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TOUTES LES NOTES FILMS 2020

22 Août

Les notes maximales se sont évaporées ces dernières années ; le temps corrigera peut-être cette donne. Avec plusieurs milliers de films au compteur il devient difficile de s’emballer ; le possible s’est réduit et si la base de comparaison peut être favorable en général, lorsqu’il s’agit des sommets la conscience qu’il y en a (eu) d’autres, eux-mêmes fragiles, freine la récompense en terme de notation. Les six notes complémentaires règleront peut-être indirectement le problème, en symbolisant les éventuelles faiblesses d’une œuvre géniale ou du moins que j’ai énormément aimée. Les mouvements de notes que je m’autorise demeureront exceptionnels, les évolutions à la baisse sont plus improbables.

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84 (un) : Entre ciel et terre.

82 (deux) : Josey Wales hors-la-loi. Tous les dieux du ciel.

78 (quatre) : La belle au bois dormant. Les grandes gueules/1965. *Jumbo*. L’année des treize lunes.

76 (six) : Q&A/Contre-enquête. No Blade of Grass/Terre brûlée. This Boy’s Life/Blessures secrètes. Arizona Junior. Missing porté disparu(+). Monika.

74 (cinq) : Problemos. Un monde parfait/Eastwood. Story of Ricky. Première désillusion/Fallen Idol. Herrliche zeiten/Le temps des seigneurs.

72 (quinze) : Le port de la drogue. Infidèle/Lyne. *L’ombre de Staline*. Jennifer 8. Meurtre au soleil. True Colors/Le jeu du pouvoir. Diplomatie/Schlondorff. Pinocchio/Garrone. Viral/2017. Camping Cosmos. Stockholm. Carmin profond. Le secret de Veronika Voss. Panique au village. Adoration.

68 (vingt-trois) : Les cowboys/Rydell. Mensonges d’état. Star Wars III la revanche des Sith. Cold War. *Miss*. La fille Rosemarie. Les assassins sont parmi nous. *La plateforme*. La clef/Nicloux. L’espion qui venait du froid. Sabotage/Hitchcock. La vie sexuelle des belges/partie 1. Colonel Chabert. L’appât/Tavernier. Traîné sur le bitume. La vie très privée de Monsieur Sim. Une femme dont on parle/Mizoguchi. La vie est un roman. Le cas Richard Jewell. Pillow Talk/Confidences sur l’oreiller. 1917. La llorona. Journal d’un curé de campagne.

66 (dix-huit) : Le bon plaisir. Hugo Cabret. My Skinny Sister. Calamity une enfance de Martha Jane Cannary. Blue Steel. Relic. Ondine. Rush. Greenland le dernier refuge. Le nouveau protocole. La menace/Corneau. 125 rue Montmartre. Le professionnel/Lautner. *The Intruder/Corman*. Jo/Girault. Butch Cassidy et le Kid. Ice Storm. Das kalte herz/Cœur de pierre.

64 (onze) : Yalda la nuit du pardon. Le petit monde de Don Camillo. The Town that dreaded sundown/1976. Color Out of Space. Mindwarp/Dream System. Tant qu’il y aura des hommes. Jalouse. Boarding Gate. Structure du cristal. La moindre des choses. Mort d’un commis voyageur.

62 (vingt-cinq) : The Salvation. Le grand bazar. Le gouffre aux chimères. La nuit des juges. Bogus. L’enfant rêvé. Reindeer Games/Piège fatal. Tucker/Coppola. Bianca/Moretti. Le voleur de Bagdad. Cancion Sin Nombre. Le monde de Charlie. Le festin de Babette. L’homme qui en savait trop peu. Une si jolie petite plage. Charlie Says. Party/Nihalani. The prowler/Le rôdeur. Nénette. Retour en Normandie. Stark fear. Psychobitch. Octopussy. Marche avec les loups. Seuls sont les indomptés.

58 (vingt-sept) : Avec ou sans hommes. Johnny Mnemonic. Footlose. L’été en pente douce. Blow the man down. Adieu les cons. Drunk. Hear no evil. Le grand tournoi/VanDamme. Sogni d’oro. Tenet. Des roses pour le procureur. Une femme dans la tourmente. L’éloge du rien. Olivia/Audry. Miss Daisy et son chauffeur. L’amant de Lady Chatterley/Darrieux. Marie-Octobre. Les musiciens de Gion. Vivre et laisser mourir. Numéro une. Agantuk/Le visiteur. Dazed and Confused/Génération rebelle. Underwater. Selfie. The old man & the gun. Gatsby le magnifique/Clayton.

56 (dix-neuf) : Le rite/Hopkins. Goodble Lover. Iris/Lespert. Maudie/2018. Yokogao/L’infirmière. Finding Oscar. Cheech Chong Still Smokin’. Paterson/Jarmusch. Kiss Kiss Bang Bang. The Grand Bizarre/Mack. Les amants crucifiés. Las hijas del fuego. Midnight Lace/Piège à minuit. Imitation of Life/Images de la vie. Un homme idéal. L’adieu/The Farewell. Houseboat/La péniche du bonheur. Les vétos. Le pays des sourds.

54 (onze) : Red Eye. Red Sparrow. Antoinette dans les Cévennes. La proie/2011. Once upon a time in Hollywood. Blair Witch/2016. Shiraz. Madame Oyu. Clockers/Lee. Jabberwocky/Gilliam. True Grit/100 dollars pour un shériff.

52 (vingt-sept) : Zero Dark Thirty. Mes funérailles à Berlin. Quantum of Solace. Les tortues ninja. Austin Powers l’espion qui m’a tirée. A dark dark man. Kickboxer. Man on Fire/Chouraqui. Où est la maison de mon ami ?. Et la vie continue. Victoria/Triet. *Swallow*. L’as des as. Le continent oublié/Connor. Le jouet. Scrooged/Fantômes en fête. Bataille sans merci/Gun Fury. Bugsy Malone. Jeune et innocent/Hitchcock. Kubrick par Kubrick. The Void/2016. L’express bleu/Le train mongol. Down by Law. On ne choisit pas sa famille. Corps et âme. La religieuse/Nicloux. À couteaux tirés/2019.

48 (seize) : Austin Powers dans Goldmember. Cursed/Craven. Foxtrot/2017. Le vagabond de Tokyo. Jeune femme. The Nest/Voyage au bout de l’horreur. Fast&Furious Hobb&Shaw. Le corsaire noir/1976. *Neruda/Larrain*. Twist again à Moscou. El despertar de las hormigas. Les conquérantes/2017. Rio Grande. Tarzan trouve un fils. Flesh Memory. Le tailleur de Panama.

46 (dix-sept) : The Horse Soldiers/Les cavaliers. Thérèse Desqueyroux. Black Panther. Des frissons partout. Cuisine et dépendances. Quand les aigles attaquent. De Gaulle. Paris brûle-t-il. La tour de Nesle. La mort de Louis XIV. Hunger/2010. Mélo/Resnais. Wolf and Sheep. L’œuvre de Dieu la part du diable. Sugarland Express. Les cordes de la potence. Les enfants du temps.

44 (dix) : Les choses qu’on dit les choses qu’on fait. Kiki/2016. Mon tissu préféré. Bliss/2019. Harmonium/2016. Looking Glass/Cage. Tarde para morir joven. Madame et ses flirts. L’homme de l’au-delà/Houdini. Indiscret.

