INCENDIES **

19 Avr

incendies

2sur5 Quatrième long du réalisateur de Prisoners et Enemy, Incendies est celui de sa révélation au grand-public (record de téléchargements pour un film francophone sur iTunes). Adaptation d’une pièce de théâtre ayant connu elle-même un grand succès critique et commercial (Incendies de Wajdi Mouawad), le film a été mis à l’honneur aux Oscars et a triomphé au Prix Jutra, équivalent des Césars pour le Canada. Il raconte la quête d’une jeune femme (rejoint par son frère), abandonnant le Québec pour tenter de retrouver la trace de sa mère au Moyen-Orient, dans un contexte de guerre civile. Denis Villeneuve présente cette chronique sous la forme de récits croisés, avec flash-backs. Il arbore une simplicité rigoureuse, découpe son film en chapitres introduits par des titres en lettres rouges tel que ‘les Jumeaux’, ‘le Sud’, ‘Deressa’, ‘Kfar Ryat’, ‘La femme qui chante’, etc.

Incendies est un produit très abouti techniquement, suscitant le respect au minimum par sa maîtrise. Il se pare d’un BO percutante, dans l’air du temps, à l’image de l’ensemble : du goût peut-être, un style certainement, une substance faisant défaut. Le thème des racines comme la dimension politique servent de décors et rien n’est essentiel. L’histoire pourra inhiber le sens critique en jouant sur la corde sensible du Moyen-Orient et de ses relations à l’Occident et ses valeurs, le film engendre une certaine indifférence en n’accordant de valeur qu’à une petite histoire basée sur un (un seul) faux mystère. Le film gagne d’ailleurs en intérêt quand celui-ci est brisé, en milieu de parcours, avec un coup-d’oeil en prison où Villeneuve montre une situation en prenant des pincettes, restant bien figé mais à distance, sans discourir et sans non plus vouloir accélérer le mouvement ou gagner en profondeur dans le récit familial.

Sur la fin les révélations s’emboîtent puis culminent lors d’un dénouement destiné à terrasser le spectateur. Les films de Villeneuve ont cette particularité d’être impeccables et sans rayonnement. Les images pourraient être percutantes mais le cinéaste relaie chirurgicalement, feint l’absence et soustrait tout ce qui pourrait ressembler à du commentaire. C’est le formalisme pur, au sens le plus frustrant. Ce langage atone et minimaliste, mis en boîte avec solennité, ne parle pas aux tripes et évite tout dialogue. Si Prisoners et Enemy peuvent être un peu frustrants, l’urgence et l’angoisse qui les caractérisaient apportaient une énergie totalement absente ici. Incendies n’est pas le plus mauvais de ces trois films, il n’est juste ni bon ni mauvais, c’est l’éblouissement inerte incarné, l’activement non-polarisé par excellence.

Note globale 48

Page Allocine & IMDB  + Zoga sur SC

Suggestions… Le Sacrifice/Tarkovski

Note ajustée de 47 à 48 suite à l’éviction des notes impaires.

 

6

Denis Villeneuve sur Zogarok >> Blade Runner 2049 + Premier contact + Sicario + Enemy + Prisoners + Incendies + Next Floor

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