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MINI FILMS avril 2024

7 Mai

Documenteur –° (intimisme 1981) : Agnès Varda livrée à elle-même a multipliées les inepties. Ici elle nous livre une auto-fiction par procuration (elle n’entre formellement dans le film que par sa voix, à l’occasion d’une récitation de laïus marxo-bolcho pour des techniciens) au travers de cette maman célibataire esseulée (papa est parti) qui se mettra nue vers la fin du film pour se sentir vivante et connectée. dès l’intro on se coltine un « do do cu cu ma man vas tu te taire», autant dire une invitation à fuir – je suis resté grâce à la courte durée. Le film bricole des salades de mots et associations en roue libre qui à l’occasion ont du sens, mais même alors c’est assommant : on accumule des idioties type : « quand ils font l’amour… font… faire… qu’est-ce qu’ils vont faire », « champignon, cache-cache, cachemire, je me souviens que j’avais un châle en cachemire que j’aimais beaucoup, je l’ai perdu quand nous allions en Allemagne ». Comment peut-on être gourde au point de s’autoriser à l’ouvrir pour sortir de pareilles inanités ? Se sentir authentique ou même pertinente avec sa méthode ‘psychanalytique’ ? Le seul intérêt de ce film consiste à déambuler gratuitement dans un album photo vivant – le temps passé lui donne un peu de valeur ; à l’époque, l’intérêt était probablement de voir des prolos et des gens quelconques (et souvent très moches ou abîmés), comme on en voit rarement au cinéma – dans leur quotidien. Mais que des gens puissent mettre, sérieusement et sans indulgence ou raison personnelle spéciale, la moyenne à un truc aussi déglingué, pauvre, si intellectuellement limité, émotionnellement miteux, borné à l’immanent chargé de peu de tension, donc délibérément dans l’absence de maîtrise et de construction… je ne peux pas prendre ces gens au sérieux (et ça vaut mieux pour eux). 333-222. (24)

Empire of light =+ (intimisme UK 2022) : Convaincant avec son personnage de schizo à la carapace morose et aux accès cringe monumentaux, moins avec son acolyte tout lisse. Le style est lourd, le début étouffant de surenchère dépressive et de teintes désaturées. S’effondre finalement (avec ce vieux refrain du cinéma thérapie) ; conclusion trop douce et tous les éléments contrariants ont été balayés, les autres apports ignorés : le collègue ‘avoue’ qu’il a un fils qu’il a abandonné… et, aveuglé par la lumière bienfaisante irradiant maintenant le film, ne sait plus pourquoi. S’affilie au cahier des charges woke (le paroxysme étant la scène d’agression cauchemardesque, formellement épatante mais en tous points irréelle). 777-566. (62)

Scarlet street / La rue rouge + (1945) : Violence psychologique et cynisme complet concernant les relations humaines. Comme dans la série Mon petit renne, nous voyons que l’abus fonctionne mieux avec la complicité de la victime – soit aveugle (ici), soit maso (là-bas), en tout cas bonne pour s’enchaîner. Chargé en détails parfaits et sans rien à jeter (le mouvement de protection -contre une réplique de l’agresseur, ou contre la réalité ?-, l’attitude du patron, le fascisme ordinaire de la femme). Le tablier de cuisine, le tableau de l’ex-mari : ce pauvre homme endure tout et ne semble plus remarquer que tout, à la maison, l’humilie. La conclusion relève peut-être de la ‘bien-penseance’ sauf que justement ce moralisme n’aurait pas de prise sur un autre, or notre infra-héros trop bon trop con ne peut que souffrir pour son acte, au lieu d’en sentir du soulagement. Cette conclusion est donc géniale, au moins en partie volontairement (même sans l’impératif moral c’était la meilleure, la logique). Remake de La chienne de Renoir, pas vu. 878-879. (84)