42 (seize) : Atomic Blonde. Une femme mélancolique. Guilty by Suspicion/La liste noire. The Vigil. Class of 1999. Die Farbe/2010. Le chemin du passé. Forte. Guns Akimbo. Terre champ de bataille. Bruce Lee and the outlaw. Elis/Prata. La java des ombres. Guilty Bystanders. Maggie. Qui sait ?/Philibert.

38 (seize) : Atarnajuat. Slow West. Eva/Jacquot. Italian Race. *Les chansons d’amour*. Madame Hyde. Au travers des oliviers. *Prêt à jeter*. Faute d’amour. Groom Service. Du jour au lendemain. Les modèles de ‘Pickpocket’. Les diamants de la nuit. The Spoilers/Les écumeurs. L’union sacrée. *Scandale/Bombshell*.

36 (neuf) : Samba. Les enfants terribles/Cocteau. Venom/2005. Canicule/Boisset. Mercredi 04:45. Elle l’adore. OSS 117 n’est pas mort. Ça reste entre nous. Les deux anglaises et le continent.

34 (six) : Volt/2016. *Light of my life*. Alien Crystal Palace. Le coup du parapluie. Domicile conjugal. The party/Potter.

32 (neuf) : Tangerine/2015. Peninsula. *The Hunt*. Blind woman’s curse. L’homme à la Buick. Nona si me mojan yo los quemo. The cold light of day/Sans issue. Kaili Blues. *No/Larrain*.

28 (sept) : La femme qui s’est enfuie. Ishi la femme samouraï. Opération jupons. *Habemus Papam/Moretti*. Selfie/Ferrente. One shocking moment. Deux jours une nuit.

26 (sept) : India Song. *Hold-Up*. *Un pays qui se tient sage*. Demain/2015. Garde alternée. Black Snake la légende du serpent noir. Elle s’en va.

24 (deux) : *Album de famille*. Les zombies font du ski.

22 (quatre) : Connectés. Saya Zamurai. Mon curé chez les thaïlandaises. *Mon nom est Clitoris*.

18 (deux) : Les héritiers. Silvia Prieto.

16 (deux) : *Antebellum*. Big Movie.

 

Autres années : 2019, 2018, 2017.

 

Cette année, ajout du classement annuel des courts ; complément appliqué aux précédentes éditions, de même que les liens désormais en orange pour renvoyer aux critiques. Les titres en gras réfèrent à des sorties de l’année en cours pendant la constitution de ce classement.

62 (deux) : Le papillon meurtri/Tourneur. Coeur fondant.

58 : Sombre dolorosa.

56 : Leçons de ténèbres/Herzog.

54 : Sexandroide.

48 : Dream Work.

42 : Les petites mains.

36 : Lux Aeterna.

32 : Todo Cambia.

26 : Hemophilia.

22 : Les mains négatives.

1-16 ??: Re-Calais.

 

Ensemble : 317 films longs + 12 courts & moyens + 01 spectacle enregistré sur SC

 

SDM 2020 (5/5 : Novembre – Décembre)

14 Jan

Seulement le ‘doc’ Hold-Up en novembre. Un seul film, directement sur Internet, en décembre.

  • Hold-Up * (documentaire, France) Covid19 et confinement
  • Connectés * (thriller, France) confinement

Hold-Up * (France) : voir la critique. (26)

Connectés * (France) : Sur une chaîne d’information en continu un reportage louait le film en dépit de ses apparences. Une actrice félicitait le réalisateur pour avoir tourné avec une précipitation record qui lui garantirait probablement l’entrée dans le ‘Guinness’. C’est donc sans surprise que j’ai découvert un film extrêmement mauvais. Pour être précis : tout à fait merdique. On ne sait trop s’il s’agit d’une comédie ou d’un thriller, la première est étouffée, la seconde option avortée (avec des effets d’annonce récurrents venant saboter de maigres suspenses avant de triviales révélations – néanmoins, c’est assez pour divertir ; on veut voir la suite de cette aberration). Les élans sentimentaux sont les plus consternants et la conclusion doit venir d’une autre planète – on se fout de ce couple et de ces deux crétins !! Ce machin semble conçu à contre-coeur ou au hasard – il restera le premier film français abordant le confinement et c’est malheureux pour tout le monde. Tout y est probablement indécis et les interprétations s’en ressentent, beaucoup s’échouent ou rebondissent sur les méthodes de mongoliers de série télé comiques de l’après-20h. Demaison et Michael Youn surnagent. Le sketch par Fleurot de la fille trop dure qui en plus coche l’option lesbos devient saoulant ; il gagnerait à être étoffé. (22)

SDM 2020 :  4) Septembre – Octobre, 3) Juillet – Aout, 2) Février – Mai1) Janvier.

SDM 2019. (retour en tant que mini-critiques, fin absolue des critiques systématiques)

BILAN ANNÉE 2020 – CINÉMA

1 Jan

Année avec moins de découvertes en général mais encore un grand nombre de sorties et vus en salles. Version sur SC.

1 – JUMBO **** (78)

2 – L’OMBRE DE STALINE *** (72)

2 – PINOCCHIO / Garrone *** (72)

2 – ADORATION / Du Welz *** (72)

5 – LA LLORONA *** (68)

5 – MISS *** (68)

5 – LA PLATEFORME *** (68)

5 – LE CAS RICHARD JEWELL *** (68)

5 – 1917 *** (68)

10 – RELIC *** (66)

10 – ONDINE *** (66)

10 – GREENLAND LE DERNIER REFUGE *** (66)

10 – CALAMITY UNE ENFANCE DE MARTHA JANE CANNARY *** (66)

14 – YALDA LA NUIT DU PARDON *** (64)

14 – COLOR OUT OF SPACE *** (64)

16 – L’ENFANT RÊVÉ ** (62)

16 – MARCHE AVEC LES LOUPS ** (62)

16 – CANCION SIN NOMBRE ** (62)

19 – BLOW THE MAN DOWN ** (58)

19 – SELFIE ** (58)

19 – ADIEU LES CONS ** (58)

19 – DRUNK ** (58)

19 – TENET ** (58)

19 – UNDERWATER ** (58)

25 – YOKOGAO / L’INFIRMIÈRE ** (56)

25 – L’ADIEU / THE FAREWELL ** (56)

25 – LES VÉTOS ** (56)

28 – ANTOINETTE DANS LES CÉVENNES ** (54)

29 – A DARK DARK MAN ** (52)

29 – SWALLOW ** (52)

29 – KUBRICK PAR KUBRICK ** (52)

32 – DE GAULLE ** (46)

32 – LES ENFANTS DU TEMPS ** (46)

34 – LES CHOSES QU’ON DIT LES CHOSES QU’ON FAIT ** (44)

35 – FORTE * (42)

35 – THE VIGIL * (42)

35 – GUNS AKIMBO * (42)

38 – SCANDALE / BOMBSHELL * (38)

39 – LIGHT OF MY LIFE * (34)

40 – PENINSULA * (32)

40 – THE HUNT * (32)

43 – LA FEMME QUI S’EST ENFUIE * (28)

44 – HOLD-UP * (26)

44 – UN PAYS QUI SE TIENT SAGE * (26)

45 – CONNECTES * (22)

46 – ANTEBELLUM * (16)

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Moyenne des 46 films vus en 2020 : 53sur100

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Courts : Lux Aeterna / Noé * (36)

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Revenir sur >> Bilan Cinéma 2019, 2018, 2017, 2016, 2015, 2014, 2013, 2012

 

UN PAYS QUI SE TIENT SAGE –

4 Déc

Après ce texte trop long et éclaté, où je ne partage pas ‘l’émotion’ commune et suis probablement partial et trop généraliste, j’ai penché pour l’auto-censure. J’y ai vu l’opportunité d’un point final sur ce genre d’approche militante et de préférence politique ; désormais je resterais à l’écart de ces choses puisque, sauf détails de contexte, j’ai fait ‘le tour’ de la machine ou de ce qui m’intéresse dedans – et dans tous les domaines, vient un moment où insister sans affinité est stérile et malhonnête. Je publie ce texte (unifié sinon brut) un mois et demi après (j’ai vu le film exactement deux semaines après sa sortie).

