Tag Archives: Cine 2016

NERUDA =-

15 Nov

Le cinéma de Larrain est toujours aussi ambivalent, à moins qu’il s’agisse d’atténuer sa responsabilité dans sa collaboration passive à reluire des opprimés magnifiques et superficiels des dernières décennies. C’est le troisième film que je vois signé de lui et c’est encore un exercice de fascination avec ‘déconstruction’ de très loin, voire réenchantement du mythe tout en donnant [cherchant] l’illusion de l’approcher de façon équilibrée. Comme nous jetons l’œil dans les coulisses de l’Histoire, dans la machinerie, le mystère est censé rompre – la magie peut rester mais lui va s’expliquer.

Or bien sûr le film ne fait que regonfler le mystère et donner une validité romantique à son sujet (même No sur le référendum anti-Pinochet essayait de l’insuffler, mais c’était trop moche et condamné par les options ‘cheap’). Le Jackie suivant a confirmé ce désir de s’embarquer aux avants-postes des ‘grands’ événements ou destins (dans ce cas c’est aux côtés d’une participante passive, la touche Larrain est donc plus appropriée – et pas agaçante puisqu’elle est légitimement enfermée dans ce manège). Le niveau de Neruda est à mi-chemin entre ces deux-là : le film est rincé en-dehors du personnage principal et en terme de scénario, mais s’avère loin d’être éprouvant ou de patauger dans l’incurie [technique]. Il est capable d’une certaine distance par rapport à l’entourage de son héros, mais se mêle peu lui-même de véritable politique et se réfère à des contradictions largement relatées. Lors de la soirée d’élite de gaucho-communistes on peut donc entendre « Tout criminel doit s’entourer d’hommes en cravate, qui ont appris la ruse bureaucratique à l’université » ; on constate que tout ce monde se veut artiste ou fin esprit en plus de grand commis de l’État, de la conspiration ou de la révolution. Il faudrait sauter encore de petits verrous et parler concrètement du trotskysme, des agents communistes et des experts mandatés par diverses puissances.

Au lieu de ça on reste sur la position de bon citoyen éclairé volontiers critique, plus sûrement délicatement désenchanté – trop bien acquis et hypnotisé. La mise en scène souligne en permanence l’artificialité des actions, suggérant éventuellement celle des convictions – sans jamais de garanties sur ce plan-là ; tant de postures qui sont autant d’expressions d’un rêve à la fois égocentrique et humaniste. Le malheur de ce film c’est de ne rien épanouir en-dehors de cette position ; il est raccord avec les gens fascinés par cet artiste, comme d’autres le sont d’un philosophe, d’un politicien ou d’un spécialiste sachant les pommader. C’est toujours la même bêtise pimpante, moralement crasseuse et prétentieuse ; avec au fond cette promesse de paradis terrestre, où chacun forniquera dans une cuisine high-tech et sera poète ; et à terme cette évidente angoisse béante, d’assister à l’avènement de cette vision et que les gens qui pensent, rêvent ou font la différence [pour le ‘progrès’ ou le ‘bien commun’] n’aient plus rien de leur avantage et de leur justification ‘altruiste’ ou ‘très-élevée’ à exister sans rien payer.

Mais c’est encore une autre histoire que ce film ne saurait aborder ; il préfère cette humanité aux gesticulations flamboyantes d’aventuriers sous caution, figée dans des fantaisies infantiles qui à défaut de faire fonctionner le monde font tourner la tête et filer doux ses agents vaniteux ou turbulents. D’où la nullité du personnage campé par Gael Garcia, inspecteur fictif rappelant le Trintignant du Conformiste (idéaliste formel et sans illusions sociales ou concernant sa propre valeur), en version fringant puceau croisé. Son personnage est sévèrement sous-développé (un ‘facho’ aseptisé qui devait être le maximum envisageable avec le corps, l’aura et la dégaine de cet interprète) au point que même la traque de l’écrivain-politicien n’a jamais rien d’intense ou de fructueux – sauf peut-être sur le plan graphique avec ce final de western enneigé, qui vient confirmer que mourir tôt est préférable pour entrer dans la légende. Évidemment c’est toujours moins débile voire dégueulasse que du Loach dernière période ou le commun du cinéma démagogique ou engagé (comme l’insanité de mi-robot mi-retardé compatissants Deux jours une nuit), mais ça reste du Mishima démocratique pour clients studieux amoureux du luxe ou d’icônes médiatiques domestiquées et propres sur elles.

