ET POUR QUELQUES DOLLARS DE PLUS ***

8 Mar

Le cinéma de Leone n’est pas merveilleux et il est peut-être sur-évalué, mais il n’exerce pas tant de fascination par hasard. Et pour quelques dollars de plus représente mieux que les autres cet état : c’est un film brillant, mais l’évidence d’un style mordant et puissant frappe plus que celle du statut de chef-d’œuvre. Voilà de quoi renforcer l’aura du film et le rendre immortel ; il n’est pas adaptable, secrètement édifiant, redoutable mais déconnecté. Pour ça, il est normal qu’il semble parfait à certains et interpelle les autres.

Et pour quelques dollars de plus est le second opus dans la Trilogie du Dollar de Sergio Leone. Ici se rencontrent le bon et la brute, c’est-à-dire Clint Eastwood et Lee Van Cleef. Le premier était déjà présent dans Pour une poignée de dollars et renforce sa position de moraliste paradoxal : une tendance à la modération et au détachement vient toujours dompter la veulerie qui le rattache au commun des prédateurs. Le second fait son entrée et marque, avec son allure reptilienne, ses traits rétractés, son sadisme sans bavures. Tout autour en rajoute dans l’exotisme sale et envoûtant de Leone, ses décors comme les seconds rôles dont celui de Klaus Kinski (promu ordure de western n°1 dans Le Grand Silence).

Avec ce Per qualche dollari di piu, Leone affine et intensifie son style. La mise en scène atteint un haut degré de sophistication et le résultat général balaie celui obtenu par Pour une poignée de dollars quelques mois avant. Si celui-ci posait tous les avatars modèles du western spaghetti, Quelques dollars de plus les épanoui, avec le lot de gadgets si percutants qu’ils en deviennent les heureux clichés d’un genre : les regards profonds ou possédés, les tronches de biais, le poncho d’Eastwood, les héros francs et mal-aimables traitant les dangers avec sérieux et sang-froid. Le film noir US peut se rendormir ; idem pour toutes les pitreries hollywoodiennes louées pour leur confrontation à la nature humaine – westerns compris.

Note globale 74

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