1sur5  Tentative d’hypnose pseudo-documentaire à défaut de véritable bible de la révolution anticipée, où on voit des confrontations entre Gilets Jaunes et policiers ou autres forces de l’ordre ; parfois sanglantes ou dignes d’heures sombres voire de régimes au Sud de l’équateur, incapables de mater proprement leurs foules énervées. Pour le reste, c’est de la gaudriole à la jonction d’intellos ampoulés, de maternantes criardes, d’agités ou défavorisés employant maladroitement leur langue de naissance (ce film aurait-il intérêt à cacher les génies vulgaires ou simplement la gouaille ordinaire de Gilets Jaunes incontrôlables ?) et de gauchisme vain.

D’une part il est salutaire en dénonçant indirectement cette ‘tarte à la crème’ de la condamnation de la violence et les appels à se désolidariser des manifestants dès que des mouvements politisés ont ‘débordé’ dans la rue. Il apporte une once de recul sur notre réalité française sur le temps long (la Police Nationale est un autre de ces vestiges de Vichy et une particularité française !) et sur le présent (les médias complaisants n’ont pas relevée la condamnation par l’ONU et Michelle Bachelet des excès de la répression du mouvement par le gouvernement Philippe/Macron). De même, ce Pays de Dufresne a le mérite au moins formel de ne pas s’attarder sur le jeu politicien et ne montrer aucun personnage en-dehors de Macron et des hauts fonctionnaires de police ou du gouvernement ; mais à cette occasion il devient le seul intermédiaire à la place des Mélenchon, des étiquetés ‘complotistes’, des ‘dissidents’ ou agitateurs. Et cet intermédiaire se compose d’un panel d’apparents mollassons ou de professeurs de la parole et de la [systématisation] pensée subversive – avec pour lien de fond, une gamme étroite de combats, propres aux sympathisants ou clients naturels de LFI et des Indigénistes.

Malgré son aspect assertif, ce film livre une vision à la fois aseptisée, simpliste et cajoleuse ; des assertions minimales et banales, aucune revendication précise ! Il ne vomit que du théorique (et des références) ; veut produire son narratif et ses experts (certains pourraient facilement prendre leurs distances à l’avenir ! Notamment si les Gilets Jaunes redécollent au mépris de leurs accompagnants gauchisants) s’ébattant dans un cadre stérile et cadenassé, avec des thèmes et des mots interpellants. En-dehors des vidéos et des métiers des intervenants au générique de fin : pas de concret, pas d’Histoire, des idées à leur minimum. On évoque la Révolution de 1789 pour se contenter de chatouiller le supposé instinct « insurrectionnel » acquis depuis par les français. On ne dresse aucune filiation du côté adverse, si peu défini qu’à ce stade il n’est même pas ‘essentialisable’. Le pire, qu’apparemment le public est trop imbécile pour réaliser alors que la chose est flagrante et odieuse, c’est que les protagonistes ne sont présents qu’en temps que chair à canon ! Réveillez-vous pauvres idiots – ou avouez que vous capitalisez sur les gueux et les prolétaires courageux pour vous sentir subversifs ! Si au moins l’objectif était connu ou simplement discernable – mais y en a-t-il seulement ? Une fois que le roi sera à poil et sa garde sous les verrous, que ferez-vous ? Certainement des gens plus avisés apporteront un programme pour vous faire tenir debout – et les nantis et petits planqués pousse-révolte pourront se gaver comme leurs homologues du passé ! Ou se donner à des nouveaux Robespierre ou Napoléon, lesquels au moins auront le bon goût d’ordonner la réalité plutôt que venir y poser des crottes coalisées, l’audace d’affirmer leur volonté au lieu de s’en tenir à décrier celles des autres (et en tirer leur raison d’être et d’agir) !

À l’instar d’une certaine ‘réaction’ [droitière] qui s’échine à refléter ce qu’elle exècre (ou jalouse ?), ce documentaire d’une autre souche ressemble, par ses manières, à une œuvre ‘establishment’ médiocre au bénéfice d’un establishment de substitution, en train de se chercher, mais tenant déjà ses cibles, son héroïsme, son idéal moisi mais ‘imprenable’ (comme le sont ceux de la méritocratie ou de l’intérêt commun) et son intelligentsia diarrhéique (qui pourra peupler les podscasts d’information populaire, lesquels naturellement n’auront rien à envier à ces odieux plateaux télé où ne défilaient que des crétins bilieux et des menteurs !). Aux meneurs et prescripteurs avec un programme naturel et profond pour le pays comme Bouhafs et Bantigny de remplir cette belle forme soit-disant ‘vide’ que sera la démocratie promise, réelle et directe (à moins que les aspirations ‘open source’ du Parti Pirate dont le réalisateur est membre ne soient qu’un marche-pied pour des mouvements moins ouverts que décidés ?).

Des prolétaires otages

À aucun moment le film ne s’intéresse à ceux pour lesquels il prétend exister. Comme toute saloperie politique, il aime son peuple à bout de nerfs, en larmes, furieux et démuni. Il aime nous le montrer cassé et ne laisser de porte ouverte à aucune solution, aucun dépassement, même très partiel ; il n’y en a que pour la cause légale et institutionnelle. Quand le peuple s’exprime ici c’est pour paraître dans ses moments de faiblesse, sinon carrément enfoncé dans ses schémas crétins que nos activistes férus de sociologie ne semblent pas remarquer. Car viendra un moment où il faudra admettre que ‘Moi Amiens-nord c’est ma vie j’y suis née j’y mourrais’ et ‘On est en HLM on a pas choisi’ s’accordent péniblement (l’emphase pour ce témoignage est malheureusement logique : l’impuissance et la misère sont le meilleur carburant pour tout combat ‘social’, le plus sacré contrairement aux simples enthousiasmes de la jeunesse – et bien sûr le sacré est la dernière chose qu’on doit abolir !) ; où réclamer de l’état partout pour son bien-être, du berceau au cercueil, est un peu embarrassant quand on se la joue anarchiste et ne voit dans ce même état que la cause de tous les malheurs qui ont été sur notre route (et de pensions qu’on juge insuffisantes) ! Peut-être qu’accepter de remettre en question sa culture, chercher à rompre avec ce qui nous enferme, est plus difficile que d’aller manifester même sous haute tension ? Peut-être que comme tes ennemis tu jouis de tes déterminations et a tout intérêt à préserver ta situation ? Concernant les mémères : ‘Ohmondieu nya des enfants n’arrété’ : pourquoi les as-tu amenés et pourquoi continues-tu de brailler ainsi ? Souhaites-tu incurable demeurée t’assurer que l’expérience soit pour eux traumatisante (les enfants résilients ? D’autant plus que leur esprit n’est pas encore saturé ? Surtout pas, ils doivent plutôt couler avec nous ! Souffrir quand et comme nous souffrons ! Pas d’expérience gratuite pour eux, toutes doivent concourir à en faire nos bons petits, bien abrutis !), ou est-ce simplement toi qui en as besoin pour ta mission ? Et si ces enfants étaient ses boucliers déjà dans sa petite vie – mais n’allons pas si loin !

