MINI CRITIQUES REVUS (2020)

14 Fév

Revus pendant cette année 2020, quelque soit le moment où je les ai découvert (l’an précédent, 2015 où j’avais déjà ce blog et le classement, il y a plus de dix ans). Des films notés 9-10/10 pourront être intégrés, car je n’envisage plus de critiques systématiques même au niveau de catégories (comme les courts des années 1890-1910).

Peut-être pas l’année où j’en ai revu le plus, mais au moins pas loin.

 

American Psycho *** (USA 2000) : Difficile à évaluer première fois car c’est un spectacle ‘efficace’ mais aussi plus joueur que profond, avec le tort ou le mérite de coller parfaitement à son personnage-projet. Entre-temps j’ai lu le semi-pavé de Breat Easton Ellis, qui m’a eu à l’usure et grâce à quelques pics de drôleries morbides puis aux tristes retombées sur le psychisme du type. Le film donne à voir des inflations typiquement masculines et un protagoniste dont le sens de soi repose uniquement sur l’identification – il vit dans un monde d’objets. La fugue et la surenchère sont ses seules options pour atténuer la tension. Patrick et ses collègues [yuppies de l’ère Reagan] ont l’air de clones dans un monde parallèle de ces femelles mesquines accrocs à leurs rôles. Apparemment ce psychopathe baigne dans un monde fait pour lui. La mise en scène évoque les Fincher de l’époque, soit l’excellence et le clinquant lugubre. Hormis l’orgie de bretelles, l’action pouvait paraître contemporaine à la sortie du film, ou simplement un peu en retard sur quelques détails (sans entamer la force de la satire). (68)

Vu il y a plus de douze ans, revu en janvier 2020.

La mort vous va si bien *** (USA 1992) : Comédie glamour et fantaisie crypto-gothique. Le cynisme du personnage de Meryl Streep et les états d’âme de celui de Bruce Willis font l’essentiel au niveau du casting. Je n’en avais aucun souvenir sinon celui d’avoir apprécié – ou enduré avec complaisance, car c’était largement ridicule. Malgré l’originalité, c’est assez typiquement américain, des heures un peu ‘maniaco-dépressives’ : parenté avec les screwball comedy des années 1940 et ces farces transgressives des 1970 ; reflet du monde hollywoodien et des obsessions matérialistes. Réalisé par Zemeckis après les Retour vers le futur et Roger Rabbit. Effets spéciaux excellents pour l’époque (celle de Ghostbusters). (76)

Vu une fois il y a extrêmement longtemps. Revu en février 2020.

Suggestions : Beetlejuice, Épouses et concubines, Un jour sans fin, Hook, Gremlins.

Les tontons flingueurs ** (France 1963) : Vu deux ou trois fois, avec difficulté et de façon morcelée. J’ai pour la première fois accroché sur la longueur, après avoir accroché par ‘morceaux’ il y a quelques mois. Les personnages sont lourdement taillés et le point de vue est celui de vieux cons, mais effectivement les dialogues et bruitages sont excellents. De Lautner je préfère toujours Le Pacha avec Gabin ; Lino Ventura est certainement plus crédible que l’éternel vieux en mâle alpha, mais comme acteur il ne l’est pas – sans doute car trop à l’étroit diront ses admirateurs. (62)

Revu en mars 2020 sur France2 pendant le confinement.

La grande vadrouille ** (France 1966) : Comme pour Papy fait de la résistance, le succès vient probablement du besoin de soulager la tension après une sombre période et de la réunion d’acteurs parmi les plus populaires et rois de la comédie à leur époque. Drôle et primaire, spécialement autour du passage à l’hôtel et de la poursuite avec les jets de citrouilles. Limité par des moments plus falots (longue intro et conclusion précipitée) et un scénario très léger : ça bouge mais il y a peu de rebondissements. Heureusement les quiproquos et les conflits sont abondants. Bon tandem avec le benêt de bonne volonté et le pingre hystérique. Je préfère Rabbi Jacob et La folie des grandeurs sorti quelques années plus tard – et bien sûr La soif de l’or de la fin de carrière d’Oury. (58)

Revu en mars 2020 sur France2 pendant le confinement. Vu certainement une fois avant.

