu en machine de guerre. La bureaucratie militariste se décharge de toute responsabilité et laisse ses sbires se défouler. Lorsque la traque de Rambo s’engage, le déploiement est excessif. Les forces de police sont surtout conduites par leur colère gratuite et leur mesquinerie, voir par la promesse de récompenses. Rambo revit alors, chez lui aux Etats-Unis, une situation où il est l’ennemi public. Là où il devrait avoir le repos et être respecté pour son sacrifice, il revit l’enfer. Le stress post-traumatique vient se joindre à ce vécu pour en faire une réminiscence littérale.

Les limites plus formelles du film sont là : la démonstration est implacable, mais le prétexte de la chasse peut sembler léger (les policiers s’enflamment vite) et les enchaînements qui en découlent gardent un côté surfait. Ces quelques détails, ou les tunnels d’irrésolution liés à la traque ou son organisation (notamment lors de son lancement), n’entament pas la force et la cohérence du propos. Le final est ouvertement politique et explicite le message, avec l’implosion émotionnelle de Rambo, qui s’est déjà effondré sur ce terrain. Film d’action original, aéré plus que désuet, Rambo est aussi un survival décalé, révélateur d’injustices occultées : c’est le cas en général et ça l’était à son époque, lorsque les soldats rentraient dans une Amérique sous influence hippie, vannée par l’échec de l’expédition et tous ces efforts de guerre infructueux, la mettant face à son immoralité, ses faiblesses et son usure. Les vétérans deviennent alors des charges pour les rois du monde-libre et accessoirement les bouc-émissaires des moralistes s’opposant à ce bourbier sans tenir compte du facteur humain lié à leur propre maison.

Note globale 72

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Suggestions… Predator + Assaut/Carpenter + Class 1984  

Scénario & Ecriture (3), Casting/Personnages (3), Dialogues (4), Son/Musique-BO (3), Esthétique/Mise en scène (4), Visuel/Photo-technique (4), Originalité (3), Ambition (4), Audace (4), Discours/Morale (4), Intensité/Implication (4), Pertinence/Cohérence (3)

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RAMBO 2 =-

Rambo perd sa substance initiale pour être re-politisé anti-communiste dès sa première suite. La séquence d’ouverture est éloquente, en elle-même et en tant qu’annonce : la photo de Jack Cardiff est remarquable, les décors soignés et déjà, le scénario est bancal. Le colonel vient chercher Rambo en prison pour lui confier une mission en Thailande. L’opération est hautement périlleuse mais il sera probablement gracié pour ce service. C’est tout à fait défendable mais ça cloche déjà par rapport au premier opus. Le seul écho relativement fidèle, c’est qu’il se passe peu de chose pendant que Rambo s’égare dans la jungle – c’est l’essentiel, parsemé de scènes d’actions explosives mais sans sève.

Rambo II est moins méprisé que son successeur mais peut-être encore plus considéré comme un navet grandiloquent ; au rayon ‘nanarland’, Rambo III garde pour avantage les réparties bouffonnes ou perçues comme telles (« ça fait du bleu » ou encore « dans ton cul »). Ici les punchlines se font plus solennelles tout en étant à niveau question beauferie ou même niaiseries propagandistes ; c’est par conséquent plus ridicule dans l’ensemble. Le récit est très léger et volontiers incohérent, la romance avec Julia Nickson-Soul (sosie de Sophie Marceau) complètement ratée mais peut-être pas autant que la mort de la dame.

Ce qui sépare Rambo 2 du culte zeddard Hitman le cobra (1987) c’est son brio en dépit de ses manquements. Rambo 2 n’est pas un film de marioles, mais il apparaît tout de même patraque. Le scénario de James Cameron a été (comme pour les autres opus) retapé par Stallone : il faudrait savoir dans quelle mesure cela explique les bizarreries de ce produit à la fois bête et maîtrisé, raide et confus, brutal et atone. L’énergie de la réalisation de Georges Pan Cosmatos (Léviathan), qui retrouvera Stallone dans Cobra (son Commando), semble ‘glacée’ sans être du tout inhibée.

Les gueules d’atmosphère (les russes ou les supérieurs de Rambo – Trautman, Marshall Murdock) se répètent, se contredisent, amorcent de vaines déclamations et lâchent quelques bons mots. Souvent cité [pour sa scène de torture et plus largement] comme un archétype du film d’action décérébré, Rambo 2 honore sa réputation mais sans tomber dans la stupidité cynique ou le grotesque franc, malgré ses engagements idéologiques ou moraux sommaires ou outranciers. C’est une bourrinade un peu relax tirant vers le mélo, avec des exploits badass rares mais généreux (climax : le délire du retour à la caserne).

Note globale 48

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Suggestions… Légitime Violence + L’Etudiante + Le Chacal

Scénario & Ecriture (1), Casting/Personnages (2), Dialogues (2), Son/Musique-BO (2), Esthétique/Mise en scène (3), Visuel/Photo-technique (4), Originalité (2), Ambition (3), Audace (3), Discours/Morale (-), Intensité/Implication (2), Pertinence/Cohérence (1)

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rambo 3

RAMBO 3 =+

Changement d’ambiance. Rambo III est plus expéditif, plus violent mais aussi plus carré que son prédécesseur. Il ne se donne plus de justifications improbables même s’il tache d’insuffler quelques instants de sensiblerie virils et fugaces. Comme Rambo II, il est dans l’action pure et dure, avec un ennemi communiste conventionnel, en opposition au premier Rambo. Mais Rambo II tentait d’imiter les tensions introspectives exprimées par ce premier opus, alignant des séquences chancelantes et insipides à cet usage. Rambo III cherche davantage à maintenir un mouvement net et y parvient, même s’il n’a pas grand chose à exprimer ; s’il tourne à vide, au moins, il tourne et avec force.

Le sérieux extrême est toujours au rendez-vous, soutenu par des scènes d’action plus lisibles et des dialogues aux registres variés. Le changement de cadre est bénéfique, l’exotisme forestier s’épuisant déjà dans le second opus, alors que le désert afghan offre de larges possibilités, rapprochant parfois de décors très ‘BD’ (Indiana Jones ou Tintin) sans souscrire aux ambiances assimilées. On entre dans un ‘ailleurs’, directement et entièrement sur la zone de combats, où le sol américain n’existe plus (sauf dans le plan d’ouverture avec l’ambassade en Thaïlande). La lourdeur bizarre du 2 est évacuée, donnant un programme équilibré (en opposition aussi au 1, au découpage trop schématique).

C’est encore un divertissement avec sa morale, souvent déformée par les détracteurs mais aussi plus largement par un public avide de caricaturer – comme s’il en était besoin avec des produits fabriqués pour être grossiers et donnant la marchandise promise par ailleurs. Il y a certes une centaine de morts mais sauf bolcho à l’horizon, John Rambo n’est aucunement un patriote malveillant et sans âme dégommant des étrangers inférieurs (ou cramant des viet-namiens au napalm). Au contraire on a à faire à un gentil film pro-afghan (après tout on pourrait les montrer comme une main-d’œuvre décérébrée) où les bourrins ouvrent leur cœur et parlent d’honneur. Ici les afghans forment une communauté de soldats valeureux et héroïques, défonçant les ennemis de la Liberté.

Au contraire de ces saints badass (le folklore aperçu est superficiel, comme les échanges), on retrouve les soviétiques : la mort de leur empire est proche mais il est encore temps pour ces cocos de se manger leur Viet-nam. Produit reaganien à fond, mais du reaganisme mielleux où l’axe du Bien inclus une race de warrior positifs, un John Rambo acceptant sa destinée de machine de guerre (habile court-circuitage -rachat?- du propos du 1) et même un colonel descendant sur le terrain, profitant de la fourberie soviétique pour rappeler ses aptitudes et son mérite (au contraire des autres militaires ou bureaucrates). Aujourd’hui le démon est mort et les alliés vertueux l’ont remplacé, par conséquent même les gauchistes pourront apprécier sans culpabilité la coolitude de Rambo III, sauf naturellement les moralistes avec trois wagons de retard.

Note globale 56

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Suggestions…

Scénario & Ecriture (2), Casting/Personnages (2), Dialogues (3), Son/Musique-BO (3), Esthétique/Mise en scène (3), Visuel/Photo-technique (4), Originalité (2), Ambition (3), Audace (2), Discours/Morale (2), Intensité/Implication (3), Pertinence/Cohérence (2)

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john rambo

JOHN RAMBO +

Vingt-six ans après le premier Rambo, le super-soldat malgré lui fait son retour, dans l’un des rares films occidentaux reflétant les conflits armés contemporains en Birmanie. Stallone réalise lui-même John Rambo (il tournera Expendables l’année suivante), quatrième opus en rupture avec les deux suites de 1985 et 1988, produits conformes aux velléités de l’administration reaganienne. De la dénonciation d’abus de pouvoirs et manipulations de ressources humaines par l’armée, Rambo devenait un américain indépendant rejoignant la ligue anti-communiste, soutenant au passage les bons, pieux et badass Afghans (3e opus) dans leur combat pour la liberté.

