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BARBIE –

10 Nov

En bon film star pour les masses c’est sur le fond un bric-à-brac d’idées (ou d’échos d’idées) à la mode hypertrophiées ou alambiquées en vain, sinon pour égailler la galerie et les critiques. C’est simplement un divertissement criard et opportuniste avec des éclats de drôlerie ou même d’esprit, calibré avec compétence puisque dès qu’on ne vient pas braqué il y a moyen de pas ou peu s’ennuyer – et je suis venu sans envie ni espoir. The fabelmans de Spielberg réussissait un tour similaire sans passer par l’avilissement – c’était plus doucement et sobrement hystérique. Tout de même certains moments de pastiche trop poussé et les clips avec Ken ont failli avoir raison de mon indulgence.

Par contre, les scènes avec l’équipe dirigeante de Mattel sont tellement minables qu’elles en deviennent écœurantes ; cette volonté de jouer la carte du ridicule pour se ‘dédouaner’, combinée à l’ineptie du trait et de l’imaginaire (mention spéciale à la blague de ‘l’ami juif’ qu’on ne devrait pas pardonner à un enfant qui essaierai de jouer le clown – ce serait lui rendre un mauvais service), rend plutôt l’entreprise pitoyable et suspecte à mes yeux – qui peut trouver ce numéro sympathique ? Respectable ? Pour autant cette attitude correspond bien à l’esprit général de masochisme autoritaire imbibant cette foire où les femmes sont fortes mais ont une grosse souffrance à faire valoir, tandis que les hommes sont lamentables mais il ne faut pas leur en vouloir – mais surtout n’oublions jamais de le rappeler ! Et à eux, de le leur rappeler doucement, car ils sont susceptibles… toujours prêts à faire de la société un enfer !

Finalement ce film ne tient que grâce à son outrance et son couple d’interprètes ; sinon, par quelques initiatives vite usées (la Barbie déglinguée, le délire avec les chevaux). Heureusement il y en a pour tous les goûts (même pour les amateurs de mélo spirituel – la conclusion) et en terme de dialogues et situations, ce Barbie a aussi un lot honorable de bouffonneries à son actif, fondées sur des caricatures ou des inversions… sauf que la seule chose qui ne soit pas considérée comme absurde dans ce programme, c’est le féminisme (solidarité et supériorité féminine), donc tout écart n’est effectivement que plaisanterie. Féminisme de courge superficielle quoiqu’elle s’en défende, mais féminisme encore !

Écriture 5, Formel 7, Intensité 6 ; Pertinence 3, Style 3, Sympathie 3.

Note globale 36

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Suggestions…

A GIRL AT MY DOOR =-

23 Avr

Ça ressemble à du Chabrol des heures sombres (Le Boucher, La Cérémonie), qui n’aurait ni la force ni les capacités d’apprécier les choses comme elles sont, au mieux se gâcherait à devenir partial tout en amortissant au maximum pour garder l’honneur sauf. Le premier film de la coréenne July Jung se livre en deux faces : une sociale, une perverse. La première couche est ‘correcte’ et agaçante, la seconde autrement crue et réellement douteuse. Elle s’avère pourtant totalement solidaire, car c’est le temps où le film se trouve face à ‘pire’ que ses vices (ou ceux de ses protagonistes dont il est le défenseur sinon le chantre) et ses tentations, qui ne seraient qu’illusion ; pour rejeter la faute ailleurs et refuser de trancher à propos du cas qui l’intéresse prioritairement. Il part alors condamner le coupable tout-désigné depuis le départ, en enfonçant la charge (contre l’intolérance et la brutalité du milieu). Après quelques flottements liés aux divers rebondissements et approfondissements potentiellement explosifs, A Girl at My Door s’avère le même. Malgré les pirouettes, il scelle le mariage de la malice et de la légitimation des revanches pour chères ‘victimes’ – dont les troubles et affinités sont par ailleurs objets respectables, sinon attractifs. Autrement dit : ce salaud l’a bien mérité et nous, opprimées aux natures atypiques, nous avons le droit de mener nos propres vies ; de nous épanouir comme nous sommes pour l’adulte, de nous re-déterminer pour l’adolescente. Sur ce point le film rejoint celui de Laugier, The Secret (où il faut s’échapper d’héritages lourds, casser le cycle pourri et ‘l’avenir écrit d’avance’), en s’en distinguant par son optique strictement individuelle (et ‘hédoniste’).

