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MINI CRITIQUES MUBI 5 (2019-1/2)

28 Nov

Même s’il est tard je poste maintenant les Mini pour Mubi du premier semestre. Le reste de 2019 sera publié en un post. Ce sera probablement l’avant-dernière année.

Le vieux jardin ** (Corée 2007) : La vie après la révolution (et son échec) et après 17 ans sorti de la vie civile (et normale). Pas poseur et théorique comme Il est mort après la guerre d’Oshima. Longtemps agréable, mais trop turbulent sur la fin, rongé par son originalité, des sentiments voire une narration éparpillés. Le laïus face caméra à la 98′ n’est pas forcément pertinent. Signé Im Sang Soo, dont j’avais déjà apprécié The Housemaid et L’ivresse de l’argent. (58)

Playtime ** (F 1967) : critique à venir probablement. Sinon dans une mini-critique des Revus, qui sera relativement longue. (5 à 6)

Trafic * (France 1971) : Tati en roue-libre pour un de ses derniers film ; à ce stade ça n’a plus d’intérêt rationnel. On va simplement aimer des détails d’ambiance, l’occasion de voir la réalité en 1971 – si on vit à l’écart du monde ou de 1971, ça peut être attirant par moments. L’humour est plus franc que dans Playtime (les dialogues et le narratif aussi), mais c’est pour devenir carrément primaire (avec cette succession de mecs se curant le nez en attendant la reprise de la circulation) ou d’une débilité effarante (le chien-paillasson et la pleurnicheuse). Essayez plutôt Week-end de Godard. (38)

La Sapienza * (France 2014) : Zelles et zeux aux z’âmes tistinguées, zautement spirituels mais point religieux, zont invités za savourer ze sef-d’oeuvre. Outre les décors sublimes et la main basse sur la haute culture, repose sur ses intentions (niaiseuses) qu’il ne cesse d’articuler avec une ‘finesse’ et une distanciations surlignées. Mise en scène et direction d’acteurs abominables – option raideur radicale, avec des protagonistes presque constamment face caméra, tout congestionnés, carrés et insipides dans le discours et dans les formes (c’est l’occasion pour les deux interprètes féminins principaux de faire émerger des qualités générales de leur étoffe – un bon point pour cette mise en place, mais s’apprécie en-dehors des démonstrations du film). Le dessein des assertions et ‘déductions’ spirituelles ou philosophiques est flagrant dès le départ si on est attentif et pas trop ‘généreux’ a-priori ; les perspectives des personnages progresseront pour de faux. Par contre Sapienza prend de l’épaisseur et son dispositif gagne en légitimité en élargissant les supports et en laissant l’émotion regonfler les automates (la diction avait déjà perdu en grotesque – sans compter l’habitude qui se prend rapidement après avoir décidé de se blaser). L’architecte est accablant avec ses airs de vieux chaton mélancolique sermonnant l’air de rien entre deux exposés. Les digressions futiles et pompeuses à n’en plus finir atteignent un nouveau stade (ouvertement médiocre) avec le couple invité. L’intervention mystère du réalisateur est un comble (où il se prend pour un passeur style nouveau prophète d’Israël) – une telle garantie n’était plus nécessaire. « Se débarrasser de l’inutile c’est peut-être ce qu’il y a de plus difficile » (97′) bien vu. (26)

Sabine ** (France 1993) : Un des premiers films du réalisateur de Fatima (Philippe Faucon, 2015). Mise en scène et réalisation dépouillées. Terre-à-terre et frontal, sans être trop racoleur hors de la nudité, ni en rajouter dans les horreurs humaines. Néanmoins, si la fille ne passait pas par tous les états horribles de la misère, il serait difficile de tenir. Le catalogue produit son petit effet mais l’émotion, sans projections de la part du spectateur spécialement empathique ou concerné, risque d’être minimale elle aussi. La façon dont la belle-mère accable la fille, à raison sauf exceptions, est un des seuls petits aspects émergents, tout le reste demeure tributaire des généralités sur la dure réalité ou du simple placement de pions narratifs. Une fin ne menant à rien de spécial est malheureusement logique pour la fille comme le film. (48)

La Pointe courte ** (France 1955) : Un démarrage remarquable de la part d’Agnès Varda. Acteurs généralement faux malgré des ‘éthos’ appropriés. Proche de choses que feront Bresson et la Nouvelle Vague dans quelques années. Les moments avec les pécheurs sonnent ‘vrai’ grâce au langage ciné et parlé ; ceux avec le couple aussi mais c’est déjà trop verbeux. Les musiques abrutissantes ont le mérite d’éviter de s’assoupir, à défaut d’aider ‘positivement’ le film. (62)

La guerre selon Charlie Wilson ** (USA 2007) : Ultime film signé Mike Nichols, portant sur le ‘programme afghan’ (ou ‘opération cyclone’). Remet la politique à sa place de milieu de manœuvriers en goguette, où les opportunités valent plus que les grands plans, où les décisions peuvent se prendre en grande partie à l’émotion, en fonction des besoins des plus gros ou selon des aventures personnelles. La représentation de Charlie Wilson est un pendant soft de celle de Jordan Belfort dans Le Loup de Wall-Street (2013), avec une conscience morale pour sérieusement les distinguer. On échappe pas aux dialogues à l’usage exclusif du spectateur, qu’il s’agisse de lui expliquer ou de l’amuser (ses ratés de diplomates), ni aux démonstrations sur base de stéréotypes rabougris pour introduire de nouveaux personnages. Pourquoi aller consulter un petit génie pour savoir qu’il faut mettre le paquet sur les armes ? La critique à l’égard de l’irresponsabilité des vainqueurs une fois le champ déblayé peut être utile à diverses fins – celle du film est manifestement la politiquement correcte (il faut construire des écoles en Afghanistan – car on ne doit pas laisser cette population jeune démunie) mais elle compatible avec d’autres parallèles et peut même constituer une brave couverture. (58)

Âme noire ** (Italie 1962) : Paresseux et théâtral. Tendances lascives et existentialistes, discussions d’hommes profiteurs et crises de femmes abusées ou tourmentées. Impression de voir Rossellini s’accrocher au wagon de la mode. (48)

Haewon et les hommes ** (Corée du Sud 2013) : Bonne écriture mais impitoyablement mollasson. S’ouvre sur un cameo de Jane Birkin. La fille est plutôt niaise et banale, comme l’indiquait la première impression et malgré sa dignité reconnue par le ‘regard’ empathique. (46)

Le testament d’Orphée ** (France 1960) : Cocteau en personne à son procès de créatif. Serait dans la continuité du Sang d’un poète, que je n’ai pas vu. (62)

L’éclipse ** (Italie 1962) : Un cousin éthéré et plus ouvertement sinistre de La Dolce Vita. J’étais resté dubitatif devant Blow Up puis enthousiaste suite à Profession reporter ; maintenant je ne suis pas plus avancé sur le cas Antonioni. J’ai aimé mais ne suis pas sûr de la valeur de son Éclipse ; même si tout plaide pour qu’on s’y ennuie, ça n’a pas été mon cas (enfin si mais c’était largement compensé et sans m’agacer) ; par contre trouver la chose ‘intéressante’ ou ‘profonde’ est moins évident. Tout ce qu’il peut y avoir de pertinent là-dedans est superficiel, fugace – ce film survole la modernité et l’oisiveté d’une bonne bourgeoise paisible, aimable, égocentrique ; il n’y a rien de spécial à signaler, que des bouts à raccommoder avec d’autres considérations, d’autres tableaux (sur la misère à côté, sur le racisme, la Bourse, les loisirs des femmes, etc). Certaines séquences entières sont redondantes en plus d’être simplement inutiles, notamment celles concernant l’argent ou les foules. Les trucs de couple m’ont laissé froid – en ouverture j’étais gavé, avec Delon positivement indifférent. Jusqu’à être écœuré par leurs simagrées débiles à un quart d’heure de la sortie – les régressions de cette pauvre petite créature sont quand même exaspérantes et c’est pourquoi le dilettantisme de cette exploration la sauve – plus près et plus emphatique, ça devenait irregardable. On remercie l’équipe technique à laquelle ce film doit 85% (tout c’est toujours trop ; attribuons 13% aux acteurs et 2% au reste). (58)

Mala Noche ** (USA 1986) : Premier long de Van Sant, doté d’un budget de 25.000$. Préfigure que sur le papier My Private Idaho (en citant l’État à la fin, en se centrant sur un homosexuel et son environnement/sa romance en partie ‘imaginaire’). Assez marrant grâce au laborieux déni de cette lopette totalement roulée par un jeune mexicano (simplement indifférent à son cas sauf pour ce qu’il peut piocher chez lui). Le plus jubilatoire étant notamment lorsqu’il essaie de montrer une sorte de dignité et d’autorité alors que ses parasites n’en sont même pas à rire de lui tant ils le méprisent (par exemple la scène de la voiture). C’est aussi une sorte de précurseur de modes déjà bien avancées ou émergentes 34 ans après : le veganisme et le puppy-play. Ce genre d’abaissement a rarement dû être mis sur pellicule à l’époque, en tout cas en version romantique et à destination d’un large public. Ajoutez à cela la honte d’être un blanc privilégié dans un pays massivement peuplé de blancs (et alors qu’on est jeune et pas spécialement gâté socialement). Un programme précoce ou brillamment ciblé. (56)

