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BLUE JASMINE +

24 Sep

Le 44e opus de Woody Allen est focalisé sur un personnage et l’ausculte avec génie. Hors du portrait, il n’est pas nécessairement si brillant (pas remarquable formellement) – mais tout converge vers lui. Si les spectateurs ne sont pas réceptifs à la performance de Cate Blanchett et à son sujet ou sceptiques concernant l’écriture, le film pourrait être pénible, sembler pauvre et surfait. Dans le cas inverse, la séance sera jubilatoire et Jasmine attachante en dépit des sombres évaluations qu’elle peut inspirer. Pour mieux mesurer la chute et l’inconfort de Jeannette-Jasmine, le film progresse avec des temporalités parallèles ; à l’effondrement passé s’ajoute celui du présent, pendant que viennent renchérir tous les échecs connus, qui sont autant de rappels à l’ordre, d’insultes au sens grandiose de soi de Jasmine. Mais ce sens de soi n’est qu’inflation et entre-temps Jasmine n’a pas su s’armer ni se grandir de manière à éponger ses dettes.

Au fond Jasmine est une caricature de profils courants – qui ne sauraient s’exprimer et s’étaler ainsi qu’avec beaucoup de moyens. C’est une femme menée par la vanité, au langage hypertrophié, aux émotions plates et creuses malgré une attitude volontiers théâtrale sous la pression. Elle n’est pas une sentimentale pour autant, même en temps qu’égocentrique. Elle se veut éblouissante et digne d’un conte sans avoir en elle quoique ce soit de romantique – sauf dans la mesure où l’otage de son narcissisme pathologique l’est, en se donnant de la valeur à partir de ses besoins tragiques – peut-être qu’il n’y a pas d’individus romantiques mais seulement des conduites ? Au premier abord Jasmine peut impressionner jusqu’à titiller l’envie ou la jalousie, ou simplement charmer par sa combativité dépourvue de pure violence ; elle fait partie de ces gens qui ne sauraient ‘se contenter’ – de la vie comme elle se livre, de la médiocrité régnant spontanément ou des réconforts banals.

Elle est brillante, pas dans le ‘bling-bling’ crû. Son matérialisme est sublime, contraste avec celui des pourceaux et des entrepreneurs mouillant la chemise. Au bout de son triste compte il lui reste cette mentalité ‘positive’ et assertive ; elle sait se vendre, considérer ses talents – bien qu’elle soit une sorte de ‘bonne à rien’. Cet écart grandit tout le long du film, où se précisent ses impostures, déjà révélées par sa nature affichée dès l’entrée (dès sa logorrhée dans l’avion, digne d’une touriste fraîchement tirée de la précarité ou d’une survoltée soudainement revenue à la vie). Jasmine pourrait dégoûter bien des spectateurs, mais ce n’est manifestement pas l’intention ni la perspective des auteurs – ils n’ont pas de problème pour s’en moquer, mais ça n’exclut pas l’acceptation. À force de la montrer sous un angle pathétique sans avoir la pudeur de masquer ses responsabilités, Woody Allen rend Jasmine sympathique : sa personne est sûrement pourrie mais il n’y a pas un gramme de méchanceté en elle. Elle est plutôt faite d’absences, de manques. Et ne peut pas faire autrement, car pour elle plus que pour le commun, la compromission de son écran social signerait l’anéantissement de toutes les béquilles de l’ego – et vraisemblablement la mort psychologique.