La soupe aux choux ** (France 1981) : Un an avant ET, une sorte de chaînon manquant entre celui-ci, du Carpenter contemporain, La Boum. La comédie burlesque et l’humour de fins de banquets franchouilles mâtiné de feuilleton ‘à l’eau de rose’, de choc déjà désuet avec la modernité post-68 et de SF psychédélique. Le résultat vaut un peu plus que ne le suggère sa réputation, même s’il manque de développement en-dehors de la blague grasse – on a tout de même de jolis moments de joies ‘alchimiques’ (la résurrection, la fuite finale) puis d’acceptation de la fuite du temps, des souvenirs et même des rêves. Une comédie triviale reflète des sentiments profonds (par accident ?) plus facilement qu’une expérimentation d’avant-garde comme Mubi nous en distribue à foison ; la surprise n’est que théorique. De Funès est bien plus flamboyant ici que dans L’aile ou la cuisse, son duo avec Villeret fonctionne quasiment aussi bien que celui avec Bourvil dans La grande vadrouille (bien que l’alien par lui-même n’ait que son allure de drôle). (56)

Vu une fois avec vagues souvenirs. Revu en mars 2020 de la même façon.

Suggestions : Quelques messieurs trop tranquilles, Christine.

L’aile ou la cuisse ** (France 1976) : Scénario foutoir (plus que La grande vadrouille ou La soupe aux choux) qui favorise un rythme et un intérêt inégaux. La critique [de la malbouffe industrielle ‘naissante’ et des restoroutes de Jacques Borel lancés en 1968] et la démagogie étouffent le reste dans le dernier tiers, seule la visite de l’usine échappe à l’anesthésie générale de la comédie et des extravagances ; au contraire le début est un peu méchant et réjouissant (les visites déguisées, le sacrifice de la secrétaire). Le duo Coluche/De Funès fonctionne sans faire d’étincelles, le premier n’est pas sur son terrain, le second y excelle tranquillement. Les farces de l’hôtel sont un peu longues et la niaiserie ramène fondamentalement le film au plancher. (52)

Vu probablement. Vu certainement sur France2 pendant le confinement.

Cyrano de Bergerac ** (France 1990) : Revu en dilettante pendant le confinement en avril, en ayant lu la pièce et vu une adaptation de 1922 (Cirano de Genina). À nouveau j’y vois une réussite curieuse : on accroche et décroche facilement, l’exécution est étonnamment fonctionnelle et même ‘divertissante’. Rien ne sonne ‘faux’ (à l’échelle du cinéma) et les dialogues entraînent le rythme général. Les acteurs sont irréprochables et Depardieu dans un de ses grands moments – un de plus, pas à contre-emploi comme dans Les temps de Téchiné, mais qui a densifié son répertoire. (62)

Hibernatus ** (France 1969) : J’en avais vu au moins le tout début enfant mais j’ai toujours douté avoir vu davantage (alors que je suis sûr que je n’ai vu qu’un bout d’Oscar). Dans le cas inverse, l’oubli serait tout naturel ; pourtant le postulat est fort et les ingrédients aussi, mais finalement le meilleur n’a pas lieu. De Funès se livre à d’excellentes pitreries (en premier lieu ses pirouettes sur « Edmée » ou son entrée au palais), les confusions sont alléchantes. Mais le film choisit des voies tièdes puis s’arrête au moment de devenir sérieusement intéressant ! L’humour est épais, l’écriture aussi, sans parler de la présentation de la cryogénie ; enfin ça marche, avec un potentiel et des promesses plus inspirants que le résultat, haut-en-couleur mais foncièrement crétin comme toujours chez Molinaro. Les personnages sont trop idiots et sans recul, la femme est désespérément obtuse ; cette galerie serait pénible sans DeFunès, avec son personnage d’arriviste délicieusement écœurant, teigneux et obséquieux. Ce film a probablement inspiré Les Visiteurs et la convocation de Lonsdale au casting de Moonraker. (56)

