4sur5 Xavier Gianolli est un réalisateur dont la sensibilité est généralement méprisée (et à sa décharge, il pêche souvent par candeur). Mais c’est normal, car ses héros sont de vrais hommes et femmes du quotidien et de leur temps, contrairement à ceux des baudruches sociales servies habituellement au cinéma. Quand j’étais chanteur était un beau film, pathétique mais digne, pas fulgurant, juste poignant, surtout grâce à Gérard Depardieu et Cécile DeFrance. En effet, Gianolli n’est pas non plus un cinéaste brillant, c’est un bon raconteur avec des personnages de caractère et un style réaliste incertain (Une aventure).
C’est aussi un metteur en scène tentant, avec eux, de donner son compte-rendu de quelques expériences dont le noble cinéma se moque, mais sont essentielles pour ceux qui les vivent. Dans À l’origine, son premier et seul film largement respecté, Gianolli s’est inspiré d’un fait divers lu dans le journal ; un escroc s’étant fait passer pour un chef de chantier et ayant fait construire une route au milieu d’un champ. De cette histoire incongrue naît un film simple et puissant, où François Cluzet incarne l’escroc devenu héros. Trouvant au départ une nouvelle manne, il se trouve rapidement investi d’une mission.
L’espoir qu’il crée dans la région engendre un défi, relevé avec succès : sortir des »coups » et du parasitage pour évoluer vers la responsabilité et le gain mérité. À l’origine n’est pas l’histoire d’un bon petit déviant revenant dans le droit chemin collectiviste. C’est le portrait d’un héros, d’en bas, montrant que la croissance et l’intelligence viennent d’abord de l’individu ; et dont l’attitude productive amène des bénéfices pour tous ceux qui s’en seront donné la peine. En d’autres termes, c’est du philanthropisme indirect, où un homme concentré sur la tâche stimule l’action et le progrès. À l’origine illustre ainsi le rêve méritocratique et met en valeur la force de la volonté sans ignorer les contingences ou les difficultés réelles.
C’est en surmontant ces épreuves que le héros d’À l’origine remporte la victoire et amène le ré-enchantement. Encore faut-il qu’on ne lui barre pas la route ! Cluzet/Philippe Miller et ses équipes ne sont pas labellisés par les corporations ou le gouvernement, mais ceux-là sauront évidemment venir chercher leur dû ou profiter de son succès ; Gianolli ne s’aventure pas véritablement là-dessus, pour rejoindre les faits mais peut-être également par manque de considérations pour l’idéologie. Cela ne fait pas de son film un produit neutre, car son héros Philippe Miller, en récupérant l’argent sale, met à profit l’économie souterraine, non sans se servir, car être un héros ce n’est pas être un martyr.
Note globale 80
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