MINI FILMS avril 2024

7 Mai

Documenteur –° (intimisme 1981) : Agnès Varda livrée à elle-même a multipliées les inepties. Ici elle nous livre une auto-fiction par procuration (elle n’entre formellement dans le film que par sa voix, à l’occasion d’une récitation de laïus marxo-bolcho pour des techniciens) au travers de cette maman célibataire esseulée (papa est parti) qui se mettra nue vers la fin du film pour se sentir vivante et connectée. dès l’intro on se coltine un « do do cu cu ma man vas tu te taire», autant dire une invitation à fuir – je suis resté grâce à la courte durée. Le film bricole des salades de mots et associations en roue libre qui à l’occasion ont du sens, mais même alors c’est assommant : on accumule des idioties type : « quand ils font l’amour… font… faire… qu’est-ce qu’ils vont faire », « champignon, cache-cache, cachemire, je me souviens que j’avais un châle en cachemire que j’aimais beaucoup, je l’ai perdu quand nous allions en Allemagne ». Comment peut-on être gourde au point de s’autoriser à l’ouvrir pour sortir de pareilles inanités ? Se sentir authentique ou même pertinente avec sa méthode ‘psychanalytique’ ? Le seul intérêt de ce film consiste à déambuler gratuitement dans un album photo vivant – le temps passé lui donne un peu de valeur ; à l’époque, l’intérêt était probablement de voir des prolos et des gens quelconques (et souvent très moches ou abîmés), comme on en voit rarement au cinéma – dans leur quotidien. Mais que des gens puissent mettre, sérieusement et sans indulgence ou raison personnelle spéciale, la moyenne à un truc aussi déglingué, pauvre, si intellectuellement limité, émotionnellement miteux, borné à l’immanent chargé de peu de tension, donc délibérément dans l’absence de maîtrise et de construction… je ne peux pas prendre ces gens au sérieux (et ça vaut mieux pour eux). 333-222. (24)

Empire of light =+ (intimisme UK 2022) : Convaincant avec son personnage de schizo à la carapace morose et aux accès cringe monumentaux, moins avec son acolyte tout lisse. Le style est lourd, le début étouffant de surenchère dépressive et de teintes désaturées. S’effondre finalement (avec ce vieux refrain du cinéma thérapie) ; conclusion trop douce et tous les éléments contrariants ont été balayés, les autres apports ignorés : le collègue ‘avoue’ qu’il a un fils qu’il a abandonné… et, aveuglé par la lumière bienfaisante irradiant maintenant le film, ne sait plus pourquoi. S’affilie au cahier des charges woke (le paroxysme étant la scène d’agression cauchemardesque, formellement épatante mais en tous points irréelle). 777-566. (62)

Scarlet street / La rue rouge + (1945) : Violence psychologique et cynisme complet concernant les relations humaines. Comme dans la série Mon petit renne, nous voyons que l’abus fonctionne mieux avec la complicité de la victime – soit aveugle (ici), soit maso (là-bas), en tout cas bonne pour s’enchaîner. Chargé en détails parfaits et sans rien à jeter (le mouvement de protection -contre une réplique de l’agresseur, ou contre la réalité ?-, l’attitude du patron, le fascisme ordinaire de la femme). Le tablier de cuisine, le tableau de l’ex-mari : ce pauvre homme endure tout et ne semble plus remarquer que tout, à la maison, l’humilie. La conclusion relève peut-être de la ‘bien-penseance’ sauf que justement ce moralisme n’aurait pas de prise sur un autre, or notre infra-héros trop bon trop con ne peut que souffrir pour son acte, au lieu d’en sentir du soulagement. Cette conclusion est donc géniale, au moins en partie volontairement (même sans l’impératif moral c’était la meilleure, la logique). Remake de La chienne de Renoir, pas vu. 878-879. (84)

Babyteeth / Milla – (intimisme 2020) : Je me suis bêtement laissé attirer par le synopsis. Aucun effort sérieux pour nourrir la tension ou l’intérêt sinon dramatique, au moins pour les personnages. Aucune évolution, un piétinement permanent, un retour à la case précédente dès qu’il est temps de renouveler. Les auteurs de ce film estiment que la menace perpétuelle sur la vie de cette jeune fille fera le travail qu’ils ne savent ou veulent pas accomplir. On croule sous les scènes d’intimité crétines pleines d’innocence et de petites transgressions d’ado – il faudrait dire ‘d’ado et de personne sachant ses jours comptés’, ce n’est pas le cas. Aucune discussion qui vaille le coup, aucune expérience sortant un peu du commun ; de la vulgarité et de l’insignifiance sous filtre pastel. Les petites légendes doivent refléter le journal intime d’une fille… Seuls les parents ont de l’intérêt, mais là encore c’est monolithique, creux et généraliste au possible. Sans ses interprètes ce film est transparent – on peut aussi dire que ces acteurs sont d’excellents meubles. Il y a ‘de la vérité’ dans les réactions des personnages, ce qui pourra suffire à ceux qui ont besoin ou envie de compatir ou purger ce genre d’épreuve (vivre avec un malade, vivre la lutte pour la survie et le deuil d’un proche simultanément). 263-323. (28)

 

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Mini Courts : 2021, 2020, 4, 3, 2, 1. Courts & moyens Mubi : 4, 3, 2, 1.

Mini Revus : 2020, 1ou2018/2019

 

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