Blue Gate Crossing * (Taïwan 2002) : Histoire de lesbiennes à l’intérieur d’un triangle amoureux adolescent. Complètement naze, mais pour la défense du film je suis loin du public visé. L’overdose de gnangnanteries a donc été atteinte dès les premières minutes. Les films sentimentaux, surtout avec sujets féminins, sont largement pires en Extrême-Orient. Je crains que si ce film devait penser il irait du côté de Locataires, donc décollerait légèrement mais pour gonfler en grossièretés. Par contre la réalisation de celui-ci est propre. Les bavures engluant la pellicule viennent de la musique et de l’écriture. Ceux qui aiment se noyer dans certaines ambiances (modérément ‘exotiques’, nocturnes et urbaines) pourront y trouver leur compte. (32)

Darling/ Darling chérie ** (UK 1965) : L’arrivisme et la bourgeoisie dorée et hédoniste au travers d’une mannequin oisive. Portrait social davantage que personnel – et pas du tout intime ; pas passionnant sans doute à cause de cette volonté (et aussi car cette ‘swinging London’ ne [me] fait pas rêver). C’est Bel-Ami sans réflexion ni grande énergie, presque complaisant par défaut malgré des prétentions satiriques. Signé Schlesinger, réalisateur dix ans après de Marathon Man et du Jour du fléau. (56)

Mamma Roma *** (Italie 1962) : Second film du futur auteur de Théorème et de Salo, déjà habile, pour l’instant affilié au néo-réalisme. On ne sait trop si Pasolini, comme la fille facile convoitée par le fils et la bande, comme cette mère prostituée, déplore ou apprécie cette société verrouillée. Le sermon ‘bienveillant’ et bien-avisé du curé incitant madame à tout reprendre avec son fils peut sonner comme critique ou bien emballant proprement l’acceptation et l’adhésion cynique aux ‘lois’ sociales – qu’on sait malsaine mais a accepté soi aussi. Sur la forme, les seuls défauts potentiels concernent le casting (davantage de patauds robots chez les hommes) et la narration (temporalité bien ‘laxiste’) – défauts potentiels car on peut leur trouver des raisons ou les juger appropriés (ces hommes sont souvent en troupeau ou dans une fonction). (72)

Guns of the Trees * (USA 1961) : Collection de moment de vie plus ou moins significatifs, généralement bien meublés ou avec dialogues, ou gesticulations, ou excentricités. On s’amuse à infliger des sons trop aigus et les laisser aller pendant plusieurs minutes. C’est encore un membre de ce cinéma prenant bien soin de ne servir à rien, sautillant entre clins-d’œil, réflexions superficielles et bizarreries ineptes. Sa spécificité est de se concentrer sur des membres considérés représentatifs de leur [‘sa’] génération : soit une ribambelle de péteux sensibles et de spiritueux barbus, tous clairement bien à distance des coups de la vie et de ses conditions même ‘moyennes’, donc à l’écart de questionnements et de prise de conscience un peu plus sérieux que ces spontanéités niaiseuses et ces traits d’esprits artificiels. Mais le pire c’est qu’il y a aussi le plus trivial : ces bêtises politisées dans l’air du temps et/ou d’individualistes gauchisant (avec des rodomontades et même des aspirations surfaites à l’action inutile – oh le gentil garçon indigné trouve le courage grâce à la boisson pour avoir l’élan de pisser sur la vitrine de la banque !). Il n’y a pas (ou pas tellement) à jeter là-dedans (cohérence interne honorable), mais c’est une perte de temps pour ceux qui ne pratiquent pas la religion de la cinéphilie ou de l’avant-garde – puisque même pour représenter un point de vue végétatif c’est bidon (et ampoulé). Le cadre est beau et toutes ces poussées rendent stalinien – mais pas du stalinisme inclusif et inconscient de ces gens. (28)

Femmes du Caire *** (Égypte 2010) : Trois trajectoires reliées par celle d’une présentatrice télé. Elle est d’abord la tête d’affiche d’une émission d’actualité dérangeante pour les gardiens du temple et du pouvoir ; doit en rabattre – ça tombe bien, elle souhaite voir des ‘vrais gens’, des femmes. Dans cet exercice notre brave bourgeoise libérale/progressiste se rend compte de sa déconnexion. Son agenda doit rester politique mais de façon moins polémique et égocentrique ; finalement, son nouveau focus s’avère tout aussi compromettant, pour l’ordre social et l’intimité. Le narcissisme (sans ce que ce terme peut recouvrir de ‘démoniaque’ ou ouvertement prédateur dans le langage ces jours-ci) de cette princesse des médias se met au service d’une cause juste et s’en nourrit.

Le poids du contexte est important dans cette affaire : en France, elle serait une pouffe fracassante laudatrice de Schiappa – probablement critique car néanmoins consciente de la connerie du projet et de ses vedettes ; là-bas, elle lève des barrières. L’histoire avec les sœurs est à la fois remarquable et finalement gênante. Un certain déni de femmes en compétition y prend des proportions tragiques. C’est rare que la misère sexuelle imposée (restrictions culturelles) soit abordée pour les femmes. Le seul gros malaise de mon point de vue c’est que le film semble relativiser l’homicide ; à mes yeux, un laquais a joué avec les sentiments de trois femmes. Le film est-il complaisant ou simplement lucide, ‘inclusif’, concernant la cruauté et l’opportunisme des ‘victimes’ ? J’ai senti un arrière-goût bizarre de ce côté suite à la dernière histoire et à la conclusion. (68)

Les filles de la rue/ The Girls on F street/ The Maidens of Fetish street ** (USA 1966) : Du grindhouse à Los Angeles, mis en avant par la « byNWR ». Oublie très vite sa prétendue situation en 1928 et semble clairement d’époque. Aime traîner, sorte de voyeurisme léché se tenant à proximité du porno sans jamais y tremper. Imagerie SM revendiquée. Voix-off douce étayant sur ces situations à la fois joyeuses et désenchantées, jusqu’à ce que le vice soit décrété fatal. Le protagoniste masculin (Nick) est un [moralement] déconfit total acceptant tranquillement l’obscurité et la bassesse ; son alter ego Joe est autrement pathétique. D’après sa séquence chez la pute (« marchandise » assumée), il relève du misogyne bienveillant, aliéné dans sa vision des femmes. Évidemment supérieur aux bouffonneries Vampire érotique et Hot thrills mais aussi un peu mieux que les volontaristes Night Tide et Burning Hell, davantage limités par le cheap. (62)

Le petit soldat ** (France 1960) : Second Godard, tourné directement après A bout de souffle, censuré trois ans à cause du conflit pour l’indépendance de l’Algérie. Une espèce d’antihéros incrusté dans un décors de films d’espionnage y rencontre Anna Karina, chacun travaille pour deux camps politiques opposés et radicaux. Cousu de citations. Paquets de discussions, laïus et monologues allant du plat efficace aux dissertations en roue libre. Toujours limpide contrairement à ce qui sera produit dix ans après puis tout le reste de la carrière. Case cette demi-connerie pleinement odieuse sur « les femmes devraient jamais dépasser 25 ans » – une des sentences probablement appréciées d’un protagoniste réprouvé (sa « lâcheté » a le tort de ne pas tomber qu’aux bons endroits). (48)

Réminiscences d’un voyage en Lituanie ** (Lituanie 1972) : Du cinéma ‘maison’ donc au plus profond du ‘journal filmé’ dont ce réalisateur reste l’emblème. Témoigne de la vie campagnarde et familiale à l’époque dans un village lituanien (Semeniskiai où Jonas Mekas est né). Souhaite refléter l’Histoire et son mouvement par ce biais intimiste ; c’est un échec, il n’y a que des mots, quelques images bien ‘ouvertes’ [à l’interprétation] : le frère en habits de soldat ou la scène de l’incendie en fermeture. Nombreux enchaînements et quelques accélérés corrosifs pour les yeux (surtout au milieu). Débit pénible, peut-être dû à des états de conscience trop souvent modifiés ou à des troubles émotionnels ou neurologiques avancés. À moins que l’essentiel du problème vienne du son, lequel effectivement écorche quelques-uns des splendides morceaux. (46)

Sur la terre comme au ciel ** (Belgique 1992) : Un prélude au Fils de l’homme et cousin du cinéma de Jaco von Dormael. Anti-scientiste voire anti-moderne mais non réac, il plaide pour un retour à l’authenticité et acclame le pouvoir naturel des femmes. Les hommes y jouent très mal mais c’est normal puisqu’il faut servir un arsenal idéologique. Le film ne rate jamais une occasion de faire de Carmen Maura la femme parfaite, ‘libre’ et bienveillante, autonome et sereine malgré les soucis. Un mari bien propret et discipliné au cours de yoga est présenté comme l’homme idéal ! Quand à la protagoniste, elle n’informe pas le père (une « aventure » ponctuelle) de la grossesse. Oui elle prive l’enfant de père, mais elle y a réfléchi ! Elle sait ce qu’elle a à faire et personne, surtout pas un homme (comme ce collègue s’accrochant à elle), n’a à savoir à sa place ! Le tout avec douceur et conviction – jamais d’éruptions de sa part, aucune agressivité, peu d’émotions négatives de toutes manières. Bref, un film assez fascinant et singulier, qui a le bon goût de ne pas s’éterniser. Sa mise en scène carrée, directe, compense les aspects cheap et infantiles. L’épilogue serait plus intéressant que la thèse – dommage. (44)

Les glaneurs et la glaneuse ** (France 2000) : Des rencontres drôles et typiques en rafale – une alternative au sketche pour qui veut le voir. Plus divertissant que chez Cavalier et non-gâteux, ou assez étoffé et réveillé par ailleurs pour ne pas trop le sembler. Agnès nous raconte un peu trop ce qu’il y a à voir et à déduire. (58)