Dans son univers de mensonge les humiliations catégoriques sont en suspens – ne reste que la fuite en avant et le renforcement des masques et des manières pompeuses, quitte à devenir odieuse et bouleversée quand la réalité contredit clairement ses illusions. Le plus désarmant c’est qu’elle croit à ses postures, ses arrangements : elle pratique le mensonge ‘entier’, sincère à sa manière car engageant. Il doit améliorer sa vie et l’a rendue facile, jusqu’à maintenant. Sur la fin ses automatismes prennent une tournure morbide car ils ne répondent plus qu’à son envie de reconnaissance qu’ils affichent au grand jour. Jeannette s’est sans doute passées mentalement avant de les produire concrètement de nombreuses scènes de sa vie ; mais quand il n’y a plus d’attente (imaginaire quand elle n’est pas provoquée) dans le monde ou d’espace où épater sans prendre trop de risques, alors ces préparations devraient disparaître. Or elles ont fait tenir toute la mécanique sans caractère spontané ou identifié de Jeannette. Il lui reste à réciter, comme d’autres prieraient en attendant un miracle, ses exercices mondains et pseudo-professionnels – ils ont apporté tant de plaisirs et de bénéfices. Les spectateurs pourraient être indifférents envers cette égarée ou pire, détourner le regard d’une telle perdante.

Le rapport au Tramway nommé désir d’Elia Kazan est très lâche. Le postulat est très proche et les protagonistes dans chacun ré-inventent leur passé ; mais les personnages et leurs relations ont peu voire pas de rapports ; et Blue Jasmine n’a aucun lien avec une sorte de huis-clos – ce n’en est même pas un psychique, puisque nous avons à faire avec un caméléon ambitieux (qui sait paraître occupé, demandé, quand il n’a pas su l’être). Son déni et ses représentations ne sont pas partagés ; nous voyons son état et ses compulsions sans être emmêlés dans sa subjectivité. L’évocation lapidaire d’un ‘millionnaire’ relève de la supercherie dans Un Tramway, or il est réel et occupe une place importante dans Blue Jasmine. Pour le reste, dialogues, lieux, ambiances et procédés narratifs y compris, les deux œuvres ne partagent même pas d’anecdotes.

Ironiquement la filiation avec Tennessee Williams est plus évidente. Ce dramaturge pris en modèle pour de nombreuses adaptations, controversé mais très demandé dans les années 1950-60, a fourni plusieurs anti-héroïnes tourmentées et aliénées (souvent rattrapées par la folie) à la culture américaine. Blue Jasmine en donne une version adaptée à son époque, avec ces deux sœurs dépendantes – l’une à son image et toutes les deux aux hommes. Ginger a besoin d’eux pour satisfaire son caractère et ses besoins ; Jeannette-Jasmine s’en passerait largement, s’ils n’étaient pas le rempart contre la révélation de la nullité (réelle ou seulement redoutée) qu’elle s’acharne à dissimuler. Tout l’air qu’elle a brassé n’a pas suffit pour la rendre intrinsèquement et manifestement plus complète et réussie que la pauvre fille sans grande culture qui lui fait office de sœur (adoptée et obsédée par les relations elle aussi).

Enfin deux choix de casting font immédiatement référence à la pièce. Badwin a joué pour la scène et pour l’écran Stanley Kowalski (illustré par Marlon Brando dans la première et véritable adaptation de 1951), Cate Blanchett avait (‘déjà’) incarné Blanche à Broadway. Dans la version déviante de Woody Allen, ils prêtent leurs corps à deux héritiers de ces personnages fictifs, qui ne sont pas des décalques (surtout pas celui de Badwin, Hal Francis, au charme même contradictoire à proximité du zéro).

Note globale 82

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Suggestions… Le Général de la Rovere + Le rêve de Cassandre + Helen + 30 rock

Scénario/Écriture (7), Casting/Personnages (8), Dialogues (9), Son/Musique-BO (7), Esthétique/Mise en scène (7), Visuel/Photo-technique (7), Originalité (5), Ambition (7), Audace (5), Discours/Morale (-), Intensité/Implication (8), Pertinence/Cohérence (7)

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UN JOUR DE PLUIE A NEW YORK **

19 Sep

2sur5 Naturellement il est bon de soutenir Woody Allen afin de garnir ses films et nos écrans de jeunes starlettes infantilisées ou dévêtues. Mais hormis ses adeptes et les gens sensibles aux principales recrues (et Elle Fanning en a d’affreuses sales et affamées, peut-être autant qu’Emma Stone), sa première livraison de carrière post-américaine n’a rien pour convaincre. Et pour séduire comme en général, rien de neuf.

