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LA DISSOLUTION DE L’ETAT FRANÇAIS

28 Nov

Marie-France Garaud est une femme politique et une avocate ; gaulliste, elle fut conseiller des Premier Ministre Georges Pompidou et Jacques Chirac, qu’elle a largement formaté avant de le renier avec sa véhémence froide caractéristique.

Son influence a été considérable auprès des décideurs politiques dans les 70s ; elle est même classée « femme la plus puissante de France » par Newsweek en 1973.

Par attachement gaulliste et convictions souverainistes, Marie-France Garaud a fait campagne pour le NON au Référendum de Maastricht (1992), puis  à nouveau contre le Référendum pour la Constitution Européenne de 2005.

L’ « éminence grise » est aujourd’hui un porte-voix eurosceptique ; à l’occasion de la publication de plusieurs essais (dont Impostures Politiques en 2010), elle est remontée sur la scène médiatique, moins pour y déverser ses brillants sarcasmes que pour alerter sur la démission du pouvoir politique et les failles de l’organisation Européenne. Avec sa dernière intervention publique, dans Ce Soir Ou Jamais le 23 octobre, elle vient synthétiser les critiques sur la faillite des Etats et l’omnipotence pressante d’une UE tyrannique et illusionnée.

SOS RACISME, BRANCHE ORGANIQUE D’UN PS LIBÉRAL-BOURGEOIS

16 Oct

SOS Racisme est souvent accusé d’être un outil d’instrumentalisation de l’antiracisme,  une machine électoraliste au service d’un PS défaillant. La récente nomination de Harlem Désir, son président, à la tête du deuxième parti de France est venu consacrer définitivement cette corrélation. Le mouvement est connu pour ses actions de masse, ses propagandes justifiant leurs outrances par l’incantation à la Tolérance. Il s’est avéré être un tremplin pour certains individus issus de la diversité ou du monde associatif, mais ne s’embrasse pas de combats sociaux, y compris concernant les populations qu’il est supposé défendre intrinsèquement. Le verbiage et l’emphase multiculturaliste ont pris les commandes.

Il faut remonter depuis les origines. Dans les 80s, le Parti Socialiste au pouvoir a échoué à réinventer la vie ; il assume même le tournant de la rigueur de 1983 et en 1988, Mitterrand est réélu sur une ligne d’ouverture au centre et d’assimilation au social-libéralisme. Sa figure permet de dompter plusieurs ambiguïtés ; c’est à la fois le dernier des présidents-rois et le gourou de toutes les gauches, permettant à une « gauche américaine » et à la « gauche sociétale » de dominer le paysage politique alors même que les citoyens français, eux, sont encore relativement fermés à ces gauches-là aujourd’hui. La branche anti-raciste étant l’une des facettes les plus prégnantes de cette « gauche sociétale » et dans une moindre mesure de la « gauche américaine », le combat en faveur des minorités notamment ethniques étant un élément-clé du logiciel des Démocrates aux USA ; atout charme pour un Obama aussi basiquement anti-bushisme que Hollande a pu être un trivial anti-sarkozyste lors de sa campagne et ses premiers pas à l’Elysée (que nous avons la joie de contempler en direct – émouvant notable constipé et mal peigné passant de commis à chef de la cantine).

Le « rapport colonial » comme prisme des relations sociales et humaines ?

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La Vidéo… 3 > Asselineau dans CSOJ

La Vidéo… 2 > Féminisme – Tiens-ta langue ou disparaît

La Vidéo… 1 > Mirage anti-passéiste des ploucs élitistes de Gauche

La Vidéo… 0 > Marion Maréchal Le Pen – quelle envergure pour le nouveau FN ?