Le résultat a beau sentir le soufre (il arrive dans la moyenne haute de la défonce de tabous par les coréens, mais sans le goût habituel pour le grotesque et encore avec cette ‘distance’ anesthésiant la transgression), il est loin d’être original. A Girl a notamment des points communs avec My Sweet Pepper Land : dans les deux cas on trouve une jeune protagoniste décalée dans un milieu ‘retardé’, à la campagne, avec de la violence et de la misogynie. L’accent est mis également sur la médiocrité, qui est le vernis ‘trivial’ couvrant les deux autres. Comme dans Garde à vue avec Serrault (ou La Chasse de Vinterberg, mais celui-là est bien trop caricatural et débordant de haine), le film semble dénoncer les procès calomnieux en pédophilies, partant sur des présomptions – ou diffamant à cause de l’homosexualité. Sauf que le film contient plusieurs scènes borderline (le bain, le shopping et la découverte par la petite de sa féminité d’ado – à laquelle contribue la télévision, ce qui n’est pas interrogé, mais comme le reste des ‘épanouissements’ de la fille, perçu avec bienveillance ou attendrissement). Le rôle de mère de substitution pourrait les justifier, mais le jugement manque sur cette partie, alors que le film le pratique constamment à l’endroit des personnages et de leurs réactions (moins vers la fin où son système n’en a plus besoin). S’il s’en tenait à la psychologie, qui reste sa méthode par ailleurs, A Girl ne poserait pas de problèmes ; or il est manifestement ‘engagé’ – en faisant ressentir l’emprise du machisme, des familles abusives, mais aussi les turpitudes de la pauvreté et de l’ignorance. Il ne cherche pas à comprendre ces dernières, ne se pose pas la question des conditions et des origines (alors que tout est devant, à portée) – en revanche il prend partie en faveur des travailleurs clandestins.

Bien que le film reste peu offensant a-priori, largement présentable devant un public mixte, sa lâcheté face à ce qu’il titille le rend plus dérangeant que des films franchement indécents ou provocateurs. Mysterious Skin ose suggérer l’innommable (l’acte) et l’inconcevable (les ‘satisfactions’) ; il a choqué abondamment, mais il est moins ambigu, pas au service d’une vengeance (encore moins dans l’idéal de revanche), n’inclue pas les fautifs (les adultes) dans l’évasion vécue comme ‘positive’. Les méchants des Innocents, du Village des damnés ou des Révoltés de l’an 2000 brisent des représentations confortables, mais ces films ne sont pas des plaidoyers plus ou moins déguisés. Ici, l’enfant a sa part de monstruosité quand l’affaire commence (quoiqu’elle a pu être insufflée, par la flic ou par son arrivée) ; l’adulte n’initie probablement rien, mais valide ses méfaits et ses attitudes inappropriées. Dans Mysterious, on fait avec les restes ; ici, on ne dit mot et consent largement, blâme l’environnement pour mieux faire passer. Dans Eden Lake, face au mal venant de ceux qui ont l’âge d’être des anges, ou au moins des puceaux de la vie et de l’horreur, on ne faiblit pas, on ne pleurniche pas dans leur sens. Au contraire, ce film impose notre consentement, le lie à l’empathie ou la fascination qu’il cherche à cultiver à l’égard des deux ‘malmenées’. Il ne connaît le doute et la complexité que pour se cacher, jamais pour analyser, encore moins pour représenter.

Note globale 44

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Suggestions… Le Secret Magnifique

Scénario/Écriture (2), Casting/Personnages (4), Dialogues (3), Son/Musique-BO (-), Esthétique/Mise en scène (2), Visuel/Photo-technique (2), Originalité (2), Ambition (3), Audace (4), Discours/Morale (1), Intensité/Implication (2), Pertinence/Cohérence (2)

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TITANE =+

17 Juil

3sur5  La notion d’expérience est un peu creuse et galvaudée (modestement par rapport à ‘cinéma de genre’) mais parfaitement appropriée dans le cas de Titane. Ce n’est pas nécessairement un bon film or pour l’attaquer comme pour le soutenir la tâche est difficile. C’est par contre à voir impérativement pour tous ceux qui cherchent l’originalité, l’outrance et l’intensité, spécialement en explorant les cinémas de la marge et du bis (et la confirmation après Grave que Ducournau est à suivre, car même si elle ne devait pas convaincre elle saura probablement impressionner).