Débarrassé de toute grandiloquence et de toute connivence avec une idéologie du moment, John Rambo se rapproche du premier opus en auscultant discrètement l’état psychologique et moral de son (anti)héros. John Rambo s’inscrit plus clairement dans le registre de l’action-movie et est sur ce plan le meilleur cru de la saga, de loin le plus intense et énergique. Simple, carré, percutant, il pose un cadre concis, opère en 80 minutes, avec une mission menée à son terme : faire le job, montrer ce que c’est surtout. John Rambo (film comme personnage) est un exécutant excellent et sans bavures, mais aussi un exécutant lucide, sec.

L’approche est intéressante, nullement hagiographique, brutale et sincère. Le personnage éponyme a évolué, son recul s’est radicalisé et teinté d’un désespoir inamovible. Mature, posé, Rambo n’est plus secoué par ses troubles passés et a carrément évacué toute spontanéité. Il prend en charge les situations, sa non-émotivité flirte avec l’indifférence aux agitations voir aux provocations des autres, sa maîtrise des contingences le conforte dans une telle position. Fataliste, il admet que les hommes sont ainsi, faits pour la guerre. Une telle disposition est vertueuse, lorsqu’elle rend prêt à agir en occultant ses besoins propres ou une morale personnelle ; quand il ne vivote pas, il s’élance afin de réparer, un peu, ce monde inique et sordide.

Rambo est un Churchill désabusé (et sans recul) lorsqu’il se tourne vers les autres recrues de la mission en cours (« vivre pour rien ou mourir pour quelque chose ») – l’armée d’élite partant en sauvetage. Le revers se manifeste là, en écho à ce fatalisme bourrin et implacable : il manque une extension pour faire de ce John Rambo un ‘grand’ film, quoiqu’il pèse déjà très lourd. Pas de ré-adaptation, pas de révélations ou de cheminement vers la révolution, pas de promesses lumineuses. Il ne pouvait y avoir d’envolées, c’est son caractère et le ciment de sa puissance ; mais sans doute qu’un plongeon plus large dans l’intimité de Rambo, ou même une relance majeure qui aurait allongé le programme, aurait pu porter ses fruits.

Tant pis, ce happening consiste à monter au créneau, un créneau d’une violence extrême et puis rien d’autre, du moins sans se perdre en ambitions futiles ou en espoirs menaçants. Ainsi, au départ Rambo rejoint le groupe humanitaire en étant persuadé qu’il ne changera rien de la donne actuelle ; mais la volonté, l’engagement sérieux et les charmes de la leader (Julie Benz, vue dans Les Visiteurs 3) le poussent ; de plus sa nature lui interdit de rester passif, quelque soit ses constats. Le final marque un retour au pays et célèbre cette simplicité ; un coin joli et pacifique pour le guerrier revenu de tout.

Note globale 73

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Suggestions… Rocky Balboa + Du Sang et des Larmes  

Scénario & Ecriture (2), Casting/Personnages (3), Dialogues (4), Son/Musique-BO (3), Esthétique/Mise en scène (4), Visuel/Photo-technique (3), Originalité (2), Ambition (3), Audace (4), Discours/Morale (4), Intensité/Implication (4), Pertinence/Cohérence (4)

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LES UNIVERSAL SOLDIER **

23 Avr

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UNIVERSAL SOLDIER *

2sur5  Universal Soldier est la seule franchise pour laquelle Jean-Claude Van Damme a accepté d’intégrer les suites. C’est donc d’abord un film à succès, accessoirement le premier film d’envergure de Roland Emmerich après Hollywood Monster et Moon 44. Universal soldier lui ouvrira les portes des grands studios, lesquels vont lui confier l’adaptation de série Stargate puis Independance Day, grand modèle de blockbuster désavoué mais toujours cité.

Pas besoin de mille mots : n’importe quel spectateur vaguement cinéphile dans l’âme dira aussi bien, Universal Soldier est vraiment un film à la con. Bien envoyé Bobby ! Toutefois Universal Soldier n’est pas un nanar total, loin de là. L’ensemble de ses effets spéciaux son réussis, il parvient ménager quelques zones d’émotions et morceaux de bravoure notable comme l’attaque de l’hôtel. C’est juste un gros film bis qui en donne et a déjà toutes les tares du blockbuster gras à souhait. Les gimmicks idiots, le racolage vain et le reste.

La première demi-heure est ennuyeuse comme rarement, puis le destroy triomphe. Luc Deveraux, un de ces UNI-SOL, soldats morts récupérés pour être transformés en robots ultra-puissants, apparaît comme une sorte de Terminator sexué et même sensible. C’est d’ailleurs la seule source de dramatisation. Pour le reste, l’intérêt anecdotique c’est d’apercevoir JCVD nu avant ses cinquante ans.

Note globale 40

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Suggestions…

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UNIVERSAL SOLDIER : LE COMBAT ABSOLU (US2) *

 

2sur5 Nanar volontariste ou navet fou furieux ? Ce combat absolu arrive sept ans après le premier Universal Soldier. Entre-temps, deux téléfilms dans lesquels ni JCVD ni ses complices n’apparaissent. Ce second opus signe donc une reprise en main, avant deux autres véritables suites menées par John Hyams. On y retrouve notre brave JCVD encore escorté par une jeune journaliste, cette fois une ex-majorette grande-gueule qui finira dévouée à lui.

Universal Soldier 2 est médiocre mais aboule la marchandise convenue et s’inscrit dans la continuité. Il respecte sa vocation. La vraie valeur de Universal Soldier 2, comme des films d’action bourrins dans son genre, c’est la débauche de bastons et d’explosions dans de grandes effusions terre-à-terre et bien frontales. Au rayon beaufitude décomplexée c’est l’allégresse : des 4×4 défoncent des portes de garage, des géants balèzes ratent leur atterrissage et s’éclatent la tronche au sol, les grosses fusillades se succèdent et pour couronner le tout nous avons le droit à la visite pitoyablement justifiée d’un club de strip-tease.

Ça n’empêche pas l’ennui, même si on cède par moments, prêt à se délecter de tant de mauvais goût. Il y a toujours ces lourdeurs opportunistes, comme le running-gag du geek bidouilleur visionnaire mais pourtant légèrement attardé. La vision de ce genre de spectacles, en entier, fait partie du parcours d’un cinéphile. Ce n’est pas éprouvant, juste une perte de temps.

Note globale 36

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Suggestions… Judge Dredd

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UNIVERSAL SOLDIER REGENERATION (US3) **

2sur5 Il aura fallu les Hyams pour sortir Universal Soldier de la misère, même si on est toujours loin de la stratosphère. Regeneration est clairement le meilleur de la trilogie et encore moins concluant que Days Recogning qui suivra. C’est le premier film de John Hyams, fils de Peter Hyams, réalisateur réputé pour l’action et la SF et intervenant ici comme directeur photo.

Une riche contribution pour ce film camouflant très bien son manque de moyens. Il porte de belles inspirations, de bonnes scènes de gunfights. Regeneration a très peu à voir avec les précédents opus, au point où on se demande si nous sommes bien devant un extrait de la franchise Universal Soldier. JCVD, vieilli, y poursuit son humanisation mais est presque absent.

Il faut néanmoins composer avec l’univers donné et à cette fin, Hyams ignore les téléfilms mais aussi Le Combat Absolu. À la place, il reforme le face-à-face entre Van Damme et Dolph Lundgren et s’intéresse au destin politique et prométhéen des Universal Soldier. Malheureusement, les affrontements sont éparpillés et certains atouts comme Andrew Scott (le US interprété par Lundgren) sont sous-exploités. Le film se traîne, ne trouvant pas de ligne dominante à son récit et aligne les petites idées.

Note globale 47

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Suggestions… Equilibrium

 

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UNIVERSAL SOLDIER LE JOUR DU JUGEMENT (US 4) **

2sur5 Comme Regeneration, Day of Reckogning a eu le droit à une sortie en salles dans quelques pays (comme les USA, la Russie, la Malaisie) dont la France ne fait pas partie. On peut le trouver sur le marché de la vidéo avec l’option 3D.

Ce quatrième opus n’a plus grand chose à voir avec les Universal Soldier de base. Il marque l’accomplissement du détournement de la marque par Hyams (qui a dirigé entre-temps JCVD dans l’obscur Dragon Eyes). C’est un film d’action de qualité, flambeur mais aussi astucieux, bien construit, solide dans sa narration, soigné dans ses effets (sonores, visuels, sans compter les tueries et les combats).

L’inspiration de Gaspar Noé est éclatante dès la séquence de home invastion introductive. On pense même à Only God Forgives de Winding Refn, avec qui il entretient l’air de rien beaucoup de correspondances, dont la virilité affectée. Ambitieux, Day of Recogning cherche à insinuer une emprunte d’auteur au travers de thématiques à la Blade Runner et du cheminement identitaire de son héros.

C’est modérément convaincant, tout comme l’imagerie amphigourique développée (dont le maquillage exotique du  »père »). On prend néanmoins acte du geste et profite d’un produit techniquement raffiné, dont les élans barbaques non sans élégance sont dignes du cinéma de Rob Zombie (le massacre dans le bordel fait penser à The Devil’s Rejects).

Cela reste un programme bourrin caractéristique, avec heureuses valeurs ajoutées. Si il tire vers le haut Universal Soldier et en fait, pour la postérité, une entité respectable, ce Jour du Jugement n’est pas un uppercut. Cette série B pompiériste peut devenir un classique mineur de l’action mais restera à l’ombre de Dredd ou The Raid sortis à la même période.

