Désormais les Mini-critiques [MNC] seront publiées mensuellement (régime évidemment pas appliqué aux films en salles – les SDM). Le plus au début possible du mois suivant.
→ La fille Rosemarie *** (Allemagne 1958) : Inspiré d’une vraie affaire, réalisé un an après son issue (non élucidée). Acide (parfois caricatural) et probablement pas loin du name-dropping. Souligne les appétits matérialistes et le désespoir de l’arriviste piégée. Économe et efficace, beaucoup de choses secondaires trouveront une suite, accumule les éléments ‘précis’ (notamment via des répliques cruelles). Pourtant, le film deviendrait excellent s’il ne donnait l’impression d’être troué ; il y a peut-être trop de pudeur, ou de nécessaire censure passé une certaine proximité avec les clients. Et on voit à peine ce que Rosemarie Nitribitt a fait de son argent. La mise en scène est traversée de jeux et d’éclats sonores ; la part proprement ‘comédie musicale’ est gentillette mais pas ridicule comparée au commun des trucs de chansonniers à l’époque. (68)
Suggestions… Des roses pour le procureur + Seule contre la mafia.
→ Et la vie continue ** (Iran 1990) : Le pourquoi du conducteur restera comme le pourquoi du film : irrésolu. Le personnage lui-même est douteux, sa filiation pas crédible ; est-ce volontaire, est-ce une maladresse, un problème d’acteurs ou d’écriture ? L’adulte, un bourgeois (à l’aura de prof à peine aigri, blasé et courtois) dans sa voiture, est une figure positive avec ses aspérités, ses incohérences (sa bienveillance ne l’empêche pas d’être obtus et d’affectionner les réponses toutes-faites, comme le commun des adultes d’Où est la maison de mon ami). Il demeure un être vertueux, laisse l’argent dans un distributeur de boissons brisé (rien ne garanti que le commerçant en profite – c’est l’intention qui compte !) ; mais il passe entre les gens comme d’autres entre les gouttes – en allant les voir pourtant. J’y vois une sorte d’humanitarisme de surface, en lui je vois un individualiste curieux et peut-être moralement compliqué ; mais les autres commentaires n’évoquent rien de tel, alors je veux bien croire que je n’y vois pas ce que le contexte, une mise en condition ou une certaine culture devraient m’y faire voir.
À terme le film m’a laissé sceptique. Ces gens, victimes du tremblement de terre, deviennent presque insouciants, s’emballent pour un championnat sportif, poursuivent leurs embrouilles relationnelles. Oui les personnes ont de la ressource, les masses aussi, elles peuvent même puiser dans leurs capacité à régresser ou s’oublier. C’est vu, et donc ? Est-ce que constater sans avoir à y rajouter, sans surtout s’attarder ni s’impliquer, est toute une philosophie, une spiritualité, illustrée par ce film ? Peut-être que sonder cette force de la médiocrité, ou la reconnaître en tant que telle, inhiberait le réalisateur, gâcherait le plaisir à ses spectateurs ? (52)
→ Rush *** (USA 2013) : Raisonnablement captivant. Est le biopic conventionnel et le film d’action qu’on s’attend à voir, en plus subtil (probablement le plus possible en restant ‘tous publics’). Les scènes de course sont assez belles. Les personnages et leur volonté restent le plus convaincant. D’après le survivant les scénaristes auraient étonnamment respectés les faits (pas toujours à son avantage, mais aussi rarement abandonnés à la subjectivité de l’un ou l’autre des compétiteurs). (66)