Et puis quelle drôle de façon de renverser l’ordre établi : en y emmenant toute sa petite famille puis en se prenant dans la gueule les services d’ordre ; faut-il être un animal domestique influençable ou simplement un amateur éclairé de la manif’ bien encadrée pour mener des révoltes en s’attendant au mieux à de l’indifférence au pire à une réprimande formelle de la part des organes du pouvoir – ou bien a-t-on pris goût à l’affronter pour de faux, voire à jouer avec un complice ? Comme le réveil est difficile quand on s’est habitués à se raconter qu’on a raison du simple fait qu’on s’indigne dans le sens du grand nombre réel ou supposé, qu’on va le clamer sur la place publique au chaud dans le groupe, puis que soudain les adversaires de ce bon vieux jeu du conflit social républicain sont soit lassés, soit se mettent à trembler – peu importe le cheminement ne sont plus tendres ou indulgents ; c’est qu’on ne voulait pas leur faire peur ! Comprenez-vous ; nous descendons en bons camarades, citoyens et consommateurs éclairés, nous n’étions pas là pour ‘vraiment’ changer la donne, seulement pour apporter une matérialité à cette conscience ! À quel point faut-il être de mauvaise foi ou inconséquent dans sa défiance envers l’autorité politique et sa haine des flics pour s’attendre à leur protection en toutes circonstances, y compris au moment où on prétend entrer en conflit certes démocratique ?

Il y a des gueules cassées ; il y a aussi la posture de l’outragé.e, l’insignifiante vexation transformée en tragédie. Au milieu de ces femmes qui perdent un œil et de ces hommes qui passeront quelques années le visage troué, on se coltine le grotesque de ces gens qui tendent la joue, non pour tendre l’autre mais pour crier ‘regardez ! Il m’attaque ! Aaah j’ai mal putain ! C’est hors-la-loi !’ et devenir la personnification d’une injustice. Le comble est cette fille aux prises avec un maton ‘civil’ en train de demander à l’agresseur son numéro de matricule et revendiquer l’injure « Connasse » comme stigmate de son agression et preuve de la situation très grave dans laquelle la démocratie est enlisée ! C’est l’occasion de s’intéresser à ces recrues annexes.. ce sera celle de rappeler l’affaire Benalla, escort boy du président et ratonneur sous protection pendant ses heures de loisir. Le film pourrait alors rebondir sur les privilèges et les passe-droits – mais il ne faut surtout rien pointer de trop compromettant, ni afficher quoi que ce soit d’un peu neuf. Nous aurons un passage sur l’état d’urgence devenu loi ordinaire ; que du vent et rapidement. Ce film n’est là que pour compiler des aberrations que tout le monde a pu observer ; dans l’absolu comme vu ‘de gauche’ c’est misérable. La société de caste en France ou celle de surveillance ici comme à l’échelle globale, les montées de violences enregistrées, même les basiques de la critique du capitalisme ne sont pas là ou qu’en version grasse pour la mégère et l’étudiant frustrés d’être logés parmi le tout-venant. Ne serait-ce que sur la violence institutionnelle, son prétexte, le film est quasiment nul ; il ne sait rien nous dire d’éventuelles brutalités policières au quotidien, d’oppressions structurelles pourtant abondamment invoquées mais jamais explicitées – il ne prête son écran qu’à ce qui a déjà abondé sur les autres et s’y réduit (c’est sa part ‘cinéma’ et sa critique intégrée de la ‘société du spectacle’ certainement – comme c’est fin, comme c’est évolué ! Gouttez abondamment !). Le comble c’est que pour la fameuse convergence des luttes aussi le film est faible [en arguments].

Le milieu de séance se consacre aux banlieues et aux minorités présentées comme les premières cibles des déviations policières (pour s’en tenir au cinéma et à la culture, on sent la proximité avec Kassovitz et sa Haine, l’adhésion aux complaintes du rap). Mais, peut-être car il tient à son apparence de neutralité, le film manque du mordant nécessaire pour servir son intérêt (ou dépasser le cadre local en se ralliant aux BLM – c’est à la fois une marque d’honnêteté puisqu’on ne sort pas des frontières, mais aussi une de l’absence d’agilité et de vision en tout cas assumée présidant à ce film). On est là, au moins en tant que spectateur, pour communier et se dire ‘non vraiment c’est trop horrible et je ne peux l’accepter’ puis attendre une prochaine conférence, un café-débat, un truc de parlotte humaniste – où on tentera de coordonner les luttes et s’appuiera sur les minorités en tentant d’y insérer les petits blancs de l’arrière-pays qui se sont fatigués d’être des ‘vaches à lait’. Passée sa fonction de rappel des faits, ce film ne tient de rôle significatif que pour diluer la vague Gilets Jaunes.

De la parlotte de calibre universitaire !

Les citations classiques de la sociologie et de la philosophie politique se multiplient et sont toujours dispensables au mieux ; d’où sort ce besoin de recourir à Hannah Arendt pour nous annoncer qu’un pouvoir sans légitimité n’est qu’un pouvoir légal !? Au milieu on embraye sur les morts fameuses pendant des opérations de police ces dernières années, puis c’est reparti pour un tour d’eau tiède. Le film est incapable de faire tenir debout la moindre proposition, la moindre ambition sérieuse à une près pour le moins socialiste (‘à bas l’état policier, vive l’état social’), ne sait que bavasser et faire disserter ses intervenants désespérants.

Que de blablas pour nous amener la question ‘Mais quel ordre protègent les forces de l’ordre ?’ au début ; une fois que chacun a apporté sa petite chiure très-z’éclairée, le film nous présente des témoignages et honore sa seule fonction valable : la compilation ailleurs que sur internet des exactions [de la part des gardiens des forces de police] pendant la dizaine de mois où les Gilets Jaunes ont investi les grandes villes de France. La farce reprend à la fin, où la poignée d’agents de la sécurité nationale comme les autres nous font part de la révolution qu’est le smartphone (venu remettre de la « symétrie » dans le panoptique de surveillance, en faveur des surveillés, souligne Damasio – un des seuls intervenants dont les citations ne sont pas gratuites, dommage qu’en le découvrant ici on reste dans l’expectative concernant ses idéaux et ses principes préférés). C’est triste sinon tragique qu’un sosie d’Enthoven amène les propos les plus forts et éclairants : au terme d’un commentaire éreintant de grotesque devant une scène qu’on vient également de regarder, ce Jobard relève que les manifestants ne cèdent à une violence apparemment immodérée (en les poursuivant rageusement) que lorsque les flics fuient à moto. D’après lui chacun se satisferait du maintien de la violence légitime dans des mains exclusives – et officielles. Voilà effectivement ce que bon nombre de contestataires feraient bien d’examiner – sauf naturellement s’ils tiennent à poursuivre leur comédie. Et notre France a besoin de renouveler son animation socio-culturelle ! Si en plus cela peut amuser certains, apporter à toutes sortes de personnes diverses sortes de frissons et occuper les réseaux sociaux à des indignations un peu plus dignes et fondées ; allons-y ! Soyez les clowns dont un pouvoir moralement épuisé a besoin pour paraître utile ! Il n’y a en vérité que deux possibilités positives pour ces mouvements sociaux : soit ils rompent avec ce qu’ils détestent et créent d’eux-mêmes une alternative ; soit ils arrêtent de prêter le flan à ces pleurnicheries en guise de prétendus dialogues et ils réalisent au moins la première étape de leur révolution en devenant un peu plus méchants. Certains Gilets Jaunes l’ont voulu et le cariste qu’ont voit ici, ou d’autres sans doute (qui vu leur agenda déjà trop rempli n’auront pas à cœur les intérêts de l’arrière-pays), sont potentiellement de cette trempe ; mais ce film-là, avec ses historiennes, sociologues et branleux émérites tous fadasses, certaines doucement hystériques, ne fera que les accompagner, porter la saine petite parole, distribuer les petits pansements, quand les premiers auront agi ou simplement qu’un gouvernement de nature plus populiste ou populaire (et socialiste apparemment) aura remplacé l’actuel.