She-Man : A Story of Fixation ** (USA 1967) : Un opus honorable parmi les récupérés du ‘byNWR’ et l’une des premières réalisations de Bob Clark (pas référencée sur SensCritique au moment où je le découvre), connu pour Black Christmas et Le mort-vivant. Ce cinéma joue à l’exploitation-investigation : les travestis et transsexuels sont l’objet d’un intérêt sincère qui doit relever autant de la sympathie, de la curiosité sans malice que du goût de la déviance ou du grotesque (pour lequel des acteurs brillants sont dispensables, le cirque et la gardienne de troupeau assurant l’essentiel). Amusant et pas trop flottant, même si certains passages sont faibles ou trop idiots (la sanction finale, le dialogue avec l’auteur à la soirée). Cette détention est quand même difficile à avaler dans le détail, aussi on essaie discrètement mais régulièrement de la justifier – ce qui ne fait que nourrir encore le scepticisme mais contribue néanmoins à rendre l’entreprise ‘palpable’. Peut-être tourné en 1965 (le panneau final le prétend), en tout cas sorti en septembre 1967 aux États-Unis. (52)

Demi-vie à Fukushima ** (Suisse 2016) : Cinq ans après. Pseudo-documentaire contemplatif. Une balade où on pourra glaner des éléments d’information, d’ambiance et de beaux clichés sur le bord de la mer ou dans les ruines. Cette splendide virée en HD aurait beaucoup d’intérêt avec un comparatif avant/après. (38)

Jacquot de Nantes *** (France 1991) : Un biopic aux méthodes raffinées, tout aussi efficace qu’un documentaire. Style réaliste et poétique. Ressemble peu à un film signé Varda, sauf peut-être par ses aspects doucereux et amoureux, puis par les défauts dans la prise de son au début. La deuxième heure se concentre sur l’obstination de l’autodidacte. (76)

Stavisky *** (France 1974) : Narration légèrement compliquée a première vue mais sensée et efficace. Assez charmant et entraînant, bons dialogues, cynique sans morgue ni dégueulasseries. Offre à Belmondo une de ses seules compositions un peu risquées en tant qu’acteur et potentiellement polémique. Je ne cerne pas vraiment les motivations de l’introduction de Trotsky – créer un parallèle entre l’escroc et ce supposé idéaliste, tous les deux lâchés par leurs alliés ? Un autre opus casse-gueule signé Resnais, plutôt vers le haut du panier à mes yeux. (68)

La femme d’à côté ** (France 1981) : Une passion presque ‘plan-plan’ puis seulement trop balisée. Gérard en « cyclothymique et violent » enflé et ‘rentré’ – comme chez Téchiné (Barocco, Les temps qui changent) il semble sous une direction inadaptée. Fanny Ardant interpellante dans les dernières séquences. (52)

Masculin féminin 15 faits précis * (France 1966) : Évidemment c’est imprécis et pas seulement sur les différences de sexe. Cherche à capter l’époque et probablement en témoigner pour l’avenir ; cette jeunesse toute en vacuité et littérature (des parisiens bien éduqués en phase d’émancipation), sous une direction théâtrale et raidement ‘intellectualiste’ est censée refléter la ou les jeunesse(s) de 1966 en France. Passe en revue des points de vue, crispations et enthousiasmes d’actualité, fait référence à la guerre du Viet-Nam et aux grandes notions politiques. Même si Godard est probablement proche du protagoniste (Jean-Pierre Léaud encore plus pénible que d’habitude), ses positions personnelles ne sont pas nécessairement transparentes. Il les discutent au niveau de leur appropriation (par les individus et leur réseau) ou de leur réception (symbolique, émotionnelle etc), mais ne les discutent jamais pour elles-mêmes. Résultat : une sorte de foire bobo avant l’heure, que les intellos de gauche à tendance ‘réac’ feraient bien de regarder pour se rappeler qu’ils critiquent leurs frères jumeaux. Sauf qu’à l’époque, le communisme était une chose sérieuse et ses commandements bien établis, pour beaucoup de monde. Néanmoins on a bien ces grands enfants, bourgeois autant sinon davantage que ce qu’ils dénoncent, dans leurs petits combats de confort, avec démonstrations adulescentes et discours vaseux, finalement simplement obsédés par leurs expériences ou leurs copulations, voire encore en-dessous de ça, à humer leurs ‘gibiers’. Concernant la seule mise en scène, c’est plus interpellant et frontal que la moyenne des Godard. Il s’amuse à l’occasion à foirer le son ou le rendre désagréable, mais naturellement ce n’est rien par rapport à ses divagations d’Adieu au langage. Un de ces films donnant à piocher (en piochant lui-même, y compris des répliques) au lieu de s’embêter à être bien construit (les ’15’ sont un cache-misère). (36)

Made in USA * (France 1966) : Trop pénible passé une heure, quand on entend pour la seconde fois la voix de Godard. Parmi les non-jeu, crypto-jeu et quart-de-jeu celui de Szabo est vraiment de trop – une souffrance à regarder. (28)

Vivement dimanche ! ** (France 1982) : Une sorte de pastiche du film noir américain et d’hommage à Hitchcock à la mise en scène théâtrale. Le scénario aussi est ouvertement artificiel, les acteurs sont d’une fausseté bien corsetée. Toute cette posture atténue l’éventuel ennui ou l’impatience à regarder un film si lourdement cousu. Et comme on sait que c’est le dernier de Truffaut, il peut être impossible de regarder Vivement dimanche comme un autre. À réserver aux familiers du réalisateur, de ces acteurs, de ce style, des essais cinématographiques. J’ai davantage aimé la fin, à partir de la ‘prostitution’ de Fanny Ardant pour le compte de Louison. (58)

Irina Palm *** (Belgique 2007) : Sorte de Pusher au féminin, évidemment plus propre et surtout comique. Beau programme où dans les bas-fonds une femme en pleine descente trouve de quoi se sauver et faire son bonheur. La jeune vieille est jouée par Marianne Faithful (responsable du seul joli moment de Made in USA et l’un des seuls vraiment décents ou pertinents). Un film simple qui ne fait pas semblant d’en raconter plus qu’il n’en aurait l’air ; une histoire crue pas instrumentalisée pour du voyeurisme ou de la gaudriole – pas répréhensibles en soi mais s’emmener ailleurs n’est pas mal non plus. (76)

Les demoiselles de Pyongyang / A state of mind *** (UK 2004) : Deuxième des trois films de Daniel Gordon en Corée du Nord – j’ai vu le troisième [Crossing the Line] grâce à Mubi. Suit une gamine pendant plusieurs mois de préparation d’un gros spectacle de la ‘gym de masse’. Occasion de contempler le dressage et les privilèges en vigueur dans ce pays communiste. Les grandes cérémonies sportives renvoient une belle impression de force et de cohésion ; un sommet parmi ce que peut réaliser cette nation manifestement triste et arriérée. (76)

La religieuse *** (France 1967) : Sixième et premier en couleurs des films signés Rivette. Il fait de cette Religieuse forcée une abonnée aux bourreaux pourvus d’une variété de bonnes et vicieuses intentions. Décors et construction irréprochables. Prise de son très variable et discutable : parfois immersive et colorée, parfois pas mirobolante notamment dans la première des trois parties (endroits inappropriés, dialogues sciemment couverts). La seconde, celle de la lutte contre l’ordre injuste, celle des privations et des sévices soutenus par la collectivité, est très supérieure à la première, méchamment rigide. La dernière est réellement sensuelle, mais plus balourde : les ambiances sont excessives et Anna Karina bien moins séduisante qu’en passionnée en haillons. Ironiquement cette adaptation est plus fine que le livre de Diderot s’agissant des sentiments et des déchirements intérieurs – les acteurs sont assez brillants pour éviter l’explicite et faire la synthèse des duplicités. L’envie, la convoitise, la recherche d’affection et de consolation se devinent partout ; le sadisme ou le goût de la domination purs et simples ne sont pas de la partie, paraissent presque des masques – ou le masque secondaire après celui de la religion. (66)

Aprile * (Italie 1998) : Ce journal n’a qu’une vertu sérieuse : témoigner de la bêtise malsaine de l’intelligentsia ‘de gauche’ – et c’est au milieu de beaucoup de déchets et de trivialités absolus. La séquence du début avec le journaliste français est remarquable : il prétend que la victoire d’un patron de trois télés n’arriverait pas en France grâce aux « lois antitrust » ; l’autre se dit bien conscient que les partis de droite fascistes sont tous les mêmes sous d’autres noms – et oui c’est bien le ‘fascisme’ qui est au pouvoir. Nanni Moretti est bien drôle à vomir sur ses adversaires politiques ou politisés en raillant leurs prétentions et leurs clowneries. C’est encore plus écœurant que son Journal intime, car directement abject et entièrement centré sur sa personne – quoique la plupart du temps et définitivement après une vingtaine de minutes, ce soit surtout insipide (au maximum, à négliger avec bienveillance, bon à faire sourire quand Moretti souligne ses prises de conscience sur soi ou ses échecs). Il n’y a rien à retenir, rien à apprendre – sauf sur l’environnement familial, professionnel et culturel d’un homme, dans des moments de profonde banalité ou de représentation intensive (même quand, dans un univers ‘normal’, ce ne serait pas le moment). Moretti n’a l’air de se reconnaître des limites ou des défauts que pour alimenter ses caprices, justifier ses foucades et ses irresponsabilités. Aux amateurs éclairés d’y trouver une légitimité, peut-être un ‘personnage’. Pour ma part : jamais vu un être aussi vain au cinéma, réel ou fictif, en-dehors certainement de grosses farces avec des protagonistes stupides (lui est exhibitionniste). Rassurons-nous, des équivalents IRL sont très répandus – les réseaux sociaux, les émissions télé sur l’actualité et les torchons pompeux de gauche et de syndicats étudiants sont là pour mieux les afficher. (16)

Des trous à la tête *** (Canada 2006) : Monté à la façon des muets des années 1920 et présenté sous forme de conte. Le chapitrage rend le visionnage plus facile. Mère incestueuse flagrante dès le début avec l’emphase sur l’autoritarisme et la surveillance débridées. Il y a plusieurs mais sûrement pas cinquante grosses raisons d’être à ce point possessive. Voir ses enfants vieillir et s’émanciper ajoute à son stress concernant l’âge et le besoin de redevenir jeune, asexuée et éventuellement pouponnée. (74)

La dernière tentation du Christ *** (USA 1988) : Représentation sensuelle, non puriste, au service mais sans ‘absolutisme’ de la foi dans le Christ, sa passion et son message. Le film pourrait même discuter plus à fond le cheminement de la foi en évoquant davantage de tentations et de contre-réponses (toujours internes). En considérant Jésus en tant qu’homme il accepte tacitement sa part de mégalomanie et son ridicule humain dans un contexte terrestre – notamment comme dispenseur du message d’amour face au pragmatisme des autres. Il maintient l’idée que le martyr, la souffrance, la privation mènent à la vérité et ouvrent la voie vers la lucidité.