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Deux sondages Zogarok :

 

MIRAGE ANTI-PASSÉISTE DES PLOUCS ÉLITISTES DE GAUCHE

16 Juil

Extrait émission radio – « Les Grandes Gueules » (RMC) – Février 2012
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Xavier Cantat est le compagnon de Cécile Duflot, leader d’EELV et parachutée heureuse dans le 6e arrondissement de Paris (72% dimanche dernier face à un UMP). Mais Xavier n’est pas seulement l’époux de la leader la plus médiocre et insipide des grandes formations politiques actuelles : c’est aussi le frère de Bertrand Cantat, meurtrier excusé, que son talent supposé lave de tout péché, notamment auprès de la bourgeoisie culturelle.
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Pour couronner ce portrait presque caricatural et pourtant bien réel, Xavier Cantat est français par hasard. Xavier n’aime pas la France, il méprise cette France mais ne fait pas de jaloux, puisqu’à son sens toutes les nations se valent. Tout n’est que concours de circonstance et l’Histoire, balayée, n’est donc plus, dans cette perspective, que le roman des errances de peuples et de civilisations forcément éphémères, mais aussi rustiques et médiocres.
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Une telle posture ne paraîtra paradoxale qu’aux néophytes ou dépolitisés, puisque l’écologie politique est cadenassée par la gauche libérale et son aile « écolo-progressiste ». Des écologistes new wave, dont le souci n’est pas la préservation des cultures, des identités locales (ça pourrait pourtant se négocier, sans aller nécessairement jusqu’à être maurassien) et des richesses naturelles. Leur fonction ne consiste, au mieux, qu’à remplir un espace ; au pire, à détruire tout ce qui est pré-existant.
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Tout ce qui appartient au passé ou en est issu de près ou de loin est considéré comme négatif, malsain et donc exclu ; c’est que le passé, c’est l’obscurantisme des ancêtres que ne vénèrent que les pauvres et les paysans de la droite conservatrice et rurale. Le passé, c’est un ensemble de constructions et de structures, institutionnelles ou spirituelles, qui nous aliènent encore et dont il faut se débarrasser ; ou, si ce n’est pas ça, alors au moins c’est usé, archaïque, donc délétère. Sur la terre des ancêtres, seule la bêtise ou la soumission faisait foi – et puis personne n’y avait d’imagination, ni de passion d’ailleurs. Alors, croire encore sinon aux vertus, au moins à une relative légitimité de l’ordre actuel (national, mondial, sociétal) ou de certains de ses aspects (traditions, symboles, patrimoines), c’est, pour Xavier Cantat, « avoir les deux pieds dans la bouse ».
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Vertige du néant idéologique de cette gauche factice : il s’agit toujours de saper le tissu commun pour le substituer, soit par la fumisterie, soit par un système absurde (quelque soit le degré ou la nature) ou une usine à dépendance. Dans le cas exclusif de Xavier Cantat, que vise ou que sert ce travail de sape, quel idéal vénère-t-il ? Aucun, sinon celui de l’extension, à tous les domaines de la vie, des émanations de logorrhées adolescentes. Les gauches anti-populaires, libertaires, accueillent massivement ce genre de personnage, trop futiles, frivoles et narcissiques pour se hisser au niveau des exigences extérieures ; en même temps trop médiocres, lâches et pauvres psychiquement qu’ils n’ont plus qu’à s’approprier les postures des anticonformistes à la petite semaine labellisées et certifiée par des pseudos-progressistes qui sont les alliés du néolibéralisme. Il y a pire que le néolibéral de la droite financière : il y a tous les gauchistes et centristes qui sont incapables de leur ressembler, mais aimeraient être adulés pour leur profondeur ou leur spiritualité, et se replient donc vers ces formes de diversion… offerte par les néolibéraux.
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LA VIDEO QUI DIT TOUT (intro) : LE PEN DE POCHE OU VISAGE PARMI D’AUTRES D’UNE NOUVELLE GÉNÉRATION FN ?