Note globale 48

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Suggestions…

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ALBUM DE FAMILLE *

15 Juil

1sur5 Énième film à deux de tension avec quelques scènes toutes en joliesse surfaite et en suspension radicale – qu’il se veuille une satire achève de ridiculiser ses prétentions. Ça tourne au zoo humain dans la dernière partie, entre maman kawaii-mongolo avec son bébé et papa bourru-aux-chiottes-l’arbitre devant sa télé (chacun avec un ami de son sexe pour partager sa réaction hystérique). On comprend la volonté de dénoncer la petite corruption dont profite(raie)nt des fonctionnaires très ordinaires, mais ça n’est pas une raison pour nous ennuyer et nous donner à voir du moche exclusif à ce point.

Nous souffler que certains parents sont lamentables et que des gens ne méritent pas de le devenir donne moins dans le scoop ou l’exercice courageux que dans le glaviot réac ou misanthrope (sinon carrément dans la propagande de stalinien haineux ou dépressif). Bien sûr la médiocrité et la misère morale imprègnent tout à proximité, comme ce flic interrompu mais pas gêné par la tentative d’appel de sa ‘maîtresse’. Les gens tournant ces films feraient bien de se mettre dans l’équation au lieu de se complaire dans la confection de pensums aussi étroits, pauvres et laborieux, certainement subventionnés – car le commun des publics et des cinéphiles n’a aucun intérêt ni instinct à se farcir ce genre de conneries (à moins qu’il y ait du génie ou une savante alchimie pour la pondre, mais si c’était fréquent tout ce cinéma encore plus chiant que suffisant et méprisant serait rempli d’œuvres potables ou valables, non d’épaves ou de bouses bien enrobées prêtes à s’échouer dans le panier percé d’Arte).

D’ailleurs merci à la chaîne pour l’interview qui a suivi : l’ignominie pas si sereine mais épanouie d’aujourd’hui, parfaitement incarnée et illustrée – avec le chapelet multiculturaliste, le dégoût intellectualisé envers les classes moyennes ou ‘petites-bourgeoises’, la haine de son propre pays où la xénophobie régnerait, la revendication d’un amour des animaux pour immédiatement en faire les victimes des humains, l’expérience bureaucratique malheureuse alors que même ce petit entretien a tout de cet univers dénoncé : chaque seconde pue l’artificialité finie, l’hostilité à la vie, l’adhésion à des valeurs délirantes, pour une ambiance malsaine mais aseptisée ; avec en bonus, ce qu’on ne saurait reprocher à des employés mais qui gêne venant d’artistes ou de créateurs, l’indifférence à toute recherche ou simplement expression esthétique dégagée de la posture, du discours, ou de la branlette BCBG.

Note globale 24

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Suggestions…  Caché/Haneke

Les+

  • photo très correcte
  • tente certaines abstractions…

Les-

  • soporifique
  • ignoble
  • martèle lourdement et surtout pauvrement
  • scénario minable et écriture évanescente
  • aucune attention aux personnages sauf pour les humilier, mais même pour ça il est faible et superficiel
  • et c’est tout ce qu’il a d’original, mais n’apporte aucune valeur ajoutée

 

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L’IDÉAL *

7 Mai

1sur5 Auto-adaptation de Beigbeder [de son roman Au secours pardon99 francs] pire que lourde, niaisement et furieusement provocatrice. La configuration est typique : on subit ces gens merdiques, infects, abjects et l’ouvrant à fond ; puis ils chialeront s’ils subissent une véritable pression ; mettent déjà en avant leurs raisons pour se faire pardonner au cas où la victoire ne vient pas. La seule qualité du film est de refléter ingénument cet esprit et ces personnes constamment en train de se vouloir (et s’avérer) odieuses tout en se cherchant des cautions et se mettant de côté des parachutes (ou nouvelles cartes blanches). La mise en scène est donc positivement pathétique avec les ajouts et arrêt sur des scènes ne servant qu’à montrer combien notre héros sait être un connard. Le cynisme surfait affecte le piteux humour, tout est insipide et navrant, factice et nul, incapable de cerner au-delà de leur propre médiocrité ces nantis lamentables. Le personnage d’Audrey Fleurot (une ‘Winfield’) est pathétique et s’améliore grâce à la drogue, celui de Jonathan Lambert est finalement le plus pittoresque ce qui a le mérite de cerner immédiatement la misère du programme.