→ Où est la maison de mon ami ? ** (Iran 1987) : Hormis une scène dans un coin boisé, ce film n’éclaire pas de façon évidente la démarche de son ‘successeur’ Et la vie continue. Derrière le réalisme ‘ultra’, un point de vue inerte et l’idéalisation gratuite de l’enfance – qui se heurte à l’étroitesse des adultes. On est proche du Petit Prince voire du Petit Nicolas et loin de L’enfance nue de Pialat – sauf à fétichiser l’aspect rugueux, ‘sans filtres’ et sans ‘médiation’ – ce qui est toujours une escroquerie ou un doux leurre. On voit ces vieillards radoter et ces gens tâcher de se faire valoir, aucun adulte ne se montre apte à répondre correctement ; tant d’ouvertures sur cette dégradation ‘naturelle’ sinon très répandue, cette bêtise qui fait que chacun devient plus con en prenant de l’âge (et s’obstine à reproduire les ornières obsolètes tenant son quotidien stérile et son pauvre esprit sur leurs grosses pattes courtes) ; tant de non-occasions pour le film qui préfère coller à son petit héros, mais à distance. C’est sûr qu’en restant interdit devant l’universel et en traitant les informations de façon creuse (essentiellement via les dialogues), on ne prend que deux risques majeurs : ennuyer l’auditoire ou le laisser travailler. Si les créateurs de ce film estiment que la réalité parle d’elle-même, pourquoi la laisser bégayer ? Pourquoi venir au cinéma ? Pourquoi donner dans le larmoyant et s’apitoyer sur le sort d’une catégorie face à une autre (car la sobriété ne change à rien à ce que donne effectivement le film) ? Ce film utilise quelque chose de profond certainement, mais lui ne l’est pas, peut-être par choix (calcul ?), peut-être par insouciance. (52)
→ Au travers des oliviers * (Iran 1994) : Dernier opus de la trilogie Koker, il force sur le flou pseudo-documentaire et déploie des monologues bien plus assommants et pathétiques que ceux de La maison de mon ami (sans parler de la dizaine d’essais d’une scène allant au bout de la mise en abyme – pour moi ce cloaque niaiseux et bouffi a fait basculer le film sur la mauvaise pente, imposant ce qui ne m’avait pas encore atteint avec ce cinéma : l’impatience impérieuse ; et ce qui y était encore totalement inenvisageable : le dégoût). Au travers des oliviers est beaucoup plus propre physiquement que les précédents, mais définitivement futile. Hormis le plaisir de sentir mêlés la production artistique [donc ‘l’art’ en direct, nu ?] et la vie, je ne vois ni l’intérêt ni ce qu’il y a de stimulant là-dedans ; probablement, des critères externes m’échappent. C’est toujours joli et immersif, à une faible intensité ; mais trois balades complètement gratuites, même plaisantes, ça fait beaucoup – une à trois de trop, question d’humeur ou d’absolu. Si vous n’avez pas l’âme d’un poète, d’un itinérant romantique ou d’un amateur de compositions esthétiques [plutôt symbolistes et ‘posées’, non criardes], évitez ; vous ne ferez que casser sa moyenne. (38)
Suggestions… Le sacrifice/Tarkovski + L’extraterrestre/Les Inconnus.
→ La proie ** (France 2011) : Dupontel en ténébreux idéalisé comme d’habitude, avec les aptitudes physiques d’un héros russe d’élite ou américain fantasmé. De bonnes scènes d’action et même de poursuite – et surtout des scènes bien drôles de bagarre. Au début en prison, c’est épais et c’est bon. Les plans sur le gardien pourri observant le massacre semblent empruntés à une comédie française des années 90, la vilenie en plus. Quand l’enquête se lance, c’est différemment cliché et efficace, moins outrancier (on aperçoit Lucien Jean-Baptiste, déjà infiltré en tant qu’agent des minorités – avec un autre acteur on ne relevait pas le personnage). Puis on décroche le long de la seconde moitié. Les caractères typés, les démonstrations assurent le spectacle, mais c’est trop creux et prévisible, avec des facilités et une conclusion abusive. L’image finale est à la fois éthérée et kitsch à souhait. J’apprécie le talent du metteur en scène (celui de Maléfique) mais ça ne trompe que partiellement la superficialité du programme et son allégeance à une certaine médiocrité ‘de genre’ [polar sombre et gentiment décérébré]. Quand on est avec Dupontel c’est prenant, le reste du temps la médiocrité des dialogues et des personnages rendent impatient (les collègues de la flic sont d’une bêtise accablante). (54)
