Dernière édition après celle pour les films longs. Un ‘classement intégral’ des courts & moyens sera prochainement publié.
→ Leçons de ténèbres ** (Allemagne 1992) : Ça pourrait être une œuvre majeure et le public en général semble la tenir pour telle ; à mes yeux c’est une démonstration caricaturale – pour son sujet et pour le style Herzog, malheureusement si lourd (déjà son premier, Herakles, martelait la même idée pendant dix minutes). Le recours à Wagner et à L’Apocalypse est toujours efficace mais les deux sont éculés depuis au moins un siècle. Que le film ne documente rien est un choix, mais qu’il meuble en laissant apercevoir des travailleurs et recueillant de vagues paroles de victimes est un peu déplorable – Hiroshima mon amour bis ne s’assume pas, il faut qu’il soit très concerné en plus d’en faire des tonnes. L’autre virée dans le désert [Le pays des fourmis vertes] signée Herzog m’avait davantage convaincu. Ici je ne retiendrais que la technique majestueuse et le parti-pris remarquable, cette volonté de regarder la Terre d’en haut à tous points de vue, d’offrir ce théâtre de guerre comme un potentiel décors de SF. Bien sûr il y a de quoi rêvasser sur la beauté du chaos mais je trouve l’exercice débile et assez paresseux derrière ses grandes allures ; du pessimisme complaisant pour les gens trop protégés, une virée près de l’enfer type club Med classe instruite et mélancolique. Enfin je n’ai pas compris ce que l’hélicoptère faisait à cet endroit si, comme le prétend le commentaire, personne dans la ville ne se doutait de la guerre qui s’apprêtait à lui fondre dessus. (56)
→ Dream Work ** (Autriche 2001 – 11min) : Un des fameux courts de Peter Tscherkassky, après Outer Space (d’après plusieurs commentaires sur le Net, les deux citent à l’envie The Entity de Sidney Furie). Hommage revendiqué à Man Ray, c’est un produit expérimental à la fois habile et férocement vain. Les effets sont devenus potentiellement ‘désossables’ à l’œil nu vingt ans après, or l’essentiel repose sur eux. Ce film est une manœuvre, tapageuse, plus qu’un essai sincère sur le sommeil. Tout est recevable mais je le trouve tristement insincère. Et comme on connaît les débuts de Lynch (spécialement ses courts) et Polanski (Répulsion), il n’y a plus que la posture pour distinguer cette fugue onirique. Allez voir Subconscious Cruelty. (48)
→ Les petites mains * (Belgique 2017 – 14min) : Excédé par la pression et la futilité du dialogue social, un ouvrier emploie de graves moyens : sans méchanceté vraisemblablement sous impulsion, il kidnappe l’enfant du patron. Remuant sur le principe et à la hauteur dans l’exécution mais à quoi bon ? C’est ultra schématique, affecté, l’essentiel repose sur un spectateur acquis d’avance et un appel brutal aux émotions. Trois atouts : les deux principaux acteurs (même si, pour le bien de la démonstration, il aurait fallu que le quasi-bébé soit plus expressif, plus [manifestement] curieux ou attaché à son ravisseur par exemple), l’aperçu de la violence sociale aussi dans ce qu’elle a de brut et physique (les matons en clôture). Enfin ce n’est pas avec ce genre d’approche digne de Loach ou Brizé qu’on verra les lésés, les aliénés, les ouvriers sortir de leurs ornières, ou même les voir franchement dans leur ensemble – et non par le seul prisme dépressif. (42)
→ Sombre dolorosa / Sorrowful Shadow ** (Canada 2004 – 8min) : Une espèce de délire reprenant apparemment les soap et mélos mexicains, confondus dans une succession d’images psyché ou vaguement ésotériques. S’y mêlent un match de boxe allégorique avec El Muerto et des panneaux [inutiles] comme au temps du muet. Curieux, coloré, turbulent, éventuellement amusant. Un nouvel exploit du carnavalesque Guy Maddin, moins glauque qu’à son habitude (Des trous dans la tête, Ulysse souviens-toi) mais toujours concerné par le sort de personnes toxiques ou dérangées. (58)
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Mini-critiques Courts MUBI : 3-2019, 2-2018, 1-2017
Mini-critiques MUBI : 8, 7, 6, 5, 4-2018, 3, 2, 1
Autres Mini-critiques : 13, 12, 11, 10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1 + Courts 3, 2, 1
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