Le scénario paresseux pousse les clichés jusqu’à patauger dans l’incohérence. On peut mettre sur le compte de l’impressionnabilité ou de la boisson des erreurs d’Ashleigh, puis finalement non, elle est simplement le réceptacle d’amertumes et de procès décalés en niaiserie. La fille parfaite selon Neon Demon est de loin la plus dévouée et mieux installée dans son rôle, face à un Chalamet décent dans un costume que son allure rend tout de même factice et désespérément creuse. L’usage de Selena Gomez est autrement bancal. La complaisance envers son personnage, la flatterie envers son supposé charisme sexuel et la volonté de la plier à un tel rôle sont de mystérieuses inspirations. Elle n’est pas spécialement mauvaise mais il y a des questions à se poser du côté de la direction voire de la notion d’acteur (pourtant Blue Jasmine est encore récent).

Cette interrogation peut être poussée à d’autres niveaux puisque le film va laisser en plan les intrigues croisées et les trajectoires de tous. Celle de Chalamet est une pâle exception – le devoir de légèreté ! C’est à se demander si ce Jour de pluie a été remonté pour mieux marquer le cynisme et le dédain de son créateur envers son milieu d’origine. Au cours de ce long périple le monde des arts et du cinéma apparaît bête et pimpant, tout en étant trop fade pour accoucher de grands ou beaux monstres. Par lubricité ou en raison d’impératifs mondains ou de pseudo-création, on balaie les questions de la journaliste de bonne volonté qui persiste à voir un génie tourmenté. Réduire le monde du spectacle, même celui des coulisses, à une cohorte de sous-businessman sur-friqués et vaniteux est certainement une bonne chose depuis la lucarne de Woody Allen, son peuple, ses collègues et ex-amis éclairés. Mais au lieu d’allumer des lanternes ou de savoureusement régler des comptes, ça ne conduit qu’à sacraliser une éthique bobo ultime.

Notre petit héros appartient à la haute bourgeoisie, est couvert de privilèges mais il est trop libre et authentiquement sophistiqué pour ça et choisis donc une vie de bohème – insérée en belle carte postale à New York, l’après-midi dans les endroits chics, le soir dans les cafés d’artiste, le réveil à l’hôtel sans le matin-vomi. Même les habituelles petites livraisons comme Scoop sont bien plus significatives et pour le style on redescend à un niveau intermédiaire après le beau Wonder Wheel. Reste la petite musique allenienne, son rythme, le charme des acteurs davantage que leurs personnages excessifs, certaines pointes d’humour mais quand il se fait crû plutôt que réjoui par son ironie – badine heureusement sinon c’était gênant, à la manière des blagues sur les blondes (comme ce poids mort lamentable dans Three Billboards alors que l’actrice a montré l’étendue de son talent un an après via Ready or Not).

Note globale 46

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Suggestions…

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THE ADDICTION +

29 Mar

the addiction

Dans la seconde partie de carrière d’Abel Ferrara, connu pour Bad Lieutenant, les films méconnus et éventuellement méprisés s’entassent. New Rose Hotel et Go Go Tales ont quelques fans expressifs, mais c’est surtout The Addiction qui fait figure d’exception. Cet opus est globalement respecté et possède un petit cortège de groupies, dont le critique britannique Peter Bradshaw qui y a vu « le meilleur film de tous les temps ». C’est un film culte au sens puriste du terme, proposant une approche singulière (et inimitée) du mythe du vampire.

Radical, soigné, agréable à suivre, The Addiction retient l’attention, mais ses provocations et postures intellectuelles ambitieuses sont parfois bancales sur le fond. Ferrara illustre sa tentation mystique par des laïus philosophiques de fantômes sous coke n’arrivant pas à relier les morceaux. Citant La volonté de puissance de Nietzsche et les exploits mortifères du nazisme, il orne de façon assez caricaturale une tentative de redéfinition du vampire inspirée, quoiqu’éparpillée. Quand ses vampires émettent l’idée qu’il fout pousser à la mort ou y être poussé, ce n’est ni dans un mode écervelé et badass, ni avec une ambition glamour façon Les Prédateurs.