Burn after reading ** (USA 2008) : Ribambelle d’abrutis – vision extrêmement cynique de l’ordre humain. Une enfilade de sketches faiblards, de situations rocambolesques et de portraits moyennement savoureux. Efficace mais ramolli par sa suffisance dégoulinante (et son mépris facile envers les personnages – dans cette séance tout est unilatéral). (62)

2 heures moins quart avant le Christ * (France 1982) : Un sommet de lourdeur et surtout de vulgarité, néanmoins plus consistant que la simple comédie familiale Astérix Mission Cléopâtre, exempt de politique. César en homo et Cléopâtre en baveuse grossière – les deux tyrans sont ridicules et malmenés par les contingences. Coluche et Jean Yanne ont les dialogues mordants, mettant en cause le syndicalisme et la pantalonnade qu’est la professionnalisation de la contestation. Le casting est tellement colossal et le sur-texte tellement démago qu’on va forcément y trouver un petit quelque chose de sympathique – et il y a de l’idée, de l’écriture, même si c’est toujours épais et étroit. On dirait une sorte de Caligula des familles pour les dimanche éméchés où l’embarras s’évanouit. La petitesse de nombreux passages et l’obstination sur certains filons peut tout de même rendre la séance gênante ; tandis que les anachronismes et le cynisme font regretter le manque de détermination – soit ce film pouvait être bien plus pertinent, soit c’est une farce de primates avec un peu d’aigreur et d’inspiration supérieures pour la rendre significative. (38)

La fille de D’Artagnan ** (France 1994) : Une sorte de film hollywoodien français, revisitant l’Histoire de façon ‘grasse’, glamour et en projetant des normes, des valeurs et des critiques d’aujourd’hui – à commencer par la fille annoncée par le titre. Tavernier est justement un des rares défenseurs du cinéma américain de ‘la grande époque’ auquel il trouve un sens politique sur-élevé par rapport à celui européen. Le biais ‘gauchiste’ se ressent par cette emphase sur la traite des noirs, le cynisme et le matérialisme des élites, les outrances despotiques, puis tout simplement cette démystification de la France de l’Ancien Régime. Le film est relativement emballant au départ mais devient ennuyeux à mi-parcours ; les punchline de Noiret n’ont plus d’effet, l’excellence de Claude Rich reste sans écho, seules les rodomontades et les seins nus de Sophie Marceau égayent encore la séance, puis quelques acrobaties pittoresques (la troupe passant par la fenêtre, la bataille sur le bateau accosté). (46)

Mes meilleurs copains *** (France 1989) : Un mix des acteurs du cinéma de demi-auteur et du gras grand-public français, réunis devant l’objectif de l’homme des Visiteurs. C’est une comédie sensible où le matérialisme est roi, une sorte de premier ou deuxième grand bilan de vie par les membres de la génération ‘hippie’. (68)

Shaun of the Dead ** (UK 2004) : Bête mais éclairé dans sa bêtise, systématique et déterminé. Propos plus gratuit que réfléchi. J’avais vu cet opus et le suivant et raisonnablement apprécié, quelques années après leur sortie, puis été ennuyé par Le dernier pub. (58)

Hot Fuzz ** (UK 2007) : Comme le précédent (et tous depuis La soupe), vu une fois. J’étais surpris d’adhérer et de rire davantage qu’avec Shaun of the dead. Malgré son efficacité la séance reste sans grande surprise et le mauvais goût, quelque soit son degré de sincérité, l’emporte toujours à terme. La musique et les effets de montage sont immondes et raccords avec la promesse de l’affiche. C’est comme un film d’action explosif en différemment beauf – moins pour le public de Michael Bay et plus pour les ‘geeks’ mais dans l’acception Big Bang Theory du terme. (58)

Harry, un ami qui vous veut du bien *** (France 2000) : Le gibbon à hélices et la salle de bains m’avaient interpellé à l’époque dans la bande-annonce pour une des premières diffusions télé. Je ne l’ai vu en entier que tardivement. La raideur de Laurent Lucas, ses postures hyper rationnelles, me paraissaient moyennement crédibles et anti-cinématographiques ; c’est toujours le cas même si, comme avec Dans ma peau, ce jeu formel et froid a de la valeur dans les films du bizarre, de l’ordinairement ‘inhumain’ ou du malaise. Conclusion ennuyeuse mais probablement préférable pour liquider une intrigue si curieuse et une incruste si déviante. (72)

