→ Dumb money =+ (comédie>suspense USA) : voir la critique. 757-557. (58)
→ Misanthrope =+ (suspense) : Le jugement courant d’après lequel le début est impressionnant, le reste pas à la hauteur, n’est pas seulement non partagé… je ne comprends pas ce qu’on a vu de si bien vs ce qui aurait été si décevant. Ou bien le film a pour une raison étrange (bande-annonce/teasers ?) leurré une originalité dans l’esprit des spectateurs, bientôt déçus. J’ai au contraire trouvé l’introduction ennuyante, probablement pas assez brutale, impudique ou pyrotechnique pour avoir l’air autre chose que vulgaire ; puis j’ai apprécié le développement du trio et de leurs relations, bien que ce soit comme l’enquête, les décors, les tensions avec la hiérarchie et les collègues : routinier. Le dénouement en deux temps avec confrontation au tueur puis négociation avec le léviathan pourri est un pastiche du meilleur du genre, où le sens moral est tourmenté (pour y aller plus à fond, on peut voir Contre-enquête de Lumet).
Je ne peux m’empêcher de me demander si cette intro m’est parue médiocre par une volonté du film (même si au premier plan, celui du divertissement ou de la tension, ça me semble effectivement fade, quelque soit l’intention) ; car les cibles et le contexte inspirent aucune envie ou sympathie… or cette absence de goût rapproche du dégoût déclaré du tueur, auquel on trouve non des circonstances atténuantes (ou si en trouve, ce qu’il est et ce qu’il fait est trop stérile au mieux, affreux et insoutenable sinon) mais la légitimité souterraine qu’ont les ‘monstres’ d’une société. 677-566. (62)
→ Marcel le coquillage (avec ses chaussures) + (intimisme) : Réussite technique et sentimentale. Un coquillage adorable mais aussi moqueur, pas si innocent. L’humain est nase, dans les circonstances c’est approprié. 677-678. (72)
→ Aftersun – (intimisme) : Je vais rester sage et qualifier ce film de léger – il ne sait même pas donner l’instinct de se moquer comme La nuit du 12, ni exaspérer comme sait le faire un Nope, ni amuser par l’ampleur de ses ratés comme un truc tel The sadness ou n’importe quelle autre baudruche boursouflée. Dès qu’on passe deux phrases à son sujet, on est rendu à gonfler son contenu. 353-322. (22)
→ Reality =+ (suspense) : Ce film sort vaguement du lot grâce à son parti-pris de fidélité aux faits et sa mise en scène parano, le tout en exploitant une transcription du FBI. C’est un spectacle d’empathie et courtoisie d’une faussetés flagrantes, avec un va-et-vient entre surenchère de ‘small talk’ et questions franches pendant une heure avant de lever le mystère sur la nature de l’affaire – dans le dialogue le plus insignifiant ou lunaire, il n’y a qu’une mise sous pression glaciale, professionnelle. Et un seul instant où la subjectivité éclate – de façon bien grasse face à une Reality perdue et suffoquant sous son masque. Je reste peu convaincu de la qualité du personnage de ‘Reality’, sans doute caractérisé de façon ‘blanche’ par pudeur envers la personne réelle – et le dispositif donne de la légitimité à cette inanité. Sur le fond le film tire sur l’ambulance, avec la majorité médiatique de son côté, mais il fallait un cas ‘facile’ à charger pour s’autoriser la démonstration tout en paraissant ancré dans la réalité, donc pas un exercice de style nébuleux ou outrancier (politiquement) à la Punishment park. Néanmoins je dois reconnaître être mitigé quand il convient de plaindre cette femme, car je ne sais pas si une telle méthode est acceptable pour un enjeu à mes yeux non vital ; je n’aurais pas cet inconfort si les libertés individuelles étaient directement ciblées. 576-575. (58)
→ Killers of the flower moon ++ (drame) : voir la critique. 898-988. (86)
→ Paysage à la main invisible + (drame) : Quasi disparition du travail et paupérisation de masse : les humains colonisés vivent une Grande Dépression XXL et vraisemblablement irréversible ; ce n’est pas l’économie qui est cassée, c’est la pertinence de la quasi intégralité des vies humaines, managées par des aliens bien trop puissants et supérieurement intelligents pour envisager une quelconque compétition. Comme l’indique le titre, les ravages économiques et sociaux sont tenus pour inévitables et assimilés à la ‘création destructrice’ par les nouveaux dominants ; en résulte une guerre des classes, ou des nuances d’une même grande classe, car l’Humanité entière est prolétarisée (et colonisée) ; tout discours d’émancipation devient inaudible – il ne reste qu’à collaborer au degré le plus raisonnable et supportable possible (les limites de certains, déclassement relativement plus douloureux aidant, tendent à s’évanouir ; l’amertume, le laisser-aller et l’exhibitionnisme