Pourtant le plus malheureux dans ce purgatoire n’est pas son espèce de complaisance mi-honteuse mi-crâneuse, c’est plutôt ses tentatives de jouer les redresseurs de torts. Outre ces pauvres remarques sur le racisme présidant au choix d’égéries blanches (dites « caucasiennes » pour avancer masqué), déjà démoulées dans 99 francs avec Dujardin, le film donne carrément dans le point Godwin. Et comme si le filon était génial, il en rajoute – sur ces modèles mettant la pression, induisant l’uniformité donc la nazification, prétexte à recycler des vannes autour d’Hitler (les bourdes de la fille s’excusant pour sa sextape sont un sommet de trolling entrée-de-gamme et ringard). Il y a bien quelques parties crues et justes sur le ‘travail’, parfois avec Proust, souvent avec Lambert, mais c’est tellement tiède, court ou banal, comme ces justifications sociales aux mesquineries et arrangements ordinaires (le patron achète 51% français, chez son « ami Bernard Arnaud »).

Fatalement la vulgarité et l’outrance sauvent la séance. Dans un océan de plates débilités la bêtise démonstrative se met à avoir du goût, ou du moins une odeur qui éveille, ne serait-ce qu’un mépris amusé. Ainsi avec ce passage sur les montagnes russes (chez le milliardaire qui au passage ‘nous’ vomit dessus), substitut à celui en cartoon et en voiture de 99 francs (sous influence Las Vegas Parano). Ces grotesques répits compensent le renouvellement de trucs toujours plus communs et minables, comme la fille sortie de nulle part, plus mature que papa, talentueuse et ‘sublime’ – une parfaite baudruche pour servir les postures démagos du film. Elle nous permet d’accéder au comble de ces amalgames et alliages de parasites pompeux, vernis et avides. Le monde de la pub superficiel et capitaliste ‘à crédit’ rencontre celui des intellos communistes au fond à droite derrière le bar pour ‘[jeunes] gens raffinés’.

Un des grands problèmes de ce film et de ses impuissances, c’est que même dans l’anti-pub, lui et ses sujets sont dans la pub – et avec des représentations fausses et criardes. Et pendant qu’un certain monde joue la carte de l’humour et de l’amertume pour se protéger, veut se revendiquer cynique tout en nous suppliant de lui pardonner ses dérives et de lui lustrer son ego pas si facile à porter, on ne ressent rien de la peine, de l’envie ou de l’intérêt qu’il espère ; seulement un mélange de dépit général et de satisfaction particulière à le voir se vautrer dans des tourments de narcissiques pseudo désinvoltes réduits à l’état d’esclavage sous ce qu’ils veulent prendre pour un soleil. Que penser d’autre de cette conclusion femen-friendly où notre consommateur et connard obsédé par ses érections défaillantes (est-ce censé attendrir ? Plonger les salles dans l’hilarité, les individus dans une obscure gêne salvatrice ? Ou seulement attirer la rage tant désirée de quelqu’unes ?) trouve l’accomplissement et l’authenticité entouré des trois femmes de sa vie dans la Nature – lesquelles n’ont pas besoin de lui pour la copulation, ni de respect ou d’attente honorable concernant quoique ce soit. Après tout chacun a son idée sur ‘le bonheur’ et puis il faut bien moduler le curseur.

Note globale 28

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Suggestions…

Les+

  • techniquement correct
  • souvent potable en-dehors de ses postures
  • déballe tout avec une candeur qui semble le dépasser
  • capable d’être amusant et même pertinent bien que vaguement

Les-

  • trivial et tapageur
  • mal écrit malgré des ‘trucs’
  • style moche et froid
  • on s’amuse pour de mauvaises raisons, apparentées à celles d’un ‘nanar’ ou d’un film engagé grossier qu’on aimerait pas

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LA NOUVELLE VIE DE PAUL SNEIJDER ***

24 Mar

4sur5 Mignonne histoire de pétage de plombs d’un cadre très supérieur arrivé à saturation suite à un événement traumatique. Thierry Lhermitte pourrait donc sembler dans un rôle à contre-emploi, mais ce nouveau costume pourrait être celui de bien des connards cyniques interprétés tout au long de sa carrière (comme ceux du Dîner de cons ou d’Un Indien dans la ville) – après vingt ans écoulés et l’orgueil ramassé. Il expérimente les vertus de la dépression, à distinguer de la ‘résilience’ ; les accidents, les chocs, les graves pertes, une fois digérés, laissent quelques cadeaux derrière eux – grâce à eux passer de l’autre côté’ sera plus qu’une fantaisie de l’esprit.