19 Juin

10e et dernière catégorie du Blog, lancée dans la foulée des « Spectacles & Documents » démarrés avec Rendez-nous Jésus de Dieudonné. L’intention ici, avec cette « Vidéo-sentence » est d’exposer des vidéos éloquentes ou significatives. L’enjeu est de montrer des moments ou beaucoup de choses deviennent transparentes, pour peu qu’on y prête attention et qu’on accepte de réviser ses certitudes, ce qui implique de renoncer à la sécurité d’une vision du Monde et de grilles de lectures fermées et définitives. Le support : des extraits médias, essentiellement vidéos, révélateurs, parfois de façon grossière, parfois de façon subtile ou même subliminale (mais ce n’est pas à ce genre de manipulations ou de falsification que je suis le plus attentif).

Il s’agiera autant de relever des faits physiques (par exemple des irrégularités aux principes d’égalité et de démocratie dans la pratique des médias ; des mises en scène particulièrement suggestives ou orientées) que des phénomènes plus profonds (faux-semblants, duperies, chocs évocateurs dans les débats, la communication ou les prestations publiques). Naturellement, les sujets seront essentiellement politiques ou alors peu ou prou « idéologiques ».

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Cette catégorie sera aussi (c’est le cas aujourd’hui) l’occasion de rebondir sur un sujet d’actualité sans l’approcher de façon didactique ou conventionnelle – ni avec l’impératif de l’exhaustivité. Je crois que l’information doit servir la vue globale – sans quoi elle ne consiste qu’en accumulation de news ;  même un édito ponctuel vaut mieux qu’une supervision continue.

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L’ultime catégorie s’ouvre donc sur l’issue du dernier tour des élections de 2012, que je crois décisives. Occasion manquée pour le peuple, puisqu’il continue de se leurrer dans les vertus de l’opposition droite/gauche, ce rendez-vous en quatre temps a néanmoins vu l’affirmation d’une candidate authentiquement progressiste, puisqu’issue du camp du « Non », de la cause nationale et de l’antimondialisme. Dimanche dernier, le FN a réalisé une prouesse puisque deux de ses candidats l’emportent dans leurs circonscriptions.

Gilbert Collard et Marion Maréchal-Le Pen seront donc les seuls députés du Rassemblement Bleu Marine : ce n’est pas une surprise, j’avais d’ailleurs fait ce pronostic (il faut dire que les scrutins, comme la vie politique, sont très prévisibles pour peu qu’on abandonne oeillères -ou biais quelconques- et espoirs). Malgré son score brillant au premier tour (plus de 42%), Marine Le Pen abordait le second sans garantie : elle a su mobiliser mais la peur (de la démocratie ?) l’a vraisemblablement emporté… de 114 voix (50.11% pour l’insignifiant notable Philippe Kemel).  Les pratiques du PS dans cette région pourront faire douter légitimement, mais l’authenticité des résultats demeure tout à fait vraisemblable, d’autant que les situations paradoxales ou les électeurs baissent les yeux et rejoignent ceux qui leur ont causé mille turpitudes sont légions (par ailleurs, Mr Kemel n’est pas impliqué de près dans « les affaires » locales).

L’évidence de l’élection de Marion Maréchal-Le Pen m’a d’abord beaucoup agacé, parce qu’un retour du FN au Parlement n’avait pas la même allure avec une jeune fille inexpérimentée, redevable de sa position favorable (circonscription la plus mariniste au premier tour) et son succès à ses liens familiaux et l’exposition médiatique automatique qui en découle, ce qui ne légitime en rien sa présence. Marion Maréchal-Le Pen a probablement été élue par une flopée de jeunes hommes et de mamies lectrices de Gala, heureux de trouver une si fraîche représentante. Son accession au poste de député participe du roman de la politique et de la dynastie Le Pen, aussi son jeune âge et sa fragilité évidente et avérée (aux Régionales 2010 dans une vidéo qui sera probablement ressortie à la Une prochainement) ont pu séduire, toucher tout en désamorçant les suspicions. La jeune fille de 22 ans semble inoffensive et pleine de bonne volonté, sûrement dépassée et c’est cela aussi qui plaît aux électeurs : des candidats normaux, décidés mais frêles ou alors seuls et impuissants.

