Mini 18 ou 2020-6 : Films Novembre 2020

29 Déc

Thérèse Desqueyroux ** (France 2012) : Meilleur que ce que laisse entrevoir son démarrage et les acteurs s’y appliquent au maximum ; le couple est particulièrement réussi (et rebutant). Ça reste une adaptation littéraire sentant le rancis, alors qu’elle se pose contre le vieil esprit bourgeois replié et patriarcal. Le final fait pitié avec la libération de mademoiselle, épanouie et ‘rayonnante’ au milieu de la foule urbaine – une belle illustration de la vanité individualiste de cet esprit progressiste qui n’a un semblant de force que pendant la bataille, avant de devenir le pauvre mythe justificateur d’existences interchangeables dégagées des forces traditionnelles. (46)

Le rite ** (USA 2011) : Film d’exorcisme dont l’esthétique et les personnes sont le point fort (l’intérêt s’étiole lors de la dizaine de minutes où Hopkins a complètement disparu). Scénario trop prévisible mais dialogues et ‘écriture’ générale affûtés. Un peu décevant à terme car, probablement à cause de la réalité de ses deux exorcistes, il reste ‘poli’ dans ce qu’il énonce ouvertement ; d’où une conclusion frustrante et des révélations étroites de la part du démon. (56)

Cold War *** (Pologne 2018) : Enfin le Paris digne du Paris dont on entretient le culte ! Bien sûr il faut du noir et blanc et un retour dans le temps pour qu’il existe. (68)

My Skinny Sister *** (Suède 2015) : Un de ces films sentimentaux convaincants, à la fois empathiques et toujours à distance, livrant comme tels les grands moments de malaise. Deux sœurs, deux problèmes de poids, deux manifestation d’une éducation et d’un climat affectif pauvres. Les personnages en-dehors des deux filles sont peu développés, ce qui n’est qu’à moitié légitime, sauf si on estime que l’essentiel est en soi voire dans la tête et que l’entourage n’est que limites et figurants – et ce ressenti n’a rien de loufoque à la sortie de l’enfance. C’est défendable dans la mesure où ces adultes toujours présents sont aussi froids et insouciants, les parents à la limite de la désertion morale et le père incapable d’envisager le moindre mal même lorsqu’il lui éclate à la gueule. (66)

Star Wars III la revanche des Sith *** (USA 2005) : Mon préféré avec L’empire contre-attaque, peut-être à départager avec le temps. Plusieurs personnages et créatures secondaires, ou légions, aux design ou manières ‘charismatiques’ (dès le Général Grievous) – pas nécessairement nouveaux mais ils m’ont davantage interpellé dans ce contexte d’affrontements. (68)

Tangerine * (USA 2015) : Conditions de vie et à tous points de vue niveau d’existence de bas niveau ; flotte là-dedans. Pas toujours immersion sommaire et aveugle, un peu de style et une bande-son planante à l’occasion ; mais une immersion généralement vulgaire et brutale. C’est glaireux et c’est plutôt ‘authentique’ ; le film ne ment pas. Le chien, le titre et l’affiche sont jolis. (32)

Mensonges d’état *** (USA 2008) : Sans originalité, personnages convaincants et casting brillant, style droit au but. L’espionnage sous l’angle de la tactique politique, avec l’action au second plan et les aspirations personnelles tapies au fond. Moins embarrassant et surtout moins assommant que Zero Dark Thirty – parce que moins grave et attaché à représenter un lourd sujet d’actualité, simplement sérieux et sans idéal. C’est aussi plus humain et chaleureux que du Paul Greengrass. Russel Crowe et son personnage apportent une touche raisonnablement désespérante. (68) 

La nuit des juges ** (USA 1983) : Thriller philosophique choisissant de s’effondrer avec son protagoniste (un vrai abruti idéaliste). Il ne sacrifie pas son recul et donc une certaine vérité et une matière à réflexion ; mais il se rend aussi stérile que le type se rend contre-productif et absurde (quoiqu’il arrive, il se condamne à suivre la règle et ‘la lettre’ plutôt qu’à travailler à améliorer la société – ou simplement, la portion sur laquelle il a du pouvoir). (62) 