Note globale 53

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Suggestions… Enter the Void

 

 

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SAGA MISSION IMPOSSIBLE =+

14 Avr

Mission Impossible était d’abord une série anglaise des années 1960. De celle-ci la Paramount a tiré un film et par extension une des sagas les plus connues de l’action. Pour une fois, la qualité est plutôt au rendez-vous et les films peuvent se distinguer, au moins les uns des autres (à l’instar de Die Hard).

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MISSION IMPOSSIBLE ***

3sur5 Première adaptation de la série éponyme des 60s, Mission Impossible est un film d’action et surtout une grosse production assez bizarre. Elle présente peu d’humour par rapport aux productions moyennes du genre, opte pour une tonalité franchement inquiétante qui n’entrave jamais sa dimension ludique. Au contraire, elle la dope.

Cette spécificité est due à la présence de Brian De Palma à la réalisation. Le cinéaste de l’illusion était taillé pour ce programme de suspense, d’action et de numéros de haute voltige. Le résultat est surprenant tant cette grosse machine épouse parfaitement ses thématiques personnelles. Les gadgets propres à la franchise se découvrent grâce à lui une vocation pertinente. La longue introduction relève du blockbuster baroque, mix franchement rare.

Juste avant Snake Eyes qui marquera la fin de son âge d’or, Brian De Palma intègre ici des acteurs français au casting : Jean Reno, Kristin Scott Thomas, Emmanuelle Béart. Leur présence contribue à cette sensation de fuite perpétuelle entre plusieurs mondes, entre les exigences du genre et des studios d’un côté, les tentations intimes de l’autre. De Palma tournera bientôt en Europe pendant toutes les années 2000, avec notamment Femme Fatale à Paris.

Note globale 66

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Suggestions…

 

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MISSION IMPOSSIBLE 2 ** 

3sur5   Volte/Face, en 1997, marque un grand retour de John Woo. La suite de Mission Impossible lui est alors confié. Elle va grignoter trois années de sa carrière, pour un résultat accueilli de façon mitigée et même nommé aux Razzie Awards.

S’il est difficile de les comparer en terme de valeur, John Woo et De Palma sont deux auteurs au style reconnaissable immédiatement, sachant s’adapter aux standards d’industries prenant commande chez eux. Les artifices de De Palma ont cependant une dimension théorique que Woo ignore copieusement.

Pourtant ce second opus ne manque pas de grâce. Si la nanardise de son scénario (le virus « la chimère ») vient renforcer le décalage, il est aussi un monstre d’adrénaline. Le style est sophistiqué et les ingrédients les plus aguicheurs sont là, avec Thandie Newton en équivalent de James Bond girl, des courses aériennes, des moments de tension redoutables et un duel entre deux super-héros ténébreux pleins de super-pouvoirs technologiques, Tom Cruise et Dougray Scott.

Par la suite, la tendance s’est confirmée : Mission Impossible 2 demeure le mal-aimé de la saga. C’est tout de même un joli blockbuster, peu enclin à irriguer le cerveau, mais stimulant pour le reste.

Note globale 56

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Suggestions… Broken Arrow

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MISSION IMPOSSIBLE 3 **

2sur5  Pour le troisième opus, nouveau virtuose malin et génial cette fois encore, JJ Abrams, créateur de Alias et metteur en scène de Lost. Les critiques et les spécialistes ont beaucoup aimé, voir se sont emballés pour ce Mission:Impossible 3 en allant jusqu’à y voir un renouveau de l’action.

Connerie. Ce qui cloche de A à Z dans cet opus tant loué, c’est son orientation de serial matiné d’une gravité sans objet et d’invraisemblances exagérées. Tout a beau être permis, il faut aussi que quelque chose de solide se tienne, traverse le récit, permette à l’action de graviter autour d’une réalité saillante qui viendrait plus tard refléter les succès. Ici il n’y a rien de ça, on court, on s’agite, on s’ennuie. En plus, lorsque Cruise se retrouve submergé, JJ Abrams rate l’occasion de faire vivre sa solitude, ce qui alimentait fortement des films d’action modèles comme Le Fugitif ou Volte Face.

Et comme dans une vulgaire série télé de quarante-cinq minutes, on révèle le faux climax en introduction. Pour autant (et malgré cet « anti-Dieu »), la flamboyance nanardesque (ou naveteuse) du second opus n’est plus là. Et on s’amuse moins, c’est catégorique, sauf du clin-d’oeil à Top Gun avec Tom en moto. On retrouve toutefois une chose qui s’y était perdu : l’importance du déguisement et du timing. C’est court, mais ça remplit bien les cases. Notez aussi Philipp Seymour Hoffman en méchant bien troussé.

Note globale 52

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Suggestions… Looper + Robocop 2014

 

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MISSION IMPOSSIBLE 4 : PROTOCOLE FANTÔME ***

3sur5 Brad Bird s’est illustré dans l’animation, d’abord avec Le Géant de Fer, puis pour Pixar Les Indestructibles et Ratatouille. Qui aurait cru que c’est un auteur avec ce genre de CV qui viendrait doper l’action movie gratuit et décomplexé ? À une époque où celui-ci a perdu ses lettres de noblesse (au point de pousser à la résurrection catastrophique de la franchise Die Hard), c’est assez providentiel.

Protocole Fantôme est le blockbuster excitant par excellence. Dans une certaine mesure, cet opus se contente de repasser dans la galerie Mission Impossible, d’en aligner les gadgets et l’essence. Mais Brad Bird s’amuse aussi à semer des catastrophes, des bugs, des imprévus. À l’image de John Woo qui rompait avec l’angoisse et la solennité, Brad Bird se contente d’en mettre plein la vue et se surpasser d’une part, d’introduire des motivations, une vérité, à ses personnages et surtout de les lier. Il ne s’agit plus d’amour et de trahison mais d’une équipe soudée, pas du tout assortie mais extrêmement efficace.

On est maintenant très loin du premier Mission Impossible, mais revenus à peu près à son niveau. De ce film américain parmi les tous premiers tournés à Dubaï, les amateurs et concepteurs du genre se souviendront de quelques scènes-clés : l’effet d’optique dans un couloir du Kremlin voué à réjouir les analystes, la balade hors-piste au centième étage, la supercherie en deux espaces et la poursuite sous la tempête de sable.

Note globale 65

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Suggestions…

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LA SAGA VENDREDI 13 *

30 Oct

C’est la saga la plus prolifique de l’Horreur, en tout cas dans le champ « populaire » : derrière Vendredi 13 de 1980 ; neuf suites, puis un cross-over avec une autre saga (Freddy) et le remake. Total de 12 films.

Ici, ces 9 suites sont abordées ; un article spécial pour l’opus originel, pour le remake et le cross-over avec Freddy. Cette dernière saga a son propre article, opus initial et remake compris.

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vendredi 13 chap2

VENDREDI 13 : LE TUEUR DU VENDREDI (Chapitre 2) *

2sur5  Particulièrement médiocre, le Vendredi 13 de Sean Cunningham était surtout extrêmement racoleur. En tenant ses promesses, copiant les références de l’Horreur et reprenant à son compte les codes du slasher consacrés par Halloween, ce film sorti en 1980 a engendré la saga horrifique la plus longue du cinéma populaire. Cette prolifération s’explique simplement : comme pour la télé-réalité, il y a peu de moyens à mobiliser pour fabriquer un Vendredi 13, alors que les recettes sont fortes voir massives. Le premier Vendredi 13 reste l’un des films les plus rentables de tous les temps ; ses suites, sans battre le record car elles jouissent de budgets plus élevés, ont permis des bénéfices parfois spectaculaires.

Réalisé dès l’année suivante (1981), Friday the 13th part 2 marque l’entrée en scène de Jason Verhoees, le tueur de la saga (ces premiers pas sont à attribuer au scénariste Ron Kurz). Il ne dispose pas encore de sa machette ni de son masque de hockey ; Vendredi 13 a cette particularité de n’approprier d’identité à son boogeyman qu’au bout de quatre opus. Jason n’apparaissait que dans un flashback très vague, une espèce de reprise ringarde de Hitchcock. Il y était enfant et se noyait dans le lac de Crystal. Dans ce Chapitre 2, nommé Le tueur du Vendredi au Québec et en France, le spectateur apprend que Jason est toujours vivant : il a passé 24 ans dans la forêt à s’assimiler aux animaux, avec pour seule référence humaine, le souvenir de sa mère. Pour le moment, il s’affuble d’un sac à pain, avec deux ou trois trous pour voir et respirer ; et s’élance fourche à la main.

Cette nouvelle donne est amenée avec une maladresse logique totale, mais efficacité : lors d’une séance ‘fais-moi peur’ avec narrateur au coin du feu, le chef de la colo raconte l’histoire de Jason. Mais d’où vient cette légende, de qui, de quoi ? D’ailleurs les phobies des locaux dans le début du premier opus étaient fondées sur : rien. Mais peu importe, certains connaissent cette légende, en tout cas Paul le responsable de la ré-ouverture du camp, cinq ans après les atroces événements de Vendredi 13, la connaît. Naturellement il n’y souscrit pas et présente la version officielle, celle que tous croient, à tort, comme le spectateur (malin!) le sait déjà. C’est qu’il y a toujours cette inconstance grotesque (le mec disparaissant pendant 20min puis réapparaissant dans la cabane à la fin). Elle s’affirme toutefois dans les marges standards, non au degré hallucinant du premier opus.

