MINI FILMS mars 2021

5 Avr

Atonement / Reviens-moi *** (UK 2007) : Jolie histoire de jalousie et de culpabilité, probablement très redevable à son modèle (Expiation de Ian McEwan). La moitié tragique est plus irrégulière (ponctuée par des moments forts mais un peu à sec sur le fond) que celle des amours (relativement plate et tendre). Ce réal aurait-il une fixette sur le métro de Londres ? (64)

Van Helsing ** (2004) : Bourrin et stylé, dans l’allégresse. Nanar ou navet honnête, facilement divertissant quand il ne gave pas (j’ai dû le voir en deux fois). (52)

Paradise Hills ** (Espagne 2019) : Univers alléchant, scénario consistant et sans surprise, mystères savoureux ; une belle construction sur des bases assez courtes (avec mr ‘mindfuck’ Vigalondo au scénario). Colossal sentiment de déjà-vu à chaque instant, sans que je sache citer les œuvres concernées – ou sente l’envie de condamner Paradise Hills pour ça. Il a au moins l’air original, de remuer des idées et pour un jeune public cette découverte peut être exquise. Voir Mila Jovovich dans une posture de mère maquerelle raffinée est un peu troublant quand on l’a connue en héroïne de l’action-movie des années 2000. Ce film donne donc l’occasion de sentir le passage du temps et le recyclage, auxquels sont soumis les projections futuristes et dystopiques. Il avait déjà connu une sortie peu retentissante en octobre 2019 (y compris en France) et risque d’être davantage un film ‘de 2021’ grâce à PrimeVideo qui le propose depuis l’entrée dans l’ère Biden. (58)

The Amazing Bulk * (USA 2013) : Résolument foiré, à la hauteur de sa réputation. Modérément ennuyeux, ponctuellement mirobolant, tranquillement consternant. Les non-nanardophiles peuvent s’y essayer car c’est un morceau colossal ; en-dehors de sa partie technique sidérante (et de ses choix musicaux brutaux et improbables), il est trop simplement nul sur tous les plans (direction d’acteurs, scénario, ‘invention’). (22)

Les frères Sisters ** (2018) : Découvrir John C.Reilly parfait dans un rôle sérieux, au point de faire tenir la séance. D’abord propre et peu attractif, le film gagne régulièrement en intérêt et en profondeur émotionnelle. (58)

Timbuktu ** (Mauritanie 2014) : Un autre de ces films en Afrique à tendance léthargique mais pourtant peu ennuyant. L’auto-sabotage de ce père mou et homme pas dégourdi est plus navrant que touchant. D’autres personnages paraissent plus solides, deux ou trois femmes trouvent un peu d’espace (l’une en étant la chaman bling-bling de service [Zabou], l’exception tolérée voire complice aux heures de sacrifice), personne n’est libre. Dans tous les cas la morale est loin d’être un secours pour le développement comme face à l’oppression islamique – et le raffinement des êtres, des sentiments, n’a tendance qu’à les rendre plus imbéciles et serviles (comme ce chauffeur d’une complaisance déplorable avec son supérieur hypocrite – lui qu’on imagine parfaitement condamner le monde entier au nom de sermons arriérés qu’il prend pour de la pleine conscience). (58)

Le pornographe * (2001) : Les débuts de Bonello cinéaste, avec la transfuge du porno Ovidie et mr.Nouvelle Vague. De bons dialogues, un peu d’esprit à propos de la perdition et de la paresse de vivre, un manque général d’allant et de ressources. (42)

Total Eclipse / Rimbaud et Verlaine ** (UK 1997) : Plutôt superficiel et happé par les affaires sexuelles en terme de biographie ; mais convaincant comme illustration de la rébellion ou révolte permanente. Centré sur la vie sauvage du duo et peu sur son œuvre, tout en glissant des remarques définitives posant le cas Rimbaud : « dans cette ville les artistes sont plus bourgeois que les bourgeois » lors du passage à Paris ; le sacrifice de son talent comme émancipation terminale. Par lui-même le film apporte peu au sujet mais il évite la médiocrité grâce à son écriture classique, sa mise en scène et plus encore aux interprètes des deux poètes. (58)

Mijung / The Age of Shadows ** (Cor 2016) : Conflits de loyauté réels ou apparents pour sacrifices assurés. Ne fait qu’effleurer de beaux et grands thèmes le long d’un fil prévisible. Interprétations irréprochables de caractères qui iront au bout d’eux-mêmes tout en restant creux. Le réalisateur continue de parcourir les genres et de pondre à chaque endroit un film éminemment propre. Le temps de Deux sœurs et J’ai rencontré le diable est loin désormais. (54)

De bruit et de fureur ** (1988) : À l’époque cette fantaisie de Brisseau s’était fait remarquer. Par défaut c’est du ‘réalisme magique’ : entre le crû à teneur social, le vulgaire étrange et l’évasion. Par endroits et en esprit c’est parfois proche du T’aime de Patrick Sébastien, simplement sans le dépouillement et la dérive dans la débilité. Cremer tient un rôle prodigieux ; les jeunes sont raides et sans intérêt ; tous s’inscrivent près de l’absurde. La réflexion manque et mène à une fin tragique aussi explosive que stupide et convenue. (62)

