Tag Archives: SEANCES EXPRESS

SEANCES EXPRESS n°34

12 Juil

> Abyss** (54) science-fiction US

> 13 Tzameti* (41) film Français

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ABYSS **

2sur5 C’est l’échec commercial de sa carrière ; c’est qu’un film de Cameron citant Nietzsche, même un peu naïvement et hors-contexte, c’est déroutant. Rassurons-nous, ce sera le climax cérébral d’Abyss. Le film s’articule entre une lutte contre un fanatique, la découverte d’une espèce extraterrestre et une romance bidon en arrière-plan (on se croirait devant un Tvfilm du samedi après-midi), le tout entrecoupé de gros effets et de bastons redoutables histoire de muscler la séance.

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Ce voyage aquatique assez lent, voir mou, rappelle l’atmosphère d’Alien ; le contexte est le même (une équipe en mission bloquée dans un vaisseau et aux prises avec une force inconnue), le milieu seul diverge (profondeurs aquatiques au lieu de celles de l’Espace). Il n’est pas aberrant de croire que le film fait en quelque sorte la synthèse du chef-d’oeuvre de Ridley Scott et de Rencontres du 3e type, en raison d’un certain lyrisme presque disneyen dans les apparitions des créatures.

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Avec l’immersion dans l’univers des mystérieuses créatures, Abyss s’achève en conte philosophique niveau CE2 (l’amour c’est bien, la violence c’est vilain ; l’Homme, ce loup pour l’Homme, mérite sans doute une punition) quoique d’une jolie poésie visuelle. Cameron fait la preuve ici qu’au-delà du domaine de l’action, il perd ses moyens (seuls Terminator et Titanic sont manifestement bien écrits) : les personnages sont fades et convenus, leur psychologie est si limitée (profondément idiote dans le cas de Lindsay) qu’ils sont amenés en permanence à des réactions stéréotypées proche de la parodie.

Note globale 54

Interface Cinemagora

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13 TZAMETI *

2sur5Frustrant et pauvre dans le sujet : le spectateur assiste au développement d’une mécanique imbue sans autre leitmotiv que sa plate radicalité (le noir et blanc très 90’s sociales). L’oeuvre se voudrait existentielle, ce n’est qu’un essai formel sans âme ni souffle. Le film se voudrait humain, trop humain, ses personnages ne sont que les pions d’une démonstration (en plus d’être faux et statiques parce que ça fait  »arty »).

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Passée la surprise du jeu étrange, que d’ennui devant cette avalanche d’éléments fonctionnels répétitifs et bien ordonnés. Le cinéaste estime nous perdre dans un Sodome et Gomorrhe du crime ; alors certes, 13 tzameti est quelquefois vaguement fascinant par sa démarche quasi  »documentaire ». Mais le principe obéit à une logique aberrante qu’aucune chaire et qu’aucun point de vue ne vienne creuser.

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Au lieu de se pâmer devant un climat surréaliste, on se lamente d’une séquence si mortifère, on s’interroge sur la valeur d’une idée simple (et d’une simple idée de papier), on réalise que conjuguer celle-ci aux lieux communs de la métaphysique cheap n’est toujours pas la meilleure des solutions. 13 tzameti est un essai paradoxal ; comment ignorer le talent technique de Babluani ? Impossible puisque justement, cette maîtrise est trop évidente ; on voit ici le film d’un élève appliqué, un bon ouvrier du bizarre. Le seul regret, c’est que cet ouvrier ne semble pas penser une seconde à décliner une identité, un ton, un univers.

Note globale 41

Interface Cinemagora

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Séances Express : 20, 19, 18, 16, 15, 14, 13, 12, 11, 10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1

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SÉANCES EXPRESS n°33

28 Mar

> Cabin Fever*** (64) horreur

> Le cas 39*** (64) thriller fantastique, drame

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CABIN FEVER ***

3sur5  Pour son premier film, Eli Roth est clairement dans le sillage de son maître Tarantino. En terme de choix et méthodes de cinéma, non de style. En effet, sans la mine de références composant le film (Ebola Syndrome notamment), lui et son scénario seraient vierges et inconsistants.

Cabin Fever est trivial évidemment. Il ré-actualise l’horreur typique des 70s, les slashers de Romero, Craven et Hooper et renvoie à Evil Dead en particulier. On peut même dire que c’est un spectacle résolument pittoresque, outrancier et sans profondeur. Et pourtant cette transparence conforte le plaisir éprouvé. Cabin Fever est un exercice de style consistant à mettre le feu aux traditions du genre.