L’optique des vampires de Ferrara est clinique et exigeante. Il y a toutefois trois facettes, qu’incarnent tour à tour l’étudiante Kathleen (Lili Taylor) mordue en début de séance, tandis que des convertis plus anciens ont tranché. La première option, c’est celle de Christopher Walken, portant le poids de l’éternité : l’immortalité est l’occasion d’accéder à une certaine forme de sagesse, ou à défaut celle de s’enrichir en parcourant les créations de tous les grands auteurs. Il y a bien sûr l’optique prédatrice pure (celle de la visiteuse de l’hôpital dans l’avant-dernière séquence). Enfin il y a la mort de l’égo, scellé par la réplique finale « la révélation de soi est l’annihilation de soi ».

Dans tous les cas, c’est l’accession au rang d’organisme supra-naturel comme affirmation ultime de l’élan vital, au détriment de l’Humanité et à la faveur d’un salut individuel. Ferrara se sert du vampire pour traiter de ce fond reptilien l’obsédant depuis toujours. Ici il triomphe parce que les fardeaux sociaux, la culpabilité, la honte et la conscience de l’autre sont des notions dépassées ; mais aussi parce que le temps n’a plus de prise et que la peur finale, celle de l’extinction, n’a désormais plus aucun sens. À partir de là, il ne s’agit pas d’être un héros de tragédie, mais simplement une divinité sans apôtres et sans entraves, dont rien ne saurait entamer la force : la vie terrestre reste un piège, mais désormais un piège dont on tire parti.

Note globale 71

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Suggestions… Begotten + Les Prédateurs + Faux-Semblants + Eraserhead

Note ajustée de 71 à 72 suite aux modifications de la grille de notation.

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GO GO TALES **

28 Fév

go go tales

3sur5  En compétition à Cannes en 2007, Gog Go Tales est pourtant un des films les plus techniquement minimalistes d’Abel Ferrara. Quand elle a lieu, sa sortie en salles est repoussée ; en France, elle ne se produit que quasiment 5 ans plus tard (2012). Les rares spectateurs du film sont très divisés, certains criant au génie, d’autres sortant consternés par ce Go Go Tales cacophonique et à la limite de l’amateur. Les premiers confondent la signature Ferrara avec du génie encore en vigueur, les seconds n’ont pas tout à fait tort.

Go Go Tales est saugrenu, brouillon, grivois, mais c’est aussi un film dont la proximité est éloquente. Cette vivacité, ce trop-plein d’énergie consumé avec rage, concernent l’ensemble des œuvres de Ferrara, jusqu’à Welcolme to New York ; The Addiction aussi y souscrit, mais dans un mode austère et retenu, tandis que Body Snatchers canalise simplement cette intensité à merveille. Avec Go Go Tales, Ferrara ausculte un système, ad hoc, ici et maintenant. Il n’y a plus de recul entre ses impressions personnelles de cinéaste avançant de manière irréfléchie mais ne lâchant pas et les tribulations de la population du Paradise, strip-club new-yorkais old school.

Tourné en huis-clos dans un studio de Cinecittà dont Ferrara fait alors son bunker, Go Go Tales est un film dans l’expectative, proposant une expérience en prise directe. Il se déroule sur 48 heures, pendant lesquelles les éléments dysfonctionnels passent, tandis le show et la boîte restent debout, si miteux soit-ils. L’approche terrienne et physique de Go Go rappelle un peu celle de Pusher III (c’en est alors un cousin dégonflé), a des côtés rushes hystériques d’un Holy Motors des bas-fonds. Go Go Tales est l’anti-clip par excellence. C’est aussi un crash retentissant : pas que ce soit ridicule ou raté, c’est simplement une approche du cinéma aveugle et borderline.