Quantum of Solace ** (USA 2008) : Un film d’action efficace avec des ingrédients ordinaires, une écriture faible ; une déception garantie car après l’un des meilleurs de la série (Casino Royale) on trouve un des moins bons James Bond. Les antagonistes sont sous-développés et peu charismatiques, voire absents ; c’est à la limite du confus – avec Roger Moore, c’était superficiel, mais les rencontres et scènes fortes abondaient ; tout ce qui est fort ici, ce sont les scènes d’action au montage brutal. Techniquement il y a bien les vertus d’une grosse production et un petit parfum bourrin digne des 90s. Le film a l’air bâclé ; la place des alliés et leur sort sont mal foutus, Amalric est inapproprié en grand méchant sadique et son personnage inepte (il aurait mieux valu en faire un exalté, un franc pervers – mais quand pour quelques secondes on le voit avec des rondouillards corporatistes promouvoir sa pseudo croisade verte, il y a une atmosphère convaincante de pourriture ‘digne’ et fatiguée à la française). On retrouve la misogynie tranquille et l’inconsistance vaguement loufoque des premiers épisodes – Gemma Artertone en fait les frais (l’envoyer pour convaincre un espion aguerri de faire demi-tour est déjà absurde). Finalement la seule franche réussite de cet opus est sa recrue n°2 : on trouve une des plus belles James Bond girl avec Olga Kurylenko, fille de l’est ‘latinisée’ pour l’occasion (les autres les plus marquantes : celles de Moonraker, Rien que pour vos yeux, Bons baisers de Russie et Casino Royale). (52)

Red Sparrow ** (USA 2018) : Thriller cru et placide, grossièrement cousu mais efficace, doté en scènes de violence et torture féroces. Beaucoup de bonnes choses dans une fusion creuse : la réalité est abordée sous un angle cynique mais de façon compartimentée et finalement parfaitement raccord avec ce qui serait une pure propagande anti-soviétique des années 1950. Les américains sont des candides foirant leur coup avec bonne foi, faute d’esprit suffisamment retors – c’est le revers d’une humanité libérée ! On voit aussi le piège pour l’espion avec son pouvoir en suspens, son état de prodige à la fois subventionné et possédé par l’État ; comme l’exploitation des femmes, c’est présenté de façon picturale, statique, à la fois critique et lucide en apparence mais toujours scotchée aux clichés meublant les représentations du monde russe par celui anglo-saxon depuis 70 ans. (54)

Hugo Cabret *** (USA 2011) : Quand Scorsese fait du Jeunet et rend hommage à l’enfance du ‘septième’ art, à travers son ingénieur phare Georges Méliès. Le résultat est à la fois consistant et doucement régressif ; un film de Noël à la mise en scène profonde, au scénario prévisible mais brillamment cousu. Le décalage peut choquer même en étant prévenu – moins si on connaît la baisse qualitative et la vulgarisation de son cinéma depuis une dizaine d’années (et bien que l’excellence soit de retour avec les deux prochains crus – Le Loup de Wall Street et Silence). La 3D n’est pas toujours du meilleur effet mais paraît toujours irréprochable face à de nombreux autres essais hors animation pour très jeune public. La trame avec Sacha Baron-Cohen est trop simpliste. (66) 

Ace in the Hole / Le gouffre aux chimères ** (USA 1951) : Lourdeur de ces films moraux et ‘humanistes’ avec son (Kirk Douglas) cynique confiant, avide de succès et de reconnaissance. Le voilà bientôt tourmenté ; nous sommes des humains, à moins d’être prodigieusement ‘civiques’, nous n’avons pas besoin d’assister à sa crise qu’on sait stérile et sans surprise. Au moins le film est assez sophistiqué pour éviter des passages sans retour d’un état d’âme à l’autre ! Malheureusement ce n’est pas pour refléter des progrès ou approfondissements ; le scénario comme le discours sont redondants et régulièrement à sec – c’est la technique qui lui donne son ampleur et sa véritable belle tenue. Les personnages sont tous des salauds, des idiots ou des ingrats et eux aussi ne font que passer d’un état initial à un sursaut difficile, en passant par les tergiversions de notre anti-héros journaliste. En somme, un de ces films typiques dénonçant la collusion entre les ambitieux malsains et les publics malsains, à l’adresse de spectateurs bienveillants qui ne manqueront pas de trouver la chose poignante et intelligente (pour la version dégradée et sale voir Festen ou La chasse de Vinterberg). (62)