gagnent la jeunesse). J’ai rarement vu un film s’éviter à ce point toutes facilités : l’intrigue cœur mute régulièrement, les acquis se dérobent (y compris les secondaires et positifs qui semblaient devoir simplement accompagner et soutenir le récit), puis surtout le rapprochement avec les extraterrestres tourne toujours à la déception ; cette science-fiction enchaîne les retours à la froide réalité. C’est probablement car il est si frustrant, difficile à présenter et facile à considérer obscur et décousu, que ce film a récolté un accueil si tiède ; mais c’est aussi ce genre de proposition, probablement brouillonne mais toujours stimulante et proche de l’inédit, qui peut faire des émules quelques années plus tard. 768-888. (82)
→ Yannick =+ (comédie) : Cette clownerie-là m’a fait rire et a fait l’objet d’un effort de cohérence et de volonté qui était timide sinon disparu dans les précédentes de Dupieux. Le personnage reste un abruti et la tendresse pour lui un désordre qui m’est étranger ; mais il est vrai qu’il nous sauve d’un vaudeville pourri et sa performance d’ahuri vaut mieux. 547-456. (58)
→ The pale blue eye =+ (suspense>intimisme) : J’ai été sensible à ce duo d’enquêteurs et leurs tragédies ; l’enthousiasme pour ce film ne doit se mesurer qu’à ça. Il y a encore moyen d’adhérer à l’enquête elle-même et d’aimer cette ambiance sombre. La réalisation est tiède, minimaliste au point de donner une impression de huis-clos sur une grande partie (et de budget cramé pour la distribution devant la levée de l’intrigue). Mais j’aime que ce film soit à ce point discriminant, laisse à l’état de détails tout ce qui n’aurait fait que meubler le suspense, privilégiant la quête elle-même, l’émotion et les relations ; même si ce manque d’envergure l’empêchera de marquer les mémoires – ce point, le personnage joué par Melling (qui est un Poe très ‘librement’ adapté) avec une signature unique s’en chargera. 757-677. (68)
→ Dream scenario + (suspense) : à revoir et critiquer. 777-889. (8ou9)
→ Saltburn =+ (suspense) : J’ai commencé par faire le deuil des deux heures à venir devant ces images de mélo gay-Chalamet et trouvé peu d’espoirs dans les débuts sur le campus. Mais Saltburn fait partie de cette minorité de film en constant progrès. La seule scène où le film s’égare soudain est cette échange absurde entre Nate châtré/Felix et Farleigh, tous deux costumés comme des évadé.e.s de Why women kill, pour une petite joute décadente mêlant ressentiment personnel et accusation opportuniste de racisme par une avaleuse soudain prise de scrupules et de conscience d’un au-delà de ses intérêts nombrilesques. J’espère que tout le monde aura bien compris que le méchant est ce petit Fareigh, ventre à terre pour reproduire avec mesquinerie les inégalités venues du fond des âges, de même que la célébration des ‘bons usages’ ; il est d’autant plus abject que sa position est fragile et sa légitimité inexistante. Au contraire, notre psycho-prolo est étranger à la haine et ne cherche jamais à troubler ou blesser gratuitement les autres ! Je dois reconnaître que ce romantique, dont les exploits au bain puis surtout post-enterrement m’ont ému et convaincu, à l’usure apparaît un peu pervers : quand il préfère danser à oualpé au lieu de profiter de sa MILF à mobilité réduite, je comprends qu’il n’est pas tout à fait net ! 678-577. (68+)
→ Oppenheimer =+ (drame) : On peut relativiser tant qu’on veut le génie ou le mérite (ou la légitimité à être numéro 1) de Nolan ; une fois encore il montre un savoir-faire supérieur. Aucune impatience de mon côté en pourtant trois heures finalement pas si remplies (au moins ‘quantitativement’) et certainement compressibles sans dommages. Mais encore une fois, j’en sort avec l’impression que l’essentiel pourrait s’envoler rapidement (ce qui m’est arrivé avec Dunkerque que je crains d’avoir sur-noté, pas car c’était un plaisir mais à cause de son ampleur et son efficacité), à l’exception de quelques scènes plus chargées émotionnellement et/ou avec une surprise. Mais contrairement à Tenet je sais déjà que des morceaux précis me resteront : les moments de tournis subjectivistes, ceux avec ses deux amantes, la petite blague du président Truman, puis généralement ces moments où Oppenheimer abdique et accepte de jouer son rôle – ou n’a plus qu’à le déguiser. 787-667. (68)
SDM 2023 : Novembre (2), Avril à Octobre (1). SDM 2022 : Novembre (4), Aout à Octobre (3), Juillet (2), Janvier et Mars (1). SDM 2021 : Décembre ou 3/3, Juillet ou 2/3, Juin ou 1/3 .
Mini 2023 : Décembre, Novembre, Octobre, (pas de Septembre), Aout, Juillet, Juin, Mai, Avr, Mar, Fev, Jan.
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