Pas de surprises, Le tueur du Vendredi est mal écrit, bancal, grossier dans son approche. Oui mais il est écrit, chargé et généreux. Il y a nettement plus de vitalité dans cet opus que dans la plupart, en particulier l’opus modèle et les deux suivants ; ainsi le film croule sous la ringardise du début des années 1980s, mais ses jeunes le sont, jeunes ! Par rapport aux délires pseudo-sociologiques de Meurtres en 3D et à l’invraisemblance du film de Cunningham, c’est déjà beaucoup. L’ensemble des personnages sont creux voir inexistants, mais fonctionnent sans heurts particuliers ; la dernière survivante est relativement honorable. Ginny (Amy Steel) sorte de ‘psy’ du groupe aspirant à comprendre le cas Jason et ses dilemmes avec maman, est un cadeau dans le contexte.

Très vicieux, ce Chapitre 2 est très au-dessus du lot grâce à son caractère de film d’exploitation assumé et servi par le talent de Steve Miner. Ce réalisateur s’illustrera plus tard par Forever Young avec Mel Gibson et Elijah Wood, puis dans l’horreur avec House (1986) et Halloween 20 ans après, une des meilleures suites d’Halloween et un slasher remarquable. Si le fond ne brille pas, la manière de s’approprier l’espace et de gérer le suspense propres à son style sont ultra bénéfiques dans des films de divertissement. Tout est donc beaucoup plus franc dans cet opus ; d’abord, les meurtres ont un côté pittoresque, à la limite de la farce lors de la dégringolade de l’handicapé. Mais surtout au rayon pseudo-érotique, Le Tueur du Vendredi frappe fort. Quand son prédécesseur se contentait de faire monter la sauce autour d’un navrant strip-poker, lui multiplie les scènes évocatrices et la semi-nudité. Il pose d’ailleurs clairement son ambition lors de la surréaliste petite scène du lance-pierre.

Ce second opus laisse donc quelques scènes passablement inspirées et baigne dans un climat plus sympathique et surtout très frontal. Il pose quelques pistes, enrichit la mythologie du tueur, avec l’antre de Jason et le petit autel. Mais si le degré d’inventivité est élevé pour un Vendredi 13, il n’en demeure pas moins dérisoire à l’aune d’un film moyen, y compris un produit de genre. De plus, le tueur est grotesque et son action peu crédible ; factuellement, il massacre des gens, concrètement, il a des instants de lag. Sur ce point, le chapitre 3 (Meurtres en 3D) sera encore plus radical et tutoiera la bouffonnerie. Enfin au terme de la poursuite finale où Jason se prend coups sur coups, y compris droit dans les burnes, il achève de se déshonorer en affichant son visage. L’autre grand défiguré du slasher, Freddy (des Griffes de la Nuit), est autrement pimpant.

Note globale 36

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Suggestions…  Week-end de terreur (1986) 

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vendredi 13 chap3

VENDREDI 13 : MEURTRES EN 3 DIMENSIONS (Chapitre 3) *

1sur5  Avec les second et troisième Vendredi 13, Steve Miner installe les fondamentaux d’une saga lancée par un premier opus minable signé Cunningham, Vendredi 13 chapitre 3 marque la validation du statut mythologique de Jason Voorhes, puisque c’est dans cet opus que le tueur de Crystal Lake abandonne son sac à patates de circonstances pour enfiler l’improbable masque de hockey qui marquera l’imagerie horrifique des 80’s. Même s’il est appelé à définitivement manquer de charisme (parce qu’il n’a qu’une hache -bientôt une machette- en guise d’identité), le Tueur prend forme et assurance. Un détail insensé : alors que Le Tueur du Vendredi (Chapitre 2) commençait par un résumé du premier opus, Meurtres en 3D (aussi nommé Le tueur du vendredi partie 2) démarre tout bonnement sur les 10 dernières minutes de son prédécesseur, carrément reprises dans leur intégralité.

Meurtres en 3 Dimensions, tout un programme ! En vérité, juste une façon plus attractive de présenter la soupe (et une mode revenue au goût du jour vers 2009). Le pitsch et ses avatars sont toujours les mêmes : campagne, regroupement juvénile, douce odeur des printemps-été qui chantent, atmosphère de vacances agrémentée d’options ludiques et illégales… Le film s’essaie à une sorte de sociologie teinté d’ironie (les seuls méchants de service sont motards blacks dans ce village paumé ; c’est ni du racisme ni du second degré, simplement une caricature neutre) mais cette vague prétention ne peut dissimuler combien il ne s’agit que d’un gros teen-movie dégoulinant aux motivations folkloriques et aux sous-entendus (très entendus) graveleux.

Le désir prégnant sur cet opus de ‘faire jeune’ entraîne la saga vers les tréfonds de la médiocrité. Or on dirait désespérément un téléfilm ‘jeune’ de France3 (support de Plus Belle la Vie) qui se mettrait au slasher, avec la même imagerie, l’énergie éreintée par une atmosphère sans aucune saveur, sinon celle d’un exotisme champêtre passant la frontière du paillard. Ce n’est jamais qu’une variante des Sous-doués, la couche horrifique en plus. Ce sont les mêmes potacheries, les mêmes délires de jeunesses hyper balisés mais pourtant vécus comme le comble de l’éclate par ces jeunes beaux et roses bonbons ne sachant parler et de façon ô combien conventionnelle, que de cul. Ils sont couplés avec des moins jeunes aux cheveux longs et fumant des pétards, habillés comme des ploucs révolutionnaires, censés répondre pour cela au nom de ‘hippies’. Tous arrivent bientôt dans une maison en bois ; les affaires de Jason vont pouvoir commencer.

Ainsi après une demie-heure de bavardages, les meurtres bourrins et simplets commencent mollement. Eux-mêmes sont sans imagination, contrairement à certains Vendredi 13 à venir ; amateur des variantes d’enfourchages, régalez-vous. Le personnage de Jason se précise : il est plus déterminé et s’avère réellement attardé. Au bout d’une heure, il apparaît avec un masque de hockey, qu’il conservera pendant toute la saga. C’est d’ailleurs l’occasion de tirer dans l’œil d’une innocente avec petit flash 3D à la clé. Le problème de Jason, c’est son manque de crédibilité et son absence de charisme ; sa nature n’est pas tout à fait invraisemblable mais sa démarche de vieillard fatigué impose un décalage inapproprié. Sous le masque, on imagine Michel Houellebecq engagé dans un rôle qui l’emmerde mais qu’il exécute, forcément, en attendant.

La décence qualitative du 2e opus est déjà une affaire ancienne et lointaine, ce troisième opus revenant quasiment au niveau du premier. Il se montre toutefois plus divertissant à l’usure et relativement créatif dans sa bêtise. Ce résultat ludique et troupier renvoie même aux Freddy, dont la saga démarrera quelques années plus tard.Les prétextes ont une relative validité logique et les personnages sont moins mongoliens que dans le premier, leurs réactions étant stupides ou lentes mais pas d’une aberration contre-nature. D’ailleurs les jeunes dévergondés en sont définitivement cette fois, justifiant l’avènement d’un humour grivois exécrable. Malheureusement Steve Miner a bien trop le regard tourné sur Vendredi 13 et cumule les archétypes nullissimes de ce dernier à ses propres initiatives foireuses. Il propose d’ailleurs son reboot de la scène de la barque et sa relève du vieux fou de service annonçant en vain la menace.

L’ultime partie du film se veut frontale, puisque Jason, après l’avoir assiégée, investi la demeure des jeunes. Il y avance souvent à visage découvert, ce visage seulement aperçu dans le second opus. C’est très obscène : fini l’elephant man, bienvenue au faciès de trisomique sadique et bienheureux. On relève une maîtrise certaine dans le copier-collage, dans l’application des règles de l’art du  »slasher-type » ; ce classicisme confine à la parodie. Au moins, cette partie rentre-dedans a le mérite d’amuser (la camionnette), parfois franchement si l’on veut bien s’y donner. D’ailleurs le rire de l’auditoire faisait peut-être partie du contrat ; les spectateurs de l’époque venaient aussi voir le film pour se détendre, Jason apparaissait comme l’incarnation d’un fantasme lié aux saturations triviales du quotidien. Le fameux dernier quart-d’heure, véritable climax de la chose, constitue en une course finale aussi trépidante qu’un Derrick en mode footing et aussi inquiétante qu’un Oui-Oui croisé avec un Tex Avery. La scène ultime laisse toutefois sur une vision intéressante pour la  »mythologie » [faisant de nous la proie du doute], potentiellement traumatisante si on a moins de dix ans.

Note globale 23

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Suggestions… Massacre à la tronçonneuse 4 : la nouvelle génération   

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vendredi 13 chap4

VENDREDI 13 : CHAPITRE FINAL (Chapitre 4) *

1sur5  Quatrième round pour les légendaires Verhoees de Crystal Lake et sans Miner, c’est désormais pour de bon le degré zéro de l’originalité et de l’inventivité. Après la 3D, le leitmotiv destiné à faire saliver l’auditoire est maintenant l’heure des règlements de compte avec la mythologie ; c’est en tout cas ce que le titre laisse entendre. Prétendument  »Chapitre Final », ce nouvel opus est réalisé par l’affligeant Joseph Zito, réputé pour ses nanars mettant en vedette l’innérable Chuck Norris. Avec lui les records sont battus et la catastrophique saga est emmenée vers les tréfonds de la nullité : ce Chapitre final demeure l’un des slasher les plus accablants de l’Histoire du cinéma.