→ Madame hyde * (France 2018) : Essai curieux travaillant les thèmes de la transmission et l’éducation de façon complaisante, courte et idéaliste. Montage bizarre ; scènes longues où ça patauge dans la solitude et la redondance ; scènes écourtées et remplies. Inégal dans sa façon de gérer l’artificialité et le casting ; on peut se demander si le résultat était celui escompté ou a encore du sens même avec une éventuelle marge de tolérance. Mais plus encore qu’original le film semble surtout mal construit (peut-être justement car la cohérence ne l’intéresse pas, que s’en soucier ramènerait à un « naturalisme » que le réalisateur a dit rejeter en se posant comme la négation de Kéchiche). Ainsi des pantins deviennent ‘normaux’, des caractères s’émoussent sans raison en tout cas soupçonnable. Le directeur comme connard sympathique se défend bien, la plupart des autres laissent perplexe et ennuient ; on sent la volonté de prendre les clichés à revers, mais ça ne donne que des choses penaudes, décalées mais ternes, à l’instar du personnage de José Garcia. Et puis surtout les scènes les plus franchement étranges sont noyées et sous-développées, celles ‘électriques’ sont lapidaires. Un film bizarre dans tous les sens du terme, à voir pour ça, mais pas un bon film et probablement pas une réussite ou du moins pas un accomplissement. (38)
→ Les héritiers * (France 2014) : Les langues brunes s’activent religieusement contre la peste brune ! Des dialogues si faux, tant de mépris et de bien-pensance cumulés à chaque recoin, dans cette fiction optimiste mélangeant habilement réalisme et fantasme. Voilà donc des jeunes incultes, obtus, encrassés et brutaux comme des petits animaux doués de parole ; et leur premier contact avec l’Histoire, avec les livres, ce sera ça. Et pour cette conversion ils seront couronnés et absous de leur bêtise. Faut-il vomir ou se réjouir devant une parade si malsaine ? En tout cas il faut prendre le risque de la voir, pour savourer ces moments géniaux d’une incurie abyssale d’autant plus proche du fanatisme et du délire civique que la réalisation n’est pas insouciante ou catégoriquement idiote : le climax naturellement c’est cette distinction entre un massacre et un génocide, où la prof dispense ses nuances très lumineuses – lesquelles reviennent à affirmer qu’un génocide n’en est pas un tant qu’il n’est pas formellement déclaré comme tel par ceux qui le pratiquent – ou qu’il est encore en cours. Aux historiens bien orientés de faire le travail comprenez-vous – qui sommes-nous pour juger ! (18)
→ Mon tissu préféré ** (Turquie 2018) : Chronique éthérée des amertumes d’une jeune femme et de son entourage ; jamais ça ne craque. Les professionnels de la lèche appropriée nous diront que c’est de l’authentique, de l’anti-sensationnalisme ; la puterie habituelle des citoyens-consommateurs amis du monde. Le film ressasse quelques éléments, avec une progression dramatique par paliers ; on peut trouver du charme à ces séquences oniriques, au passage en revue de cette sororité énervée et désabusée, à la quête de Nahla ; mais en tous domaines il a tout émis dès le départ. À la fin on a vu qu’un petit pétage de coche en quelques endroits. La vie de ces femmes est peut-être étriquée, ce regard l’est plus encore. La musique est des plus lourdingues et chialeuses, heureusement celle en