Quelle finalité ?

Alors soyons un peu rigoureux ou simplement sérieux ; demandons-nous à quoi servent tous les efforts de ces gens assimilés par le film aux Gilets Jaunes (et pour une part effectivement issus de leurs troupes) !? S’il s’agit de réclamer davantage de l’état, plus de démocratie, plus de soins, plus d’argent, c’est une lutte ordinaire et vous pouvez passer par la voie classique avec les syndicats, les leaders et partis de gauche ; ce ne sera pas la panacée, mais ça pourra s’avérer efficace. Et en fin de compte, c’est tout ce que veulent les individus présents ! Si la motivation est un affaiblissement de l’état et de la centralisation, un coup d’arrêt aux escroqueries écologiques et à la fiscalité confiscatoire, alors il y a de quoi rire ! Fuyez braves idéalistes ou candides forcenés, ce film est aux antipodes et entérine la récupération des Gilets Jaunes par le camp classique de la ‘contestation sociale’ et par la gauche. Bien sûr, si c’est pour la révolution que les Gilets Jaunes ont fait naître en vous un espoir ou simplement un soulagement (celui de voir du ‘gaulois réfractaire’ dans une nation dont l’illustre insoumission semble passée de mode – si elle n’est pas carrément un fantasme entretenu depuis la proclamation des Droits de l’Homme), forcément ce que le film donne à en voir et son parti-pris ‘anti-répression’ ne saurait suffire. Enfin si c’est pour recomposer la France et se désaliéner, égoïstement, collectivement, les deux ; changer de club et d’espace ; ici c’est pas le sujet ; on ne se soucie pas de prendre de pouvoir ; on essaie au mieux de le ‘reprendre’ (et d’ailleurs le pouvoir ‘nous traverse tous’ c’est bien connu ! – donc si on cotise financièrement ou idéologiquement il devrait nous revenir !) via une démocratie non ‘flawed’ (ce qu’elle est devenue en 2014 dans les classements internationaux). Forcément si vos rêves se font sans AG et conseils d’administration ouverts au public (le tout piloté par des ‘sages’ dévoués naturellement ! – ce sont des progressistes, pas des sauvages !), vous êtes autant un étranger devant ce film qu’un Gilet Jaune ou sympathisant l’est face aux dirigeants et influents de ce pays.

Ce film a des sympathies et une clientèle, mais il est, peut-être par tactique, ‘idéologiquement’ paresseux – suprêmement paresseux d’ailleurs : il est du côté du peuple, il aurait donc tout coché ! Or c’est toujours la même chose avec ce genre d’activistes : ils ne vont pas créer ou réinventer l’existant, ou seulement en réaction ; ils se soucient moins d’enrichissement que de catalyser les colères, les espoirs, les mouvements. Et en tête de cortège, la victimisation ; de la niaiserie et de l’inaptitude qui se sentent vernies. Ce film a dû être conçu dans un tel état de ravissement et de certitude qu’il laisse souligner ses manquements sans se sentir concerné ; car la spécialiste du droit affirme « la démocratie c’est le dissensus » en opposition au consensus qui serait nécessairement un accident, sous-entendant que c’est la preuve d’un contrôle ou d’une oppression. Or, où sont les revendications particulières et contradictoires ? Nulle part, ou planquées – au profit de quoi ? À quoi sommes-nous censés collaborer en nous rangeant derrière cette bannière à la fois rageuse et nébuleuse ? Certainement à l’antiracisme et à la déconstruction, d’après le parcours et les préoccupations des personnalités publiques mises à contribution – égalitarisme oblige (invoquons donc aussi le droit de garder ses convictions privées ! La pudeur !), on se garde d’en parler ! Quelque soit les aspirations unifiant ou titillant cette garde, le film s’inscrit dans cette vision ‘Nous/Vous’ contre ‘Eux/Vendus’ (même s’il ne nomme personne – c’est une vertu de sa prudence et de sa confiance douillette en sa position) ; il ne concède que des éruptions lyriques ou de petites nuances qu’apportent ponctuellement et parfois lâchement certains intervenants (dans la seconde moitié essentiellement) ; ne sait pas s’en saisir, laisse ça traîner. C’est exactement comme lorsqu’on organise des débats, sait qui est là, qui compte et surtout ce qui doit en sortir ou être entendu ; et qu’on laisse quelques décalés néanmoins ralliés à la famille apporter leur petite touche, qui de toutes façons va s’évanouir dans le paquet.

Damasio cite Jean Genêt, la violence comme éclosion : excellent ! Or d’autres violences et d’autres appétits existent que les tiens – ou ceux du peuple dans lesquels apparemment nous sommes tous impliqués et en train de nous reconnaître ! Imaginons que le pouvoir ait un plan vital et défini (peut-être même à long-terme), contrairement au tien ; en quoi tes poussées et ta brutalité seraient plus légitimes ? Tout au plus elles seront plus romantiques, car des outsiders ou un individu en colère sont naturellement plus irrationnels et téméraires qu’une machine en train de produire de l’insurrection ou un bouleversement social. Au regard du projet visionnaire ou routinier d’une élite aux commandes (qui pourrait être moralement apathique, mais aussi se soucier du développement et du contentement de ses sujets !), ce ne pourrait être qu’une gesticulation de morpions entravant un plan bien plus grand qu’elles ; la violence à l’égard de ces ignorants [réactionnaires, paysans ou masses crétines] ou ‘résignés-réclamants’ [formule d’Attali] serait légitime, ou même une belle démonstration de la marche d’un quelconque progrès en dépit des obstacles posés par les confus ou arriérés – ou simplement les petits dont les mauvais sorts sont évidemment regrettables, mais qui ne savent voir au-delà de leur cas, ni au-delà de la misère et des ‘effets secondaires’ – ni même apprécier leurs chances voire leur bonheur actuels – dont un zeste de déni démocratique et de coups de matraque dans la gueule assureront le maintien.