Des curiosités comme le baptiseur (Baptiste) lié à une bande de hippies nudistes et masos – il s’autorise une embrassade sur la bouche (Judas aura son tour). Le littéralisme du cœur offert, la représentation d’apparitions (dans le désert après dix jours de jeûne) et de miracles laissent circonspect : manière de mettre à l’épreuve la foi des spectateurs catholiques, de ramener subtilement cette histoire au niveau d’une fable, ou bien premier degré engagé ? Stagnations dans la deuxième heure avant la descente de la croix. Après les rares doutes de sa période active, c’est le temps des regrets le long d’une vie ordinaire, avec ses satisfactions. Jusqu’à ce que Jésus retrouve la félicité de l’homme au sacrifice porteur, ou du moins rassérénant. Le Christ de Scorsese apparaît comme un révolutionnaire plus profond et individualiste que celui vu chez Pasolini. (72)

Hélas pour moi * (France 1993) : Une grosse blague pédante de plus de la part de Godard. Son film avec Depardieu et plusieurs acteurs récurrents à la télé française à cette époque. Aussi son plus beau grâce aux paysages probablement suisses ou frontaliers. (34)

Comédie de l’innocence – Fils de deux mères ** (France 2000) : Raoul Ruiz dirige Huppert et Balibar. Plaisant et planant, peut-être à l’excès puisqu’après une heure il faut bien constater que le film n’a pas décollé, ses promesses troubles n’ont encore rien donné [de neuf]. Les acteurs et l’ambiance sont bons mais ça patine trop. (52)

Crooklyn ** (USA 1994) : Deux heures avec une famille noire de Brooklyn, sous la supervision de Spike Lee. Style relativement élégant et récit ‘so-whatever’. Remarquablement fluide, efficace et synthétique compte tenu du matériau et du manque d’enjeux. Musique en abondance. Même des lesquenistes puristes peuvent tenir – j’ai bien écrit ‘tenir’. (62)

À mort la mort ! ** (France 1999) : Cri du cœur et des couilles d’un gauchiste à l’âge dit ‘mûr’ – Romain Goupil déjà réalisateur de Mourir à 30 ans. Les anciens anars et libertaires généralement d’obédience communiste se réunissent pour mieux s’inscrire dans le déni de leur dégringolade vers l’insertion plus-que-parfaite au sein de la société cynique qu’ils abhorrent en discours. Toute la fine équipe est mobilisée, même Edwy Plenel – et Cohn-Bendit sous la pluie (les deux Charlot se sont retrouvés devant la caméra pour La traversée en 2018) !

Authentique et acceptant de voir une part de ses contradictions et de sa corruption (due à l’âge, à l’usure, à l’irresponsabilité et l’avidité) ; pourtant à l’arrivée, n’attaque pas l’essentiel, ne discute pas sa position actuelle – juste des petites gênes existentielles. Le choc avec le monde autour est minimal – on ne fait que se greffer opportunément sur deux grosses institutions, l’une périmée où passent les copains bientôt enterrés (l’Église), l’autre actuelle où on s’est bien infiltré (l’entreprise – la grande). Et où tout ce qu’on chamboule est la décoration, éventuellement les mots à l’ordre du jour, l’ambiance de quelques réunions. Ceux qui veulent croire aux capacités subversives de la fête, des relations ‘libres et fluides’ et de la foire superficielle en guise de subversion pourront faire, comme Goupil lui-même, semblant d’y croire. Ce film a le mérite de tenir ses promesses, d’être cohérent dans son carcan, donc de laisser de côté le sérieux de ses engagements pour en préférer le joyeux, le gratiné, l’insurrection rose bonbon. (48)

Lettre pour L * (France 1994) : Goupil façon BHL mais pleurant à Gaza (avant de culpabiliser les serbes – nous sommes l’année de la liste ‘L’Europe commence à Sarajevo’), après avoir déblatéré en bonne ouaille socialiste (couplets anti-argent, anti-marketeux, collectiviste crypto-totalitaire) ; il embarque sa caméra et son équipe sur des lieux en proie à la guerre, voire sur des théâtres de guerre. Toujours dans la mélancolie du gauchisme en échec, en même temps à traîner sa fibre 68tarde jamais morte – même si futile pour l’essentiel, cantonnée au discours, où on peut trouver des points de vue un peu valables mais souvent clichés, paresseux et pire, pas si engagés ; même leur tranchant occasionnel ne produit ni gros effet ni réflexion. Beaucoup de dilemmes et de questionnements sur sa pratique assez vaseux ou contre-productifs ; ce souci de pureté, de ne pas froisser, est grotesque dans le contexte. Sinon c’est tout à fait respectable, en moyenne de bonne tenue, même si À mort la mort et Mourir à 30 ans sont plus puissants. Les facéties du début ne plaident pas nécessairement en faveur du film. Amalric apparaît quelques minutes en tant que membre du tournage à la recherche d’un ouvrier ou autre prolo (il se fait chasser par des jeunes). La dénonciation des « nouveaux beaufs » près de « leurs privilèges », de leurs « comptes-épargnes » et n’ayant à la bouche que les « droits de l’homme » laisse circonspect de la part de ce soutien de Macro un quart de siècle après. (38)

Le quattro volte * (Italie 2010) : Un film contemplatif faisant vaguement écho bien que ce soit sa prétention aux cycles de la vie et des saisons, dans l’ensemble pas centré sur l’humain. Le grand succès critique et festivalier est peut-être dû à l’absence de contact des publics et jurys avec le monde hors des villes. Et à leur attendrissement par ces chèvres. Ces paysages sont apaisants et l’équipe technique est irréprochable, l’intention est jolie, mais la séance reste bien plate (sans être tellement ennuyeuse). Une majorité de plans éloignés, quelques drôleries dans le champ, une narration éthérée, pour un film instinctivement désengagé ou complaisant au maximum de son intensité. (36)

Mange tes morts – Tu ne diras point ** (France 2014) : Les sous-titres étaient dispensables (à 90% minimum) mais un lexique pendant le repas [rabouin, karave une racli qu’il trouve tchoucarde, omni] et l’option accélérée seraient les bienvenus. Fin stylisée. (46)

La cause et l’usage ** (France 2012) : Succession de scènes ordinaires, pas loin d’être capturées à l’arrache, pour une séance de 62 minutes. Je ne suis pas adepte de la mesure ‘QI’ mais là on ne peut rater l’absence du troisième chiffre. En particulier les semi-poivrots porte-voies de la bande, ou les femmes mûres sur les marchés (avec leur soutien irraisonné, leur passion et leur commisération pleines d’amertumes) ; au contraire, le pragmatisme des jeunes arabes les placent hors de la débilité courante. Certaines équipes prétendent faire de la politique autrement en interprétant les clowns (EELV) ou en lâchant des ballons (la candidate sort des crucheries exemplaires). Le film lui-même apprend peu ou rien, mais donne des illustrations éloquentes à défaut d’être toutes qualitatives. On peut constater l’aigreur et la normopathie des gens de gauche et socialistes (toujours à vouloir encadrer la réalité et la vie humaine, à faire passer les institutions avant la liberté et la personne). Laisse avancer quelques arguments complaisants envers le système Dassault : après tout les infrastructures se sont améliorées (car lui « a le bras long » contrairement aux communistes nostalgiques) et les gens ont trouvé des petits biffetons et des facilités (pour obtenir le permis de conduire ou du travail dans le bâtiment chez les jeunes ‘de quartier’). (46)

Al-Ard / La terre ** (Égypte 1970) : Sur les difficultés des exploités (paysans et en territoire occupé) à se coaliser durablement ; sur la concurrence entre l’intérêt personnel (aux réponses variées, ingrates ou médiocres en ‘moyenne’) et le combat collectif. Pas prodigieux mais a le mérite de déambuler dans un semblant de pure et dure réalité (tout en ayant une bonne et parfois belle tenue dans la mise en scène). La révolution et la politique sont manifestement une affaire d’hommes. Situé à la campagne dans les années 1930, où l’Égypte est sous colonisation britannique. Sorti en salles en France en juin 1971 et projeté à Cannes en mai 1970. Même si la concentration ne m’a été facile qu’en coupant le son, j’ai davantage apprécié qu’Al Asfour/Le moineau et Le retour de l’enfant prodigue, vus également grâce à Mubi. (58)

Dans ma liste « Cinéma & Politique » je l’ai annoté : Populiste (contestataire et réaliste, tendance sociale, patriote). Ambigu sur la lutte de libération nationale, ou plutôt sur sa suite. Les traditions semblent positive pour les personnages, le film a l’air complaisant plutôt qu’engagé sur ce point.