ouverture n’est pas complètement à l’image du film : il est quand même plus énergique. Ou plutôt, il est assez prometteur pour inciter à gâcher notre temps à lui faire confiance. Les événements en Syrie sont comme le reste, un bonus d’ambiance. C’est sûrement largement biographique, mais l’autorité de cet argument s’arrête immédiatement (ou alors, on fétichise la pudeur de celle qui a marché près de l’horreur et surtout ne veut pas nous l’infliger – ou alors elle n’était que dans sa bulle et est assez ignoble pour associer ses larmoiements à des drames collectifs sanglants) ; enfin, c’est pas parce qu’on a rien à dire qu’il faut s’abstenir, surtout si les festivals et l’intelligentsia sont là pour vous cueillir. À voir seulement si vous êtes intéressé par les œuvres sur l’éveil ou la solitude sexuel – sur ce point seul la délicatesse et la passivité du film ont du sens. (44)
→ Volt * (Allemagne 2016) : En ouverture une bonne dose de culpabilisation concernant les migrants clandestins ‘avec ces énoncés dignes de poèmes de rap accusateurs) ; en conclusion c’était bien le projet. L’entre-temps soit 90% d’une séance très courte qui n’en finit pas se passe auprès du policier responsable de la mort d’un des clandestins. L’essentiel avec ses collègues, la part mineure dans sa vie privée. C’est du couillu-écrémé mélo-dramatique, très bien interprété et avec des lignes ingénieuses [conventionnelles] au scénario, mais comme déterminé à ne rien apporter de neuf ou de trop significatif, qui pourrait lui faire perdre pied. Les clichés servent de squelette au film (mention spéciale au flic couchant avec une proche de la victime alors qu’il est essoré au maximum), sur lesquels se greffent des efforts déliés. Le style est léché, agressif, tout en maniérisme techno/crypto-épico-beauf (selon la gravité du moment). (34)
Suggestions… Mercredi 04:45.
→ Les chansons d’amour * (France 2007) : voir la critique. (38)
→ Sogni d’oro ** (Italie 1981) : Cette fiction espiègle est une excellente surprise pour moi qui ait enchaîné plusieurs productions détestables signées Moretti. Son ego est toujours de la partie mais on le voit en lutte ; les leçons de morale ne sont pas au goût du jour. Le type joué par Moretti est bien sûr un de ses reflets, se veut unique et se sait malade, intellectuel inspiré et enfant attardé capricieux, assailli par des peurs de remise en question, d’humiliation (exultant dans des rêves drôles et effroyables, où il se roule par terre devant une femme qui n’a jamais tenu sa position de subordonnée et n’a même pas le mépris fort, davantage indulgent). Dans ‘le film dans le film’ il se projette sur Freud, transformé en papy Roussos toujours au bord de la régression au stade du nourrisson. (58)
→ Venom * (US 2005) : Film d’horreur ado d’assez bonne tenue, avec une photo et des plans de bon niveau pour une production aussi bassement opportuniste et conventionnelle. Essaie de donner consistance à ses personnages, même si c’est pas toujours lisible. Le scénario est désespérément médiocre et l’histoire peu attrayante. Les clichés renchérissent paresseusement. C’est inintéressant et regardable, plutôt que spécialement grossier ou assommant. Issue misérable. (36)
→ Iris ** (France 2016) : Jolie réalisation sûrement profondément réfléchie ou projetée, acteurs surprenants (spécialement Camille Cottin dans son costume de flic ; Duris excellent), des arguments ‘racoleurs’ proprement emballés. Parfois artificiel, rarement vulgaire. Thriller érotique honnête et remake libre (de Chaos de Nakata) au scénario ‘concentré’. (56)
Lespert… Yves Saint-Laurent + Le petit lieutenant + Lignes de front + Le promeneur du Champ-de-Mars + Ne le dis à personne.