Ce qui est terrible avec ce film c’est que, tout fadasse et grossier qu’il est, il s’avère symptomatique de cette bêtise de la gauche ‘radicale’ ou de rupture, en France sinon universellement. Il ne fait pour le moment que charger l’ennemi policier et déplorer la casse, mais déjà la voie est claire. Quand il faudra assumer son combat et peut-être empocher des victoires, ce sera pour ces militants comme pour les autres une catastrophe – ou la liquéfaction voire l’institutionnalisation anémique. Les dénis du film sont bien plus durs que ses postures ; il n’y a pas tellement de pression, mais une invitation à ressentir ce qui serait ‘bien entendu’. Mais cette posture implique bien un flicage des consciences ; la vocation ‘commerciale’ du Pays qui se tient sage me fait penser à ces films, auteurs, philosophes, toujours semi-bourgeois à ultra-bourgeois, chacun trouvant l’autre traître ou dévoyé ; car avec ce film nous sommes dans les ruelles obscures et immatures du pays des Bégaudeau et des Branco ou des Onfray – dont au mieux on ne connaît pas bien le projet pour le grand-public (hormis ce grand avènement du partage équitable des richesses, auquel naturellement ils ne travaillent que peu concrètement puisque le ‘système’ dont ils sont les sparring partner de gauche est verrouillé) – pour lequel naturellement tous ces gens se battent et donc sur le compte duquel ils se donnent du crédit. C’est qu’ils savent nous avertir des dangers et tartufferies du macronisme ou d’Edouard Louis (évidemment un film lié à Médiapart et au Huffington Post ne poussera même pas la critique sociale jusqu’à relever la nocivité, pour les ‘radicaux’ et les avocats du prolétariat, du gauchisme moral et du ‘libéralisme libertaire’ avec lequel tant de politisés ont l’impression de toucher la Révélation – mais au moins localiser les faux amis en politique c’est compléter les fondamentaux – ou bien ce sont de faux ennemis ?), tout comme Un pays qui se tient sage nous averti des dérives policières que tous les individus accédant aux écrans ont pu remarquer – vous ne sauriez qu’être reconnaissant de l’existence d’une telle contribution ! Sauf que les types cités sont ou peuvent être brillants (le plus baudruche avéré, Onfray, au moins sait racoler avec des arguments solides, sans être complètement floué par un esprit de doxa ou de tribu idéologique), tandis que ce film n’a même pas la critique remarquable, rien de lucide.

Un discours myope et obèse confondant zapping et réflexion

Son sommet dialectique est la création de contradictions artificielles entre un intervenant parlant de prévention dans la démocratie au lieu de sanction, avant une scène évoquant la politique « préventive » de Poutine versus celle « répressive » de Macron. Or il s’agit de traitement des manifestants, arrêtés avant de se déployer en Russie, alors que la précédente intervention était un plaidoyer pour l’horizon démocratique (dans l’idée que la démocratie commence avant le choix du bulletin). Ce genre de petits tours même pas malin est tout ce dont le film est capable, avec cette tentative moisie d’enfoncer les rares représentants policiers autorisés ou motivés à participer, là encore avec des enchaînements à la fois très lourds et stériles – comment peut-on valser sur des terrains si juteux et à ce point manquer de jus !?!

Pour l’establishment révolutionnaire de demain il est une pathétique contribution et c’est bien le plus douloureux quand on le regarde sans être complaisant ; qu’au moins, il y ait l’énergie ou l’intégrité d’un type crachant sa conviction (d’un Bouhafs sans filtres ?) ! Qu’au moins il y ait du talent, de la détermination qui ne soit pas empruntée, une foi réelle même folle ou menaçante ! Enfin la Michael-Moorisation de la gauche française lui apportera au moins de la reconnaissance et un nouveau souffle (et des articles complaisants dans la presse qui pourtant n’a relayé que tardivement ou que pour dénigrer la police ‘fasciste’ ces violences sur manifestants – continuant à survoler la lutte opposant le peuple des Gilets Jaunes à la technocratie et aux capitalistes français) ; ce film aura son importance dans cette série et bien des curés gauchistes sauront s’en contenter pour devenir de façon flagrante les gardiens qu’ils ont toujours été ou souhaité être.

Bref

Comme n’importe qui hostile a-priori à la répression politique, je remercie Dufresne pour son travail et salue sa prise de risque ; mais je n’accepte pas sa fausse neutralité et cette prétention au dialogue qui s’invalide immédiatement. Cela sert probablement ses objectifs politiques et son goût manifeste pour le discours ; mais son documentaire est une propagande mollassonne que seuls la reprise des faits et la complaisance du public peuvent alimenter. Ni analyse ni perspective, ni immersion ou recul à l’égard des façons de chacun de vivre, de se politiser ou de se représenter le monde ; que de l’anecdote et des récurrences spectaculaires prises pour la ‘réalité objective’ dans son ultime et irréductible vérité. C’est peut-être ça, le matérialisme et le scientisme de la gauche de gauche. Alors pourquoi pas une réalité pleine de camarades, d’idiots utiles ou endormis et de salauds (eux-mêmes à jauger selon toutes sortes de gradations, les flics n’étant que les exécutants, les gens du pouvoir les francs salauds en haut de la pyramide de l’abus, les membres de la BAC et ‘les riches’ les bénéficiaires dans l’axe des précédents), c’est la marque du politique ; mais si l’objectif n’implique de libertés que par rapport ‘au pouvoir (politique)’, si de pouvoir ça n’apporte que celui de joindre la masse le poing levé, si ni moi ni l’espace dans lequel je vis n’en tirent de gains autres que le ‘partage’ de savoirs et de richesses que nous avons soigneusement rabotés et que notre culture de victime revancharde va re-formuler ; je trouve taré de s’en accommoder. J’aurais préféré un film ouvertement partisan à cette compilation ‘nécessaire’ rouge pastel sanguinolente.

Note globale 26

Page IMDB  + Zogarok Pays qui se tient sage sur Sens Critique

Suggestions…

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SDM 2020 (4 : Septembre – Octobre)

2 Déc

Tous vus en octobre sauf le premier, tous vus en salle sauf le deuxième et Blow the Man Down.

  • Tenet ** (action/science-fiction – USA) Nolan
  • Antebellum * (drame/horreur – USA) questions raciales
  • Antoinette dans les Cévennes ** (comédie/sentimental – France)
  • La femme qui s’est enfuie * (sentimental/drame – Corée du Sud)
  • Yalda la nuit du pardon *** (drame – Iran)
  • Ondine *** (sentimental/drame – Allemagne)
  • L’enfant rêvé ** (drame/sentimental – France)
  • Un pays qui se tient sage * (documentaire – France) conflits politiques, Gilets Jaunes
  • Drunk ** (comédie dramatique – Danemark)
  • Relic *** (épouvante/horreur/drame – Australie)
  • A Dark dark man ** (thriller – Kazakhstan)
  • Miss *** (comédie dramatique/sentimental – France)
  • Calamity Jane une enfance de Martha Jane Cannary *** (animation/western – France)
  • Adieu les cons ** (comédie/road movie – France) Dupontel
  • Blow the Man Down ** (comédie dramatique – UK)
  • Peninsula * (action/horreur – Corée du Sud) zombie, post-apo, catastrophe épidémiologique

 

Tenet ** (USA) : Des points explications récurrents pour les décrocheurs, ceux qui veulent des précisions, ceux qui aiment leur blockbuster le plus orné (intellectuellement tout spécialement). Fossé entre la folie des grandeurs du thème et la faiblesse des raisons d’embarquer des protagonistes ; c’est à la fois banal donc ‘naturel’ (sauver la fille, se sacrifier inconditionnellement pour rester près de son fils) et très forcé, prétexte à progression.

Ultra kitsch dans les arguments et apparences ; personnages jamais stressés, toujours bien habillés (seulement deux fois ‘le protagoniste’ est à cran : lorsque le coup de l’avion est imminent, puis au coup final) ; recyclage des clichés sur le pouvoir (le méchant « joue des rivalités inter-états » et a son yacht de secours).