Naturellement, l’argumentaire est toujours hasardeux par endroits (voir son face-à-face avec le candidat UMP l’affrontant dans la triangulaire), mais même l’âme grincheuse et sceptique que je suis doit reconnaître sinon la force, au moins la détermination, dont Marion Le Pen a su faire preuve. Dans son discours post-résultats, elle y a été du clin-d’oeil jeuniste, mais son langage était plus précis. L’attitude trahit encore une difficulté à assumer l’engagement et la mesure de la tâche (sourires adressés aux quidams de la salle  quand des millions d’autres complices attendent un serment ou une clarification), mais la volonté y est et probablement avec elle, la prise de conscience qu’elle n’est qu’un maillon d’une histoire et d’un mouvement plus large, mais qu’elle peut défendre (sur ce critère, le CV est abondant) et servir en accompagnant son renouveau. J’espère qu’elle ne prendra ni la grosse tête ni le leadership des dogmatiques de service, l’urgence n’est pas dans les épopées personnelles ou la rédaction d’un plus faste roman de la vie politique. Pourvu que tout cela soit un peu plus qu’une revanche de Carpentras.

 

LE FN DE DEMAIN : QUITTE OU DOUBLE

3 Juin

Le FN post-2012 sera-t-il un grand mouvement d’émancipation populaire ou, en tant que valet de la droite libérale, un nouveau leurre ? C’est probablement le plus grand des dilemmes à résoudre en cette année électorale qui était l’une des dernières occasions de renverser ou au moins ralentir les processus et les hégémonies en cours. Même si on peut s’en désoler pour des raisons d’idéologies (les flirts douteux de Jean-Marie Le Pen), conceptuelles (les contradictions internes et notamment sur le gaullisme et le libéralisme) ou pragmatiques (difficile d’assumer un passif et une défiance aussi péremptoires), le Front National est le seul outil dont les Français peuvent s’emparer pour servir leurs intérêts propres (intérêts patriotes ou intérêts  »de classe » pour l’ensemble d’entre eux). Mais pour que le Peuple puisse s’approprier le FN en passant outre les prescriptions de masse administrées par quelques élites financières, médiatiques et culturelles, il faut que le FN devienne lui-même pleinement un mouvement transversal, ou les postures outrancières sur des sujets moraux et sociétaux soient relégués au second plan. Les électorats du FN doivent dépasser leurs menues différences, qu’elles concernent leur religion, leur conception du sacré, de l’école, des mœurs, ou même les principes séculaires de laïcité ; le périphérique doit être pris en compte mais s’incliner devant l’essentiel, la souveraineté populaire et l’indépendance nationale. Car de ces notions dépendent la survie, c’est là qu’est l’urgence immédiate.

Vers un FN assimilé et dénaturé par la bande à Copé ?

Risque majeur : le FN post-2012 peut devenir l’aile rurale-populiste d’une extrême-droite néolibérale, actuellement aux manettes (quoiqu’elle ait, il y a deux semaines à peine, cédée la place à son équivalent sociétalement et nationalement laxiste). Le bloc de substitution qui assumera la place de l’UMP pourrait avoir recours à ce FN en plein essor pour en faire sa béquille et la caution d’une ouverture attestant de sa bonne foi. A la façon du PS d’un côté et de ses satellites de l’autre, une telle droite gouvernementale peut répartir les rôles et accentuer les sensibilités d’un bord à l’autre : en marge de l’UMP libéral, le FN aura son rôle de droite populiste, archaique et xénophobe, sorte de boîte de Pandore perpétuellement effleurée pour mieux servir le jeu du clivage gauche/droite. Or il n’est pas question de nuance : l’UMP et le FN n’appartiennent pas au même univers politique et il n’y a guère que sur le plan local (avec des élus d’envergure modeste) que des ponts peuvent se créer sans que le FN soit compromis.