Prolongeant les premiers retours et la presse évoquant Cronenberg puis particulièrement Crash, les cinéphiles abondent en citations, se réfèrent naturellement à Christine de Carpenter, à Winding Refn pour les scènes de pulsions violacées ou à Tsukamoto (Tetsuo, Bullet Ballet) pour ceux plus alertes ou réceptifs aux tentations transhumanistes. Une autre référence s’est imposée à moi : Henenlotter et ses farces lubriques comme Elmer ou Sex Addict. J’ai vu en Titane une fantaisie horrifique brutale et imprévisible, jouant à plusieurs degrés pour livrer, selon l’envie du spectateur, une comédie acide, un film d’exploitation et de suspense dans un univers LGBT ou un drame pathétique d’un ton inhabituel ; dans tous les cas le grotesque règne.

Mais ce qui fait de Titane une expérience à vivre [avant d’être à évaluer comme (plutôt) une réussite], c’est la présence de Vincent Lindon (surtout avec la connaissance de l’aura de l’homme et acteur, moins dans l’absolu). Quand il débarque dans ces lieux de sauvage étrangeté, c’est encore dans sa peau d’abîmé au grand cœur – les stéroïdes n’y changent rien, le tirent plutôt vers Patrick Sébastien. Le contraste entre son désespoir et celui de la psychopathe Alexia relance constamment la machine et apporte un semblant de légitimité à cette irréalité ; il faut une capacité de déni, de bienveillance et d’inflation de l’ego de cette trempe pour faire tenir un tel mirage – sans quoi, passé la foire gore, on s’en irait vers du plus trivial, du Rob Zombie (31, Devil’s Rejects) ou vers l’ennui.

Les scènes de danse, ennuyeuses à mes yeux (sauf celle, tant elle est grossière, du salon tuning), pourront plaire aux fétichistes de poses lascives et d’extases de drogués non-démolis. La façon dont le message est martelé dans ces moments devient un brin malaisante et la dernière danse pourrait rater son coup, en omettant que, tout simplement, ce qui reste d’Alexia, quelque soit les attentes ou la libido du public, est proche de la viande avariée. Si c’est par empathie que vous êtes alors en train de vous réjouir, sachez qu’au préalable vous allez souffrir – si l’inhumanité d’Alexia vous a rendu plus froid, alors il n’y aura que des sensations fortes pour égayer une séance décadente – Benedetta de Verhoeven donne davantage la nausée, autrement dit des besoins de vomi tournés vers l’intérieur. Enfin si vous n’êtes pas un ergoteur progressiste, un fondamentaliste ou un complotiste bio il n’y a aucune raison d’intellectualiser ce que vous aurez vu.

Note globale 66

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Suggestions… Eastern Boys + La féline/Schrader + eXistenZ + Neon Demon + T’aime

Écriture : 6. Forme : 7. Intensité : 8+.

Pertinence : 4. Style : 6. Sympathie : 6+.

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MINI FILMS mars 2021

5 Avr

Atonement / Reviens-moi *** (UK 2007) : Jolie histoire de jalousie et de culpabilité, probablement très redevable à son modèle (Expiation de Ian McEwan). La moitié tragique est plus irrégulière (ponctuée par des moments forts mais un peu à sec sur le fond) que celle des amours (relativement plate et tendre). Ce réal aurait-il une fixette sur le métro de Londres ? (64)

Van Helsing ** (2004) : Bourrin et stylé, dans l’allégresse. Nanar ou navet honnête, facilement divertissant quand il ne gave pas (j’ai dû le voir en deux fois). (52)

Paradise Hills ** (Espagne 2019) : Univers alléchant, scénario consistant et sans surprise, mystères savoureux ; une belle construction sur des bases assez courtes (avec mr ‘mindfuck’ Vigalondo au scénario). Colossal sentiment de déjà-vu à chaque instant, sans que je sache citer les œuvres concernées – ou sente l’envie de condamner Paradise Hills pour ça. Il a au moins l’air original, de remuer des idées et pour un jeune public cette découverte peut être exquise. Voir Mila Jovovich dans une posture de mère maquerelle raffinée est un peu troublant quand on l’a connue en héroïne de l’action-movie des années 2000. Ce film donne donc l’occasion de sentir le passage du temps et le recyclage, auxquels sont soumis les projections futuristes et dystopiques. Il avait déjà connu une sortie peu retentissante en octobre 2019 (y compris en France) et risque d’être davantage un film ‘de 2021’ grâce à PrimeVideo qui le propose depuis l’entrée dans l’ère Biden. (58)