Le concept est utilisé avec un sérieux fatal dans la présentation et négligence sur le fond et surtout quant à l’exécution. Il s’agirait de justifier élégamment, pas nous laisser ‘supposer’ que tel détail -bien sûr- s’est réglé comme il convient (la capsule à la fin, où est-elle passée ?). Heureusement l’opportunisme spectaculaire domine et on s’enthousiasme pour les perspectives, on sent ce qui se joue lors de cette bagarre (sans être sûr de ce qu’on découvrira plus tard). Sans ‘se faire’ à cette logique, on s’habitue visuellement à ces inversions qui nous font ‘voir’ contre notre cerveau. Mais cela reste plus alléchant que concluant, le scénario bricole des allez-retour, on relève des sous-entendus épais, Caine nous fait un cameo depuis Kingsman (autrement dit enfile son costume opérationnel deux fois sur trois). (58)

Antebellum * (USA) : voir la critique. (16)

Antoinette dans les Cévennes ** (France) : Du cinéma mignon portant la marque de l’audiovisuel. Plusieurs jolies qualités, en tête les décors et surtout la vraisemblance de tous ces personnages (même s’il y a un biais bisounours et romantique). L’humour est souvent du niveau le plus insignifiant et parfois du plus bête ; les braiements de l’âne pour souligner l’énormité de la situation ne sont drôles qu’une fois (quand Patrick découvre ce fameux Vladmir) et pour illustrer la nuit d’amour avec une rencontre fraîche on croirait que certain.es derrière le film insistent pour y mettre de la débilité profonde et des gags usés pour mongolos – peur que ce voyage paraisse prétentieux, trop sentimental, pas assez inclusif ? Dans le registre du retour inspirant à la campagne, Les vétos en début d’année était plus artificiel mais aussi moins criard et futile, puis surtout laissait davantage place au réalisme qu’aux mantras romantiques voire aux apparitions mystiques (la guérisseuse sur son cheval noir). (54)

La femme qui s’est enfuie * (Corée du Sud) : J’ai 4.757 films dans ma collection sur SC (de nouveau ex aeco avec l’univers Musique ce jour [08-10-2020], où je sort de la séance) et celui-ci sera un des plus ennuyeux. Jamais je n’ai été adepte des remarques médisantes applicables à n’importe quelle œuvre ; aussi dans le cas présent, si je dis m’être quasiment endormi, ce n’est pas par mesquinerie. Quand est venue la scène du cinéma, j’ai espéré que le film nous avouait qu’il était une blague, un test voire un défi, avec ces images et sons de vagues projetés dans une salle pour deux personnes ; le retour final de Gam-hee devant ce même film suggère-t-il que le cinéma et la contemplation sont un bon moyen de s’échapper de nos existences, voire de l’existence qu’on ne souhaite ou peut plus démêler, ou affronter, ou vivre ? Ce qui me marquait dans ces conversations insipides c’était à quel point les raisons et l’origine des choses étaient indifférents ; quand cette femme en vadrouille s’autorise à parler à un ancien prof pour le corriger en reprenant les mots qu’une amie vient de lui tenir, celui-ci l’interroge sur sa démarche ; face à ce premier ‘Pourquoi’ du film, elle s’enfuie – c’est là qu’elle retourne en salles. Ce film où les rares hommes sont des malotrus n’est pas exactement réalisé par une femme mais par Hong Sang-soo, dont j’avais enduré Haewon et les hommes avec indulgence. Cette fois et même si j’ai la confirmation que je dois éviter ce cinéma, je ne peux pas être complaisant ou le plus neutre possible sous prétexte d’être éloigné du public-cible. Il n’y a aucun point fort, un amour tendre de la médiocrité et c’est techniquement très pauvre à quelques petits effets près (je ne parle bien sûr pas de ces zoom malaisants). (28)

Yalda la nuit du pardon *** (Iran) : Tableau mêlé où la victime est quand même assez navrante pour susciter le doute et son bourreau potentiel une connasse nantie sans cœur à la solitude frappante. Ce qui sauve la victime aux yeux du spectateur c’est son passé de continuelle aliénation ; même s’il a produit une femme immature et irréfléchie, il serait mesquin de l’accabler, tant elle et sa famille ont eu l’habitude d’être dépossédés. On sent le poids de l’appartenance d’une quasi esclave mais aussi les limites et pauvretés de caractère que cela engendre. Les poussées d’hystérie en régie ou même sur le plateau celle de Yalda et sa mère sont probablement légitimes culturellement et biologiquement, mais il faut un effort de tolérance ou d’intellect pour dépasser une certaine fatigue à leur égard. Autour de ce jeu télé et de ses coulisses, la mise en scène est cohérente et donc manque de grâce : adrénaline, émotions à la fois parasites et ‘juteuses’ pour le spectacle, souci de l’impact sur la foule en guise de responsabilité sociale (s’applique aussi bien au réalisateur qu’au mélange de Mélania Trump et de la reine-mère de Blanche Neige). (64)

Suggestions… De beaux lendemains.

Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait ** (France) : Cinéma français sentimental bourgeois et largement -bohème (où on sent cette affinité avec les représentations d’un libertinage aseptisé des aristos ludiques-amorphes du XVIIIe). Ce n’est pas pour tout le monde et ça faisait beaucoup d’états d’âme à mon sens futiles et régressifs ; en 70 à 80 minutes c’était plié sans sacrifier rien d’essentiel. Les atermoiements de Maxime (Niels Schneider des Amours Imaginaires) m’ont doucement fait soupirer, les rationalisations de Daphné reflétaient un tempérament plus équilibré. La mise en scène est molle et affable, beaucoup d’échanges et de retournements sont à la fois naïfs et sensés, mais les recours à la musique classique passent la ligne : ce niveau de banalité et de pompiérisme mêlés sont gênants. C’est beaucoup trop fort pour de si petites choses contrariées par des drames si dérisoires sinon minables ; au moins la mise en scène reste plate comme un drame de chambre, peut-être en évitant de décoller évitons-nous aussi un grotesque qui nous souillerait profondément ce que le film peut avoir d’adulte. Face à un tel film il reste difficile de se départir d’une impression de gâchis et de surenchère nombrilesque, voire de décadence tempérée ; les dialogues déclamés avec une dignité amusée par Louise/Dequenne, particulièrement sensés et bien écrits, sont aussi d’une gravité plus adéquate dans un blockbuster explosif ou du cinéma épique même grand-guignol.. ou dans un livre. Enfin c’est à la fois plus vulgaire et naturel que du Rohmer, donc les publics sensibles ne doivent pas s’en priver. (44) 

Ondine *** (Allemagne) : Romance langoureuse et haut-perchée avec ses instants de violence froide et totale. Contemplatif et prévisible mais modérément intense et au minimum joli. La bande-annonce est terrible car elle dévoile tous les moments cruciaux et gâchera facilement une séance un peu déroutante mais surtout très lente. (66)

L’enfant rêvé ** (France) : Sur la filiation, la paternité, leurs barrages et contrariétés. Assez banal mais sentimentalement fort. Interprètes excellents, contexte superbe avec la scierie en montagne (Jura), scénario et dialogues profonds mais trop prudents, mise en scène sage. Trop long et lent, comme ce François. (62)

Un pays qui se tient sage * (France) : voir la critique. (26)