Le spectacle est toujours en crise, flirte avec l’abstraction à l’image de Hostel qui suivra, dont il n’a pas le pouvoir de séduction. Mais il dégage lui aussi un charme bizarre, entre le soap à la Twin Peaks et la farce potache (le flic aux faux airs de Gunther). L’Amérique profonde devient une jungle de tous les dangers, l’horreur une banalité contagieuse. De vrais moments magiques ou de comédie viennent se coller partout en insufflant une vitalité supplémentaire à un récit fabriqué autour des performances.

Cette combinaison de classicisme et de brutalité, de pure beaufitude et de raffinement est un succès. Ce côté grindhouse adolescent est proche de ce qu’avait tenté Slither, qui lui était autrement poussif et ennuyeux.

Note globale 64

Page Allocine & IMDB   + Zoga sur SC

Suggestions… Tucker & Dale fightent le Mal + Arac Attack + Dreamcatcher

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LE CAS 39 ***

3sur5  Lynché par la critique aux USA et couvert de tomates sur Rottentomatoes, Le cas 39 n’a pas eu les honneurs de la sortie en salles en France, alors que celle en Amérique a été repoussée plusieurs fois, jusqu’à se produire deux ans après la date initiale. Le sort de ce thriller semble injuste, le dédain à son égard incompréhensible.

Ce film de Christian Alvart est une pure série B, plus catégoriquement que les précédents (Antibodies et Pandorum). La mise en scène y est toujours aussi remarquable, notamment par ses enchaînements malins ; et on retrouve ce goût des scénarios tortueux et habiles.

Porté par des acteurs excellents (dont Renée Zellweger – héroïne de Bridget Jones), Le cas 39 raconte l’aliénation d’une assistante sociale par une petite fille de dix ans qu’elle a tirée des griffes de ses parents alors qu’ils tentaient de la tuer. À l’instar de Esther ou Joshua, tournés après ce Cas 39 et plus ou moins dans la filiation de La Malédiction, la gamine s’avère responsable des malheurs qui l’entoure et sa présence dérange ceux qui cherchent à la secourir.

Tout le long, Christian Alvart brouille les pistes. La source et l’influence de la folie sont difficiles à mesurer, les frontières ne sont pas étanches. Mais la plupart du temps, on ne doute pas ; on est dans l’expectative et sous la menace. Jusqu’où le mal va contaminer et surtout, que peut-on contre lui ? Car Le Cas 39 est bien l’histoire d’un combat pour la vie et l’harmonie face au Mal, dont le vice s’exprime dans toute sa pureté, sans justification ni motivation.

Note globale 64

Page Allocine & IMDB    + Zoga sur SC

Suggestions… Esther + The Children + Dark Skies

Note arrondie de 63 à 64 suite à la suppression des notes impaires.

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SEANCES EXPRESS n°32

30 Déc

> Jin-Roh, la Brigade des Loups*** (71) anime Japonais

> The Burrowers** (61) western USA

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JIN-ROH, LA BRIGADE DES LOUPS ***

3sur5  À la manière de L’Étrange Noël de Mr Jack ou plus ostensiblement encore de Poltergeist, Jin-roh est d’abord un mystère en ce qu’on ignore s’il appartient d’abord à son réalisateur ou s’il ne nous en reste que la vision de son illustre superviseur. Le scénario tortueux d’Oshii est cependant si alambiqué qu’il gênera les nouveaux venus à son univers, fascinant et relativement accessible, mais dont les enjeux sont ici trop brumeux. En effet, l’histoire n’existe  »concrètement » que par les dialogues, au ton souvent politiques ; la mise en scène, elle, repose sur une animation fluide, traversée d’éclairs de génie méditatif et bardée d’abondantes symboliques.

Jin-roh est une uchronie, c’est-à-dire un film refaisant l’Histoire : une sorte de film d’anticipation-rétrospective, en somme. C’est surtout le mythe du Petit Chaperon Rouge [la référence est appuyée] s’invitant dans un Japon d’après-guerre en proie à la crise sociale, entre chaos urbain et spectre totalitaire. Parabole de l’asservissement de l’Homme par ses tentations fascistes, le film évoque la redécouverte de ses émotions d’un membre d’une unité armée, suite à une besogne qu’il n’a pas accomplie. Le conte invoque ainsi les sentiments du loup, son humanité refoulée, au milieu d’un univers austère contrôlé par ses camarades Panzers, les machines à tuer.

Ce décalage, comme celui du traitement très réaliste de faits pourtant fictifs [et de surcroît dans un film d’animation], nourrit toute la poésie de cet anime particulièrement adulte et cérébral à l’excès. Le trait est néanmoins pessimiste, jusque dans l’évocation du combat pour la liberté : la reconnaissance de son être au-delà d’un statut civique assujettissant est une problématique résolue avec un désenchantement certain.