Babyteeth / Milla – (intimisme 2020) : Je me suis bêtement laissé attirer par le synopsis. Aucun effort sérieux pour nourrir la tension ou l’intérêt sinon dramatique, au moins pour les personnages. Aucune évolution, un piétinement permanent, un retour à la case précédente dès qu’il est temps de renouveler. Les auteurs de ce film estiment que la menace perpétuelle sur la vie de cette jeune fille fera le travail qu’ils ne savent ou veulent pas accomplir. On croule sous les scènes d’intimité crétines pleines d’innocence et de petites transgressions d’ado – il faudrait dire ‘d’ado et de personne sachant ses jours comptés’, ce n’est pas le cas. Aucune discussion qui vaille le coup, aucune expérience sortant un peu du commun ; de la vulgarité et de l’insignifiance sous filtre pastel. Les petites légendes doivent refléter le journal intime d’une fille… Seuls les parents ont de l’intérêt, mais là encore c’est monolithique, creux et généraliste au possible. Sans ses interprètes ce film est transparent – on peut aussi dire que ces acteurs sont d’excellents meubles. Il y a ‘de la vérité’ dans les réactions des personnages, ce qui pourra suffire à ceux qui ont besoin ou envie de compatir ou purger ce genre d’épreuve (vivre avec un malade, vivre la lutte pour la survie et le deuil d’un proche simultanément). 263-323. (28)

 

Mini-Critiques 2024 : Fev, Jan. 2023 : Dec, Nov, Oct, Aou, Jul, Jun, Mai, Avr, Mar, Fev, Jan. 2022 : Dec, Nov, Oct, Sep, Aou, Jul, Jun, Mai, Avr, Mar, Fev, Jan. 2021: Dec, Nov, Oct, Sep, Aou, Jul, Jun, Mai, Avr, Mar, Fev, Jan. 2020: Dec, Nov, Oct, Sept, 15, 14, 13. 2019: 12, 11, 10. 2018: 9, 8. 2017: 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1. Mini Mubi : 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1.

Mini Courts : 2021, 2020, 4, 3, 2, 1. Courts & moyens Mubi : 4, 3, 2, 1.

Mini Revus : 2020, 1ou2018/2019

 

MINI FILMS mars 2024

31 Mar

Les notes au détail (EFI-PTS) : l’Écriture, la Forme, l’Intensité ; la Pertinence, le Style, la Sympathie.

Les huit catégories de genre : Intimisme (empathie et personnages), Drame (lourdeur et extériorité), Fantaisie (évasion et imagination), Épouvante (effroi et agression), Suspense (intrigue et investigation), Action (aventures et divertissement), Comédie (humour et situations) & Alternatif (non-fiction et expérimental).

Le bloc supérieur (+ ou ++, soit à partir de 72 jusqu’à 98) est en rouge. Le bloc inférieur (- et –, de 38 à 12/100) est en bleu nuit.

 

Chicken run – La menace nuggets =+ (action>comédie 2022) : Suite évidemment pas à la hauteur mais un assez bon film dans l’absolu. Rythme, animation et personnages sont très bons ; l’intrigue est paresseuse, avec du recyclage. Ne pas se fier au début qui semble exclure les adultes. Le rappel de la bêtise de la surprotection parentale et surtout du voile sur les menaces est toujours bon à prendre. 587-577. (68)

El buen patron – (drame Espagne 2022) : Film pitoyable complètement rincé. Je venais en mettant la barre très bas avec seulement de l’intérêt pour le jeu et le costume de Bardem (effectivement, il est excellent – mais avec ce style, difficile de le rendre drôle ou intéressant ; c’est un petit patron aux manières désuètes, avec des mimiques de filou grisonnant et d’embobineur gentil, rien à signaler). Ce film est tellement pauvre que j’en sors déçu ; mais à ce niveau de poncifs dans le scénario et de banalités dans les décors, le plus déçu des spectateurs ne peut même pas être agacé (sinon d’avoir perdu son temps). Il ne peut qu’être désolé. Les auteurs de ce film doivent prendre conscience que rien ni personne ne les forcent à s’exprimer s’ils n’ont rien à dire ; ou alors, qu’ils le fassent pour la télévision. La fonction de représentation réaliste est passable (mais l’intrigue peu crédible, ce qui est quand même costaud vu l’absence d’aventure), le service public espagnol aurait pu s’en contenter – de toutes façons, personne n’aurait protesté. 343-223. (26)

Silent night =- (action USA 2023) : Sérieux et pauvre, film de vengeance sans la moindre surprise. Acteurs excellents. Scènes de bagarre ou de gunfight efficaces mais pas renversantes. Trop d’emphase sur le lacrymal, mauvaise manie de s’étaler et quelques audaces douteuses ou bizarreries kitsch. Le type est maladroit la première fois (puis se laisse apitoyer par la droguée, sa ressemblance avec un être cher aidant) puis fait carton plein lors de la nuit magique. 357-466. (54)