[Moyen-métrage] Lux Aeterna * : J’ai été voir ce film en supposant que comme les précédents Noé, il valait mieux l’apprécier sur grand écran (et avoir peu mangé avant). J’ignorais qu’il fallait se munir de lunettes 3D et pour les hypocondriaques de boules quiès. Les manifestations caractérielles de Béatrice Dalle ont vaguement marché sur moi, l’incruste du journaliste aussi, pour tout le reste l’amusement n’est pas passé par moi. Voir des hystériques et des monstres brailler ne me fait ni chaud ni froid ; contempler Charlotte Gainsbourg souffrir est ennuyeux. Les symboles et connotations sont malsains et vieillots, même si on peut y trouver du goût. À mes yeux c’est du laisser-aller virtuose à la limite du foutage de gueule, un truc rigolo approprié en ‘arts et essai’ plutôt que dans une catégorie ‘expérimentale’ (ses curiosités de montage ne servent qu’à ajouter du bruit et des images). C’est plus cynique que malicieux, à la fois très plat et porté par l’énergie de la confusion et de l’énervement sur ce tournage ; la seule chose indéniablement bonne est le rythme, dans une moindre mesure (car on profite pas tant que dans Climax) l’exploitation des acteurs. Ne le voyez que si vous êtes un amateur d’expériences stupides, criardes et douloureuses. Je n’ai bien sûr pas accepté d’endurer totalement les dix dernières minutes, où je me suis caché les yeux la plupart du temps, en jetant assez souvent un œil sur l’écran pour me confirmer que je ne ratais qu’une baudruche en surchauffe (tout en étant tout à fait froide et insouciante dans ses intentions réelles – ce qui la rend d’ailleurs parfaitement accessible et supportable, alors qu’un truc rageur avec la même substance aurait été globalement éprouvant). (36)

Drunk ** (Danemark) : Un quator de quadragénaires s’embarque dans une « expérimentation » digne de Randy de South Park, sauf que l’ambiance est à la crise existentielle ronronnante et la dépression modérée. Point de vue assez large, juste mais pas génial, sur l’alcoolisme, avec ses bons effets et ses drames – parfois expéditifs, ce qui donne le temps au film de pousser un des quatre hommes à la mort (le plus socialement détaché) tandis que les trois autres connaissent diverses fortunes. Il faut être près à se réchauffer socialement, vouloir se rapprocher ou compter pour quelqu’un, sans quoi les mauvais penchants ou simplement l’absence de désir l’emportent définitivement. Plutôt drôle, le film reste moyen sur tous les points – sur les bons ne pousse jamais très loin (la musique comme les personnages se répètent). Propos parfois bizarres et déblatérations vaseuses quand on se fait philosophes à l’école ; on sent que le cynisme ou l’apathie morale sont trop forts pour que ce film paraisse crédible lors de ses rares poussées ‘spirituelles’. (58)

Vinterberg… Festen + La chasse + La communauté.

Relic *** (Australie) : Vide et profond, drame d’épouvante sur le pourrissement des individus (et son acceptation). Le scénario est très pauvre, les personnages réduits à une lignée de trois femmes. La mère par Emily Mortimer a le mauvais rôle, la petite-fille dans un costume ‘authentique’ contrairement à Gigi de Neon Demon et la grand-mère attirent davantage la sympathie. Selon le type d’horreur dont vous êtes client vous pouvez naturellement adhérer ou vous ennuyer ; les amateurs de jump-scare, de films de fantômes ou de possessions, de thrillers psychologiques ou d’ambiances morbides seront potentiellement satisfaits ; les gens nourris à une horreur explosive ou encore ‘teen’, ceux qui souhaitent ‘une bonne histoire’ ne vont pas y trouver d’intérêt.

La vision finale laisse dubitatif ; à quoi fait-on référence avec cette espèce de ‘brûlé absolu’ proprement carbonisé ? À des créatures particulières, des extraterrestres.. ou bien est-ce de l’invention ad hoc ? Toute la fin est claire avec cette grand-mère libérée de sa peau, la solidarité générationnelle, l’héritage ‘naturel’ de la vulnérabilité ; mais le choix d’un tel monstre peut avoir un sens ou une intention illisibles ou incertains. (66)

A dark dark man (Kazakhstan) ** : Marque des points dans sa peinture de la corruption mais reste superficiel en tout. Ce film mise sur le style et ne fait que jouer avec des archétypes, délayant sa pauvre histoire comme s’il fallait refléter les effets de la marijuana relevés par un petit verre de rhum. C’est très démonstratif voire pédagogue pour demeurés à l’occasion (scène du restaurant routier, début avec la manipulation de l’attardé local). De jolis éclats de violence et d’humour pour conclure (claque bien cherchée, petite tuerie). Allez plutôt voir du Melville ou même du Winding Refn dans ses heures x0.75. (52)

Miss *** (France) : voir la critique. (68)

Calamity une enfance de Martha Jane Cannary *** (France) : Histoire et personnages pas secs comme dans Tout en haut du monde. Tous les hommes sont défectueux mais on est en 2020 et s’adresse à la jeunesse donc c’est dépasser ce niveau de conscience qui méritera bientôt d’être relevé. En même temps les femmes alentours sont inexistantes, à l’exception de la chercheuse d’or un peu ‘dure’ à laquelle Alexandra Lamy prête sa voix. (66)

Adieu les cons ** (France) : Burlesque, discrètement triste et rageur, vif en toutes circonstances, joyeusement invraisemblable et d’une légèreté convaincue frisant par endroits avec le benêt. On a plaisir à voir ces gens stagnants, diversement doués, sortir de route et lâcher leur petite destinée débile ; à investir la ville autrement, sans les soucis des variétés bourgeoises habituelles. Sur le fond ce n’est pas mirobolant, ça force sur les clichés (sur les personnages, leur situation sociale un peu moins, l’histoire principale à fond) et l’émotionnel facile, avec des assortiments triviaux – dans les musiques comme les rebondissements. C’est efficace et parfois trop simple, heureusement le film sait toujours s’arrêter à temps [avant de s’effondrer dans le larmoyant ou le voyeurisme blanchi par un ‘bon esprit’ – par exemple en laissant à lui-même le couple de l’ascenseur]. (58)

Blow the Man Down ** (UK) : Tourné dans le Maine et distribué par Amazon. Charmant et sans fausses notes. Porté par une sorte d’écriture en train de devenir typique, à l’efficacité modérée, misant sur de bons instruments plutôt que sur une solide mise en marche et des interactions approfondies ; le tout en reposant sur un mélange de banalités ‘correctes’ et d’éléments ‘couleur locale’. La seule chose véritablement originale ici c’est le chant des pêcheurs : on a effectivement peu l’habitude de trouver ça dans le cinéma anglo-saxon, encore que ce ne soit pas ‘insolite’. Mais au moins la recette fonctionne et sur le moment les béances ne sont pas dérangeantes, grâce aux décors, aux actrices charismatiques, à l’ambiance, à la méchante ‘colossale’ ; mais une fois les enjeux posés, rien n’en sortira de neuf, rien ne vient compliquer le scénario ou les aventures garanties aux protagonistes en-dehors du trajet évident. (58) 

Peninsula * (Corée du Sud) : Spectacle abruti spécialement déplaisant et déplorable au moment de sa sortie (deuxième confinement imminent en France), où la seule chose assez réaliste est la bêtise du spécialiste de plateau télé en ouverture (une de ces merdes lustrées reformulant l’explication simpliste de la potiche présentatrice). Course-poursuite certes musclée mais ennuyeuse. Introductions tapageuses de personnages aussitôt à sec. Un contre-modèle en matière de relance du suspense ou simplement de l’action. (32)

 

SDM 2020 : 1) Janvier, 2) Février – Mai, 3) Juillet – Aout, 5) Novembre – Décembre.

SDM 2019. (retour en tant que mini-critiques, fin absolue des critiques systématiques)