The Amazing Bulk * (USA 2013) : Résolument foiré, à la hauteur de sa réputation. Modérément ennuyeux, ponctuellement mirobolant, tranquillement consternant. Les non-nanardophiles peuvent s’y essayer car c’est un morceau colossal ; en-dehors de sa partie technique sidérante (et de ses choix musicaux brutaux et improbables), il est trop simplement nul sur tous les plans (direction d’acteurs, scénario, ‘invention’). (22)

Les frères Sisters ** (2018) : Découvrir John C.Reilly parfait dans un rôle sérieux, au point de faire tenir la séance. D’abord propre et peu attractif, le film gagne régulièrement en intérêt et en profondeur émotionnelle. (58)

Timbuktu ** (Mauritanie 2014) : Un autre de ces films en Afrique à tendance léthargique mais pourtant peu ennuyant. L’auto-sabotage de ce père mou et homme pas dégourdi est plus navrant que touchant. D’autres personnages paraissent plus solides, deux ou trois femmes trouvent un peu d’espace (l’une en étant la chaman bling-bling de service [Zabou], l’exception tolérée voire complice aux heures de sacrifice), personne n’est libre. Dans tous les cas la morale est loin d’être un secours pour le développement comme face à l’oppression islamique – et le raffinement des êtres, des sentiments, n’a tendance qu’à les rendre plus imbéciles et serviles (comme ce chauffeur d’une complaisance déplorable avec son supérieur hypocrite – lui qu’on imagine parfaitement condamner le monde entier au nom de sermons arriérés qu’il prend pour de la pleine conscience). (58)

Le pornographe * (2001) : Les débuts de Bonello cinéaste, avec la transfuge du porno Ovidie et mr.Nouvelle Vague. De bons dialogues, un peu d’esprit à propos de la perdition et de la paresse de vivre, un manque général d’allant et de ressources. (42)

Total Eclipse / Rimbaud et Verlaine ** (UK 1997) : Plutôt superficiel et happé par les affaires sexuelles en terme de biographie ; mais convaincant comme illustration de la rébellion ou révolte permanente. Centré sur la vie sauvage du duo et peu sur son œuvre, tout en glissant des remarques définitives posant le cas Rimbaud : « dans cette ville les artistes sont plus bourgeois que les bourgeois » lors du passage à Paris ; le sacrifice de son talent comme émancipation terminale. Par lui-même le film apporte peu au sujet mais il évite la médiocrité grâce à son écriture classique, sa mise en scène et plus encore aux interprètes des deux poètes. (58)

Mijung / The Age of Shadows ** (Cor 2016) : Conflits de loyauté réels ou apparents pour sacrifices assurés. Ne fait qu’effleurer de beaux et grands thèmes le long d’un fil prévisible. Interprétations irréprochables de caractères qui iront au bout d’eux-mêmes tout en restant creux. Le réalisateur continue de parcourir les genres et de pondre à chaque endroit un film éminemment propre. Le temps de Deux sœurs et J’ai rencontré le diable est loin désormais. (54)

De bruit et de fureur ** (1988) : À l’époque cette fantaisie de Brisseau s’était fait remarquer. Par défaut c’est du ‘réalisme magique’ : entre le crû à teneur social, le vulgaire étrange et l’évasion. Par endroits et en esprit c’est parfois proche du T’aime de Patrick Sébastien, simplement sans le dépouillement et la dérive dans la débilité. Cremer tient un rôle prodigieux ; les jeunes sont raides et sans intérêt ; tous s’inscrivent près de l’absurde. La réflexion manque et mène à une fin tragique aussi explosive que stupide et convenue. (62)

Nuit magique ** (Allemagne 2019) : Tragi-comédie avec au second rang de nombreuses vieilles en roue libre. Un air de déjà-vu peu nocif, le film a assez de panache pour éponger – son protagoniste, jeune urbain fin et peureux, est contaminé par la folie de cette nuit – et le film n’est pas absorbé par son cas malheureux, sa solitude douloureuse et son anxiété. (62)

High Road to China / Les aventuriers du bout du monde ** (USA 1983) : Tourné en Yougoslavie, un succédané d’Indiana Jones avec la star à moustaches de l’époque, Tom Selleck. Scénario assez pauvre, déroulé sans surprise, durée limite. Le seigneur de la guerre joué par Brian Blessed (également vu dans Flash Gordon) semble sorti d’une BD. La VF en fait des tonnes pour les scènes avec Morley et son larbin – comme le reste, ce n’est pas assez poussé ou gratiné. Dans l’ensemble le film est porté par sa légèreté ; il en reste quelques images. (52)