Drôle d’expérience à la clé, où on s’immisce dans une espèce de faux reportage romancé. Malheureusement, l’absence totale de jugement de Ferrara sur son travail, pose problème. Si la balade est d’une liberté indéniable, elle ne débouche aussi sur rien. L’effet caméra à l’épaule et a ses limites, l’inspiration ne peut être qu’empirique. Au final, Go Go Tales est un vigoureux laisser-aller pour un résultat impliquant mais absolument pas enrichissant. À voir comme une ribambelle d’anecdotes, dont certaines valent le détour – les prestations déchéantes de Willem Dafoe et Asia Argento.

Note globale 55

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Suggestions… Showgirls + Twixt + Cosmopolis   

 

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IL ÉTAIT UNE FOIS EN AMÉRIQUE +

30 Jan

il était une fois en amérique

Troisième et dernier volet de la trilogie sur l’histoire américaine de Sergio Leone (les Il était une fois), Once Upon a Time in America est aussi l’ultime film du réalisateur italien. Objet massif, chef-d’oeuvre terminal, fresque d’une durée (3h49) voir d’une ampleur équivalentes à Autant en emporte le vent, Il était une fois en Amérique fait l’unanimité et érige Sergio Leone au rang des fournisseurs de classiques absolus, tant pour le public que la critique, parfois réticente face à ses œuvres. Il aura fallu le premier opus des Il était une fois, celui dans l’Ouest, pour que celle-ci accepte de réviser son jugement.

Il était une fois en Amérique est cependant en-dessous de ses deux prédécesseurs. En participant à la nouvelle vague d’évocations épiques du gangstérisme, entamée avec Le Parrain de Coppola en 1974, Sergio Leone apporte son style propre mais semble parfois légèrement cadenassé par cet univers dont l’aura mythique ne lui est pas tant redevable, contrairement au western spaghetti où il règne sans partage. Le résultat de ces 30 semaines de tournage et d’un budget assez pharaonique de 30 millions de $ oscille entre génie formel pur et classicisme chahuté par l’ultra-violence, avec cette touche sombre et bonhomme inimitable de toute création signée Leone.

Il y a paradoxalement un certain dépouillement dans Il était une fois en Amérique, lié à sa conception du temps et à la destinée cocasse de Noodles. Ce personnage interprété par Robert DeNiro est un gangster redoutable dont la carrière et la vocation sont finalement avortées. Au début du film, Noodles est absent de chez lui et d’autres meurent à sa place ; à la fin, il est à nouveau dans la fumerie d’opium, rêvassant à défaut de prendre toute sa part. La construction des films de Leone a toujours été irréprochable, comparable à celles d’un Kubrick, la différence majeure étant dans l’objet : Kubrick fabrique des systèmes, Leone des épopées humaines.

Ici cette construction s’avère particulièrement complexe, à la limite du sinueux alors que le résultat semble étonnamment limpide et synthétique. Les fabuleux enchaînements marquant ce film ne sont pas seulement des prouesses techniques brutes : ils renforcent cette sensation d’allez-et-venir sans que le temps n’ait de prise, sans que le vrai et la logique ne puissent atteindre cette histoire. L’ascension et l’exclusion de Noodles sont remplies de choses triviales et pourtant sont magnifiques. La dernière clé du film sur cette vie volée fait prendre conscience de l’envoûtement exercé et de l’échappée qui s’est produit.

L’imagination personnelle du spectateur peut s’approprier l’objet sans le dénaturer. Ce destin gigantesque plombé par les remords et la souffrance, ces 35 ans de vide que nous avons traversés la tête dans les flash-backs, constituent une prouesse remarquable de la part de Leone. La faille du film, ce n’est absolument pas d’être un film obèse, mais plutôt d’empêcher certains personnages de prendre tout à fait prise, certains d’entre eux et d’entre elles apparaissant comme des formes à la présence et aux caractères marqués, mais dont la personnalité est somme toute fantômatique, elle aussi. Ce genre d’angle mort n’est ni sans charme, ni incohérent.

Note globale 79

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Suggestions… Il était une fois dans le Bronx

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