Moonstruck / Éclair de lune =- (intimisme USA 1988) : Feel-good movie accompli mais inconsistant. Le personnage de Nicolas Cage fait une entrée grandiose ! (et ridicule). 457-356. (54)

Of human bondage / L’emprise + (intimisme USA 1934) : Gagnerait à être collectivement redécouvert et cité sur les forums où on parle de ‘redpill’, de ‘cuck’, de défauts physiques, de rapports hommes/femmes ou de situation sociale avec soit de la glace dans l’âme, soit de la fièvre. C’est peut-être ‘trop lourd’ ou démonstratif psychologiquement, mais ça va droit au but tout en épuisant son sujet. Bette Davis n’aura donc pas attendu pour jouer des humaines si répugnantes qu’elles en deviennent anxiogènes. Ici elle incarne une vampire prolo que seule une andouille niaiseuse ou un ventripotent pourrait trouver alléchante ; notre héros est dans le premier cas et c’est pire, il est capable de la trouver émouvante. Elle dodeline comme une pintade introjectant des modèles de harpie fatale probablement connue via des soap ou pièces bouffonnes de l’époque ; elle a l’intelligence faible ou embrouillée, mais assez de détermination pour obtenir les résultats d’une intelligence supérieure – toujours sans grâce et stérile. C’est un parasite infect avec pour seule vertu l’efficacité… sauf que son horizon est celui d’une pauvre doublée d’une brute à courte-vue. Bien sûr elle se fait engrosser sauf que ça n’est pas la bonne option pour tenir un pigeon… Que certains voient une ‘femme forte’ dans ce genre d’attitude et d’exploits (égarement auquel s’associe ArteTV dans son commentaire) pourrait n’être que lunaire si ça ne posait pas aussi quelques questions réactionnaires. Principalement : pourquoi confondons-nous si souvent liberté et gesticulations dégénérées ? Pourquoi cette manie de prendre des pas dégrossis turbulents pour des affranchis, alors qu’ils rendent leur vie encore plus stupide (et courte) que la moyenne ? Puis surtout, ce film nous montre bien que pour les femmes ‘insuffisantes’ et dissolues, à l’époque, l’émancipation est un recours davantage que la voie royale. 748-878. (74)

Apostle / Le bon apôtre =+ (suspense>épouvante UK/Pays de Galles 2018) : Production Netflix liée à la vague frémissante de ‘folk horror’. À voir pour le style et les sensations. De la violence brutale. Scénario léger, parfois bancal ou maladroit dans la dernière partie (caméra tremblotante, montage et relations voire situations des personnages à la limite du confus). 467-487. (62)

Pitfall =+ (suspense USA 1948) : Pétard mouillé. Mais véritable anti-héros (CSP+ rincé et blasé). Le personnage de la blonde laisse dubitatif. 665-565. (52)

[Téléfilm] Yeti : curse of the snow demon – (action>épouvante Canada 2008) : Remarquable de crétinerie ‘nanar’ et pour la nullité de ses effets spéciaux (surtout les vues extérieures de l’avion – la créature n’est que ringarde). Assez drôle et agréable, ce qui n’est pas garanti avec ce genre de bêtises – mais ça reste du temps gâché. Photo et décors pas nécessairement dégueulasses. Casting typiquement Z/série poubelle. 225-133. (22)

Gunfight at O.K. Corral / Règlement de comptes à O.K. Corral =+ (drame USA 1957) : Personnages plus sympathiques que consistants. L’histoire aussi est légère – probablement encore une dette au ‘based on true story’. À réserver aux adultes, comme beaucoup de westerns ; ce film m’a décidé à enfin ouvrir la liste des films ‘faisant sens’ après 30 ans/sans intérêt avant 20 ans. 666-556. (56)

This is england =+ (intimisme UK 2006) : Un des rares cas que j’avais coché ‘Vu’ abusivement ou dans le doute, car j’en connaissais un bout vu ou ‘aperçu’ à l’époque. Intense sur le moment, mais déjà le souvenir se dissipe. L’approche est quasi irréprochable (le premier grand frère est trop blanchi). Et désespérante. J’avais détesté la série The virtues du même réal (pleurnicherie gourmande en trivialités), vue vers Noël 2020. 648-756. (58)