Sauf les trois meurtres du début et sa fuite de la morgue, Jason est absent pendant une heure. Ce Chapitre 4 est donc pour l’essentiel un vil petit film teen, avec quelques fausses scènes de tension d’une niaiserie mortifère : mais qui se cache sous ce pont, qui me fait cette petite farce, serait-ce le boogeyman ou mon ami que je ne voulais pas rejoindre dans son délire ? Il y avait dans le Chapitre 3 un rapprochement avec la comédie potache, évacué à temps et ridicule par ses prétentions, mais c’était nanardesque, décent en un sens. Cette fois c’est différent : l’esprit de Police Academy plâne sur ce Chapitre 4, dont le contexte renvoie à celui de La Boum & cie. Trop violent, trop désagréable.

La présence marquée d’une petite famille (et du fils en particulier) renforce ce triste tournant, où les intrigues juvéniles et une construction de film sentimental médiocre dominent, tout en laissant les jeunes héros parler de sexe. Le mérite de ce Chapitre 4 est d’arriver à en parler, d’y consacrer quelques scènes même : le premier Vendredi 13 arrivait à peine à accoucher de ça. Oui mais que vois-t-on, qu’entends-t-on ; des petits blaireaux avides de coucheries, exposant leurs théories consistant à dire que niquer c’est l’essentiel, ou que ça met une pression tout de même, côté garçons ; qu’il ne faut pas avoir peur de se corrompre car c’est la vie nom d’une bite en bois, côté filles. Dans le 2, il n’y avait pas cette atmosphère de ploucs vaniteux et de nymphos précoces pleines d’assurance : c’était direct à la chose, c’était plus correct (et consistant). L’orientation balourde est confirmée avec le casting féminin, il n’y a quasiment que de très belles post-ados (ce n’était pas si tranché auparavant), l’exception étant le grosse du stop (troisième trucidée), petit instant narquois du film.

Les trois précédents étaient des slashers typiques donc mauvais, en incarnant justement tout ce que ce sous-genre peut avoir de misérable. Mais ici, Vendredi 13 est totalement dans le potache nain et l’ambiance de blaireaux ; ce que Steve Miner contenait ou marginalisait même dans le 3e opus au profit des ‘vrais’ morceaux de bravoure. Les délires campus de veaux et même Denis la malice (avec le petit intello) s’accumulent et à côté de ces intrigues interminables, les errances du premier prennent quasiment du relief. Le slasher authentique reprend ses droits mais le niveau reste imbuvable ; ainsi la dernière demie-heure est marquée par une ambiance très lourde, mais ne fonctionne pas du tout. De l’absence de tension on est passé à l’ennui irritant. Il n’y a au aucune vision subjective, sauf résiduelle sur quelques secondes. C’est malgré tout une consécration sur le plan pratique puisque le tueur apparaît toujours avec le masque de hockey désormais. Il faut enfin relever ‘l’idée’ des masques de monstres du petit génie Tommy, clé de la lutte contre Jason.

Le final très violent, sans humour, dans la pénombre, sauve le film des abîmes où se baladent les pires réalisations de tous les temps, dans lesquelles il a les pieds de toutes façons. Les puristes retiendront quelques meurtres parmi les plus pittoresques de la saga (à la scie, banana splitz). Jason tombe alors le masque ; il est de près, encore plus horrible. Depuis son entrée en scène dans le second opus, sa difformité immonde aura été croissante. Il n’y a même plus la petite lumière émotionnelle de l’animal excité du précédent round : froideur absolue de la bête. À la fin, Jason est mort, enfin, tué par Tommy dans un accès de rage spectaculaire. Un policier naïf et bien brave assure à la sœur de Tommy en convalescence sur son lit d’hôpital que le petit Tommy ne gardera pas de traces de cette violence. Il la rejoint alors, l’air troublé et perdu ; et là dans ses bras, au lieu de pleurer, il ouvre grand ses yeux et porte vers nous un regard illuminé et menaçant.

Le méga-nanar va donc se poursuivre avec une possible relève de Jason : ce sera la tentative du cinquième opus, les fans ne supporteront pas. Commencera alors une nouvelle ère pour Jason, tellement plus fort que la mort (troisième, quand même) qu’il entamera une carrière dans le fantastique et même dans la SF.

Note globale 14

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vendredi 13 chap5

VENDREDI 13 : UNE NOUVELLE TERREUR (Chapitre 5) **

2sur5  Grosse surprise : voilà un Vendredi 13 scandaleusement honorable. Ce n’est pas un bon film, loin de là : mais il arrive au niveau des boulets de la saga Halloween. Le crapeau des slasher (la saga Vendredi 13) accède à un niveau décent. Pour autant ce New beginning n’est pas unanimement salué, bien au contraire, c’est même un outrage pour les fans de la saga. D’abord, le registre est plus ambigu, le slasher cohabitant avec une approche horrifique plus indifférenciée, libre des codes écrasants de ce sous-genre. Ensuite, l’intrigue ne se déroule pas dans le camp Crystal Lake ; et surtout, c’est un épisode sans Jason (le second dans ce cas de figure après l’opus de 1980), ce que nous apprenons au final, même s’il y aura eu moyen de s’en douter entre-temps.

Vendredi 13 pose ainsi son dispositif dans une maison de repos pour jeunes handicapés mentaux située en pleine campagne. Tommy, l’assassin de Jason dans le final du Chapitre 4, y est accueilli. Il a maintenant 18 ans et est toujours traumatisé, Jason le poursuivant jusque dans ses rêves : c’est d’ailleurs l’occasion de présenter une séquence d’exposition très réussie où Jason sort de sa tombe avec son masque et sa machette. Moyen également de laisser planer le doute, même si les rares aperçus sur le tueur trahissent la subversion. Le spectateur découvre alors le voisinage grotesque et les habitants de cette maison de réinsertion pour ados perturbés ou ‘fous’, opportunité de s’intéresser aux maux adolescents de façon très différente des quatre précédents opus (où ils étaient tous ‘dévergondés’), même si absolument rien d’intéressant n’est présenté.

Le résultat est curieux, faiblard mais fonctionnel. La construction est plus proche du drame classique, avec quelques petites ellipses et des musiques solennelles discrètes. Vendredi 13 apprend l’élégance, à son niveau et c’est bienvenue. Les personnages existent, même les bouffons et bien que certains demeurent interchangeables : ainsi, les protagonistes outrés ou burlesques du début, tués ou zappés. Le tandem formé par une mère chartière et son fils dingue se détache et réussit même à faire rire (sur un mode délibéré) à certains moments les plus ubuesques, comme celui de la ratatouille. Néanmoins les moments potaches ne sont pas relayés par la réalisation, le style étant très froid, légèrement inquiétant. Danny Steinmann n’a pas la tête à la gaudriole.

Son style très épuré est également dû à l’absence de Tom Savini aux maquillages, remplacé par un spécialiste plus obscur, Martin Becker. Cet aspect ne pénalise pas vraiment le film en étant conforme avec son orientation, mais les amateurs pourront être déroutés par la modestie des scènes de violence : néanmoins là encore c’est un atout, la violence physique véritable prenant le pas sur le gore (troupier ou sensationnel, peu importe). (Le faux) Jason se fait attendre et se tient généralement hors-champ, comme les morceaux de barbaque. Moins de graisses et de clinquant, mais une approche très sèche, assez percutante, de la part d’un metteur en scène maniant bien la suggestion et l’attente. Il serait abusif de parler de tension, mais le niveau est plus que décent ; d’ailleurs, le potentiel bucolique des Vendredi 13 est enfin vivace et il y a davantage de séquences dans la Nature, exploitant son caractère à la fois paisible et dangereusement ouvert.

Dans le contexte de sa sortie (1985, cinquième opus), c’est le Vendredi 13 le plus sobre et sérieux depuis le premier et le plus efficace de tous. Le degré d’intensité reste faible, l’ensemble tout de même assez plat, mais il y a un certain rythme, la sensation d’un sadisme rampant, tandis que les victimes ados sont plus sympathiques en raison de leur caractérisation (même faible) et de leur vulnérabilité psychologique. La fin est ambiguë mais ne tend pas de véritable perche à Jason, s’en détournant même puisque le spectacle a viré au vigilante. Cette trahison courageuse pour un résultat honorable seront cependant punis, au prix de la carrière de Steinmann.

Pour ce cinéaste peu connu, reprendre en mains Vendredi 13 constituait un véritable coup de poker et son approche a le mérite de repenser la franchise ; en même temps, elle la condamne et la contraint à avancer dans le brouillard. Le film sera un échec clair, le moins rentable jusqu’alors ; bien malgré lui, Steinmann rappelle à l’ordre Jason, lui permettant à lui comme à la saga un nouveau souffle. En effet, la franchise est relancée et cet opus de ‘crise’ sert de bouc-émissaire et de tremplin. Le jeune cinéaste se retire alors du monde du cinéma. C’est clairement une injustice.