Le film est à peine plus limpide dans sa forme que dans son fond ; cohérent, il l’est pourtant, mais toujours nappé d’une part sinon de mystère, au moins d’ambiguïté. La représentation du Japon des 50’s est à cette image ; à la fois inscrite dans la veine esthétique d’Oshii [d’abord imaginé comme support d’une série, le concept est tiré d’un vieil avatar de son imagerie, les soldats Kerberos] et dernière référence de l’anime traditionnel confectionné à partir de cellulos, tout en possédant une identité visuelle l’isolant tout à fait. L’aspect technique et visuel a toutes les chances de faire basculer les indécis dans le camp des conquis : plutôt qu’animateurs perfectionnistes, ce sont des orfèvres qui se sont attelés sur ce Jin-roh. Ce graphisme expressif et cabalistique ouvre à la richesse du film, maintenant de cette façon l’hermétisme ambiant à une distance honorable. Sitôt que notre vague sentiment de perplexité est évacué par la délicatesse, le soin et l’intégrité de l’ensemble, ne compte plus que le magnétisme global.

Note globale 71

Interface Cinemagora

Voir le film sur Dailymotion (VOSTF)

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THE BURROWERS **

3sur5  Juste sur le plan formel, The Burrowers a tous les atouts, et même plus qu’on en demande, pour être promu en salles. Surtout que seule sa méprisable exploitation commerciale rappelle ce film plein de charme à son statut de série B. Photo impeccable, jolis effets de style, privilège à l’atmosphère : c’est au moins l’œuvre d’un habile technicien et metteur en scène assumant parfaitement le manque de moyens à peine latent.

Mais si le film a pu inquiéter les annonceurs, c’est qu’il fonctionne sur la fusion improbable de deux genres que peu ont songés à concilier jusqu’ici : le western et l’horrifique. En téléportant ses monstres [même pas cheaps] dans un contexte inhabituel, J.T.Petty risque de faire parler de lui chez les amateurs d’ingrédients Z, à coup sûr comblés de les voir enfin s’offrir un digne traitement de catégorie A.

Sauf que c’est justement lorsque les  »enfouisseurs » du titre apparaissent que le film s’essouffle, sa dernière partie sacrifiant la mince parcelle de mystère mais du même coup la réelle tension qui imbibait le métrage. Qu’importe, puisque ces créatures issues de la mythologie des autochtones américains n’auront jamais été la fin en soi de ce film à la trame relativement simple, assez économe en terme d’esbroufes, mais férocement ambitieuse. Les personnages sont très finement écrits, suscitant chacun l’empathie, même ceux qu’il était si facile de parodier ou livrer en pâture [Henry Victor, personnage censément veule, répugnant et détestable] : preuve, s’il en faut, qu’on est à mille-lieux du tout-venant de la production fantastico-horrifique US. En filigrane, mais sans chercher à discourir, un plan d’ensemble sur la haine  »valide » d’une époque et l’asservissement des Indiens. Une réussite globale et, à quelques infimes lourdeurs près, un souffle de fraîcheur.

Note globale 61

Page AlloCine & IMDB

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Séances Express : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 17, 18, 19, 20

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SEANCES EXPRESS n°31

12 Juil

> Soudain le 22 mai** (60)

> Abandon* (41)

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SOUDAIN, LE 22 MAI **

Connu pour son controversé Ex Drummer, Koen Mortier livre son second long-métrage. Exercice de style un peu aveugle, Soudain le 22 mai s’apprécie pour son esthétique raffinée, sa mise en scène extatique ponctuée par une échappée finale onirique.

Le film se déroule autour d’un drame et de celui qui n’a pas su l’empêcher, l’explosion d’un centre commercial et l’agent de sécurité qui a échoué. Il se retrouve hanté par les fantômes de ses victimes, venant un par un lui demander des explications. Se déroule d’abord le procès d’un coupable par omission, par lâcheté ; un homme fatigué, dans une vie sans stimulis, sans perspective. Endormi dans cette existence, il laisse passer le danger comme il laisse passer tout le reste.

Malheureusement l’ensemble tourne à la simple accumulation puis tombe dans méllasse autour du cas Dolly. L’arrivée de l’auteur de l’explosion permet cependant de dépasser le simple harcèlement des innocents sacrifiés, pour ouvrir à des interactions plus globales. Bientôt, quatre protagonistes impliqués refont l’événement et défendent leur subjectivité, tout en visitant virtuellement les lieux du drame.

