Mini Films Décembre 2020

8 Fév

Le grand bazar ** (France 1973) : Des gags et une écriture particulièrement lourdingues au départ – sans être dérangeants ; le film mûrit dès que débarquent Serrault et l’hypermarché. Certaines scènes vont assez loin pour éponger le mauvais goût. Le style BD dégage du charme à défaut de rendre aussi hilare qu’espéré – peut-être que les enfants sont la cible privilégiée ? Galabru très mauvais n’a que l’aura d’aigreur pour rendre son personnage un peu convaincant. Coluche peu à l’aise. À voir pour retrouver l’ambiance et les enthousiasmes de l’époque – celle où la société de consommation entrait dans la crise permanente. (62)

[moyen=59min] Le papillon meurtri ** (USA 1919) : Un réalisateur français (Maurice Tourneur) aux USA pour une action au Canada. Mélodrame évitant l’immoralité grâce à une tragédie bien digérée. (62)

Mes funérailles à Berlin ** (UK 1966) : Deuxième des trois films avec l’agent Harry Palmer (après Ipcress). Carré, mou, superficiellement incisif en toutes choses, intrigue classique emberlificotée ; c’est autant un sous-Hitchcock [contemporain] court et tiède qu’un cousin réaliste de James Bond. On doit probablement à la réalisation par Hamilton (connu pour des Bond première époque et des adaptations d’Agatha Christie) l’évitement de l’ennui. (52) 

Footlose ** (USA 1984) : Un aperçu des talibans d’Amérique profonde, plus propres et sereins que leurs cousins. Le fond est assez inclusif et bienveillant, conservateur probablement ; on est au pire indulgents envers le père Lithgow (vingt ans plus tard tueur moraliste dans Dexter) ; la jeunesse renouvelle l’esprit communautaire et les extravagances (urbaines ou simplement contemporaines) sont inenvisageables dans ce cadre. Enchaînements sur le plan du montage comme du scénario régulièrement bizarres. Se distingue des autres comédies musicales avec ados rebelles par le contexte, l’emphase et la prégnance du drame – on est proches de la thérapie collective. (58) 

Problemos *** (France 2017) : Politiquement c’est à la fois lucide et sinon insouciant, en tout cas nullement militant ou résolu. Les utopistes égalitaires en prennent pour leur grade davantage que les décroissants (la solitude de l’entrepreneur capitaliste, l’inévitable hypocrisie et la désignation de nouveaux boucs-émissaires, le ridicule des ateliers). Les personnages sont jubilatoires – le plus savoureux est évidemment cette moralisatrice bourrée de ressentiment, à la méchanceté et la volonté de domination discrètes et constantes, jouée par Blanche Gardin. Des répliques et passages monumentaux (greffés sur une intrigue ‘souple’ voire superflue) ; de quoi forger une de ces comédies ‘culte’ d’ici quelques années, si l’occasion d’y revenir et les mœurs courantes lui donnent raison. (74)

Josey Wales hors-la-loi **** (USA 1976) : Une fiction belle, dure et finalement chaleureuse sur les relations humaines, avec une équipe de ‘traditional warrior’ bigarrée (une vieille, un indien, un solitaire). Des conflits profonds surmontés par la nécessité puis une amitié réelle. Dans le haut du panier des productions Eastwood. (82)

Les grandes gueules **** (F 1965) : L’aperçu d’un mode de vie laissant rêveur ; ce film fait du bien, sans flatter ni encroûter son public. Bourvil en joyeux benêt devait fonctionner pour une autre génération ; face à Ventura il est autrement intéressant. Le film est certainement un peu long et comme l’ensemble des œuvres traitant de la rédemption de prisonniers, il a sa petite part de candeur ou de déni. Mais il évite la niaiserie et fait davantage partie de ces fictions montrant ce qu’il en coûte de s’écarter des voies faciles ou socialement convenues. (78)

Johnny Mnemonic ** (U 1995) : Un de ces pré-Matrix, particulièrement méprisé. Il est fauché et n’emmène pas loin ses idées, mais mérite la moyenne pour tout ce qu’il met en œuvre et présente efficacement (et en évitant les idioties). Reeves est peu convaincant lors des éruptions émotives. Les effets spéciaux sont relativement honnêtes. Plusieurs scènes et personnages improbables ou ridicules. On peut apprécier ce film comme une curiosité cyberpunk ; considéré avec rigueur, il ne vaut plus grand chose et passe pour un nanar.  (58)

Zero Dark Thirty ** (USA 2012) : Beaucoup trop long, probablement pour marquer le coup [honorer la capture de Ben Laden]. Le découpage en parties est brut et le contenu toujours rachitique ; on est tenus dans l’expectative pour peu d’avancées et beaucoup de mots. La façon dont tourne l’investigation enfonce un peu plus le malaise inhérent à la représentation d’une page aussi récente et tordue de l’Histoire. Bigelow et Chastain livrent des contributions nettes, irréprochables, au service d’un programme absurde, à la fois démonstratif et évanescent. Je préfère les libertés et l’once de romanesque que peut se permettre Mensonges d’état. (52)