Lerd/Un homme intègre + (drame Iran 2017) : L’utopiste englué se fait bien enfoncer par les lâches et les raclures dans un énième royaume de la corruption et de l’inertie sociale. Seul l’avocat, expliquant sobrement à notre héros qu’il est bien baisé et qu’il faudra négocier sur cette base, est à la fois honnête, digne et respectueux. Allergiques aux surenchères de crasses et de malheurs s’abstenir ; j’ai trouvé que le film mettait ce qu’il fallait, mais je sais que ceux qui s’accrochent à l’image d’une humanité ‘pas si pire’ trouveront que c’est trop. Le protagoniste avec sa dégaine de serial killer gay inexpressif ne bénéficie pas de la meilleure incarnation possible. Et les scènes avec lui dans sa salle de bains ne sont pas d’une utilité flagrante. 757-778. (72)

La plage =+ (drame UK 2000) : J’avais vu le début et détesté, pour des raisons qui m’échappent ; il fallait que j’y revienne. C’est exactement un film sur le paradis perdu (qu’on l’atteigne lors des vacances, par la sortie de la civilisation, avec un groupe soudé d’insouciants) et son prix (l’aveuglement et l’oubli de la majeure partie de ce qui fait la vie, la dureté ou sécheresse secrète de l’hédoniste ou du fêtard, le totalitarisme du ‘bonheur’ sinon du ‘positif’). Tout de même, les participants à cette utopie étaient à la bonne place car sept ans d’anarcho-collectivisme, même à l’abri du monde et dans un paradis terrestre, c’est peut-être génial en théorie pour beaucoup, mais il doit en rester peu pour qui c’est encore le rêve. 677-666. (62)

Le général du diable – (drame Allemagne/RFA 1956) : Nouveau membre dans ma collection de ‘Gâchis’. Tentative de rémission balourde, tenant vaguement grâce à son ‘anti’-héros magnifique (et quelques élans sincères et/ou tragiques) et l’omniprésence du cynisme ou de l’anxiété (qui n’empêche pas le film d’être mou mais lui apporte un peu de ‘vérité’ humaine et politique). Bavard et interminable pour à peu près rien ; les développements sont minimes, c’est le règne de l’enlisement. Ces états d’âmes sont peut-être ‘crédibles’ au niveau individuel, mais il faut une sacrée dose de ‘suspension d’incrédulité’ pour ne pas voir une tentative de déresponsabilisation de l’ensemble de la population moins les leaders et les cœurs noirs parmi leur cour. Les peuples n’ont décidément pas de chance… se faire entraîner dans des guerres, des purges, à presque chaque génération… sans l’aimer ou le désirer ! Il vaut mieux voir L’oreille sur la collaboration ‘indispensable’ avec la dictature et le parti pour se tailler une vie de non-déchet prolo (mais en URSS) – mais les protagonistes y sont des crapules et pas un vénérable blasé retournant concrètement sa veste juste à temps pour se blanchir dans l’œil du post-nazi qui, c’est décidé, ne laissera plus jamais faire ça ! 344-433. (32)

 

Revus mars 2024 : Deuxième édition. Un suivi en accompagnement du Bilan mensuel classique est plus sûr (et plus simple). Je laisse couler pour les revus en 2021-2022 (et les très rares en 2023), parmi lesquels la saga Alien.

Mauvais sang – (F 1986) : Hihihi on est de grands enfants fous et amoureux… mais la tragédie rôde ! Un de ces films partiellement et mal vus. Tellement de style qu’il vire déjà à l’auto-parodie (et parfois à la comédie involontaire à cause des modalités d’expression théâtrales et des répliques ampoulées, ou de bizarreries physiques comme celles autour de la séquence du parachute). Je préfère les aventures ésotériques d’Holy motors à ces atermoiements plus inconsistants que ceux d’Annette. Le temps passé à contempler les audaces de montage est déjà abusif, j’en consacrerais pas à essayer de cerner la volonté qui les a engendrées. 276-333. (32)

Le plaisir =- (drame France 1952) : Découvert en août 2015. Aucun souvenir et aucune réminiscence à la revoyure : c’est extrêmement rare. Personnages ridicules qui n’ont rien de drôle et ‘bons mots’ mal envoyés. Voix-off soit superflue, soit crétine tout en se voulant ludique ; désuète. Le deuxième morceau, La maison Tellier, occupe au moins la moitié du film ; tout ce qu’il réussit c’est à être discrètement mais constamment répugnant. Probablement un succès de ‘moraliste’ donc d’hypocrite. Le dernier segment est bâclé, le premier ne tient qu’en deux temps bien remplis – finalement les meilleurs moments (‘trop de plaisir rend malheureux’ : formidable ce film m’entamera pas). C’est à cause d’eux et des qualités techniques/de direction artistique (pour mon cas pas séduisantes) que j’évite de noter plus salement ; mais en terme de construction, de direction d’acteurs, de pertinence, c’est faible. 475-444. (48)