Leçon d’histoire * (Allemagne de l’Ouest 1972) : Encore un film connoté marxiste et jouant les visionnaires impénétrables alors qu’il ne fait que broder autour de l’origine de l’idéologie impérialiste (et de son application civile la démocratie) – donc autour de la perpétuation de la domination, la corruption et la subordination des appareils d’état. Adaptation d’un roman de Brecht (Les affaires de monsieur Jules César – 1953) avec le grand-frère du gus du Promeneur du champ de Mars allant questionner quatre contemporains de Jules César – dans la continuité d’autres travaux de Straub-Huillet où ils se déclarent en train de réunir la Rome d’aujourd’hui et celle de l’Empire. Des bavardages haut-perchés entrecoupés de balades en voiture – l’absence de dialogues dans ce cas est un bon choix. Pas dégueulassement filmé par rapport à bien d’autres de son temps et de son registre mais quand même bien évanescent autour de sa colonne théorique masturbatoire. De l’humour visuel ou par le montage un peu autiste-éthique de bas niveau. Tout n’était pas sous-titré et ce ne serait pas propre à la livraison via Mubi. Le passage avec l’avocat (autour de la 55e minute), malheureusement court comme l’était celui avec le paysan, relève le niveau en apportant des arguments plus mûrs et non-anecdotiques en faveur du commerce, présenté comme une façon ‘douce’ d’étendre l’emprise du pouvoir. (18)

Filantropica / Philanthropie *** (Roumanie 2002) : Un bolosse houellebecquien embarqué dans le commerce de la charité. Enthousiasmant au départ puis jusqu’au deux millions lâchés pour épater la galerie et éjecter l’indésirable. S’affaisse ensuite à cause de révélations qui n’en sont pas, de nouvelles pistes et conclusions relativement faibles – le cynisme en devient trop théâtral, ‘épatant’. Développer les personnages, épaissir les enjeux, aurait été préférable, sans quoi la satire vire à la simple gaudriole – bien jouée quoiqu’il arrive. (66)

Orgy of the dead * (USA 1965) : « BYNWR ». Un opus nanar-sexploitation. Trémoussages longuets et minimalistes de femmes ‘zombies’ en tenue d’Eve. Le scénario est attribué à Ed Wood mais à ce stade c’est étrange de vouloir encore le relier à qui ou quoi que ce soit, sauf pour tenter une blague. (24)

LOULOU (Pialat) **

12 Oct

loulou pialat

2sur5  Dans La Gueule Ouverte, centré sur une agonie prise dans toute sa trivialité et sa laideur, la méthode Pialat prend tout son sens. Ce côté désagrégé, artisanal malade, opérationnel mais effroyablement usé, souligne la cible avec force et honnêteté. Loulou semble juste baclé et d’ailleurs il l’est passablement : dans sa quête de l’instantané, encadré avec une rigueur de poète zombifié, Pialat est exagérément complaisant envers lui-même et surtout envers son matériel. Il laisse les acteurs faire leur numéro, le montage est lâche, le scénario ad hoc, l’intensité dramatique ‘résiduelle’, comme convenu puisque tout effet est omis.

Ne rien construire en amont est un parti-pris, ne rien s’autoriser comme volonté sur son œuvre sinon de l’emballer avec un minimum d’application est un aussi. Loulou en montre les résultats, acclamés par une large part de la critique à l’époque, sans doute proprement ignorés si le casting (au sens large) avait été autre. Depardieu et Huppert vivent donc comme des animaux, ne comprennent rien à leur existence ni à aucun monde. Leur champ de vision est étroit et peu conscient de lui-même (sauf le versant bersoins primaires), les laissant d’autant plus s’avachir dans leur réalité immédiate.

Ils sont médiocres et un peu sordides, comme l’est ouvertement le milieu dans lequel trempe Depardieu ; celui d’André et Nelly prend peu de place, lui est un type solitaire et rangé à sa façon, elle s’évade de son espace bourgeois pour occuper son corps, seule dimension qu’elle connaisse. Huppert campe un grossier personnage bien né ; avant d’être identifiée comme une dame (éventuellement une fille) froide et bien névrosée (La Pianiste, 8 femmes), elle interprétait souvent ce genre de jeunes connes, sanguines et molles, platement vulgaire.

Le malaise devant le médiocre peut être ressenti, à l’usure ou parce qu’on y est collé sans nuances ; on le ressent encore davantage, de façon moins scandaleuse, car Pialat force à être trop vide et sans direction pour mieux se fondre avec eux. Il s’oublie en tant que cinéaste, à un point excessif ; le cinéma vérité atterrit dans le lisier, n’a pas grand chose à en extraire. Tout ce que Loulou peut receler de richesse est délibérément accidentel ; c’est un brave postulat mais dans les faits l’improvisation pure, combinée au laisser-aller et au détachement émotionnel, ne donne rien de bien profond.

Que Loulou relève au hasard les différences de perception entre différents membres de la société, c’est inévitable ; là-dessus il n’y a aucun traitement, Pialat en reste bêtement à la surface. L’Enfance nue n’aurait été si puissant s’il ne sondait rien de ses personnages, de leur milieu, avec un tant soit peu d’adresse, de sélection. Mais non, il faut refuser le jugement et le naturalisme ! Il faut fabriquer un cinéma avec des vrais gens ne ramenant pas leur métaphysique sur le tapis, ou alors sans faire exprès, de très loin, quand vraiment ça vient à filtrer.

Heureusement il y a une nuance, c’est André (par Guy Marchand, à nouveau avec Huppert un an après pour Coup de torchon de Tavernier), dont les interventions sont pertinentes, les phrases de vraies punchline ; normal, ce personnage est la projection de Pialat et la pièce autobiographique à l’origine de ce tableau. Toutefois ce protagoniste n’est investi qu’en fonction de son rôle dans la relation Loulou/Nelly. Le personnage-titre semble noyé dans le courant, parmi les autres ; mais la vie doit parler pour eux et celle qu’on voit le mieux reste la sienne. Et en somme, on voit un Gérard Loulou incapable de s’émanciper, perdu.

Lorsque Michel le BCBG vient lui faire des suggestions, il ne sait pas rebondir là-dessus ; il le désirerait sûrement, mais c’est une bonne bête, bonne à foutre et désemparée sur l’avenir ; nonchalante envers lui car inapte à le saisir. Loulou et Nelly, comme les autres, gesticulent, livrés à leur petitesse, déterminés par des impasses. Le film est loin d’être ennuyeux ou totalement vain, mais c’est un film  »larve », habitant son cocon sans la moindre hauteur. Le film  »larve » déroule passivement un contenu et pour le comprendre, s’en remet à une dépression amorphe prise comme détermination objective. C’était la première collaboration entre Depardieu et Pialat, qui tourneront ensemble Le Garçu, Police et surtout Sous le soleil de Satan.

Note globale 51

Page IMDB + Zoga sur SC

Suggestions… 

Scénario & Ecriture (1), Casting/Personnages (2), Dialogues (2), Son/Musique-BO (-), Esthétique/Mise en scène (2), Visuel/Photo-technique (2), Originalité (2), Ambition (3), Audace (3), Discours/Morale (-), Intensité/Implication (3), Pertinence/Cohérence (-)

Voir l’index cinéma de Zogarok

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MINI-CRITIQUES 8 (2018-1)

5 Mar

Hook ou la revanche du capitaine Crochet ** (USA 1991) : Signé Steven Spielberg et doté d’un gros casting (avec Julia Roberts en fée et Dustin Hoffman en capitaine pirate). La morale et les moments avec les enfants prêchent chacun à leur façon pour une morale et une joie humbles et conventionnelles, prenant l’imagination comme opium. La séance est sympathique mais prévisible en tous points. Ni fausses notes ni grands et beaux moments. Robin Williams montre encore, encore, l’étendue de ses talents, tout en paraissant exactement le même. (56)

Your Name. ** (Japon 2016) : Néglige la cohérence de son concept et parfois même le corrompt au bénéfice de surenchères ‘romcom’. Très joli et plutôt agréable, mais gâché par ses préférences infantiles. (62)

Vape Wave * (Suisse 2016) : Documentaire diffusé sur LCP, pas sorti en salles mais projeté dans plusieurs pays, pris en charge par Jan Kounen (narrateur ‘cobaye’ et réalisateur). Les saynètes et les effets, puis les laïus d’effarouchés, dominent les faits et l’éclairage (brut, amélioré ou approfondi, peu importe). Le vapotage est présenté comme une pratique mal perçue, accablée par des fantasmes relayés par les médias, parfois persécutée. Les fumeurs également sont plaints – ils sont victimes de ces gens et organisations n’acceptant pas encore que la vie puisse être douillette. La séance est un mélange de conventionnalisme, de foires d’egos en douce et d’exercice de style en roue-libre ; la véracité est d’autant plus sujette à caution.