India Song * (France 1975) : J’espérais être surpris en bien voire trouver quelque chose d’analogue aux films de Robbe-Grillet. J’ai vu un film accablant dont je me suis passé la seconde heure en accéléré – afin d’aller plus vite aux nuances, car le risque d’en rater est impossible. Dans le registre de l’extatique, de l’interminable et de l’irregardable, Jeanne Dielman, Tabou (sur la mémoire lui aussi) et même Zerkalo sont (plus) sensés. Cette expérimentation-là me semble le fruit d’égarements cautionnés par l’entourage ou entérinée par l’absence de techniciens concernés. Avec ce film, on s’installe aux côtés de Duras, empile des rushes et reste bloqué sur des choses insignifiantes étirées aveuglément – et recoupées vaguement. Existe-t-il d’autres œuvres exprimant le laisser-aller de Blancs éloignés de tout élan vital, de Blancs de la haute société accablés par le luxe, leur inanité et l’ennui ? Sûrement pas des masses. Bien sûr on peut se pâmer devant la déco ou la musique, mais alors il faut énormément d’amour ! Passé un certain stade, la désynchronisation son/image elle-même ne sert qu’à souligner l’insignifiance de la démarche ; cet essai est trop boursouflé pour seulement se savoir penaud et nu. Oui ce film essaie une nouvelle sorte d’expression (qui voudrait refléter celle des ‘fantômes’), mais ne sait pas ce qu’il fait – et n’est peut-être pas volontaire pour s’engager sur sa route si ouvertement stérile et ennuyeuse ; la chose est expérimentée, il n’y a rien de bon à en tirer, rien à en faire ou y refaire : qu’on ferme. J’ai testé un court-métrage par la suite et Marguerite Duras, si sympathique ou visionnaire qu’on puisse la sentir, me laisse l’impression d’un zombie gourmand et raffiné, obsédé par les petites sensations et les souvenirs, avec lesquels on serait supposés remplir sa vacuité d’humain triste et contemplatif. (26)

Les tortues ninja ** (USA 1990) : Film à destination des jeunes garçons où le rapport au père est omniprésent, les tortues toujours des grands garçons innocents (et impotents) et la sexualité doucement évacuée – sans vouloir gâcher les souvenirs ou le confort de qui que ce soit 🙂 Pop street d’époque et décors délabrés légèrement attrayants, costumes honorables. Humains pas très cohérents – ni bien joués. Le ‘mauvais garçon’ rapporté rappelle Robert De Niro jeune. L’histoire du rat est altérée par rapport au dessin animé, où Splinter est plus badass. Influence de Star Wars – imitation Dark Vador (et un peu Batman ?). Scénario, règlement des combats ou enchaînements foireux (final, fuite à la campagne). Toujours méthodique et ordinaire pour la structure (avec trois tiers cloisonnés). (52)

Atomic Blonde * (USA 2018) : Modérément efficace et globalement ridicule. Scènes de bastons enthousiasmantes à un certain degré, dialogues débiles, relations grotesques entre l’ensemble des personnages. Appelle constamment des clichés usés ou des petits tours abusifs à la rescousse. Cette maladresse générale trouve son comble dans l’usage de James McAvoy, lassant avec son numéro de fou furieux. (42)

L’été en pente douce ** (France 1987) : Cousin plus ‘familial’ de 37°2 le matin. Villeret en retardé avec une mimique faciale mémorable. Le faible budget ou du moins l’impossibilité de recourir à des effets (spéciaux) solides est mal dissimulé – spécialement lors du présumé départ d’incendie. (58)

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Mini-Critiques : 2020: Octobre, Septembre, 15, 14, 13 ; 2019: 12, 11, 10 ; 2018: 9, 8 ; 2017: 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1

Mini Courts : 3, 2, 1

Mini Revus : 2ou2020, 1

Mini Mubi : 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1. Courts & moyens Mubi : 4, 3, 2, 1

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