 

 

Mini-Critiques 2024 : Fev, Jan. 2023 : Dec, Nov, Oct, Aou, Jul, Jun, Mai, Avr, Mar, Fev, Jan. 2022 : Dec, Nov, Oct, Sep, Aou, Jul, Jun, Mai, Avr, Mar, Fev, Jan. 2021: Dec, Nov, Oct, Sep, Aou, Jul, Jun, Mai, Avr, Mar, Fev, Jan. 2020: Dec, Nov, Oct, Sept, 15, 14, 13. 2019: 12, 11, 10. 2018: 9, 8. 2017: 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1. Mini Mubi : 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1.

Mini Courts : 2021, 2020, 4, 3, 2, 1. Courts & moyens Mubi : 4, 3, 2, 1.

Mini Revus : 2020, 1ou2018/2019

 

 

MINI FILMS février 2024

3 Mar

Les notes au détail (EFI-PTS) : l’Écriture, la Forme, l’Intensité ; la Pertinence, le Style, la Sympathie.

Les huit catégories de genre : Intimisme (empathie et personnages), Drame (lourdeur et extériorité), Fantaisie (évasion et imagination), Épouvante (effroi et agression), Suspense (intrigue et investigation), Action (aventures et divertissement), Comédie (humour et situations) & Alternatif (non-fiction et expérimental).

Le bloc supérieur (+ ou ++, soit à partir de 72 jusqu’à 98) est en rouge. Le bloc inférieur (- et –, de 38 à 12/100) est en bleu nuit.

 

 

La bonne année =+ (France 1973) : Une belle histoire de couple. En dehors de cette rencontre et des dialogues, ça vole bas. Des moments longs et des choix de montage (et un recours au noir et blanc) qui m’ont laissé sceptique, mais sans nuire à l’essentiel. Le moment du braquage est curieusement bon après les ennuyeux repérages (et les déguisements douteux). 356-567. (58)

Le règne animal =+ (France 2023) : Bonne surprise (je l’évitais), quoique je n’en tire pas grand chose après la séance. Émotionnellement fort, bon ou ‘clean’ sur les autres plans. Évolue vers du Cabal soft. 678-667. (68)

Les patriotes + (France 1994) : Sérieux et glacial. L’ambiance est favorable au jeu et au style bizarrement insipides d’Yvan Attal. Aucun agent ne sort grandi de cette leçon de réalisme politique et ‘managérial’ – même les démonstrations d’efficacité suggèrent d’importantes limites, lesquelles justifient l’absence de pitié dans les fuites en avant (ou de considération dans le cas de ce collaborateur étranger naïf). Peut-être un peu trop ‘casual’ pour être complet, ou pour l’être encore trente ans après ? 768-777. (74)

Whitnail & I – (UK 1986) : Errances de poivrots banlieusards et galères campagnardes de deux épaves lâches et ennuyeuses (dont un efféminé très acculé par les variétés homosexuelles environnantes). Rarement drôle et souvent sur-fait (l’acteur jouant Monty amène du naturel). 345-334. (34) 

Judith Therpauve – (France 1978) : Une veuve et surtout vieille précoce s’entête à sauver un journal de second ordre ; vu d’aujourd’hui, la chose est encore plus dérisoire (pas tant car le journal papier est obsolète qu’en raison de l’inanité de cette presse régionale, qui n’est généralement qu’un écho au rabais des éditions nationales, elles-mêmes insipides, au mieux des théâtres d’ombres utiles à l’entretien de la machinerie). Ce film dépressif offre le spectacle de motivations mesquines ou rabougries, repose sur une brochette de crétins vaniteux qui n’ont envie et besoin que de faire leur numéro et exercer un impact sur cet environnement pourtant morose et stérile. On compatit pour elle [jouée par Signoret] qui se sent obligée et pour les employés plus discrets subissant ces gesticulations d’autant plus aberrantes que les enjeux sont si insignifiants ; mais cette crise du métier, la menace des grands médias… il faut vraiment avoir le souci de la presse généraliste et croire qu’elle porte une voie essentielle, ou simplement divertissante, pour trouver que ce film mérite d’être vu. 654-533. (38)