Note globale 43

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vendredi 13 chap 6

VENDREDI 13 : JASON LE MORT-VIVANT (Chapitre 6) **

2sur5  L‘évincement de Jason ayant été mal vécu, les producteurs poursuivent la saga après un moment de doute et intitulent ce sixième opus Jason Lives afin de bien rassurer les fans. Ce chapitre est globalement l’un des plus appréciés, la meilleure suite et même le meilleur répisode pour une majorité relative de cinéphiles. C’est aussi celui qui vient sceller le tournant de la saga, avec une seconde ère fantasque qui débouchera sur de la SF pure et un Jason dans l’Espace. Pour certains puristes, c’est donc là que commence la dégringolade, pour d’autres, le véritable cœur de la saga sera dans ces escapades pittoresques ; elle apporte en effet une identité (nanardesque) à cette saga aux manques cruels.

Retour donc de Jason himself et retour au camp Crystal Lake, cependant rebaptisé Forrest Green. Le spectacle démarre sur la résurrection du boogeyman ; décidé à régler leur compte à ses démons, Tommy (incarné par un nouvel acteur, Thom Matthews) vient brûler le corps de son ennemi. Mais lorsqu’il le déterre, Jason est ramené à la vie par un éclair. Jason le zombie en profite pour reprendre ses affaires barbaques, tout en s’annonçant plus cool avec léger en prenant la pose lors du générique en singeant James Bond (l’une des seuls sagas plus prolifique que Vendredi 13). Tommy se démène alors pour convaincre les habitants et surtout la police, mais ne fait que prolonger sa solitude. Lorsque les jeunes moniteurs de la colo pour enfants sont tués les uns après les autres, la police accuse d’ailleurs ce fou furieux de Tommy. Heureusement, celui-ci a une alliée : la fille du chef de la police, tombée sous son charme de marginal tourmenté !

Ce sixième Vendredi 16 est surprenant, on dirait : un vrai film ! Il est équilibré, efficace, pas dans le cumul de petites choses superflues et de gros morceaux foireux. Au lieu de s’éparpiller comme le faisaient les quatre premiers Vendredi 13, il se concentre sur Tommy, ses pérégrinations avec Megan (Jennifer Cooke) et sa lutte contre Jason. Cependant la hausse qualitative se fait au prix d’une normalisation. Jason Lives n’est pas un slasher ni même un film d’horreur pur ; il induit des éléments hors-sujets, le plus significatif étant la présence du groupe d’écoliers. Montrer ces enfants au phrasé d’ados vulgaires et pour certains totalement distants par rapport aux drames en cours, c’est absolument sans intérêt. L’intention est peut-être de titiller une certaine nostalgie chez les spectateurs et de détendre l’atmosphère, comme dans le Chapitre 4.

La franchise y gagne une certaine douceur, à la limite du consensus pour les publics étrangers à l’horreur. D’ailleurs, Jason épargne systématiquement ces petits enfants, lesquels n’ont décidément rien à faire là. En dépit de cette fadeur mainstream à la place de l’inanité des premiers Vendredi 13, Jason le mort-vivant convainc dans l’ensemble par ses qualités absolues ou même relatives ; on prend plaisir à suivre une véritable intrigue (c’était entamé mais pas si clair dans le 5), profite de personnages tenables, la confusion et les ados mi-fantômes mi-hystériques étant ommis. La dérive vers le policier est défendable et surtout le bois est exploité, avec par exemple la partie de paintball. Là encore, le chapitre 5 prenait davantage en considération ce contexte, idyllique pour un slasher. Le résultat pourrait être bien meilleur mais dans l’univers des Vendredi 13, on vole déjà très haut.

Le film se distingue enfin par une BO signée Alice Cooper et un combat final enflammé sur le lac. Les amateurs pourront apprécier l’humour et les poussées scabreuses ponctuels, mais frontaux. En définitive, ce Chapitre 6 est un film décent en soi, assez classique, se donnant comme un plaisir coupable, mais en soignant la chose. Compte tenu de l’estime dont il jouit, il est placé loin devant le Chapitre 5, mais c’est là une pure question d’appréciation, les deux s’affirmant par des options très différentes. Ils ont en commun d’être deux films bis regardables et vaguement aimables.

Note globale 43

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vendredi 13 chap 7

VENDREDI 13 : UN NOUVEAU DÉFI (Chapitre 7) *

2sur5  Cet opus divise. Beaucoup y voient l’un des plus insignifiants et même le naufrage final de la série ; d’autres n’aperçoivent rien de tout cela, par contre il y aura peu de monde pour en faire un must dans l’univers des Vendredi 13. Ce Chapitre démarre bien et semble d’abord relativement construit, voir même ambitieux. Naturellement ces débuts de pistes seront laissés pour mort, mais il est toujours agréable de constater dans le monde des slashers débiles que des types aient pris la peine de méditer deux minutes sur un fil narratif. Ils ne l’ont pas fait tout à fait délibérément il est vrai, puisque cette histoire de télékinésie emprunte clairement à Carrie et à Phenomena, en y pillant ce qu’elle peut avec ses maigres ressources ; l’impression d’assister à un pseudo-Poltergeist cheap est présente.

The New Blood est un piteux spectacle mais il a également le charme d’une gaudriole en roue-libre. Bien plus que la virée de Jason à Manhattan (plus épuisante qu’autre chose), prévue pour l’opus suivant, cette introduction d’un Jason aquatique est d’un comique involontaire et d’une générosité formidables. Outre un pouet mortel dans l’oeil et des meurtres quelquefois drôles, la couche psychologisante ridicule dont bénéficient les adolescents est un genre de cadeau. Le processus de normalisation entamé sur l’opus 6 est validé et nous trouvons donc un héros ténébreux et cool, la fille troublée qu’il veut séduire et une fille à papa sûre d’elle. Ce genre de configuration caricaturale était encore trop structurée voir raffinée pour être atteinte par les premiers Vendredi 13. Tous ces ados sont d’ailleurs décemment introduits et au moins drôles à observer avec les décennies de recul (T-shirt ‘vache qui rit’!!), avant que ne se ressente pleinement cette grande solitude récurrente face aux Vendredi 13.

Les côtés nanar sympathique se concrétisent sur la fin, où tous les atouts sont définitivement sabotés. Ces atouts sont : la télékinésie, la nouvelle apparence de Jason, la façon de s’approprier le Lac et les bois, les séquences de meurtres notables. Pour la télékinésie, tout l’édifice s’effondre vite, empêchant même l’actrice de s’épanouir alors qu’elle est probablement le personnage le mieux caractérisé de toute la saga, devant la dernière survivante du Chapitre 2. La bataille télékinésique finale est un flop intégral, compensée par une victoire maline sur Jason. De toutes manières, les scénaristes pompent sur les modèles évoqués plus haut et imitent l’initiative du Chapitre 5 (arrivée d’une jeune torturée par sa culpabilité et ses pouvoirs – surnaturels, ici). Le Jason new look est percutant ; toujours proche du zombie, il présente un corps à demi entamé par les années enchaîné au fond du lac. Kane Hodder prête sa carrure au personnage et le renforce si bien qu’il reste l’interprète le plus célèbre, sortant Jason de l’impasse lunaire particulièrement prégnante sur Meurtres en 3D où il avait l’air d’un vieillard un peu destroy.

Ensuite il y a l’atmosphère et ces balades absurdes, mais pas dépourvues de charme. Au début surtout puis par quelques plans fugaces, les lieux sont capturés et ces jolis paysages meublent avec succès. Enfin les scènes de meurtres sont bien réalisées, au-delà même des faits cruciaux. La réalisation de John Carl Buechler, auteur précédemment de Troll, est amorphe tout en donnant l’impression de balader une tension autorisée à exulter lors de petites plages destinées à cet usage. Il reste d’ailleurs de ce film une tendance à lorgner vers le conte, explicite lors de l’intro où un vieux narrateur évoque la légende de Jason (et annonce le manque de crédibilité remarquable de la séance). Comme Troll, c’est donc à la fois ennuyeux et satisfaisant lors des exploits (ici moins récurrents), proche du ridicule tout en conservant un magnétisme désuet. Néanmoins l’ensemble des efforts observables s’émiettent faute d’intelligence. D’ailleurs Jason agit tout le long du film et pourtant le film semble interminable. Les Vendredi 13 trouvent un rythme de croisière, il n’est pas stimulant mais la sympathie est devenue possible.

Note globale 37

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vendredi 13 chap 8

VENDREDI 13 : L’ULTIME RETOUR (Chapitre 8) *

1sur5  Finalement, la saga Vendredi 13 n’était pas si infâme. À ce stade, aucun opus n’est un film notable, mais deux sont décents (les 5 et 6), deux autres regardables (les 2 et 7), Meurtres en 3D est récupérable à la rigueur, seuls deux étant vraiment douloureux à regarder ou minables à un point record : le chapitre 4 et l’opus originel, catalogue du pire du slasher. Ce Chapitre 8 vient gonfler le rang des déroutes historiques. Démarrant par un énoncé au nihilisme cheap, L’Ultime Retour se veut rock’n’roll et pugnace. Il prend le prétexte d’une croisière en direction de New York réunissant une classe d’étudiants et leurs encadrants. Ce sera l’opus le plus incohérent et abracabrant de toute la saga jusqu’ici, sans pour autant être amusant : les nanardeux adorent et y voient, à raison, un climax dans la bêtise.