Quand le film commence, Paul Sneijder a déjà largement dévalé la pente. Le battant n’a plus de travail et sa famille n’est plus fiable. Le choc du départ, c’est son refus de ‘se battre’, comme on le dirait communément. Paul ne s’engagera pas dans un procès pour la ‘réparation’ de la mort de sa fille et contre l’accident qu’il a lui-même subi. Il décide que ça n’aurait pas « de sens ». Il a peut-être tort, les autres ont certainement raison lorsqu’ils évoquent ce qu’il(s) rate(nt). L’ont-ils quand ils le blâment ? Ils plaident aussi pour ses intérêts. Ce choix pousse l’entourage à tomber les masques – enfin c’est une façon pompeuse de le dire, car il n’y a déjà plus que le minimum d’hypocrisie entre les vieux colocataires (que sont lui, sa femme et ses fils). Paul Sneijder est simplement entouré d’humains auxquels il est lié – par des chaînes obsolètes ; et ces humains sont tels qu’ils sont, lorsqu’ils ont faim, sont pressés ou obnubilés, par eux-mêmes ou par leurs activités ; et lorsqu’ils se foutent de votre sort sauf dans la mesure et dans les parties précises où ils sont impliqués. Aussi Paul n’a pas le droit de partir ; il faut le prendre au sens strict. Il a des responsabilités et on aura qu’elles à lui rappeler, avant de devenir plus hostile. On le juge, on ne l’aime pas. Il trouve le médecin puis bientôt la police pour le ramener à sa ‘réalité’ présumée.

Paul Sneijder c’est le citoyen opérationnel qui a appris l’absurdité et se voit comme un rat dans un monde fermé – un monde ‘ouvert’ seulement à son bruit, abruti de lui-même. La phase d’apprentissage, les réactions et l’adaptation ne sont pas retracées, appartiennent déjà elles aussi au passé : comme pour lui, c’est fini, au mieux englouti. Le spectateur ne connaît Paul que remis à sa place de petit homme ridicule qu’un rien pourrait balayer ; anéanti pour les caprices d’un appareil ou de la météo. Grâce à cette nouvelle place dans la vie, Paul est témoin de la mesquinerie et la sauvagerie des gens. Leur dureté de vampires zélés et arrogants n’inspire ni honte de soi ni admiration, ni compassion. Il semble y avoir un biais consenti (régulièrement) par la mise en scène à Paul – elle appuie la solitude sous de multiples facettes (la distance, la vacuité ressenties, l’indifférence galopante), l’impression d’espaces plombants et écrasants.

Le film comme les perceptions de Paul dégagent un côté comique et triste, qui laisse froid. Ils auscultent passivement le vide, les mensonges des choses. Les rôles joués, les raisonnements et présentations sur-faits semblent dominer l’essentiel, l’authenticité relève de l’accidentel, la lucidité de quelques-uns s’arrête avec leur cynisme et leur avidité. On parle à Paul comme à un dépressif, avec le mépris, l’agacement et l’impatience caractéristiques – son ‘attitude’ est une menace quand elle n’est pas simplement une gêne. Jusque-là ce film a correctement représenté une phase dépressive, ses effets, sa réalité subjective, également ses dons ; il va au bout en accompagnant Paul dans sa confrontation passive-agressive puis finalement carrément agressive. D’abord le type joué par Lhermitte rejette les suggestions, les demandes (le concours, les avocats), même lorsque son humeur ne freine pas tellement ; après la résistance il va apprendre à assumer ses principes, ses préférences, oser dire non pour des raisons personnelles, puis découvrir les joies du sabotage.

Il s’oppose avec le sourire ; répond, avec humour si nécessaire ; démolit les espoirs, les consensus et les fiertés en dernière instance (d’où cette scène jouissive face au collègue et probable amant de sa femme). Pour l’observateur non-impliqué que nous sommes, c’est génial, car les gens sont poussés à montrer ce qu’ils sont et ce qu’ils veulent, sous les encouragements, la politesse et le reste. C’est le plaisir d’humilier la situation et soi-même, d’entrer dans la joie du refus et de l’abandon des caprices des normes ou de l’ego : tout ce qui fait « un minable » selon sa femme (et un autre hypocrite intéressé). Celle-ci est le complément parfait de l’histrionne ‘open’ : une workaholic sur-attentive à son image, obsédée par l’efficacité, alter ego parfait de la mal-baisée secrètement hostile à l’ultra-conformisme à la fois affiché et déguisé ; deux identités de femmes fausses et extraverties, interchangeables tout en paradant avec leur individualisme de narcisses serviles.