Les bronzés – (comédie France 1978) : Effectivement je n’ai vu que celui en montagne… et c’est bien plus pourri que prévu. Il y a parfois des ‘classiques’ de cette époque étonnamment cheap (le premier Star Wars en fait partie), mais à ce point c’est sidérant ; on dirait quasiment un film amateur. La mocheté règne sur tout ; plusieurs interprètes sont difficilement regardables et les tops supposés laissent songeur. La petite cohorte de minables films de vacances franchouillards et piteusement dévergondés, qui parsemait les écrans télés les étés des années 1990-2000, n’a finalement rien à envier à cette version originale. Donc la tendresse persistante du public pour ces Bronzés m’interroge (sachant que des dizaines de millions de personnes regardaient chaque diffusion télé pendant trente ans). Il y a tout de même un minimum qualitatif dans le trait : les portraits sont cruels et sans aberrations ; ces vacances idylliques sont le théâtre d’une jungle sexuelle où la médiocrité est le zénith et l’avachissement euphorique la norme. Ce simple empilement de saynètes, sans aucune sorte d’effort, donne un goût ‘mockumentaire’ – le sujet, nos boomers s’amusent – la classe moyenne accède aux voyages à l’autre bout du monde et marque le coup en se mettant joyeusement minable. Les premiers émois du tourisme de masse donnent la nausée ou des confirmations à ceux qui ne participeront pas à ces éclats de rires graveleux. L’humour et le scénario n’exploitent à peu près rien hors du sexe, sinon quelques tribulations de groupe malaisantes – généralement du sport et/ou avec une humiliation de Jean-Claude Duss (sympathique certes car pitoyable avant d’apparaître comme aussi déplorable que ses camarades ; comme souvent, c’est le personnage de Josiane Balasko qui sort le plus aimable et respectable). 234-312. (24)

Burn out =- (action France 2018) : Tout pour le style (immersion à moto, bande-son et lumières lyriques), rien pour le reste et absence de surprise garantie. Lieux, personnages, caractérisations, enjeux : ordinaires au mieux, étoffés jamais. Les deux principaux interprètes ‘amortissent’ le vide et les promesses ‘physiques’ sont tenues. 364-243. (44)

Caveat + (épouvante>suspense UK 2021) : Virtuosité dans le glauque. Proximité avec le jeu-vidéo. 468-487. (72)

Les sorcières de Zugarramurdi =+ (comédie>fantaisie Espagne 2013) : On pourra tout lui reprocher sauf de s’encroûter. Attention vous n’êtes pas prêt pour l’apparition dans la grotte. Plus approprié pour un public masculin. Les deux femmes qui jusqu’au-bout ont le bon rôle sont la blonde explosive et le trans sarcastique. 678-677. (68)

Nosferatu le fantôme de la nuit + (épouvante Allemagne 1979) : S’apprécie intégralement pour le style. Pour une fois on pourra parler de ‘poésie’ sans en rajouter. Comme d’habitude, le film est lent et manque de vitalité. Herzog n’est pas un virtuose de l’émotion ni de la direction d’acteurs. Kinski en rat-vampire est à la hauteur des espérances. 686-688. (72)

Ronin =+ (suspense>action USA 1998) : Film d’action avec parano permanente. Casting excellent, comprend une sorte d’Evil Dwight (Skarsgard). Adulte mais léger. N’aura aucun intérêt et peut-être aucune vertu si vous n’êtes pas client. 678-577. (68)

 

 

Revus février 2024 : Un suivi en accompagnement du Bilan mensuel classique est plus sûr (et plus simple).

