MINI CRITIQUES COURTS 4 (ou 2019 2s2)

8 Mar

Publication tardive car je devais revoir La Bombe et reprendre le visionnage de Disney des années 1930.

Silly Symphonies> King Neptune ** (USA 1932 – 7min) : Le dieu gréco-romain devient un roi des océans jovial chez Disney – un père Noël dominant. Beaucoup de jolies créatures à la rescousse des belles, un humour un peu lourdaud à cause des pirates affreux sales et méchants. Assez lent au développement mais facilement très au-dessus de La petite sirène. (62)

Silly> The Fox Hunt ** (USA 1931 – 6min) : Même nom qu’un dessin animé Donald Duck (donc Disney) de 1938 ; peut-être la raison pour laquelle je ne l’ai pas trouvé traduit en français. Avec une seule composition musicale – une première ou à peu près pour un Silly (cas litigieux de Clock Store, du même réalisateur et sorti un mois avant). Gros gags et pas de personnages pour se démarquer. (58)

Silly> The Bird Store ** (USA 1932 – 7min) : Le magasin est une sorte d’immeuble à location forcée pour une ribambelle d’oiseaux variés, dont un grand nombre de couples. Pas très gratiné mais l’équipe est exotique. (62)

Silly> Santa’s Workshop / L’atelier du père Noël *** (USA 1932 – 7min) : Aux débuts des cartoons en couleurs. Nous sommes un an après la fameuse pub Coca-Cola de 1931 qui a contribué à populariser et ancrer l’image depuis conventionnelle du Père Noël – et non à la créer. Le barbu est encore plus décontracté que prévu, les lutins sous son commandement plus sexués, la galerie de personnages des plus vastes, l’enthousiasme dégoulinant partout. Seul problème : aucune personnalité, aucune spécificité, n’émerge. Si vous êtes sceptiques concernant l’industrie Disney, vous verrez dans ce film une propagande éclatante, où tous les petits ouvriers sont heureux de contribuer. Les seules leçons de morale récurrentes dans ces Silly ou dans les Mickey se rapportent généralement à ce sujet : admirons les vertus du travail et les vices de l’attentisme (Trois petits cochons notamment). (64)

Silly> Water Babies/ Bébés d’eau *** (USA 1935 – 8min) : Adaptation du ‘chef-d’œuvre’ du révérend britannique Charles Kingsley. Un Silly moins bien coté ce qui ne l’a pas empêché d’avoir pour suite Les bébés de l’océan (1938). La longueur du film et la nudité pourraient être en cause ; l’absence de paroles et la bizarrerie aussi (celles de Mickey se sont inscrites dans la durée – donc n’en sont plus). Par rapport au ronron des précédents, cet opus-là m’est paru d’autant plus sympathique. L’alternance de grabuge et de cérémonie enjouée, tout l’aspect idyllique et fantaisiste, en font un très bon film merveilleux. Des bruitages excellents. Un des meilleurs de la collection et des Disney à ce stade. (72)

Silly> Music Land / Jazz Band contre Symphony Land **** (USA 1935 – 9min) : Pousse à fond le principe, pour le meilleur ; paroxysme de cette tendance à fignoler les sons, les insérer opportunément (en plus du simple talent pour la comédie musicale, comme dans Father Noah’s Ark deux ans plus tôt). On retrouve l’image ‘pure’ du style Cookie Carnaval ou Water Babies – 1935 est l’année où le niveau qualitatif et particulièrement celui technique des Silly explose. Seuls petits défauts : des moments longuets avec la marâtre (tapant du pied) et lors du conflit armé. (82)

Silly> The Robber Kitten / Le petit chat voleur *** (USA 1935 – 8min) : Où un chaton jouant aux voleurs sympathise avec un brigand d’élite, jusqu’à ce qu’un petit magot lui fasse perdre son amabilité. Toute l’attitude d’un petit enfant se gonflant en adulte aventureux pendant qu’au loin et derrière la marmite sa mère à l’allure de vieille et aux façons d’aigrie guette chaque occasion de la ramener et de réprimander. (68)

Silly> Le Lièvre et la Tortue *** (USA 1935 – 8min) : Une adaptation spéciale, mettant l’accent sur l’environnement où se produit la course et sur les fanfaronnades du lièvre. Marque un saut qualitatif dans l’animation des mouvements (‘lignes de vitesse’), confirmé dans Rober Kitten (sorti trois mois plus tard). Le seul point mitigé voire négatif est le caractère de la tortue, bonne victime complaisante au quotidien. Les quatre petites lapines rient comme Minnie. Max et Toby (le lièvre et la tortue) réapparaîtront dans Le retour de Tobby la tortue (1936) et Qui veut la peau de Roger Rabbit (1988). (76)