→ Bianca ** (Italie 1984) : Pour la deuxième (seconde?) fois j’adhère et m’amuse devant un film de Moretti ! Ses personnages d’insupportable, prétentieux et inadaptés me plaisent et avec celui-ci, il ne reste plus que son côté ‘tête à claques’ instrumentalisé. C’est une sorte de touriste dans son environnement et son époque, consentant suffisamment pour rester acceptable mais jouant la plupart du temps ; surtout c’est un individu courant après l’absolu, incapable de vivre et d’attraper le bonheur ou les satisfactions même quand elles se présentent à lui, même quand cette femme est indulgente envers son excentricité. (62)
→ Des frissons partout ** (France 1964) : Séance agréable, bavarde, primesautière voire un peu sotte, ‘patriarcale’ aux entournures (mais sans morale, plutôt à la James Bond). Gags et bastons ras-du-bitume. (46)
→ Kiki ** (Suède 2016) : Documentaire ‘de témoignage’ selon toutes les acceptions. Vous savez déjà tout ce qui s’y dira et pouvez préparez sans crainte une liste de ce qui ne s’y dira pas. On voit du beau monde s’exprimer avec sincérité ; une once de politique et de réalisme, un peu de revendications ; puis bien sûr du voguing. (44)
→ Les enfants terribles * (France 1950) : Melville adapte Cocteau. C’est horriblement typé et artificiel, rempli d’échanges assassines pour les personnages et épouvantablement ennuyeuses en tant que témoin. Les acteurs sur-jouent (avec conviction) et sont physiquement inadaptés, les décors et la mise en scène sont trop ‘propres’, la voix-off futile n’arrive qu’à ralentir et crétiniser le déroulement. La musique est beaucoup trop pressée, les lumières à la fois très expressives et réalistes. La mise en scène est franchement moderne mais tout est trop rigide et le pire reste les déclamations (surtout celles de la sœur), interdisant continuellement toute immersion. Jean Cocteau assurant la voix-off, je suppose que ce résultat n’est pas totalement éloigné de sa vocation. (36)
→ Tucker the man and his dream ** (USA 1988) : Un oublié de Coppola avec Jeff Bridges d’avant la barbe (et à ses côtés deux acteurs que j’aime : Joan Allen et Christian Slater). Critique et typiquement américain, nous sert une scène de tribunal rehaussée par un discours sur l’entrepreneuriat créatif opposé aux bureaucrates et à leur corollaire la fuite des savoirs-faire. Ce petit exposé a un drôle d’écho aujourd’hui, puisque la vague s’apprêtait à démarrer, poussée ou du moins légitimée par un discours ‘néolibéral’ enclin à récupérer ces postures anti-fonctionnaires et anti-état. Un film à l’optimisme contrarié, défendant le capitalisme et le rêve américain tout en les présentant corrompus. Banal et doux-amer, avec une énergie séduisante. (62)
→ The Town that dreaded sundown *** (USA 1976) : Le modèle n’est pas moins bizarre que la version de 2014 (un metasequel et non un remake ou même un reboot). Il nous laisse songeur, voire autant parano que les contemporains de l’affaire, mais en nous laissant traversés par des doutes que lui ne relaie pas – il ne veut certainement pas remettre en cause la police et les compte-rendus. Certaines scènes sont déconcertantes, notamment les attaques. La confusion, les lenteurs, imaginables dans de tels moments sont exhibées sur la longueur, ce qui donne du voyeurisme sans snuff. Un moment particulièrement bizarre est celui où le tueur tourne autour d’une voiture au démarrage puis s’attaque au couple dont le véhicule est maintenant péniblement lancé. Tout aussi étrange, cette fixette sur Sparklung, policier anodin. S’agit-il d’attirer l’attention sur cette personne (pour nous suggérer qu’il aurait plus d’importance qu’apparemment ?), est-ce simplement le bolosse du village ? Quand son pendant comique champêtre l’emporte ce film ressemble à un cousin américain de ceux avec Bourvil, en beaucoup plus chic et bourgeois (comme l’est Texarkana par rapport aux villages de la France profonde). (64)