Dans les conditions où nous sommes, c’est donc l’horreur ultime. La fugue est bien la seule option et sans ‘ailleurs’ (terrestre ou autre) il ne reste que le négativisme – Paul le préfère allègre. Il est ouvert à l’expérience, tant qu’elle ne l’engage pas trop fort. En somme Paul refuse d’être l’objet des autres, refuse d’être dans le circuit. Sa libération est à ce prix ; il n’a qu’à gâcher une ‘vie’ qui n’en est pas une, des illusions de la bouillie sociale. Le consumérisme antisocial le guette ; l’envie de tout plaquer peut bien l’emporter. Car il n’a pu être là-dedans que comme un maillon ; désormais il ne saurait plus connaître que le statut d’aliéné. Cela n’exclut pas la conscience des risques, pour la société et pour le bonheur des individus, de ce consumérisme antisocial – simplement les valeurs n’étant plus, ce souci ne pourrait être que mécanique, finalement tout aussi hypocrite que les convictions altruistes ou le légalisme des autres. Aussi il n’y a plus qu’à laisser-aller, le monde et ses propres rentes.

Ce film pourra plaire aux lecteurs de romans ‘chemins de vie’ crétins ou brillants, pourra parler à tous ceux qui ont approché même indirectement des choses comme ce qu’on appelle « crise existentielle ». L’approche est candide, sans moralisme ni fausse notes, l’humour désespéré mais sans aigreur. Seul bémol : dans la seconde moitié, des scènes musicales et ‘abstraites’ remplies d’émotivité artificielle et de pop sophistiquée ronronnante.

Note globale 74

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Suggestions… Manchester by the Sea + Irréprochable/2016 + Quai d’Orsay/Tavernier + Incendies/Villeneuve + Hippocrate + Le peuple du silence et de l’obscurité

Scénario/Écriture (2), Casting/Personnages (4), Dialogues (4), Son/Musique-BO (3), Esthétique/Mise en scène (4), Visuel/Photo-technique (3), Originalité (3), Ambition (3), Audace (2), Discours/Morale (-), Intensité/Implication (4), Pertinence/Cohérence (4)

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TETE DE CHIEN (2016) =+

10 Juil

A-priori Tête de chien (DTV d’un réalisateur neuf – Quand je ne dors pas) s’inscrit dans une catégorie bien définie : film français avec protagonistes malheureux et mélancoliques vivotant et pleurnichant dans leur seule zone de confort : Paris. Mais s’il est ça c’est de manière manière abrupte et fluide, actuelle, presque non-romantique (comme un Oslo 31 août devenu cru et primesautier). Et surtout il n’y a que son ‘héros’ pour l’incarner – dans l’ensemble le film vise ailleurs ; fourmille de types de 30-40 ans avec des manières et des tronches plutôt ados et/ou de viveurs-jouisseurs blasés et/ou de célibataires avertis, une bonne part se comportent comme s’ils avaient 20-25 ans.

Le protagoniste (« 41 ans » et l’air d’en avoir 22) est un paumé apathique et plaintif, capricieux. Un ami commun (à l’ensemble de ses autres fréquentations à l’écran) mort dans un passé proche (à quel point ?) et il ne s’en remet pas – ou bien c’est l’occasion de ne pas s’en remettre. Alors il multiplie les petites foucades, les petites conneries et graves négligences – mais n’affronte rien ni personne, ne dit rien, se traîne, impose sa présence et sa tristesse sans savoir exprimer autre chose – ni même cette chose avec un minimum de profondeur ou de constructivité. C’est un type insupportable, interprété par le réalisateur lui-même, qui en rajoute. L’exercice est réussi : comme film avec un crétin imbuvable, bat des records !

Il reste désagréable ou méprisable même lorsqu’il doit probablement être pris en pitié – quand il chiale face à la gamine tout près du générique de fin – infect, avec ses bruits insupportables. Il est possible cependant que ma subjectivité ou mon apathie ‘émotionnelle’ l’aient emporté sur ce qui devait être l’occasion de se réconcilier avec ce petit connard urbain de base – et de sortir les mouchoirs. Cette approche du deuil est trop particulière et morcelée pour être significative au-delà des affaires immanentes, mais celles du ‘chien battu’ restent aptes à divertir. La circonspection et l’impatience de l’entourage sont facilement communicables – le spectateur a le luxe de la distance, qui permet la dérision et parfois la froide compréhension. La courte durée (66 minutes) évite l’effet prise d’otage.

Note globale 56

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Suggestions…

Scénario/Écriture (2), Casting/Personnages (3), Dialogues (3), Son/Musique-BO (-), Esthétique/Mise en scène (3), Visuel/Photo-technique (2), Originalité (2), Ambition (-), Audace (-), Discours/Morale (-), Intensité/Implication (3), Pertinence/Cohérence (2)

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