Dune *** (USA 1984) : Aux origines premières de ma cinéphilie active ; j’en avais obtenu le DVD avec un autre qui m’avait davantage marqué et orienté pour la suite. J’attendais un film grandiose, probablement pompeux, tout en ayant aucune culture du space opera et même pas le minimum de la SF ; j’ai vu un film effectivement mais pas absolument original et parfois creux, aux personnages assez mal différenciés, plein d’apparitions et de décors remarquables ou inventifs, mais d’autres aussi désuets. Déjà cette ouverture avec la fille de l’empereur m’avait déçu à l’époque – et son petit « ah oui, j’oubliais de vous dire » définitivement refroidi ; puis Kyle MacLahan commença son existence dans ma conscience comme un bon garçon insipide et irrécupérable. En le redécouvrant sur arte en (VF et en) HD, je le voyait d’affilée pour la première fois. Le scénario est compliqué et peu passionnant, les dialogues assommant, les caractérisations faibles. L’action est entravée. Les costumes et les allures sont remarquables d’excentricité, diversement remarquables pour le reste. Les effets spéciaux sont audacieux, souvent bons, pas toujours d’une pertinence flagrante. Si on aborde le film avec des attentes contemplatives ou d’étrangeté on obtient quand même satisfaction – il faut aimer le style, le kitsch, le parfum de l’époque. La trame n’en reste pas moins sans grand intérêt et conventionnelle. Ce film aurait dû plutôt servir à l’illustration d’un album ; on pourrait aussi en faire un moyen-métrage captivant en minimisant les personnes et en éjectant cette voix-off. Musique diversement valable, mais theme génial ; moments et éléments visuels fabuleux (même cheap ou procédant de choix étranges) ; le gras pustuleux Harkonnen est fascinant. A pu inspirer Jeunet (Alien 4 et La cité des enfants perdus). (74)

Suggestions… L’incroyable aventure du baron de Munchausen.

Cube ** (Canada 1997) : Vu il y a 10 à 15 ans. Film de malin (sur le déploiement – pour le reste, certainement ‘sincère’). Discours HS de Worth, très jolies considérations sauf qu’il répond à côté. À la fin, rien ; on saura rien. Du bric-à-brac. (56)

True Romance *** (USA 1993) : Vu à la même époque. Vole pas haut mais avec classe et brio. Grand exemple de film idiot mais réjouissant et de cinéma d’action candide, charmant et stylé (comme Arizona Junior) avec une jeunesse impulsive, tatouée et décérébrée (comme Sailor & Lula). Cette kitscherie de Tony Scott restera un des meilleurs films liés à Tarantino, violent et décontracté comme les autres, encore marqué par la fraîcheur et la spontanéité, déjà avec un scénario marqué : Slater en cinéphile fan du King et de kung-fu, tient un magasin de BD ; la fille ‘idéale’ avec les traits particuliers propres aux espoirs de ces ‘geeks’ et leur mode de vie lui-même idéalisé – mais c’est trop beau, on risque la chute vers la réalité bête ; alors c’est la fugue permanente ! Tous les retournements seront positifs et les moments d’horreur tournent à la plaisanterie décisive. Brad Pitt dans un personnage secondaire de junkie pantouflard jouait le psychopathe dans Kalifornia, sorti une semaine avant en France. (76)

Suggestions… Le roman d’Elvis + Jackie Brown.

Austin Powers ** (UK 1997) : Les deux suites sont beaucoup plus hystériques et n’apportent pas grand chose de neuf – mais poussent plus loin les gags et décuplent le gras. Mieux que le commun des ZAZ. (56)

Blade * (USA 1998) : J’en avais aucun souvenir précis, je repartirais à peine mieux fixé. Il y a du style c’est sûr ; du goût, heureusement pour lui c’est relatif. Ennuyeux et débile avec de pauvres moments plus éclatants ou grotesques. (36)

40 ans toujours puceau * (USA 2005) : Deux heures qui passent curieusement bien ; mais un film bien sûr vain et débile et surtout trop gentil. (38)

Mini-critiques : 2020, 2017-19.

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