→ Le grand tournoi ** (USA 1996) : Le film avec Van Damme dont il est aussi le réalisateur. Un film d’action et d’aventures efficace, peut-être pas si développé en tant que film d’arts martiaux, avec des scènes relevant plus de la bagarre express et grotesque. Beaucoup de ralentis (vocaux), de lourdeurs et un scénario simplets, qui en font une comédie involontaire bien-aimable. Roger Moore toujours aussi succulent en pirate sophistiqué et loubard capitaliste. Crétin mais bon. (58)
→ Guilty by suspicion / La liste noire * (USA 1991) : Un truc vain et grossier à propos du maccarthysme, approprié pour un public de niais. Personne ne nie la chasse et ses conséquences, mais la représentation de ce film me laisse sceptique. Des méchants du système et des gentils travailleurs libres d’esprit ; un héros qui « posait trop de questions » et s’est donc fait virer du club dont on lui reproche aujourd’hui d’être un camarade. Sur lui ce soupçon d’éternelle complicité, comme si ‘le germe était dans le fruit’ et qu’il fallait au moins qu’il balance ses amis et s’humilie devant la Justice. Le film utilise cette part un peu ‘délirante’ et pourtant bien réelle d’une idéologie ou d’une conviction prenant des proportions religieuses. Il étaie davantage la contagion de la parano, les difficultés des proches de DeNiro ou de lui-même. Dans les deux cas il reste au niveau de la silhouette, tout au plus des généralités ; on finirait par croire que tout ça n’est qu’une affaire de droit, certes sinistre pour les accusés. Le regard critique est aussi inexistant que possible et les cibles des anti-antiaméricains n’ont rien à se reprocher (en même temps il faut quand même que le héros n’ait été qu’un touriste chez les communistes, ce qui montre que le film recule devant tout ce qui serait réellement politique et souhaite s’inscrire dans le moule le plus consensuel). Bienheureux les ‘champagne socialist’ innocents (et non-communistes) qui n’exprimeront à peu près aucune opinion, aucune conviction, aucune analyse concernant quoi que ce soit (sinon leur persécution). C’est propre, sûrement pas édifiant, Scorsese fait une apparition pertinente (car il n’y a pas que les ‘rouges’ dans le colimateur) et ça s’achève en nous montrant une photo du club des cinq « réhabilités en 1970 ». (42)
→ Hear no evil ** (USA 1993) : Un thriller des années 1990 avec quelques éléments horrifiques (un terrain que j’apprécie, où se trouvent Copycat, JF partagerait appartement, Seven). Mais l’intrigue avance lamentablement ; on se rend compte que le polar n’est que l’appât et l’essence du film est romantique. Grâce aux manières de l’époque et à l’originalité du cas, c’est charmant ; encore que même sur ce plan, c’est à la fois prévisible et répétitif (scènes au lit gentillettes où le couple semble toujours à sa première fois). Hormis la surdité de la fille, le film se distingue grâce à Martin Sheen, qui semble avoir été mis au monde pour ce personnage de policier amoral, violent – un méchant féru d’opéra des plus caricaturaux mais il le porte brillamment. L’amabilité (plus que la qualité) de ce personnage et des autres, l’ambiance générale font le travail qu’auraient dû assurer le suspense ; il y aura quand même une petite surprise. (58)
→ Italian Race * (Italie 2016) : Drame des familles pour titiller la ménagère chialoteuse nichée dans le cœur de l’amateur de grosses cylindrées. Écriture et personnages à très courte vue. Fratrie assez charismatique. La partie automobile n’a rien de renversant. J’ai regardé ce film après avoir apprécié Rush et m’explique mal qu’ils aient des moyennes si proches (élevées pour des films relatifs au monde sportif). (38)
→ Le petit monde de Don Camillo *** (France 1952) : Plongeon agréable bien qu’un peu naïf et ridicule dans une France enterrée. Une époque avec ses côtés discutables que le film cautionne ; un temps où les hallucinations [religieuses] sont répandues et tout à fait admises. Mais surtout une époque où les individus sont encore soudés à la communauté, où s’exerce une solidarité naturelle et où, à défaut de discours et de volonté communes, on cerne et peut s’accommoder de ceux des autres. Ainsi le maire et le curé comme leurs ouailles dépassent leurs divergences idéologiques ou sociales, car le fossé n’est pas si grand. Mais tout ça n’est que de l’idéalisation et on sait trop ce qui nous manquerait pour trouver aimable ou pertinent un saut durable plus d’un demi-siècle en arrière. (64)