Les limites de celles-ci sont repoussées comme jamais et le spectateur a le droit aux jeunes les plus criards et absurdes de la saga, tout en étant abreuvé d’une bande-son festive hideuse. Le graveleux prend toute la place, même si les exhibitions sont bien incomplètes, tandis que la légèreté à vocation humoristique et le côté ‘fun’ n’ont jamais été si affirmés, quoique Massacre en 3D soit compétitif. Lui fonctionnait, à la rigueur. L’intrigue dramatique concernant la fille troublée que les adultes tentent de requinquer est un copié-collé des précédentes et prend une tournure particulièrement idiote, même si par sa solennité elle dissimule un peu la crétinerie abyssale de tout ce qui l’entoure.

C’est aussi l’entrée dans le fantastique pur, qui sera roi dans les opus à venir (Jason va en enfer et Jason X, avant le cross-over avec la saga Freddy). Ainsi les visions du petit Jason dans sa phase de noyade s’accumulent ; parfois il poursuit les héroines de ses apparitions, ou tente d’emmener avec lui au fond de l’eau ou au travers d’un miroir enfumé. La faculté de Jason de se balader un peu partout au mépris de la logique élémentaire et de l’architecture du bateau semble moins le fait d’une volonté d’introduire la téléportation que le résultat de la débilité du scénario (reprenant la figure du vilain tuteur paternaliste subie dans le Nouveau défi). Mais c’est ainsi que Jason progresse et il est d’ailleurs mieux servi dans cet opus, en étant toujours interprété par Kane Hodder et surtout en améliorant sa caractérisation.

Ainsi, dans le sillage de cette critique de péquenaud malicieux envers la ville décadente, Jason s’affirme comme un boogeyman réactionnaire, irrité par le manque de considérations pour l’autorité et la musique affreuse de keupons quelconques. Il est également plus conscient de sa tâche et concentré sur des cibles précises, capable de commettre de petites blagues ( pour faire fuir des agresseurs potentiels, il exhibe son visage – une espèce de masque de télétobbies cramé) et focalisé sur les gens du bateau même une fois débarqué à New York. D’ailleurs Jason le mort-vivant est aussi Jason le badass, tabassant quiconque se met sur son chemin, sans forcément tuer systématiquement, même bloqué dans des ruelles sombres.

Après une heure en mer, le spectacle s’épanouit ainsi dans les rues de Manhattan, avec là encore un lot de séquences aberrantes comme celle du métro où personne ne semble trop réaliser qu’un mort-vivant taillé comme Rob Zombie se promène avec une machette. Jason face aux racailles et à la civilisation décadente, ça aurait pu être dépaysant, cela engendre surtout un Vendredi 13 définitivement corrompu par la médiocrité. C’est celui qui aura nécessité le plus gros budget (5 millions de $), dépassant de 1 million celui de Meurtres en 3D, pourtant le résultat est plus minable qu’à l’accoutumée. Les séquences tape-à-l’oeil défilent sans faire d’effet, seule celle de la mort de Jason (sous un bain de déchets toxiques), grâce au contexte du tunnel, recèle des plans valables. Exaspérant et stupide, tout en étant presque moins divertissant que le premier opus, ce Jason takes Manhattan est un calvaire. Pour les néophytes, découvrir cette chose sans passer par les autres Vendredi 13 est l’assurance de ne jamais s’en remettre.

Note globale 15

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vendredi 13 chap 9

JASON VA EN ENFER (Vendredi 13 – Chapitre 9) *

1sur5  L‘évolution vers le fantastique et la SF amorcée précédemment est désormais entérinée : Jason va en enfer est moins slasher que film fantastique. Il est aussi moins slasher que drame ou thriller et il est moins Vendredi 13 que copycat de quelques succès du fantastique dans les années 1980. Il y a au moins cette continuité-là : un film mis au point par des opportunistes quasiment sans invention, un de plus. Après la virée à Manhattan qui constitue l’un des pires opus, la franchise est acquise par la New Line (productrice des Freddy), laquelle n’aura les droits sur le titre « vendredi 13 » mais ne l’utilisera pas. Sean Cunningham contribue a rachat de ces droits et peut donc revenir polluer la saga qu’il a lancée avec son misérable classique objectif du slasher de 1980.

Après son nouveau look du Chapitre 7 et l’apparition d’une sensibilité propre dans le Chapitre 8 (celle d’un réac puant mais fun), Jason est l’objet de nouvelles spéculations tortueuses. Le spectateur apprend les raisons de son invincibilité : ainsi le tueur de Crystal Lake a la faculté de passer de corps en corps. Cela n’a aucun sens puisqu’il a toujours été dans le même corps délabré de trisomique puis de créature rouillée, mais peu importe. Les trouvailles le concernant ne s’arrête pas là : en effet, un scientifique improbable, le premier possédé par l’âme de Jason, apprend à Steven que Jason ne pourra renaître à nouveau que par un Vorhees (il a épuisé son crédit de corps à occuper?). Et c’est par la main d’un Vorhees seulement qu’il pourra être tué. C’est-à-dire tué de manière définitive : en détruisant son cœur – là encore, grande nouveauté. Ainsi une famille Vorhees émerge de nulle part : ils sont encore deux, Jessica la femme de Steven et son bébé. Il y avait un troisième membre au début du film : le temps presse !

Ce Chapitre 9 en rupture dans le ton s’en remet donc à la bonne vieille tradition de pillage des concurrents propre à Vendredi 13, empruntant des éléments de scénario à Halloween et Halloween 2 pour se donner quelques béquilles. Le principe de la téléportation et la façon de l’approcher s’inspirent de Hidden et dans l’ensemble, les producteurs cherchent à reprendre Body Snatchers et le tirer vers l’action-movie badass. Une petite couche de comédie se juxtapose, avec la propriétaire du restaurant local et sa famille de dégénérés. La notion de complot omniprésente emmène le film vers le thriller et de nombreuses séquences relèvent plutôt du drame policier ; le slasher est circonscrit à quelques scènes, comme pour respecter des quotas. L’approche générale est plus normative, mais une normativité à la limite du Z. La bande-son, élément négligé auparavant, devient omniprésente, avec des musiques dictant les émotions d’inquiétude ou d’effroi de façon grotesque.

Les manques par le passé dans ce domaine étaient peut-être la seule vertu négative de la saga, celle simplicité jouant en la faveur de son effet de réel et donc d’un certain charme présent même dans les pires opus, sauf peut-être l’infâme Chapitre Final. Ces choix improbables dans la bande-son, pour nuancer la sécheresse générale, ne font que rendre le ton plus indéterminé encore. Ce Jason va en enfer se voulant très sérieux, tout en aménageant des plages de décontraction modérée, vire à la farce involontaire. Adam Marcus, Cunningham et la New Line tâtent un peu dans tous les registres et piochent dans chacune de leurs références de quoi remplir la barque. Ils ne réussissent qu’à s’éparpiller en trouvant une unité dans la gaudriole grandiloquente, pour un résultat comparable au fiasco de Massacre à la tronçonneuse 4. Celui-ci n’est pas un niveau particulièrement indigne par rapport à du Vendredi 13, aussi Jason va en enfer est un sombre ratage sans être aussi calamiteux que les opus 4 et 8, dépassant même son successeur l’atroce Jason X et l’infâme opus originel.

Les amateurs de la saga sont en général très critiques envers cet opus, ceux fermant les yeux sur la médiocrité crasse de certaines sequel passées perdant leur patience ici. Au contraire, les non-fans sont plus coulants et comme pour l’opus 8, les nanardeux se montrent intéressés, d’autant que l’échec de ce 9 est nuancé par les efforts manifestes de ses concepteurs(-pilleurs). Ainsi le début est assez encourageant et passée la bataille au clair de Lune (agitée mais soporifique), la disparition de Jason relève du bis épatant. Les trois dernières minutes sont belles et c’est déroutant. La griffe de Freddy sort alors de terre pour emporter le masque de Jason : le cross-over qui sortirait dix ans plus tard (Freddy contre Jason, 2003) s’annonce concrètement pour la première fois.

Note globale 22

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Suggestions…

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vendredi 13 Jason X

JASON X (Vendredi 13 – Chapitre 10) *

1sur5  Lors du rachat par New Line et Cunningham, le budget du nouveau Vendredi 13 (Jason va en enfer, chapitre 9) a été revu à la baisse ; et pour la première fois depuis le lancement de la saga (à l’exception du second opus en net retrait) s’est observée une légère inversion sur la courbe des bénéfices avec une somme supérieur au chapitre 8, le méga-nanar/navet. Le budget record de celui-ci (5 millions de $) est balayé par les 11 millions consacrés à Jason X. Ceux-ci se ressentent nettement et assurent la consécration du Jason from outer space.

Le virage de Jason X est un choc, que même l’étape Jason va en enfer ne laissait présager : choc explicite dès son générique de Mission to Mars à la moulinette de l’heroic-fantasy est perturbant. Le spectacle commence à notre époque, où Jason l’invincible est cryogénisé pour être enfin supplanté, le tuer, l’enterrer, l’éboullanter ne servant à rien. En 2455, des explorateurs venus sur Terre lors d’une mission sortent Jason de sa cellule d’isolation et l’embarquent dans leur vaisseau, prenant au passage la charmante scientifique qui gisait à côté de sa cellule, cryogénisée elle-même.