Silly> Birds in the Spring / Quel ressort *** (USA 1933 – 7min) : Proposé sous le nom Bird and Bees en 1931 ; le scénario est converti en film à partir de fin 1932 (où les Silly passent définitivement à la couleur). Le résultat est un pendant à plumes de Robber Kitten avec un garnement embarqué dans des aventures à haut risque – mais cette fois deux parents et moins cons, bien que la séance s’achève sur une fessée. Scénario et univers musical beaucoup plus riches que dans Bird Store. Si vous aimez les couleurs pastels et les oiseaux, c’est jubilatoire ! Les chants et rires en chœur des trois oisillons sont adorables. Sinon c’est un bon Silly. (68)

Silly> Who Killed Cock Robin / Qui a tué le rouge-gorge ? *** (USA 1935 – 8min) : Comme son titre originel l’indique, est tiré d’une comptine pour enfant anglaise. Salué à l’époque : la récente NBM (National Board of review of Motion Pictures, fondée en 1929) l’insère dans son top 10 annuel. Un an plus tard Hitchcock en reprendrait des scènes pour son Sabotage. Malgré cette société d’oiseaux et plusieurs détails ou personnages assez neufs ou atypiques dans le contexte (la brutalité policière, la femme voluptueuse), je ne suis pas complètement fan de ce film – la faute à quelques bouts de scènes trop longs, notamment au tribunal. (74)

Silly> Father Noah’s Ark / L’arche de Noé **** (USA 1933 – 8min) : Une page de la Bible en comédie musicale guillerette ! Les hippies spiritualistes en ont peut-être eu connaissance. De quoi déconcerter (on dédramatise et occulte l’horreur de ce déluge) – et démontrer que le Jésus baba-cool n’est pas sorti de nulle part. À voir en VF pour décupler les effets euphorisants. Fantasia 2000 y ferait une référence éclair. Ce film court est resté une de mes meilleures découvertes de 2019. (84)

Silly> Le retour de Toby la tortue *** (USA 1936 – 7min) : Retrouvailles de Max et Toby après Le Lièvre et la tortue de 1935. Marqué par la ré-apparition de personnages des Silly (comme la femme oiseau de Cock Robin ou les Trois petits cochons) en tant que spectateurs du match de boxe. La tortue fait à nouveau rire d’elle comme si son exploit avait été oublié – mais elle est bien falote et cet exploit était plutôt une chance. Cette fois, elle a recours à la ruse. Une excellente suite où les astuces gagnent en importance dans la compétition (plus que les démonstrations de caractère). Prend une tournure flamboyante et offre quelques belles ‘perspectives’ parmi ses plans. (76)

Silly Symphonies> Le grand méchant loup / The Big Bad Wolf *** (USA 1934 – 9min) : Première des trois suites de Three Little Pigs, c’est-à-dire des Silly avec le Grand Loup et les cochons. Le petit Chaperon rouge s’invite dans la tribu et s’expose au loup avec les deux porcelets naïfs ! Attention la VF qui pouvait être diversement appréciée dans le premier opus est devenue dérangeante. Les travestissements du loup pourraient amplifier le malaise mais finalement seule l’imitation de grand-mère donne dans le trop grotesque (mais bienvenu quand même ; une telle gaudriole est bonne à prendre et ne saborde pas un programme trop léger et improbable de toutes façons). (68)

Silly> Les trois petits loups *** (USA 1936 – 9min) : C’est probablement la suite la plus bénéfique sur le papier puisqu’elle renouvelle sérieusement la galerie ; pourtant je la met tout juste au niveau de la précédente. La découverte du contexte et du nouveau trio m’a rapidement fixé sur une déception. Objectivement le compte est très positif. Le dessin est irréprochable, l’animation idem. L’heure de la première consécration des studios est proche – le long-métrage Blanche-Neige ! Le Wolf Pacifier aura un équivalent plus ‘électrique’ dans Practical Pig. Les louveteaux auront plus tard un petit frère : P’tit Loup, un alter ego angélique et une créature importante dans l’univers Disney, apparu dans une BD en 1945. (64)

Silly> The Practical Pig / Le cochon pratique ** (USA 1939 – 8min) : Troisième et dernière suite de Three Little Pigs (1933). Le court originel a connu un succès phénoménal et laissé de nombreuses traces dans la culture et la propagande américaine ; les suites n’en feront décidément pas partie. Elles ne sont pas mauvaises, simplement pas à la hauteur ; elles renouvellent le script de base mais peinent à approfondir ces innovations comme le postulat (les deux petits cochons sont toujours aussi bêtes et se moquent volontiers de leur homologue, avant de venir se planquer sous son aile). La grande originalité du film est cette scène splastick avec le loup passé au test de détection de mensonge – quoique l’humour soit davantage pour les fessées des cochons en fin de séance. Évitez la VF au commentaire redondant et débile. Le prochain Silly sera le dernier – Le vilain petit canard seconde mouture. (62)