Voilà du cinéma dépressif, habillant son scepticisme avec élégance, en quête de ré-enchantement sans arriver à se décoller de la misère humaine qui l’écrase.

Note globale 60

 

Page Allocine & IMDB + Zoga sur SC

Suggestions… Passé virtuel + Abandonnée + Universal Soldier 3 + Elephant

 

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ABANDON *

Abandon suit une étudiante brillante et ambitieuse mais obsédée par un petit ami disparu, un rebelle charismatique. Nous avons à faire avec un thriller vain et boursouflé, reposant sur les charmes de Katie Holmes et son haïssable sourire en coin – au cas où vous l’adoreriez, c’est une marque universelle de mépris et l’expression emblématique du dominant serein.

Les autres acteurs se prêtent à des cabotinages lourdauds tandis que l’intrigue avance sans raison, avec une colonne vertébrale douteuse. Il y a des dialogues pleins d’esprit et une espèce de réflexion sur la réussite, la vocation et l’attachement. Mais comme tout ce qui parcourt le film, cela manque de clarté et plus encore de finalité.

Enfin on s’amuse de ces surfeurs surdoués et autres visionnaires en carton, manifestation malade de l’esprit américain du  »self made man » et sa mystique de l’excellence. C’est peut-être ce ‘bon fond’ qui rend la séance jamais déplaisante.

Note globale 41

 

Page Allocine & IMDB + Zoga sur SC

Suggestions…

 

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SEANCES EXPRESS n°30

13 Juin

> Traffic** (56) policier USA

> La Chute du Faucon Noir** (52) guerre USA

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TRAFFIC **

Film choral réalisé par Steven Soderbergh (Ocean’s Eleven, Ma vie avec Liberace, Kafka) où sont intégrées plusieurs histoires autour du trafic de drogue (de la police mexicaine jusqu’à la Maison Blanche), vouées à ne pas se rencontrer. Ambitieux mais indéterminé, Traffic est un spectacle aussi minutieux et solide que décevant. Avec Erin Brockovich, Soderbergh réalisait un film fort, essentiellement grâce à son héroine. Ici, dans le cas où il y aurait un personnage monumental, il ne prendrait de toute façon que sa petite part et sa fougue elle-même n’irradierait au mieux que son espace réduit.

Il y a beaucoup de style et de précision dans Traffic, où un metteur en scène réfléchi et raffiné est aux commandes. Le vaste travail sur les couleurs en atteste. Mais hormis l’illustration scolaire sur le thème  »la drogue, son trafic, sa consommation, les agents impliqués », Traffic n’en vient nulle part. L’avantage de sa structure est négatif : Traffic évite de s’appesantir et n’est pas trop plombé par sa grande platitude. Il n’est pas vif, mais se suit sans ennui et laisse s’exprimer de façon volatile la sensibilité de son auteur. C’est peu compte tenu de son ambition manifeste, mais assez faste pour un divertissement quelconque.

Note globale 56

Page Allocine & IMDB

Suggestions… Training Day + Ocean’s twelve + Sexe, mensonges et vidéos

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LA CHUTE DU FAUCON NOIR **

S’il apporte une certaine fraîcheur à son genre sur la forme (mais depuis 2002, il y a eu de rudes concurrents), ce film de guerre est un coup pour rien.  »Based on an actual event », La Chute du Faucon Noir refait l’intervention américaine en Somalie de 1993 à sa façon. S’il ose filmer une berezina pour l’armée US, Ridley Scott se contente de respecter le principe d’immersion aux côtés de recrues jeunes et naives, parfois même idéalistes. Du récit il évacue toute réalité politique, toute nuance. Il donne tout juste un visage et un mobile à l’ennemi, en faisant preuve d’une lourdeur (et d’une trop grande simplicité) narrative et d’une virtuosité passive qui ne lui sont pas familières.

A l’instar de films comme Bloody Sunday, c’est une sorte de reportage radical mais complètement désengagé en-dehors des sensations directes. La différence avec Bloody Sunday, c’est la qualité de la réalisation et de la mise en scène, une constante chez l’esthète Scott. Malheureusement, l’auteur délivre ici son film le plus impersonnel, soit le moins intéressant. On y assiste comme à une sorte de néo-Top Gun franc du collier mais aussi efficace que vain. Tout repose sur le casting qualitatif au détriment de ces soldats sans caractérisation, leurs drames sont donc vite surmontés. Amère déception quand on sait l’énergie et l’invention que Scott met d’habitude au service de ses projets même les plus anecdotiques.

Note globale 51 

Ridley Scott sur Zogarok : Hannibal, Legend, Prometheus, Kingdom of Heaven

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