MINI FILMS mai 2022

9 Août

Les notes au détail (EFI-PTS) : l’Écriture, la Forme, l’Intensité ; la Pertinence, le Style, la Sympathie.

Les huit catégories de genre : Intimisme (empathie et personnages), Drame (lourdeur et extériorité), Fantaisie (évasion et imagination), Épouvante (effroi et agression), Suspense (intrigue et investigation), Action (aventures et divertissement), Comédie (humour et situations) & Alternatif (non-fiction et expérimental).

Le bloc supérieur (+ ou ++, soit à partir de 72 jusqu’à 98) est en rouge. Le bloc inférieur (- et –, de 32 à 12/100) est en bleu sombre.

Little Joe =- (suspense UK 2019) : Longtemps convaincant, laisse un goût de futilité, de spectacle impuissant à faire autre chose que recycler, polir la surface et cultiver une rancoeur stérile teintée de dépression. Seule une poignée de scènes échappe à la redondance (le craquage puis la rentrée dans le rang de la collègue, la moquerie des enfants), aucune à la démonstration anxiogène hypertrophiée – vite creuse. Les sentiments présents dans ce film peuvent être ceux de n’importe qui, en particulier n’importe qui de désillusionné à l’égard de ses prochains ou d’un idéal de rationalité universelle et surtout universellement admis ; mais ils rendent le film davantage adapté aux progressistes pessimistes, lesquels se retrouveront dans cette frustrée emportée par le courant de corruption et d’aliénation volontaire, auxquels elle n’a que sa rigidité d’apôtre de la transparence et du bon sens scientiste à opposer – ce qui ne fera jamais battre le cœur ni des foules ni des individus. Effectivement, à quoi bon lutter contre la corruption universelle ? Surtout si c’est pour vivoter au milieu dans une bulle aseptisée, qui finira bien par vous pousser dans les bras d’un faux bonheur – car le faux vaut mieux que le rien. Et à quoi bon ce film quand existe déjà Paradis pour tous, moins plombant, moins désincarné que ce témoignage (ambitieux et maso) de l’aube post-humaine. 775-564. (52)

Goksung/The strangers =- (épouvante Corée du Sud 2016) : Entamé à l’époque, il ne m’en restait rien. Train fantôme efficace remuant sans cesse une poignée d’ingrédients – tout tenait en deux fois moins de temps, mais c’est normal venant de ce cinéma. Hésite entre pompeux et grotesque, toujours en se voulant offensant. Très mou sur le fond, aussi grave et méchant qu’un film américain sur le plan ‘spirituel’. 587-453. (48)

Yoju Toshi/La cité interdite/Wicked city =+ (fantaisie Japon 1987) : Manga gratiné doté d’un potentiel flagrant pour être un film culte auprès de ceux qui l’auront vu jeune ou près de l’époque de sa sortie ; sur le temps long et même sans rude concurrence, il manque un scénario un peu solide ou développé pour convaincre au-delà de l’enthousiasme régressif. L’univers est original mais pas mûr, il se repose sur les clichés ou sert à justifier les performances violentes – narration et personnages manquent de définition et de crédibilité. Pas de quoi empêcher cette Cité Interdite d’être une référence (secondaire) du ‘body horror’, grâce à sa mémorable araignée dentée et affamée. 388-377. (64)

Zinda Laash/Dracula au Pakistan (suspense Pakistan 1967) : Stupide. Dynamisme en échec perpétuel. Les scènes de danse visent bas et ont une petite chance de réveiller les plus tenaces ou indulgents. 232-233. (24)

Sorry we missed you =- (drame UK 2019) : Le prolo de ce coup-ci n’est qu’ordinaire, ordinairement aliéné et ordinairement con, on travaille donc sur une base plus digne d’attention et de pardon qu’avec Daniel Blake. Il ne souffre pas seulement parce qu’il est enclin à faire toujours les mauvais choix (ce qu’il fait) mais aussi car il se heurte à des aberrations et mesquineries engendrées par le droit du travail ubérisé dans un contexte où celui-ci ne peut quasiment jamais devenir vecteur d’opportunités. Le cinéma de Loach est désormais myope et fixé au ras-du-bitume mais il peut encore parler à l’immense ‘classe moyenne’ qui verra ici des vexations (venues du milieu professionnel comme de l’entourage) qu’elle connaît ou devine près de chez elle, quand il ne s’agit pas des siennes. 636-745. (52)

Le traître =+ (suspense Italie 2019) : Règlements de comptes entre mafieux encadrés par les tribunaux ; Buscetta passe de corrompu avec, à corrompu envers ‘Cosa Nostra’. À force de ne pas vouloir parler à la place de ce type, ni du juge ni des autres, le film fait beaucoup de sur-place et s’enfonce dans le grotesque léger, cinglant et peu drôle. Il se veut réaliste, montre les objets de remords et les limites de l’homme et du milieu pourtant si puissants, sans aller fouiller les poubelles ou tomber dans le sérieux documentaire. Pas d’ennui mais à la fin ce n’est plus qu’un polar mélancolique avec des ingrédients de romans neutralisés par souci ‘d’honnêteté’, par une distanciation forcée (qui rendra la séance imbuvable à ceux venus chercher de l’action et tout ce qu’on peut espérer d’un cinéma de gangsters, comme à ceux espérant du tragique, ou des confrontations intenses entre représentants de lois et d’ordres opposés). Mais si vous aimez les fresques, avec un brin d’abstraction et sans extravagances, c’est bon. 776-565. (58)

Une fille facile =+ (intimisme France 2019) : Film d’été sophistiqué, toujours socialement et émotionnellement réaliste. Zahia régale. Son appropriation de Bardot est convaincante, Sophia Loren est une influence secondaire et trop ‘hors-sol’ par rapport à ce qu’elle incarne. 456-667. (62)

Tao jie/Une vie simple =- (intimisme Hong-Kong/Chine 2011) : Ce genre de programmes tristes et réalistes ne valent qu’en tant qu’invitations à compatir ou se réchauffer pitoyablement le cœur tout en baignant dans l’impuissance. Ce film est juste mais surtout humble et insignifiant, comme cette pauvre vieille. Tout ce qui semble remis en question est l’indifférence ou l’oubli de celle-ci malgré ses services et sa bonté ; alors le film est adroitement écrit et orchestré mais ressemble à du Loach émoussé. 765-545. (52)

Mini-Critiques 2022 : Juin, Avril, Mars, Fev, Jan. 2021: Dec, Nov, Oct, Sept, Aout, Juillet, Juin, Mai, Avr, Mar, Fev, Jan. 2020: Dec, Nov, Oct, Sept, 15, 14, 13. 2019: 12, 11, 10. 2018: 9, 8. 2017: 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1. Mini Mubi : 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1.

Mini Courts : 2021, 2020, 4, 3, 2, 1. Courts & moyens Mubi : 4, 3, 2, 1.

Mini Revus : 2020, 1ou2018/2019

Laisser un commentaire