Sleeping Beauty / La belle au bois dormant *** (USA 1959) : Visuellement inspiré et souvent beau (moins au palais ou dans la chaumière), sur le fond peu original (grande proximité avec Blanche-Neige) mais avec des éléments particuliers bien développés (les ‘mignons’ de Maléfique, l’apparition du dragon, l’ensommeillement de tout le pays). C’est un des (assez nombreux) classiques de l’animation et de Disney que je découvre adulte (et un des derniers à avoir une telle importance). Les envolées ‘ravis de la crèche’ font plaisir (comme celles de ce court Silly Symphonies, L’arche de Noé de 1933, une de mes découvertes préférées des deux dernières années). Les chansons sont dégoulinantes de sentiments purs et sincères, sans dramatisation inutile. (78)

Le bon plaisir *** (F 1984) : Drame de mœurs incluant le très-haut personnel politique, il cible le président de la république française en exercice ; et pour le dissimuler ne se foule pas, avec son « Toute ressemblance etc » final. Trois des meilleurs acteurs français réunis pour l’occasion, Serrault toujours excellent en super-larbin amer et élitiste, Trintignant dans un costume un peu ‘simple’ mais probablement approprié, Deneuve strictement dans son registre habituel. Hippolyte Girardot joue un personnage lourdement typé, saoulant mais convaincant. Pas de grandes qualités ‘plastiques’ ou ‘cinématographiques’ malgré une virée au château. Ne pas s’y essayer si on veut de l’action ou de l’investigation ferme et concluante ; à voir pour les tensions entre ces individus tout près du scandale d’État. (66)

The Salvation ** (Danemark 2014) : Western cash et efficace. Sans originalité et un peu artificiel, mais loin d’être aseptisé comme Slow West. Casting fameux à la hauteur de sa réputation. (62)

The Horse Soldiers / Les cavaliers ** (USA 1959) : Western aspirant au réalisme, situé pendant la Guerre de Sécession, indulgent envers le Sud. L’aventure se désintègre en une ribambelles de petites affaires diversement significatives, entre l’infirmerie, la cantine, les joutes de l’état-major, la cellule psy paternelle et les déploiements guerriers ; le film veut montrer la dureté de cette réalité (de cet épisode historique ?) mais ne peut s’empêcher de tout aseptiser ou au mieux de laisser les choses en plan. J’ai développé peu d’intérêt pour ces ennuis domestiques et conflits courtois – souvent rudes, face auxquels se pose néanmoins la question : à quand John Wayne au tricot ? C’est pas exactement toujours le même film même dans cette zone-là ; mais John Ford et en particulier celui des tranches mielleuses (généralement élégantes dans leur présentation) est définitivement surcoté. (46)

Les cowboys / Rydell *** (USA 1972) : Vu aussi sur France3 ; quel contraste avec la veille ! Une histoire d’apprentissage de la vie, classique, réaliste, chaleureuse et sèche. Sans doute peu intéressant pour un public féminin. Le personnage de John Wayne est plus proche que jamais de celui de Gabin, simplement plus obtus. (68)

Atanarjuat, la légende de l’homme rapide * (Groenland/Canada 2001) : Connu en tant que premier film inuit. D’une lenteur exagérée, il aborde le cinéma de façon naïve et pauvre (avec une vieille caméra vidéo). Beaucoup d’éructations, c’est primaire et commun, y compris concernant les légendes. Tout n’est que jalousie et convoitises – et railleries ou joies rustres. Il n’y a donc au programme que les basiques au sein d’un univers tribal, dans des paysages et avec un relâchement généralisé éloignés du commun. Voir un film aussi banal et simplet (sinon petit et arriéré) loué par les critiques est trop pitoyable et évident pour être encore drôle ou agaçant. (38)

Red eye, sous haute pression ** (USA 2004) : Encore un film de Wes Craven oscillant entre l’irrécupérable crétinerie et l’efficacité optimale. Longue présentation, avec cette fille désespérément agréable, prête pour le harcèlement. Musique trop lourde et vulgaire, surtout en ouverture. Une incohérence colossale vers la 66e minute, à moins que ce soit une bizarrerie du personnage de Murphy. Dernière partie franchement stressante mais s’orientant vers une conclusion décevante. Très court même en incluant le générique de 8min. (54)

Boys on the Side / Avec ou sans hommes ** (USA 1995) : Comédie dramatique féministe tournée par le réalisateur de Footlose. Whoopi Goldberg géniale – on se sent proche d’elle par rapport à sa compère rabougrie et scotchée à ses souvenirs. Drew Barrymore complète le trio avec la contribution la plus crûment réaliste. La séance s’achève avec un festival lacrymal connoté, embrassant ‘les causes’ de l’époque ; si l’esprit ‘libertaire’ règne quant aux modes de vie, sur le reste on est loin de défier les préjugés et le statut quo. (58)

Laisser un commentaire