→ Demain * (France 2015) : Pénible ‘expérience sympa’ de consuméristes responsables et aventuriers safe & solidaires employant une façon niaiseuse et cajoleuse de (se et de nous) parler. Nous engloutit sous une abondance de plans inutiles valorisant la production (eux sont de gentils petits producteurs – réalisateurs il est donc sain sinon nécessaire de les voir à l’oeuvre) et usant d’une ‘poésie’ roudoudou-citoyen. Souvent on croirait voir une publicité Kodak, une sitcom avec des gens politisés, un journal de bord issu d’un monde de consommateurs Starbuck critiques (revenus de cette banalité mais seulement en théorie, ils se croient globalement lucides). L’impression de faux persiste même quand s’exhibe un défilé de manifestants ; je me suis demandé ce que faisaient ou croyaient faire ces figurants ! Sans doute suis-je trop sec et fataliste pour cerner la beauté de ces gestes et la justesse de ces revendications. Tout de même je suis troublé par des détails comme la déclaration « c’est contraire à ce qu’une exigence démocratique voudrait » (en ouverture du chapitre 2 à la 32e minute) ou cette aspiration à renvoyer des citadins travailler à la main dans les champs. Ce n’est pas une ambiance ‘cool’ avec des clips doudoux-engagés et des protagonistes à la file indienne aux quatre coins du monde qui va me faire suffisamment rêver pour ne pas entrevoir ces manquements ou amalgames (très drôle ces présentations partiales de mouvements politiques ou d’initiatives écologiques dont on oubli de nous mentionner les suites ou la variété des effets – par exemple le cas islandais – mais ne gâchons pas nos rêves avec ces formalités et ces ‘réalités’), ces promesses hideuses et ces injonctions tellement profondes qu’elles sont présentées comme de simples arguments évidents, familiers à tous les petits humains sympas et soucieux de la planète. (26)
→ Q & A / Contre-enquête *** (USA 1990) : Policier signé Lumet sombre dès le départ et de plus en plus savoureux. (76)
→ Unfaithful / Infidèle *** (USA 2002) : Drame de mœurs, sensible et mature. Je ne comprends pas ces notes qui le renvoient vers le commun des films sentimentaux. Encore une réussite d’Adrian Lyne (L’échelle de Jacob, Flashdance). (72)
→ Goodbye, lover ** (USA 1999) : Thriller cynique et volontiers racoleur, efficace et typique de l’époque. Un peu sulfureux en esprit, ponctuellement déjanté dans la forme, les deux d’une façon très soft ; on pourrait dire divertissante, ou anti-moraliste selon son angle et ses attentes. Je n’ai pas compris l’intérêt des quelques scènes de ‘projection’ qui n’ont pas lieu (celle de la seringue à la fin) sans qu’il y ait la moindre discontinuité lors du retour au ‘réel’ ; s’agit-il d’une négligence ‘volontaire’, d’une erreur, d’un effet ? Le résultat est une sorte de confusion stérile – un peu comme la façon de se vouloir odieuse et réjouissante de cette fin ; c’est abusif (à l’égard de ce niais) et bête (mais pas forcément davantage que ces trahisons à répétition), en plus de donner l’impression d’espérer nous prendre à parti (or à tous les degrés ni lui ni elles ne ‘méritent’ quoique ce soit, ne serait-ce qu’une franche sympathie ou de l’estime pour leur ‘joli coup’). Ce film est une émanation de l’étrange carrière de Roland Joffé (qui a démarré avec Killing Fields puis Mission), à l’époque où commence à se dessiner la tangente qui s’est soldée par Captivity en 2007. (56)
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Mini-Critiques : 15ou2020-3, 14ou2020-2, 13ou2020-1, 12ou2019-3, 11ou2019-2, 10ou2019-1, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1
Mini Courts : 3, 2, 1
Mini Revus : 2ou2020, 1
Mini Mubi : 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1. Courts & moyens Mubi : 4, 3, 2, 1
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