Flash Gordon était d’abord un comic strip US des années 1930 et une référence dans le domaine. À cette époque marquant l’apogée des comics sortira même un premier Flash Gordon (1936), film de plus de quatre heures. En 1980, Dino de Laurentiis produit une nouvelle version, supervisée par Mike Hodges (La Loi du Milieu, Damien:La Malédiction 2). Porté par une BO signée Queen, des décors kitschissimes et une ambiance proche de l’accident industriel ubuesque, Flash Gordon est devenu un nanar de référence.
Parfois adulé, souvent considéré comme un plaisir coupable ultime, il est d’une pauvreté et d’un ennui confondants. Ses qualités sont corrompues mais on peut les citer : c’est de la jolie fantasy dans l’espace, les costumes sont pittoresques, les maquillages aussi. C’est extrêmement ridicule mais c’est ici qu’est son charme potentiel, dans cette overdose de nuances fluo d’un criard supérieur à Mars Attacks. Exécuté par une équipe manifestement ennivrée à mauvais escient par cette entreprise outrancière, Flash Gordon noie ses atouts dans la bêtise et l’amateurisme.
Pendant près de deux heures, les 35 millions de dollars sont employés à un recyclage de morceaux de décors en friche de Rocky Horror Picture Show ou Phantom of the Paradise. Si le psychédélisme façon Altered States sans imagination lors du premier contact avec les cieux passait encore, le métrage va surprendre par son manque d’ingéniosité et de pertinence fulgurants. C’est encore sans compter sur son absence d’autonomie et donc de caractère, réalité paradoxale pour un produit si outrancier.
Un érotisme latent omniprésent est présumé titiller le spectateur : mais Flash Gordon est un Caligula de mollusque et ne proposera rien de jubilatoire en-dehors de la séquence avec la princesse, d’un volontarisme SM salutaire. La parodie Flesh Gordon de 1974 a le mérite d’aller au bout de ses maigres ambitions, elle. Flash Gordon n’est qu’une daube stérile, cynique et rigolarde, exploitant vulgairement de riches ressources. Dans son dernier tiers, elle commence à partir en live. Cela donne quelques débuts de séquences aptes à devenir magiques et qui ne le seront jamais (le mariage).
Par ailleurs le spectacle croule sous les performances piteuses de cabotins à l’enthousiasme un peu violent : l’apparition de Zarkoff est d’une triste excentricité. Le Dark Vador du coin et la méchante frigide (résidu pas si malheureux de la Reine mère de Blanche Neige) sont moins minables même si leurs interventions ne sauraient sauver le film ; quand à Max von Sydow dans la peau de l’empereur Ming, là aussi seule l’enveloppe mérite d’être relevée. Le pire est cependant Flash lui-même, incarné par Sam J.Jones. Sorde d’androgyne nordique asexué et fade à en crever, il est l’un des héros les plus ratés de tous les temps et n’a même pas le mérite d’être drôle ou sympathique comme celui de Turkish Star Wars.
Note globale 40
Page Allocine & IMDB + Zoga sur SC
Suggestions… Zardoz + L’Age de cristal + Willow + Labyrinth + Phantasm + Ted
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