Tatie Danielle =+ (France 1990) : Je me rappelais d’un film insidieusement glauque… c’est essentiellement et ouvertement ce qu’il est – et d’une laideur systématique (protégez vos tympans en intro/outro, préparez la javel pour vos yeux). C’est remarquablement lucide sur une certaine pourriture d’âme et les vices de ces persécuteurs devenus vieux, capables de passer pour des victimes grâce à leurs faiblesses (réelles ou exagérées). La méchanceté est telle que cette Danielle est prête à se dégrader pour mieux peser sur ses tuteurs ou larbins ; mais si écraser est un petit plaisir, saboter est le plus grand ! Sa manie de semer le doute sur soi, sur ce qu’on aime, est un trait de pervers, pas de mémère espiègle ou simplement rebelle. Et puis même son chien ne compte pas (il n’a fait que lui servir -à ennuyer ou oppresser les autres, ce qui souligne la bêtise de sa volonté au-delà même de la nuisance à autrui)… comment éprouver une tendresse même au second degré pour un tel personnage (sinon à cause de l’actrice, que j’adorais pour son rôle dans La soif de l’or) ? Comment ne pas apprécier la voir se faire retourner et exploiter par une peste taillée pour être son héritière ? Qu’un cinéma aussi venimeux que celui de Chatilliez ait eu tant de succès est finalement étonnant – mais il n’a pas su transformer l’essai au-delà des deux premiers films (l’autre est La vie est un long fleuve tranquille), déjà frustrants dans leur construction et leur dénouement. 787-767. (68)

MINI FILMS janvier 2024

12 Fév

Les notes au détail (EFI-PTS) : l’Écriture, la Forme, l’Intensité ; la Pertinence, le Style, la Sympathie.

Les huit catégories de genre : Intimisme (empathie et personnages), Drame (lourdeur et extériorité), Fantaisie (évasion et imagination), Épouvante (effroi et agression), Suspense (intrigue et investigation), Action (aventures et divertissement), Comédie (humour et situations) & Alternatif (non-fiction et expérimental).

Le bloc supérieur (+ ou ++, soit à partir de 72 jusqu’à 98) est en rouge. Le bloc inférieur (- et –, de 38 à 12/100) est en bleu nuit.

 

Watcher =- (suspense 2023) : Je trouve à ce film une force émotionnelle, mais fragile et surtout inapte à déborder [au-delà de l’épiderme] tant tout est incroyablement cliché. Chaque fois qu’il y a quelques grosses ficelles à aller tirer, on y aura le droit – et à la plus banale. Si elle injecte un peu plus d’invraisemblance ou d’inconsistance des caractères, ce sera la préférée ! Dans la scène rameutant les voisins, il suffirait que Julia aille voir dans ce placard ; tout l’y pousse à ce moment et c’est l’occasion d’éviter de passer pour une folle (ce n’est pas ce petit mouvement, s’il était infructueux, qui aurait empiré la situation) : mais non, bien sûr, elle laisse le stalker tranquille dans son placard. Nous savons tous qu’il est là, nous savons que le suspense est artificiel, nous savons que le film ne va rien tirer de cette proximité (supposons qu’elle ait un obscur besoin de maintenir cette relation ou de protéger le monstre : fumeux peut-être, mais au moins cela donnait des raisons à cette stupidité) – c’est du premier degré maladroit et fruste. Watcher est donc une démonstration sur la peur à laquelle manque la greffe d’une originalité autre que géographique (laquelle n’empêche pas la ressemblance avec certains thrillers des 1990s comme JF partagerait appartement) et qui pense réinventer la roue avec son filtre féministe appliqué à un canevas de série Z. 467-274. (42)

Péril en la demeure =+ (suspense France 2023) : Polar savoureux, prêtant à sourire tant il se permet de jouer avec le ridicule et l’invraisemblable – et érotise tout (jusqu’à quelques allusions qui coûteraient cher à leurs auteurs si ce film était mis en avant aujourd’hui – au-delà de la simple diffusion sur Arte). Abondance de fausses surprises au service de la tension et d’un ‘malaise’ généralement agréable pour ces personnages libres et un peu absurdes (surtout Anémone en nantie qui ne sait plus comment tuer le temps). Humour et jeux de mots curieusement ‘efficaces’. Si vous souhaitiez y aller pour Piccoli, mieux vaut laisser passer, c’est le seul qui n’est pas sur la liste de notre héros ‘ambigu’. 467-477. (62)

L’origine du monde + (comédie France 2021) : Tirée d’une pièce de théâtre dont l’auteur a déjà été adapté pour un résultat garanti navrant (Momo avec Clavier), une comédie efficace de A à Z, à revoir avec plaisir. Comique d’accumulation et de surenchère. Dialogues excellents. J’aime décidément toujours plus Karin Viard. Lafitte (qui ressemble à un Astier mais drôle, sans message à nous faire passer) est finalement le moins réjouissant du trio, quelques tirades et réactions [celle à l’histoire du canari] font trop forcé. 758-558. (78)