Dans leur post-humanité, on répare facilement les blessures : pour un bras coupé, il suffit d’une pommage afin de tromper la douleur, puis d’une petite séance d’UV pour recoller les morceaux. La réalisation insiste lourdement sur ces éléments au début mais ils s’avèreront quasiment inutiles puisqu’inexploités, l’attention allant plutôt sur une androide revendicatrice immortelle puisque machine. Le scénario est bâclé et les invraisemblances omniprésentes, les auteurs estimant manifestement que l’étiquette SF permet une flexibilité absolue. Ils ne savent pas la mettre suffisamment au service de leur bouse : que les personnages soient des stéréotypes fonctionnels, les dialogues naveteux, les idées honteuses, c’est normal.

Ce qui ne se justifie pas en revanche, c’est de pousser Vendredi 13 hors de sa case pour l’emmener vers un autre genre de médiocrité, passant du slasher beauf standard au copycat d’Alien pour beaufs. La franchise s’ouvre à un plus large public et s’achève ainsi sur un spectacle ‘fun’, qu’apprécieront plus probablement les amoureux des opus 3, 6 et 8. Jason prédateur de l’Espace, ça devrait être dantesque, c’est juste mou et vulgaire, abîmé par un second-degré plombant et la présence de tous ces cow-boys débiles du futur. Le film ne recèle que quelques tentatives potentiellement sympathiques : l’incruste de Jason dans un jeu vidéo grandeur nature est le seul petit ‘exploit’ réussi. Au contraire, la re-création de Crystal Lake en hologramme pour dompter Jason vire au minable, l’équipe du film n’y trouvant que l’occasion de réveiller le Jason jongleur (un peu du 7 télékinésiste), se mettant à taper sur des filles factices avec leurs sacs de couchages. Notons enfin un fort côté Hellraiser (3 et 4) lorsque Jason place ses victimes sur des crochets, ou s’y retrouve lui-même. D’une manière générale, le film se rapproche de l’esthétique d’un jeu vidéo, une sorte de pré-Dead Space lounge avec quelques débuts de décence lors de fugaces points de vue.

Il y avait une intention, il y a le dépaysement, la surprise en tout cas, au début. Mais c’est un ratage complet et une séance éprouvante, à peu près aussi lamentable que L’ultime retour. Les Resident Evil sont moins démoralisants et le délire est proche des Alien vs Predator & cie mais aussi des Mutante. Typique du navet lorgnant vers le nanar, Jason X se conçoit parfaitement sur M6 en dernière partie de soirée dans les années 2000, parmi les plaisirs coupables. Assurément certains y prennent du plaisir ; la vraie interrogation est ailleurs. David Cronenberg, réalisateur de Videodrome et Chromosome 3 et génie notoire, s’est-il amusé en apparaissant dans cette chose (en scientifique machiavélique) – amenant d’ailleurs avec lui un de ses acteurs fétiches (Robert Silverman, notamment dans Scanners) dans un rôle encore plus secondaire ? Il aurait accepté en échange d’une mort remarquable, il a donc été trompé.

Note globale 16

Page IMDB  + Zogarok Jason X sur Sens Critique

Suggestions… Dead Space : Downfall + The Dark Knight Rises + Perdus dans l’espace + Manderlay

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SOUVIENS-TOI L’ETE DERNIER 1 & 2 =+

12 Sep

Un reboot de la saga est actuellement en préparation et devrait sortir en 2016. 

A la fin des années 1990, Souviens-toi l’été dernier s’est inscrit dans la brèche ouverte par Scream pour mener la danse du « neo-slasher ». Un troisième opus est sorti en 2006, qui n’est pas abordé ici.

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SOUVIENS-TOI L’ÉTÉ DERNIER **

3sur5  Un an après Scream, Kevin Williamson est scénariste des deux principaux slashers au box-office de 1997 : Scream 2 et Souviens-toi l’été dernier. Dans la continuité du film de Craven mais sans les ambitions ‘méta’, Souviens-toi l’été dernier se pose comme l’archétype du néo-slasher. Ce sous-genre est venu saper l’Horreur en multipliant les copycat aseptisés et surtout en généralisant une approche vulgaire et consumériste, loin de la véritable sève d’un film d’angoisse. Parmi cette flopée qui débouchera notamment sur les Destination finale, Souviens-toi l’été dernier fait excellente figure.

Les quinze premières minutes sont plaisantes et régressives, l’issue est hystérique et n’a pas peur de flirter avec le deus ex machina, l’ensemble est efficace. À partir de l’homicide involontaire, le film maintient un rythme lent mais nerveux. La progression est méthodique, le champ resserré, apportant un équilibre à la superficialité criante. Possédant des bases solides, le film peut se permettre de multiplier les écarts gratuits, en valorisant la chair fraîche de ses ressources humaines.

Les protagonistes ne sont pas très profonds mais restent crédibles et sympathiques, comparés à ce que fournissent les films de genre, qu’ils soient puristes ou parodiques. L’allure du tueur au crochet est originale, ses mobiles moins malgré le maintien de quelques ambiguïtés ; la ville de Southport, avec son folklore estival et ses paysages marins apporte beaucoup à l’ambiance. Tout ça reste prodigieusement léger, n’affecte pas, épate au mieux ; c’est d’abord un plaisir, coupable si y on tient ; et pour un public novice ou juvénile, une approche bénigne mais efficace de l’Horreur.

Enfin Souviens-toi a un intérêt rétrospectif pour les nostalgiques des nineties. Ceux-là pourront retrouver Sarah Michelle Gellar avant sa révélation dans la série Buffy (où l’assertivité du personnage-titre est très loin d’Helen la pouffe affable) et deux ans avant Sexe Intentions (autre film ado ‘culte’ de l’époque), où elle sera à nouveau en tandem avec Ryan Phillippe. Énorme succès, I Know What You Did Last Summer aura deux suites et sera décalqué notamment par Urban Legend (sorti un an après), qui lui aussi générera une trilogie. Quand à Williamson, il contribuera à The Faculty (1999) et créera bientôt Dawson (1999), renouvelant le teen drama à la télévision.

Note globale 56

Page IMDB + Zoga sur SC

Suggestions… Blow-Up + Profession reporter + Mysterious Skin

Scénario & Ecriture (2), Casting/Personnages (3), Dialogues (3), Son/Musique-BO (3), Esthétique/Mise en scène (3), Visuel/Photo-technique (4), Originalité (2), Ambition (3), Audace (2), Discours/Morale (-), Intensité/Implication (3), Pertinence/Cohérence (2)

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souviens toi l'été dernier 2

SOUVIENS-TOI L’ÉTÉ DERNIER 2 **

3sur5 En 1997, Scream pond un bâtard en plus de sa suite officielle : c’est Souviens-toi l’été dernier, porte-étendard malgré lui du neo-slasher, dont il restera l’un des meilleurs opus. C’est le début d’une décennie de crucifixion de l’Horreur, débouchant sur une vague de torture porn (retour à la violence qui tache vraiment, dominé par les franchises Saw et Hostel). Souviens-toi l’été dernier est le symptôme de cette ré-actualisation bien comprise mais totalement cynique, qui donnera notamment les consternants Destination finale.

Son successeur, sorti un an après, joue à son tour avec les clichés, les honorant avec efficacité et une louche de second degré. Williamson n’est plus au scénario, mais cette suite est à la hauteur de son modèle (la scène des UV sera reprise dans Destination finale 3). Globalement on sait à quoi il faut s’attendre, mais la séance n’est pas gâchée pour autant : le train fantôme carbure à plein. Les grosses ficelles se lient les unes aux autres, des détails ‘clochent’ ouvertement, mais la tension est maintenue, avec lourdeur et énergie : pas d’intelligence délicate ici, mais des turbulences à foison.

Il règne un climat de douce hystérie, avec ses mascottes en foire (dont Titus, énième happening beauf -non crédité- de Jack Black) et son érotisme publicitaire (vive le ciel capricieux des Bahamas). À défaut de cultiver un mystère profond ou une mythologie sérieuse, les auteurs de cette suite taillent un produit ‘musclé’. La créativité est au service de motifs traditionnels et racoleurs, la technique est impeccable et sans âme ; c’est totalement éhonté, facilement plaisant ; en tout cas, bien plus agréable et cadencé qu’Urban Legend ou Halloween resurrection.

Loin de valoir le jubilatoire Judge Dredd, ce Souviens-toi 2 souligne en tout cas la capacité de Danny Cannon à mettre au point du ‘nanar’ de catégorie A. Il y aura un dernier round bien plus tard (2006), avec de nouveaux protagonistes (ici, deux des quatre principaux étaient remplacés), faisant de Souviens-toi une trilogie. Il sortira dans l’indifférence générale, cherchant à capitaliser sur une marque ayant passée sa date de péremption, à l’heure où le torture porn justement venait de débarquer bruyamment.

Note globale 58

Page IMDB + Zoga sur SC

Suggestions… Rambo 3

Scénario & Ecriture (2), Casting/Personnages (3), Dialogues (2), Son/Musique-BO (3), Esthétique/Mise en scène (3), Visuel/Photo-technique (4), Originalité (2), Ambition (2), Audace (2), Discours/Morale (-), Intensité/Implication (3), Pertinence/Cohérence (1)

Note ajustée de 57 à 58 suite aux modifications de la grille de notation.

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