Silly> Merbabies / Les bébés de l’océan *** (USA 1938 – 8min) : Suite théorique de Water Babies (1935) dont la vision au préalable n’est pas nécessaire. Davantage kawaii et humoristique, moins hallucinatoire, toujours très fantaisiste. Ravissant et peu passionnant : manque de tension et ‘d’histoire’ ; taillé pour la contemplation ravie, en bonne alternative aux sédatifs et aux drogues rendant heureux.72e des 75 Silly, premier et dernier sous-traité – au moment où l’équipe Disney se concentre sur Blanche-Neige. (64)

Silly> Wynken, Blynken & Nod / Au pays des étoiles ** (USA 1938 – 8min) : 70e de la série, basé sur un poème de l’américain Eugene Field. Merbabies avec son troupeau de sirènes était déjà bien mignonnet, celui-ci dépasse les bornes. Animation haut-de-gamme mais aventures trop gentillettes. La répétition du même gag n’aide pas. Le décollage et le ré-atterrissage évoquent inévitablement Peter Pan. (56)

Saw ** (Australie 2003 – 9min) : Conçu pour être présenté aux potentiels producteurs, il ne gagne pas à être découvert après le long-métrage homonyme. Inversement, on peut le louer pour son contenu synthétique : plusieurs gadgets et les fondamentaux avec Jigsaw y sont déjà exhibés. La différence avec un film réel ou film à budget se fait sentir mais pour un film d’étudiant ou apparenté c’est excellent, avec des effets bien au-dessus d’un travail approximatif ou ‘amateur éclairé’. Le début avant la captivité, y compris la scène face à l’ascenseur est probablement trop long. (58)

Doggie Heaven ** (USA 2008 – 9min) : Court co-réalisé par James Wan (réalisateur du premier Saw) et Leigh Wannell (qui passera bientôt à la réalisation avec Insidious 3 et est le protagoniste du court Saw). Bizarrement cheap ; quasi certainement volontairement vu le nom des auteurs et compte tenu du résultat de relative ‘haute’ tenue du court Saw, pondu avec 2.000 dollars. Peut-être pas destiné à être classé parmi les vrais films [sur IMDB] ? La fin est drôle. (48)

Quenottes ** (France 2006 – 12min) : Grosse idée, interprétations mitigées, heureusement l’agresseur est déterminé. J’ai été un peu déçu, j’aurais voulu en voir davantage, dans l’univers des souris et même dans l’étoffe des personnages. (58)

Une histoire vertébrale ** (France 2004 – 9min) : Après avoir découvert en salles J’ai perdu mon corps, je regarde le premier court de Clapin. L’idée est forte, la technique sûre. Le style m’est légèrement désagréable, la ‘gentillesse’, la ‘mélancolie’ et la musique presque antipathiques. Ce type de pommade et ces histoires de solitude et d’amour ont le don de me laisser sur le côté et de me coûter en patience. (46)

Skhizein ** (France 2008 – 13min) : Visuellement convaincant, évoque un peu le jeu Limbo. Je reste réticent comme devant Une histoire vertébrale, mais l’ensemble de la mise en scène passe à un niveau supérieur. Les points désagréables d’alors sont remplacés par les voix nasillardes, la musique est encore trop crémeuse. Le son est saoulant, je suppose que ce systématisme a du sens et participe à imiter l’isolation du sujet. Comme exercice de style ou manifestation d’originalité j’accepte ce film ; comme représentation de la schizophrénie, je ne saisis pas. Une fois le concept posé, hormis quelques décalages en société, rien ne vient l’enrichir, ni n’affine la description de la maladie mentale. (52)

Palmipédarium *** (France 2012 – 10min) : De loin mon préféré de Clapin – fatalement vu les éléments (et la disparition de tout ce qu’il y avait de mielleux, ou de surfait à mes yeux). Il reste mystérieux et ambigu à terme. Je suppose que le gamin règle sa fugue et sacrifie son contact imaginaire pour mieux entrer dans sa vocation (ou son appartenance). J’aime ce palmipède à la fois démoniaque et amical, qu’on imagine créer des catastrophes et multiplier les malaises sans intentions malsaines. On peut aussi y voir une allégorie de la dégradation des sentiments humains assorti d’une idéalisation de l’enfance. (72)

La bombe ** (UK 1965 – 47min) : Un bel exemple de catastrophisme (l’échéance est 1980). Les défauts de l’approche Peter Watkins sont moins criants que dans Punishment Park. À la comparaison se perdent les aspects fantaisistes ou franchement inflationnistes et paranoïaques. Néanmoins le gauchisme de l’approche est manifeste dès qu’on est un peu réveillé ou exercé : on cite plusieurs fois les ‘bons conseils’ des institutions religieuses, on déplore l’esprit bourgeois et le matérialisme égoïste – sans non plus le hurler car ça deviendrait indécent. (58)

 

 

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