Renfield =- (aventures USA 2023) : Comédie policière entre nanar et navet échappant à la cuve grâce à son détournement du concept de ‘pervers narcissique’ et surtout au duo de l’affiche. Nicolas Cage est parfait en prédateur grotesque (il n’aurait rien à changer pour un film sérieux). Il était déjà impressionnant dans le sous-coté Embrasse-moi vampire, mais cette version-là était sujette à des troubles d’âme et peut-être même à un syndrome de l’imposteur ; en tant que Dracula, il se rapproche du Joker/Pingouin de Burton ou de Cruella. 447-255. (48)

Le capitaine Volkonogov s’est échappé + (drame Russie 2023) : Chemin de rédemption avec une once de farce dépressive et beaucoup de mortification. Aussi typiquement russe qu’un drame cgto-neurasthénique avec Vincent Lindon est français. 578-788. (76)

Vermines =+ (épouvante France 2023) : Efficace et même bon dans son registre, avec la décence d’éviter la comédie comme le drame auteurisant neurasthénique. Pas assez énorme pour donner envie d’y retourner, ou alors dans de nombreuses années si la relève ne s’est pas manifestée. Les personnages plutôt méprisables gagnent en valeur progressivement, surtout Kaleb (le principal) ; mais tant d’emphase sur leur passé n’était pas nécessaire. La conclusion est quand même un petit peu digne de Brocéliande. 577-466. (58)

Butcher’s crossing =+ (2023) : Ce que la folie herzogienne d’un Cage chauve peut produire. 466-576. (56)

Stalag 17 =- (USA 1957) : Comédie troupière fade donnant une vision lunaire des conditions de détention, sans avoir le ton outrancier ou décalé qui devrait venir avec sous peine d’être taxé de ‘révisionnisme’. C’est moins niais mais encore plus absurde que du Capra. Le film s’en tire grâce au souci de ‘réalisme’ appliqué aux relations entre prisonniers (qui donne une étoffe un peu adulte à défaut d’être digne) et à une dramaturgie correcte malgré le ridicule du contexte. 366-244. (38)

 

Mini-Critiques 2023 : Dec, Nov, Oct, Aou, Jul, Jun, Mai, Avr, Mar, Fev, Jan. 2022 : Dec, Nov, Oct, Sep, Aou, Jul, Jun, Mai, Avr, Mar, Fev, Jan. 2021: Dec, Nov, Oct, Sep, Aou, Jul, Jun, Mai, Avr, Mar, Fev, Jan. 2020: Dec, Nov, Oct, Sept, 15, 14, 13. 2019: 12, 11, 10. 2018: 9, 8. 2017: 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1. Mini Mubi : 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1.

Mini Courts : 2021, 2020, 4, 3, 2, 1. Courts & moyens Mubi : 4, 3, 2, 1.

Mini Revus : 2020, 1ou2018/2019

MINI FILMS octobre 2023

4 Jan

Aucun film vu en Septembre : un mois sans le moindre film, c’est une première depuis de nombreuses années. J’avais d’abord fait reprendre le cycle normal en Novembre, car deux des trois découvertes en Octobre sont des sorties de 2023 (un long-métrage [Barbie] et un moyen-métrage [Pandeverse] issu d’une série) ; mais l’autre découverte (aussi un South Park) est à mes yeux un long-métrage.

 

[TV] → South park Streaming wars + (comédie USA 2022) : Il s’agit de deux moyens-métrages de près de 50 minutes, pour une durée ordinaire de long-métrage autour d’1h40. Et c’est du South Park classique à une époque où sa force s’est diluée (les auteurs sont dépassés depuis 2015-2016 – dans leur lecture sociale et politique, ils ont également régressés, montrant justement face à l’arrivée de Trump qu’ils ne comprenaient rien et tapant à côté). Ce film fonctionne surtout car il est d’abord une variation surfant sur des sujets d’actualité, en mobilisant ses recrues et en sortant du placard deux anciennes de passage. Randy en Karen et Cartman avec sa greffe régalent ; ce sont les stars et il les faut en roue libre ! Le final est une orgie de grotesque et entre-temps nous avons eu des anecdotes mémorables – inventives et grasses à la fois (« Cheug-cheug »). Cet épisode spécial a donc la bonne formule contrairement à celui du Covid (rongé par le sérieux et le ‘politiquement correct’ [sinon planqué] galopant des auteurs) et au Pandeverse de 2023 (indigne même face aux saisons récentes). 568-468. (76)

 

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