En lui accordant une caution  »populaire », en en faisant le mouvement de l’homme du quotidien alors que c’est celui qui se couche le mieux devant les orfèvres de son aliénation, le FN peut devenir le jouet de l’UMP et par extension de tout le système politique. Un jouet redevable qui plus est, accédant à des mains-tendues qui seront autant de cadeaux empoisonnés ou d’actes symboliques : postes notoires grâce à des alliances, parts de Proportionnelle.

Il s’agirait alors d’un FN légitimé, dédiabolisé et effectivement plus tout à fait d’  »extrême-droite », mais plus dangereux et néfaste que jamais, puisqu’il partagerait le pouvoir pour abandonner méthodiquement ses combats et ses visées nationales en les travestissant d’excès de rages sous contrôle, d’anti-intellectualisme, anti-parisianisme et anti-élitisme. Désormais établi, le Front National serait moins facile à accabler et la critique serait nuancée, mais avec des arguments paradoxaux : ce FN assimilé à l’UMP serait un parti « facho » mais raisonnable, respecté car normalisé jusque sur le plan économique et social, la clé de l’intégration étant l’abandon de l’intention politique au profit de la posture (adhérer au théâtre ou se des performers et des metteurs en scène se jouent des dupes et des idéalistes). 

Rénovation du FN : reculs et hésitations de Marine Le Pen

Si la candidature de Marine Le Pen a suggérée une rupture possible et suscité l’espoir, la dernière partie de sa première année de chef de l’opposition « à l’UMPS », c’est-à-dire le temps de la campagne intensive, rend davantage sceptique. A plusieurs reprises, MLP a semblé tout gâcher, pas tant en « revenant aux fondamentaux » comme aiment à le dire les journalistes à chaque petite saillie polémique, mais plutôt en surfant sur l’islamophobie galopante et le populisme à la petite semaine, ou les sujets périphériques -justement!- prennent le pas et les effusions de comptoirs sont légitimées sans autre forme de procès ni de regard critique ou analytique.

Dans sa critique du Mondialisme et surtout, très concrètement, de l’aliénation des peuples par la dette et les principes économiques néolibéraux, Marine Le Pen a considérablement étoffé et précisé le discours global du FN. Ces vues nouvelles, ou plus élaborées, qui ont rendu son offre plus riche et plus crédible, doivent beaucoup à son entourage récent, l’ex-chevènementiste Philippot en tête ; on a pu retrouver également des perspectives très « soraliennes ».  Mais en février-mars, moment d’un tassement dans les intentions de vote, ce virage arrive à son point de rupture ; soit le grand-public assimile doucement le nouveau FN, qui lui est en voie d’accomplissement, soit Marine Le Pen revient à des thématiques plus triviales ou offensives. Le choix est cornélien, surtout que les propos de Marine Le Pen, d’habitude raillés ou condamnés, sont jugés avec condescendance, chacun s’empressant de déclamer combien il juge son programme économique aberrant ou farfelu – sans jamais, naturellement, soutenir le jugement par quelques précisions (Lapix tente de s’en charger mais choisit une approche partielle, plongeant dans des détails éparses, pointant les calculs sans évoquer les principes). Pour le reste, l’aspect showman de MLP est mis en avant, de même que ses réparties les plus brutales ; aux figurants de booster l’animation. JM Le Pen est d’ailleurs assez plombant pour sa candidate, les proches de Gollnisch lâcheurs et médisants (alimentant la rancœur des traditionalistes et des lecteurs de Rivarol à l’égard de Marine Le Pen) ; et puis il y a Mélenchon, l’inespérée roue de secours et cerbère de confort.