Mais en tant que film ou même clip et non documentaire, Vape Wave montre régulièrement une marque propre et le talent créateur de Kounen (qu’on apprécie ou pas ses applications et ses motifs – je ne les ai pas appréciés). Malheureusement cela représente une petite portion, concentrée au début (et dans le futur). Le reste est une publicité à peine masquée, ou une propagande de service public et/ou de collaboratifs ‘consciencieux’ socialement, avec toujours un ton infantile, complice, secrètement d’un sérieux absolu et plombant (régressif). Les petits sketchs sont forts mous, l’imitation par Kounen de la ministre de la santé est un bonheur soudain. Enfin tout ça aurait pu être massivement raccourci. (38) 

La vie de château ** (France 1966) : Comédie de Rappeneau où la jeune Deneuve n’est pas gâtée par son personnage (bien qu’elle-même soit flattée par les hommes – au point d’attirer une exultation troupière, incompatible avec les mœurs ‘anti-sexiste’ 52 ans plus tard). Le film a des points communs avec Papy fait de la résistance mais n’est pas si chargé que lui. Sa légèreté le tire parfois vers la mollesse. Personnages ‘mono’ mais sympathiques. (62)

Star Wars – L’empire contre-attaque *** (USA 1980) : J’ai apprécié le premier opus la semaine précédente, également vu lors de sa diffusion sur TF1. Je sais que cet opus au moins ne fera jamais partie des films que j’aime ou respecte particulièrement, mais j’ai bon espoir pour les deux suivants, qui semblent dotés de ce qui manquait ici – les décors fastes, les arguments déjà réglés pour l’épopée.

Le 2e ou 5e épisode est effectivement supérieur en terme de mise en scène et de divertissement. C’est du grand spectacle, sans les côtés boiteux du premier. Cet opus est relativement sombre, très vif, comblera celui qui se laisse aller. Les décors, la photo (les couleurs !), les gadgets sont remarquables. Les personnages emblématiques gagnent en épaisseur : Yoda est une excellente recrue, qui déniaise un peu les tendances religieuses ou à défaut les étoffe ; Dark Vador gagne en charisme, sa mission et son passé se définissent. En revanche les personnages du groupe principal ratent leur décollage : les deux robots piétinent, la princesse et Harrison Ford entretiennent une relation un peu absurde, mais individuellement ils affinent leurs styles. Chewbecca est superflu mais son incongruité finit par le rendre bienvenue (ses grognements ressemblent à des pleurs d’autiste). Je comprends toujours mieux l’adhésion à Indiana Jones mais j’ai cette fois franchement (même si légèrement) aimé, tout en y voyant de nombreux défauts et pas l’ampleur d’une épopée culte à ce point, notamment lors des combats. (68)

Scoop ** (USA 2006) : Vu à la télé, comme tous les autres sur cette liste à l’exception de Your Name et de Slaughterhouse. Woody Allen est très drôle, parfois sa satisfaction personnelle est un peu trop visible et parasite la vraisemblance (idem pour Joansson, son amusement déborde au bar par exemple). Séance très plaisante, même si le scénario est assez fainéant surtout pour conclure et pour renforcer le réalisme (un millionnaire doublé d’un probable tueur en série se montre si insouciant, ne cherche ni n’obtient d’informations sur cette fille sortie de nulle part ?). (58)

Hatchi *** (2010) : Inspiré d’une histoire réelle, produite au Japon début XXe, transposée aux USA. Le protagoniste humain est joué par Richard Gere, c’est un gentil petit-bourgeois, un professeur de piano épanoui habile au barbecue comme dans sa petite société. Il connaît tous les gens de son circuit quotidien et ne montre jamais d’émotions négatives ou antagonistes : un véritable ravi de la crèche avec le cadre assorti. Et c’est tant mieux. Le film est très niais, mais carrément niais, sans trembler – de la niaiserie pour enfants et pour gens qui ont vieilli et du tire-larmes efficace pour tout le monde. Offre quelques vues subjectives du chien (noir et blanc et couleurs altérées). (68)

La taverne de l’irlandais *** (USA 1963) : Positif comme le précédent, sans la tristesse. Se gâte un peu après la rencontre avec le père, soit au bout d’1h10 environ. Finalement John Wayne vaut bien Gabin (mais c’est une confirmation, pas une révélation). Le personnage de Lee Marlin est insupportable et méritait ce qu’il s’est ramassé ; dans l’ensemble, ce film est plein de justes leçons. Un ‘feel-good movie’ à sa façon, signé John Ford, l’auteur du populiste Les raisins de la colère. (72)

Le Cid *** (USA 1961) : Une adaptation très ambitieuse (de Corneille), superproduction de trois heures avec une foule de figurants, de décors, de couleurs éclatantes (Technicolor). Un excellent film de cape et d’épées, excellent film de type ‘saga’ ou super-soap aussi (rétrospectivement). C’est un grand plaisir jusqu’au-moment où la lassitude l’emporte – elle n’a plus qu’a grignoter doucement le reste du temps. C’est aussi un des derniers films dirigés par Anthony Mann, meilleur que les autres que j’ai vu de lui (Je suis un aventurier, Les Affameurs). (68)

Ulysse ** (Italie 1954) : Représentation directe (à tous points de vue – voilà un [relatif] péplum de moins de deux heures), théâtrale au début, charmante, avec une tendance à la mollesse (mais jamais au point de ‘lâcher’ vraiment). Face-à-face Quinn/Douglas comme dans Le dernier train de Gun Hill cinq ans plus tard. (62)

La Fin des temps *** (USA 1999) : Schwarzenegger vs Satan incarné. Humour grotesque, héros devenu cynique et voué à se racheter, degré premier ou zéro – qui déplaît puisque la religion est dans l’équation. J’ai aimé et me suis amusé. Les interprètes sont très bons (comme à leur habitude). Premier vu de Peter Hyams. (66)

Rescue Dawn **** (2007) : Un film d’Herzog passant à la télé hors-arte et même sur NRJ12 ! Cette anomalie est due à la présence d’un acteur AAA, Christian Bale. L’enrobage est légèrement plus classique (photo, mise en scène, montage, même la musique) à cause des parties impliquées dans la production. Le début et la toute fin ramènent aux joies (diverses) du troupier, le reste est un dur égarement dans la jungle. Les militaires (et autres) ne sont pas présentés de façon manichéenne ou idéaliste. L’excentricité du personnage principal (Dieter Dangler) est plus flagrante que dans le documentaire lui étant consacré précédemment réalisé par Herzog (Petit Dieter doit voler). Cette excentricité n’implique pas d’aberrations. Excellent film de survie dans la jungle, de détention (puis d’évasion), sur la démence. 400e noté 8/10 sur 3583 films sur SC. (78)

Riens du tout *** (France 1992) : Premier film tourné par Klapisch, dont je ne suis pas client, ni la cible. Satire du monde de l’entreprise et de ses petites mains. Léger et piquant, archétypes efficaces (assez ridicules et assez vraisemblables). Les ‘casseurs’ (des cracheurs dans la soupe) sont présentés positivement puisqu’ils sont les seuls à avoir du recul, même si c’est par névrose pour certains. Le jeune faux loubard, sorte de fil narratif par défaut, est dans ce cas ; je l’ai trouvé méprisable, comme son camarade négativiste et le crétin professeur de musique. Le film garde tout de même une certaine lucidité même sur ces sales gosses qui ont le bon rôle. M’a tout de même semblé légèrement ‘long’ pour un film d’1h30, sûrement car on se fatigue de l’effet catalogue. (64)

Le Capitan ** (France 1960) : Sorti dans la foulée du Bossu, avec les mêmes arguments. M’a paru radicalement meilleur, quoique s’englue aussi – les aventures valent mieux que les intrigues. Le duo Bourvil/Marais fonctionne et les farces de Bourvil sont efficaces, dans un registre enfantin et bouffon. (58)

Ennemis rapprochés ** (USA 1997) : Tandem Ford/Pitt, dirigé par Alan J.Pakula, spécialiste du thriller judiciaire/politique et auteur du fameux Les Hommes du Président. Un peu policier, un peu sentimental, un peu action, très ‘dramatique’ dans le ton et sans grand intérêt. Malgré des atouts supérieurs, a la même valeur pour le spectateur ou consommateur qu’un téléfilm amorphe et correctement ficelé. Une chose plaide pourtant en sa faveur : ces personnages réalistes, qui ne semblent pas tirés des conventions du cinéma et ne font jamais ‘tache’, médiocres ni caricaturaux (idem pour le récit, moins pour la façon de le présenter et dérouler). (46)

9 mois ferme ** (France 2013) : Sixième film tourné par Dupontel, druckerisé et donc loin de la fureur de Bernie, mais regonflé par rapport au Vilain. Son duo avec Kiberlain est excellent, le lourdaud/victime tient un numéro amusant. Court et efficace, sauf sur la fin, gâtée par les sentiments. Mise en scène colorée, avec quelques emballements [heureux] pour passer des propos lourds. (62)

Cartouche *** (1964) : Une des collaborations Broca – Belmondo, deux ans après le jubilatoire Homme de Rio. Inspiré d’un personnage réel du XVIIIe, sorte de ‘robin des bois’ et de terreur, dont on retient ici le potentiel affable et romantique. Interprétations très affectées. Fait le choix des sentiments voire de la tragédie dans la dernière partie, autour du cas de Claudia Cardinale. Énergique, film d’aventures enthousiasmant le reste du temps, quoique laissant peu de traces. Film de cape et d’épées à gros budget bien visible dans tous les cas, malgré des légèretés dans la mise en scène. (64)

Le choix des armes ** (1981) : Réuni Deneuve, Big Gérard et Yves Montand, sous la direction d’Alain Corneau (Série noire, Police Python 357, Crime d’amour). Beaux ou bons décors, quelques séquences remarquables autour du trio (romantiques avec Deneuve/Montand, ou explosives avec Depardieu – comme le passage à la station-service). Trop long. (58)