Exotica *** (1994) : Avec celui-ci et De beaux lendemains, Egoyan m’apparaît comme un styliste remarquable ; les scénarios ne sont pas forts et la tournure pas plus convaincante, mais l’approche est presque envoûtante, les choses les plus idiotes et vulgaires sortent purgées voire belles sans passer par le déni de leur médiocrité. Le DeNiro junior vu dans Tortues Ninja le film joue à nouveau la tête brûlée. (68)

Broken Arrow / La flèche brisée * (USA 1950) : Un autre (l’un des fondateurs du courant ?) de ces films pacifistes, bienveillants envers les indiens, où se joint un moralisme ‘progressiste’ et inclusif à un autre plus ‘conservateur’ qui par ce mariage devient doux et mielleux. C’est tellement en volonté au-delà des préjugés que pour y tenir il faut qu’un bel et brave humanisme tienne lieu d’anthropologie. Un peu de réalisme aseptisé et un fort souci de cohérence des caractères permet un maintien décent. Comme la majorité de ses congénères, ce western non bourrin et bien pensant assomme doucement, tartine abondamment et ne laisse aucun souvenir. (38)

Borat nouvelle mission ** (USA 2020) : À peine moins bon ou drôle que son prédécesseur, largement plus futile. Le tableau s’est rétrécit ; où sont les féministes, les écologistes, les genderfluid, les BLM ? Où sont simplement les démocrates encroûtés et les sympathisants de Sleepy Joe ? Probablement vaut-il mieux ne pas taper sur tout le monde afin d’éviter le déclassement ; à défaut d’être progressiste Sacha Baron Cohen ne peut s’en prendre aux éléments de ce camp et n’a plus qu’à essayer de les régaler. En idéologiquement apathique, modéré ou droiteux non chatouilleux, on peut donc s’amuser de ce film qui politiquement pèse à peine davantage qu’un autre ; que l’un des premiers abordant en direct la crise Covidienne soit superficiel et inoffensif dans le traitement de cette situation extraordinaire aurait été bizarre à l’époque du premier Borat ; aujourd’hui c’est une ironie convenue. Que toutes ces sortes de droitistes américains soient si accueillants devrait d’ailleurs alerter SBC concernant l’insignifiance de ses provocations (néanmoins savoureuses, comme le sont des canulars régressifs ou des satires de trublion irresponsable) – mais il s’en fiche probablement. Enfin notre bouffon sans dessein est tout de même efficace (moins lors des interviews) et son acolyte femelle permet de renouveler la farce. (54)

The Postcards Killings / Bons baisers du tueur ** (USA 2020) : Une bonne séance mais un film complètement éclaté, avec des transitions remarquablement brutales. Qu’on ait souvent de l’avance sur le scénario est un peu gênant, qu’on en ait sur des enquêteurs l’est moins mais reste décevant. Cette synergie laborieuse donne un aspect de réalisme. Mais ce ne sont que les vertus résiduelles de défauts – voire d’une absence de finition. Et quand l’écriture semble prêter le flan à la critique, le montage a toujours une responsabilité plus forte et flagrante. Heureusement que le casting est savoureux et qu’on parcourt l’Europe à la vitesse de James Bond, d’un exilé fiscal dans sa tournée ou d’un attaché parlementaire. Comme dans beaucoup de films, la minute finale est déplorable – (sans parler du misérable appel) manifestement il faut se laver de tout soupçon de plaidoyer ; d’accord pour l’empathie envers les frères et sœurs incestueux, mais que nos noms ne soient pas associés à des encouragements. Peut-être que le choix d’un couple moins solaire et idéal aurait permis d’éviter cette conclusion banale. En résumé : charmant, improbable, avec de grosses accroches – de la qualité DTV à la mesure de ce qui peut contenter une industrie de masse pressée, qu’est PrimeVideo. (56)

 

Mini-Critiques : 2021: Fev, Jan ; 2020: Dec, Nov, Oct, Sept, 15, 14, 13 ; 2019: 12, 11, 10 ; 2018: 9, 8 ; 2017: 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1

Mini Courts : 2020, 4, 3, 2, 1

Mini Revus : 2ou2020, 1

Mini Mubi : 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1. Courts & moyens Mubi : 4, 3, 2, 1