Nuit magique ** (Allemagne 2019) : Tragi-comédie avec au second rang de nombreuses vieilles en roue libre. Un air de déjà-vu peu nocif, le film a assez de panache pour éponger – son protagoniste, jeune urbain fin et peureux, est contaminé par la folie de cette nuit – et le film n’est pas absorbé par son cas malheureux, sa solitude douloureuse et son anxiété. (62)

High Road to China / Les aventuriers du bout du monde ** (USA 1983) : Tourné en Yougoslavie, un succédané d’Indiana Jones avec la star à moustaches de l’époque, Tom Selleck. Scénario assez pauvre, déroulé sans surprise, durée limite. Le seigneur de la guerre joué par Brian Blessed (également vu dans Flash Gordon) semble sorti d’une BD. La VF en fait des tonnes pour les scènes avec Morley et son larbin – comme le reste, ce n’est pas assez poussé ou gratiné. Dans l’ensemble le film est porté par sa légèreté ; il en reste quelques images. (52)

Exotica *** (1994) : Avec celui-ci et De beaux lendemains, Egoyan m’apparaît comme un styliste remarquable ; les scénarios ne sont pas forts et la tournure pas plus convaincante, mais l’approche est presque envoûtante, les choses les plus idiotes et vulgaires sortent purgées voire belles sans passer par le déni de leur médiocrité. Le DeNiro junior vu dans Tortues Ninja le film joue à nouveau la tête brûlée. (68)

Broken Arrow / La flèche brisée * (USA 1950) : Un autre (l’un des fondateurs du courant ?) de ces films pacifistes, bienveillants envers les indiens, où se joint un moralisme ‘progressiste’ et inclusif à un autre plus ‘conservateur’ qui par ce mariage devient doux et mielleux. C’est tellement en volonté au-delà des préjugés que pour y tenir il faut qu’un bel et brave humanisme tienne lieu d’anthropologie. Un peu de réalisme aseptisé et un fort souci de cohérence des caractères permet un maintien décent. Comme la majorité de ses congénères, ce western non bourrin et bien pensant assomme doucement, tartine abondamment et ne laisse aucun souvenir. (38)

Borat nouvelle mission ** (USA 2020) : À peine moins bon ou drôle que son prédécesseur, largement plus futile. Le tableau s’est rétrécit ; où sont les féministes, les écologistes, les genderfluid, les BLM ? Où sont simplement les démocrates encroûtés et les sympathisants de Sleepy Joe ? Probablement vaut-il mieux ne pas taper sur tout le monde afin d’éviter le déclassement ; à défaut d’être progressiste Sacha Baron Cohen ne peut s’en prendre aux éléments de ce camp et n’a plus qu’à essayer de les régaler. En idéologiquement apathique, modéré ou droiteux non chatouilleux, on peut donc s’amuser de ce film qui politiquement pèse à peine davantage qu’un autre ; que l’un des premiers abordant en direct la crise Covidienne soit superficiel et inoffensif dans le traitement de cette situation extraordinaire aurait été bizarre à l’époque du premier Borat ; aujourd’hui c’est une ironie convenue. Que toutes ces sortes de droitistes américains soient si accueillants devrait d’ailleurs alerter SBC concernant l’insignifiance de ses provocations (néanmoins savoureuses, comme le sont des canulars régressifs ou des satires de trublion irresponsable) – mais il s’en fiche probablement. Enfin notre bouffon sans dessein est tout de même efficace (moins lors des interviews) et son acolyte femelle permet de renouveler la farce. (54)

The Postcards Killings / Bons baisers du tueur ** (USA 2020) : Une bonne séance mais un film complètement éclaté, avec des transitions remarquablement brutales. Qu’on ait souvent de l’avance sur le scénario est un peu gênant, qu’on en ait sur des enquêteurs l’est moins mais reste décevant. Cette synergie laborieuse donne un aspect de réalisme. Mais ce ne sont que les vertus résiduelles de défauts – voire d’une absence de finition. Et quand l’écriture semble prêter le flan à la critique, le montage a toujours une responsabilité plus forte et flagrante. Heureusement que le casting est savoureux et qu’on parcourt l’Europe à la vitesse de James Bond, d’un exilé fiscal dans sa tournée ou d’un attaché parlementaire. Comme dans beaucoup de films, la minute finale est déplorable – (sans parler du misérable appel) manifestement il faut se laver de tout soupçon de plaidoyer ; d’accord pour l’empathie envers les frères et sœurs incestueux, mais que nos noms ne soient pas associés à des encouragements. Peut-être que le choix d’un couple moins solaire et idéal aurait permis d’éviter cette conclusion banale. En résumé : charmant, improbable, avec de grosses accroches – de la qualité DTV à la mesure de ce qui peut contenter une industrie de masse pressée, qu’est PrimeVideo. (56)

 

Mini-Critiques : 2021: Fev, Jan ; 2020: Dec, Nov, Oct, Sept, 15, 14, 13 ; 2019: 12, 11, 10 ; 2018: 9, 8 ; 2017: 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1

Mini Courts : 2020, 4, 3, 2, 1

Mini Revus : 2ou2020, 1

Mini Mubi : 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1. Courts & moyens Mubi : 4, 3, 2, 1

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