Slaughterhouse, l’abattoir de l’angoisse * (1987) : Slasher digressant depuis le cas célèbre déjà source d’inspiration de Texas Chainsaw Massacre (1974). La mise en place avec les prétendus ados est fausse et régressive d’une manière qui démoraliserait les parodistes. Une part de farce cohabite avec la franche horreur. Tout un univers passe autour de cet abattoir et d’un filtre cochon, mais le décollage et l’approfondissement n’auront pas lieu. Il reste le travail sur la musique, les cris de cochons, le duo de cinglés et des petites références pour gourmets et goreux (‘la fête du porc’, l’anecdote des empreintes digitales douloureuses). Le complément du titre est spécifiquement français. (42)

Fast & Furious : Tokyo Drift * (2006) : Premier F&F antérieur au 5e que je découvre. Très kitsch (dialogues, relations). Du Crash pour fans de tunning. Quelques bizarreries de continuité. Trop léger et répétitif, juste deux-trois ‘tournants’ dans l’histoire. (32)

Fast & Furious 7 ** (2015) : Après deux opus mieux réputés (ceux que j’ai vu, en plus de Tokyo Drift), la réalisation a été confiée à James Wan. Cet épisode est d’un niveau supérieur aux précédents, également aux autres productions de masse ou franchises dans le domaine de l’action-movie. La photo et les effets spéciaux sont assez brillants tout en étant communs. Le film est souvent simpliste pour soutenir son déroulement et l’introduction de gadgets. Il vire en mode BD avec des sauts d’immeuble ou le débarquement surréaliste à la montagne et retrouve de la beauferie (bling-bling) à Abu Dhabi. Il contient beaucoup de moments sentimentaux, lourds sans être indigents, jusqu’à la diapo où frère Diesel ressasse sa relation avec frère Brian – aka Paul Walker, acteur décédé sur le tournage. (62)

Libre comme le vent ** (1958) : Western sur la forme et drame en pratique, avec les aléas relationnels d’un Steve au centre (Robert Taylor) – avec son frère (John Cassavetes), avec une nouvelle arrivante (Julie London) et dans une moindre mesure avec la communauté. Court et lourd, conventionnel dans ses procédés et ses jugements plutôt que vraiment niais. Animalise un peu le Tony, comme une sorte de nerveux malfaisant et fébrile. Joli habillage. (58)

10 canoës, 150 lances et 3 épouses * (Australie 2006) : (concours de) Bites à l’air libre, chasses, épouses, intrigues relationnelles médiocres, rites et combats : la vie dans cette communauté est des plus dissuasives. Construction instable (portraits/ récits/ enchâssements et répétitions), développement lent. Sous-titré, langage anglais et aborigène. Des passages en noir et blanc. (38)

The Lady * (2011) : Un des regrettables Besson, réalisateur dont je trouve les films habituellement potables, légèrement bons ou simplement mauvais. Besson a voulu s’exprimer sur un symbole vivant et incarné de la lutte contre les tyrans, contre la corruption, pour le pouvoir du peuple par le peuple. Il vient à un moment où tout le monde peut dire du bien sur une ersatz [perçue] de Gandhi. À cette fin il enjambe plein de faits et de nécessaires ambiguïtés. Le film est niais, ses méchants grossiers et mono-traits avec une surface encore plus réduite que pour les autres. Il dramatise à outrance, jusqu’aux petites souffrances d’une otage (et le dilemme avec sa famille). The Lady est une BD mielleuse et donc une misère pour un biopic. Tout comme le ciné-gentil n’a aucun intérêt pour traiter la politique (sauf du point de vue d’un larbin ou de son maître). The Iron Lady à la gloire de Thatcher, à peu près aussi partisan et un peu moins aveugle, en tout cas pas unilatéral, vaut largement le double voire le triple de cette bêtise. Séance débile quoique pas désagréable et sans longueurs. (28)

Bons Baisers de Russie ** (1963) : Mon initiation à James Bond ! Avec une vieille lesbienne dure et traître à la patrie soviétique. Des moments repris dans OSS 117. Agréable mais futile et trop lent. (54)

La Mort en direct *** (1980) : Vu pour le thème et à cause de la direction par Tavernier. « La mort est la nouvelle pornographie – la nudité ne choque plus personne ». Initiative intéressante mais tendance à s’affaler ; manie (constante dans les futurs docs ou fictions sur la télé-réalité, comme Le jeu de la mort) de compatir formellement et de pointer le gouffre entre la mécanique ou le système et un ou deux humains mâchés dans le processus. Tourné en anglais avec des acteurs US dont Harvey Keitel. Emet le sentiment qu’il n’y a plus de drames et qu’il faut trouver de nouveaux dopants et divertissements à l’Humanité, qui s’ennuie dans son confort pour une part moisie. Le film lui-même offre une aventure authentique, avec vagabondage romanesque et semblant de romance tragique. En conclusion, il indique avoir été tourné en Écosse et à la mémoire de Jacques Tourneur. (68)

2 fast 2 furious ** (2003) : Bien meilleur que le suivant (Tokyo Drift) et au niveau des 56, en étant différent : plus coloré, plus émotionnel, plus sensuel et moins puissant. Un peu crétin, vulgaire, transparent, généreux. Casting sympathique. Finalement, c’est le plus aimable et enjoué que j’ai vu, après le 7e opus – c’est donc le meilleur après lui. (54)

Tellement proches ** (France 2009) : Troisième du duo Toledano-Nakache, autour d’embrouilles d’une famille supposée dysfonctionnelle. Recyclage joyeux et grand-public des clichés en terme de caractères et parfois en terme de vannes. Efficace et simpliste. Niaiserie ravageuse (et convenue comme le reste) dans la dernière partie. (48)

Au Service Secret de Sa Majesté ** (1969) : Second que je vois de la franchise, à nouveau sur FranceO. C’est un James Bond à part, avec l’australien George Lazenby et une ‘vraie’ romance avec engagement. Les décors (dans les montagnes suisses) et la musique forment les points forts. L’action (non le rythme) comble le vide. (48)

L’étudiante et monsieur Henri ** (France 2015) : Auto-adaptation d’une pièce de théâtre par le réalisateur qui avait commencé fort mal via Irène. Vu à la télévision où il paraît au mieux. Naïveté et réalisme, bons mots, bons interprètes. (58)

Bob le flambeur ** (1956) : La raideur habituelle de Melville est poussée à son comble, la lenteur est toujours de la partie et affecte surtout le scénario. Tout est dans le style pour cet espèce de cartoon très langoureux, propre et superficiel(lement ‘noir’). Avec un braquage en perspective, c’est en fait un film de gangsters, dotés du swag de l’époque. Les démêlées du groupe et les faiblesses des personnes occupent presque tout l’espace, l’action est rare, les buts restent mous, la direction est floue. (56)

Fatima ** (France 2015) : La femme du titre est une femme de ménage peu intégrée en France, avec deux filles qui elles parlent le français et n’ont pas grandi au bled (recrée sur place par les bigotes et faute d’accès à mieux). Le film s’attache à sa vie minable sans faire dans le misérabilisme. Il relève d’une école ou à défaut d’une catégorie ‘réaliste’ remplissant un job de fonctionnaire et préférant la vérité sociale à l’art, à la subjectivité (sauf celle d’une ‘héroïne’ mais toujours en plaçant sur elle une expression qui n’est pas la sienne, commente son ressenti de façon didactique). À la rigueur il pourrait être téléfilm et remplirait aussi bien sa mission – ou plutôt sa fonction. Le scénario et le contenu sont minimalistes et sans complexité, mais le film est sensible à son triple-cas, synthétique. La fin abrupte rend l’ensemble assez débile. Dans les quinze dernières minutes la politique commence à s’installer sérieusement et le film ne met plus seulement des mots dans la bouche de Fatima, mais aussi des convictions, les résidus d’une représentation du monde – c’est le rôle de sa lettre, pleine de ressentiment. Le film s’écrase alors : il a pu faire illusion, mais finalement n’est qu’un produit de convaincu, de partisan, qui s’est contenté de faits orchestrés, s’est bien dépouillé, pour installer le terrain et ne dire rien d’autre que ce dont son engagement a besoin. C’est dommage, car il y a de l’efficacité, un joli élan, de l’empathie clinique, une façon de se poser dans la laideur et la bête réalité qui avec davantage de perspective aurait joué un rôle constructif (à une échelle plus large que faire tenir des tranches de vie). (52)

La Ritournelle ** (France 2014) : Film français très classique puisque très humble et portant sur l’adultère avec doutage joyeux et relance à la clé. Donne envie pour un contre-emploi insolite : Isabelle Huppert en femme d’agriculteur (en Normandie). Elle reste une névrosée planant au-dessus ou en-dehors du milieu et de ses fonctions – enfin, une Bovary plutôt qu’une névrosée. Les personnages autour d’elle, sauf le suédois, sont souvent dans la connerie ; elle a une tendance à la fuite, se montre intrépide puis lâche, déterminée mais distraite (elle part à Paris pour retrouver un homme, passe méthodiquement dans tous les magasins de la ligne où il doit se trouver, mais n’a pas prévu ce qu’il faudra lui dire). (58)

Gribouille ** (France 1937) : Vu dans le Cinéma de minuit de France3 avec un préambule peu engageant, où le narrateur n’a de mots que pour les acteurs et les films relatifs. Il indique qu’un remake hollywoodien a été tourné en 1940. Vu pour Michèle Morgan, qui n’est pas à son meilleur dans un rôle pourtant à fort potentiel et approprié (probable tueuse de son amant créant la confusion dans la famille qui la prend en charge). Lourd et traînant. Sorte de comédie à suspense, d’un registre courant dans les années 1930-40. La musique est le meilleur. Raimu chante Gloria In Exelcis Deo à l’Église – l’ensemble des scènes reste insignifiante. (36)

Chérie, je me sens rajeunir ** (USA 1952) : Comédie loufoque ou burlesque de Howard Hawks. J’ai peu accroché au début et sur la fin, aimé les phases de folie ou de régression de Cary Grant et Ginger Rogers, ou encore la participation du singe. Le film se renouvelle trop peu malheureusement et le silence aurait été préférable au laïus final sur la jeunesse en esprit, même s’il dure une vingtaine de secondes (avant le baiser convenu puis ‘the end’). Marilyn Monroe joue une secrétaire-potiche allumeuse (à quel degré de conscience ?). (56)

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Autres Mini-critiques : 9, 7654321 + Mubi 4, 3, 21 + Courts 2, 1 + Mubi courts 2, 1

LA PIANISTE ***

28 Jan

4sur5  C‘est parce que Haneke avait vocation à présenter ce genre de monstre qu’il est un auteur remarquable, en dépit de son infâme Funny Games ; et malgré tout le reste, Caché la baudruche comme ce petit rien même pas vaniteux qu’est Le Temps du Loup. Sorti en 2001 au début de la période française de Haneke, la plus crue, La Pianiste est un film intégralement laid, repoussant. Et c’est un film habité, par des individus qui n’ont jamais su qu’esquiver la vie ou la toiser avec une condescendance bancale.