PRÊT A JETER *

28 Oct

2sur5 Intéressant pour une approche en néophyte mais de faible valeur même dans ce cas. Beaucoup d’enjeux flagrants sont ignorés ou balayés. En traquant cette obsolescence programmée à l’échelle du système, on pourrait aboutir à un renoncement aux innovations, à une diminution drastique des recherches non essentielles ; et probablement à des régulations voire intrusions. Déjà Latouche le pape des décroissants nous les suggèrent, en parlant de contrôle des produits y compris après leur vente. Il souhaite donc la dépossession des consommateurs et la surveillance des citoyens ; mais plus gênant pour sa posture de chevalier blanc, il prend le relais de ses ennemis ! Par ses préconisations il rejoint Bernard London dans sa guerre au libre-usage pour le redressement et le bien communs [l’obsolescence’ par obligation légale comme méthode de relance pendant la Dépression des années 1930] et plus généralement ces industriels arbitrant selon leurs [seuls] plans le temps de notre usage [comme Bruce Stevens motivé par une idéologie commerciale – la perspective maléfique entraînant toutes les aberrations et fautes morales – comme les décharges en Afrique].

Des solutions positives sont soufflées en conclusion avec ces matières et produits recyclables. Michael Braungbart apporte l’idée la plus apparemment estimable et solide avec ses tissus biodégradables et selon lui comestibles, le tout aligné sur les cycles naturels. Mais il y a bien plus saillant que ces mesures plus ou moins grandes que le désespérément moche Demain pourrait reprendre à son compte. C’est l’idée de répercuter les ‘vrais coûts’ de production (notamment du transport) afin de rendre obsolète l’obsolescence programmée ; Serge Latouche sait se faire romantique pour alléger cette rude promesse et commet un laïus à propos des ‘humanités’ comme richesses à développer.

Car en attendant la saine révolution, le documentaire ne donne aucun aperçu de solution concrète pour les masses (ni au demeurant pour l’individu). Que faire de l’économie et des emplois ? Ce film lie l’obsolescence à la croissance et en fait la raison du succès économique de l’Occident dans les années 50 ; il semble reconnaître une part bénéfique mais l’assimile à la société de consommation nécessairement à la dérive. Quelles anticipations, quelles alternatives ce film préfère passer sous silence ou n’est pas en mesure de concevoir ? Que faire de la population – réserver l’emploi à une minorité ? Le luxe ordinaire des pays développés à quelques élus ?

Cet ‘angle’ mort abyssal signe l’absence de neutralité du film, anti-consumériste et anti-croissance (et anti-obsolescence programmée – on croirait parfois anti-obsolescence tout court, comme d’autres se maintiennent anti-cancer car après tout, certains remèdes fonctionnent contre certains cas, alors si l’ensemble des cancers ne sont pas terrassés c’est que l’industrie voire le citoyen-consommateur mi-dupé mi-complice sont de mauvaise foi). Si on prend les implications du discours porté par le film au sérieux et que d’autres enjeux qu’environnementaux font aussi partie de notre lecture ; on peut voir là-dedans une combine de capitalistes établis et d’établis tout court (dont ce William Philips serait le porte-parole manifestement candide) pour maintenir leur domination, limiter l’accès du commun des mortels aux progrès ; puis simplement contrôler la meute humaine et lui enseigner une bonne parole laïque.

Finalement, si on s’en tient aux conséquences, Prêt à jeter est d’une douloureuse ironie ; il présente des exemples historiques mais semble vouloir faire.. tourner la roue à l’envers ! La citation de L’homme au complet blanc, où un inventeur est poursuivi par les patrons et ouvriers jusqu’à finalement ne pas présenter au monde sa création, est comparable à la véritable histoire des bas en nylon de Dupont, trop résistants d’où leur évacuation du marché. Mais en quoi le film est-il du côté de l’invention ou travaille-t-il à l’amélioration de la technique ? Peut-être celle-ci est comme la Terre : une réalité finie qu’il s’agit de troubler le moins possible, en s’en tenant à la meilleure recette. Reste à définir celle-ci et surtout ne pas se tromper – ou savoir dissuader les foules de s’ennuyer des fabrications standardisées des produits fournis par les corporations homologuées (et neutres en carbone), à plus forte raison de les contester (ce qui reviendrait à plaider pour cette diversité futile et l’obsolescence esthétique qui caractérisent notre ère d’abondance et d’irresponsabilité – et de tromperie ‘programmée’).

Note globale 38

Page IMDB  + Zogarok Prêt à jeter sur Sens Critique

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