Depuis, Marine Le Pen a souvent semblé céder à son aile réac-populo, ou au moins lui accorder la priorité dans la hiérarchisation des sujets. Elle qui s’illustrait en nationale-républicaine, parfois acrimonieuse ou acerbe, a notamment cédé en laissant son programme économique alternatif et protectionniste être minimisé ; elle s’en détourne pour le laisser à ses lieutenants (le timide Nicolas Bay ou le sous-estimé Julien Sanchez). D’ou la contradiction : lors de la validation en catimini du MES, elle tient l’aubaine même, l’acte de trahison des élites agissantes et politiciennes qui est le parangon de sa dénonciation, tant d’un point de vue général (en tant que formation contestataire ou anti-européenne) que spécifique (« l’europe-passoire » – terme repris tel quel par Sarkozy pour les besoins du second tour). Effectivement, elle le dénonce avec virulence… ponctuellement ; puis plus rien et c’est aussitôt l’heure de dévier vers le Halal. Par cette diversion, Marine Le Pen s’est accommodée du rôle de droite populiste de service. C’est moins un rôle de composition que de circonstance, car elle se l’accapare faute de mieux, à la fois par stratégie et par nécessité de faire quelques concessions à un « système » qui justement la restreint lorsqu’elle pose des desseins cohérents et réellement offensifs. 

Sauf que l’incohérence est là, qui révèle les limites, peut-être du courage ou de la sincérité clameront certains, mais surtout de la marge de manœuvre de Marine Le Pen. Malgré son indépendance et la machine rôdée qui la soutient, elle n’est pas (pas encore ?) en mesure d’épanouir sa pensée et d’affirmer ses ambitions.

Ainsi, l’ouverture au FN des médias mainstream se fait ; et c’est Louis Aliot qu’on invite sur France2. Aliot, le beauf  »de droite », caricature de petit-bourgeois médiocre et parvenu grâce à son réseau de beaufs roulant des épaules, est reçu sur tous les plateaux, accueillis dans les matinales des radios prestigieuses, s’invitant éventuellement à la table des intellectuels et des polémistes pour se faire ambassadeur du Front National et des 18% d’électeurs sur lesquels il s’appuie volontiers, en général pour légitimer ses lubbies basiques. De type chasse-fric-beaujolais-antiburka. Aliot est l’incarnation de cette droite rance, cynique et matérialiste, qui est le pont entre le FN et l’UMP : d’ailleurs, il se garde bien de dévaloriser l’UMP, préférant faire de « la gauche » une déviance, tout en confondant, jusqu’à l’incohérence, toutes les composantes de cet ennemi figé et gratuit. En laissant se développer une telle rhétorique en son sein, le FN risque, de lui-même, l’enfermement dans les dualités et les schémas du « système » qu’il réprouve ; or on ne peut pas emprunter ses outils à celui dont on fait par ailleurs son inversion sur-mesure. Les qualifications de « rouge », de « bolchéviques » ou « communistes » fusent ; c’est compréhensible de la part de Jean-Marie Le Pen qui, dans sa jeunesse puis au cours de sa carrière politique, a vu l’hégémonie de l’URSS et le vertige du communisme. Mais quand Louis Aliot fait de cette Gauche archaïque, qui plus est marginale et vidée de sa substance, une menace, c’est le grotesque et la diversion absolue. Car ainsi il se choisit un adversaire facile et consensuel, voir carrément inexistant, le communisme absolutiste évoqué n’existant plus que dans les fantasmes du plouc de droite financière ou de la droite rétrograde. Ces deux droites antisociales, confondant inculture et esprit populaire, liberté et aliénation volontaire et qui sont en contradiction, tant avec la ligne majoritaire de Jean-Marie Le Pen que celle de Marine Le Pen. Le problème du clan Le Pen, c’est ses mauvais rejetons, qui feraient mieux de s’occuper de la vitrine plutôt que de vouloir s’approprier la boutique.

Encéphalogramme plat et dépression conceptuelle : les ploucs sont de chaque côté

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