Erika est une professeure de piano réputée et très qualifiée, officiant au conservatoire de Vienne. C’est une femme dure, faisant autorité, mais laissant néanmoins transparaître une insécurité et surtout une tension, un manque à combler. Ce manque sera la clé de la liberté. Il apportera un soulagement confinant à la vacuité, qui peut être tout aussi dangereux, comme l’occasion de se re-découvrir et de partir ailleurs, simplement, ou de mourir, au pire. Mais tout cela est loin. En attendant Erika est en prison et elle y est pour toujours puisque rien ne saurait se réaliser.

Ce que les élèves, collègues et toutes autres fréquentations tenues à distance d’Erika ne voient pas, c’est une fille sèche n’en pouvant plus, une femme rêvant de pouvoir s’échouer sous quelqu’un, devenir sa chose. Erika est une autorité mais elle délivre une prestation totalement artificielle dans le monde extérieur. Elle n’est pas passive cependant et lorsqu’elle se tend vers lui, son perfectionisme l’accompagne, comme une manie devenue fin en soi – et arme, aussi. La passivité, elle la connaît dans son antre, où elle est seule.

Elle injecte dans cet antre ses fantasmes pour omettre que personne n’y entre ; situation logique pour quelqu’un qui n’a pas su renaître alors que c’était vital. Haneke n’avait jamais trouvé de personnage si fort et le doit peut-être au roman dont il signe l’adaptation. En tout cas Erika balaie la femme de Funny Games, car si sympathique fut-elle, le portrait restait superficiel. Avec La Pianiste Haneke montre comme l’aristocratie fin de race peut abriter des malaises et déviances de miséreux : Erika est aussi l’otage d’une mère perverse (Annie Girardot), à côté de laquelle elle dort chaque soir. Pour ceux qui auront de la sympathie voir une connivence avec Erika, ce détail sera probablement le morceau de trop à avaler.

Si cette situation convient par défaut à Erika, c’est qu’elle la maintient dans une aliénation constituant le brouillon de l’impuissance tant désirée. Sa mère en profite pour être assistée voir légèrement l’opprimer ; au pied du mur, lorsque sa fille laisse sa libido gagner, elle la gronde ou lui glisse qu’elle doit rester ouverte aux opportunités. Mais ce n’est que la défense consciente de cette maman satisfaite d’avoir ainsi une vie à prendre, à malaxer et à torturer, pour échapper à la solitude et la détresse. Ce spectacle est extrêmement dur et passée une première moitié où Haneke respecte l’équilibre entretenu depuis des années par Erika, la seconde voit son implosion radicale.

Les tentatives, ruptures et échecs de Erika sont très inconfortables. Le dégoût et l’empathie interviennent, l’agacement éventuellement, en revanche aucune haine n’est possible pour cette maso pathétique. Le besoin paradoxal de triomphe et de contrôle d’Erika la rend charmante, géniale, presque surhumaine : qu’il s’accompagne de vices francs comme les passages aux peeop-show et les consultations de porno est un fait quelconque, mais qu’il se traduise de manière si laide et indigne est perturbant. Le désir est pur, son interaction avec un objet extérieur sordide. Jusqu’au-bout Erika reste écoeurée et intimidée par le sexe en soi : il est trop tard pour passer les étapes primaires les plus élémentaires, trop tard pour découvrir la sexualité normale.

La gamine a trop longtemps médité sans pour autant rentrer dans la cour des grands, parce que leurs plaisirs étaient trop simples, trop frustes. Or finalement à son tour elle expérimente quelque chose de dégueulasse et cherche une trop grande satisfaction, trop vite, trop brutalement. Ce décalage est un gâchis et au lieu de l’avènement d’un monumental exutoire, Anne ne fait que rendre définitive la désolation et la mesquinerie de son existence. Il fallait cette objectivation pour avancer ; il fallait frapper les objets réels avec ses enthousiasmes les plus crades, tout salir une bonne fois pour toute, pour réaliser sa propre puissance et se résigner à être une pauvre unité avec sa monstruosité sur les bras. Abominable destin.

Note globale 77

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Suggestions… Année bissextile + Le Conformiste

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L’AVENIR (Hansen-Love 2016) *

28 Déc

2sur5  Mia Hansen-Løve livrerait depuis Tout est pardonné un cinéma très personnel, fabriqué à partir de ses souvenirs et avec un style plutôt impressionniste. Pour L’Avenir elle s’est inspirée de la séparation de ses parents, deux profs de philosophie. Le résultat veut sonner ‘pris à la vie’, ne ressemble pas à du cinéma ou même à un téléfilm, pas à une vidéo individuelle non plus. C’est du réalisme sans dirigisme, avec prise de recul sur chaque instant. Tout repose sur le cas Huppert, les autres apparaissent comme ils sont pour elle et restent donc à distance, avec leurs airs brouillons, d’une gravité hors-de-propos, inutile. L’Avenir c’est l’histoire d’une sécheresse, d’une dévastation ; des rationalistes fadasses débordés par le temps qui court, saturés mais restant là comme des fantômes. Cette séance donne l’impression dans un ordre crypto-communiste mou mais accompli, où tout développement réel aurait cessé depuis longtemps ; les leviers de la boutique sont repris et dispersés, les ajouts et actualisations sont totalement vains, tout doit se jouer ailleurs à moins que plus rien ne se joue de nourrissant ou définitif.

Bienvenue au royaume du tout-externe vide. Pour Nathalie (Isabelle Huppert, vue dans Elle de Verhoeven au même moment) plus rien n’a suffisamment de sens et remettre les compteurs de sa vie intime à zéro est donc une occasion. Elle est libérée mais groggy et sans ressources personnelles mûres, seule la connaissance lui sert d’appui. Et ses savoirs ne servent à rien. Et les choses persistent, aussi la prise d’autonomie est peut-être réelle, mais c’est comme de rien ; sans doute trop tard, probablement pas pour la bonne personne. On coule avec bases établies, tout en les ayant larguées, ou n’y croyant plus ; le mari a rompu, mais est encore là ; elle s’occupe toujours de sa mère, une de ces vieilles esseulée se transformant en hypocondriaques jusqu’à la démence. Nathalie a l’habitude de fréquenter et même s’engager avec des gens ou des choses qu’elle n’aime pas, comme elle n’est pas disposée à s’emballer, à lutter contre ou pour, elle a le réflexe de s’aligner en espérant placer quelque joutes ou contributions utiles. Elle est casée et peut diffuser, à ses heures, sa lumière blafarde.

Parmi les rares points saillants : le jeu médiocre de nombreux acteurs, car à l’arrache, décalé ou excessif malgré sa conformité manifeste. En participant à recréer un réel surfait, bête, c’est cohérent ; il n’est pas sûr que ce soit le fruit d’une direction choisie ou plutôt celui d’un dérapage, mais c’est un défaut ‘positif’. Nathalie tombe aussi dans ces travers. Elle est la plus ridicule lorsque vient son chat noir Pandora, devant lequel elle multiplie les réactions d’idiote et d’ignare (contre-coup de l’urbanité et de l’intellectualisme dévorant probablement). Privée d’avenir après tant d’années d’errance maîtrisée dans le présent, Nathalie retombera sur le passé ; enfin, quelque chose sur quoi sentir le désir revenir ; l’enfance, le très lointain, pour elle qui probablement n’a jamais envisagé la nostalgie. Au bout du déclin sous les lumières crus et indifférentes ; juste le contentement et la chaleur, vraiment nouvelle, porteuse de tout un monde à découvrir -ou fantasmer- pour Nathalie. La forme romanesque aura peut-être été plus appropriée pour cet Avenir. La mise en scène est instable, penche parfois vers le clinique, donne soudain des coups de butoir soudain, ne se montre jamais féroce.

Note globale 39

Page Allocine & IMDB  + Zoga sur SC

Suggestions…

Scénario/Écriture (2), Casting/Personnages (2), Dialogues (2), Son/Musique-BO (2), Esthétique/Mise en scène (2), Visuel/Photo-technique (2), Originalité (2), Ambition (2), Audace (2), Discours/Morale (-), Intensité/Implication (1), Pertinence/Cohérence (2)

Note ajustée de 39 à 40, puis à 38 suite aux modifications de la grille de notation.

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