MINI FILMS avril 2023

24 Juin

Les notes au détail (EFI-PTS) : l’Écriture, la Forme, l’Intensité ; la Pertinence, le Style, la Sympathie.

Les huit catégories de genre : Intimisme (empathie et personnages), Drame (lourdeur et extériorité), Fantaisie (évasion et imagination), Épouvante (effroi et agression), Suspense (intrigue et investigation), Action (aventures et divertissement), Comédie (humour et situations) & Alternatif (non-fiction et expérimental).

Le bloc supérieur (+ ou ++, soit à partir de 72 jusqu’à 98) est en rouge. Le bloc inférieur (- et –, de 38 à 12/100) est en bleu nuit.

La conséquence + (drame 1977) : Une des premières réalisations de Wolfgang Petersen, avant Das Boot (puis Air force one, En pleine tempête, Troie). La censure d’un tel film seulement vingt ans après semblerait quasiment incroyable, mais il faut noter qu’elle n’était l’œuvre que d’une télé bavaroise. La mise en cause des traitements brutaux en instituts a pu être sentie comme une menace autrement plus directe (donc adressable personnellement) que la ‘propagande’ homo. Au-delà de son argument principal, ce film est une représentation aussi fine que crue du passage à la vie adulte et de l’évaporation des enthousiasmes romantiques (à un âge plus vulnérable que dans Tout le monde s’appelle Ali). 777-767. (68)

La dentellière =+ (drame France 1977) : Huppert en adorable souris prolétaire, avant de devenir pour quarante ans la névrosée en chef du cinéma francophone. Peu et mal entourée : son amie extravertie égocentrique, avide de rayonner (plus encore que de plaire), est discrète seulement pour rabaisser une amie ou salir son épanouissement. Lent, un peu lourd mais efficace et juste dans le discours et dans l’émotion. 766-777. (68)

Made in France =+ (suspense 2016) : Semble assez juste sur son sujet, au niveau des profils et des motivations, même si politiquement il prend soin de n’avoir aucune valeur (la psychologie l’emporte sur le social, la culture ou la conscience de masse) et présente un panel qui permet une distribution superficielle (et superficiellement ‘stigmatisante’) des rôles. C’est le genre de policier/thriller très efficace dès qu’on accepte la fameuse ‘suspension d’incrédulité’, qui sera punie in extremis – j’avais anticipé cette évidence puis supposé que le film aspirait à mieux… mais ses moyens apparemment limités sont peut-être en cause. 647-565. (58)

Quatre nuits avec Anna(intimisme 2008) : Au rayon des anti-héros romanesques à l’histoire et la personnalité désespérément ineptes, voici un exemplaire particulièrement lamentable et fier de sa crétinerie. La narration légèrement ‘déconstruite’ pour densifier l’apparence est aussi pitoyable que ce retardé transi d’amour. On est aux antipodes de toutes sortes de profils et de récits, dont le trait commun est d’avoir davantage d’impact ou d’humanité : on pourrait nous montrer un authentique taré, un pervers complexé, un rebut social, un bon petit assimilé avec son jardin secret, bref toutes sortes d’individus brimés ou déviants mais au moins un peu vertébrés (ou définissables) par autre chose que cette obsession sans épaisseur pour une voisine… mais non, un naïf ému et émouvant moins éveillé et cynique que le commun des enfants, pour les cinéastes se voulant intimidants comme pour les plumes des très-saintes écritures, voilà le meilleur outil. Naturellement les auteurs de ce truc (même réal que la vomissure misanthrope EO) n’ont soit pas le souci soit pas les ressources pour rendre la chose un peu vive, comme spectacle (c’est si plat que ça en devient drôle) et sur le fond : la supposée malheureuse habite près de son agresseur officiel… et rien ? (Hormis cette petite gêne [déclarative] après-coup de son patron, concernant cette affaire qu’il avait choisi d’ignorer.) Si vous trouvez de la poésie là-dedans, allez donc vous enivrer du T’aime de Patrick Sébastien ! 353-222. (22)

Blood red sky =+ (épouvante) : Cinéma d’action sombre et fantaisiste, avec des interprétations convaincantes. Possiblement des petits problèmes de continuité (avec les 10 minutes d’oxygène restantes par exemple), enfin ce n’est pas un polar ou un drame donc ce genre de détails importe moins que la cohérence des personnages et du traitement des spécimens zombie et vampire. 468-577. (66)

Cloclo =+ (intimisme France 2012) : Une bonne surprise même si certains moments pourraient nous être épargnés, spécialement aux deux extrémités. Toutes ces petites scènes et danses ringardes m’ont fait exploser de rire, mais d’un rire bienveillant, alors que je suis peu réceptif aux charmes des sixties enchantées. L’individu Claude François m’est assez sympathique y compris dans sa présumée partie ‘sombre’ ou cynique ; il savait mêler l’intérêt financier, l’intérêt de ses proches, le souci de son image et un certain ‘idéalisme’ professionnel – même si l’arrangement, par exemple en cachant un de ses enfants au public (pour le protéger autant que pour préparer un morceau croustillant de sa carrière), a souvent un petit goût écœurant. Attention la mère de Cloclo est difficilement tolérable, le personnage ainsi que le déguisement de Magimel sidérants d’amateurisme (hormis la volonté de présenter le producteur réel comme un bouffon sans rien de drôle, je n’envisage aucune volonté accomplie devant un résultat aussi aberrant). Le Bernard Frédéric de Podium m’apparaît soudain comme une caricature de Cloclo, sa version cartoon ; jusqu’ici je ne voyais pas de lien entre le fan et son modèle, simplement un passionné hargneux en train de choisir son destin. 667-647. (64)

Fumer fait tousser – (comédie France 2022) : Dupieux persévère dans sa voie sans but et ses scénarios abracadabrants gérés avec nonchalance. Entre des éclats d’absurde, des scènes mais aussi phrases à rallonge – gagner du temps est une grande partie du travail. Ses meilleurs films sont les mieux remplis, celui-ci n’a que deux histoires bonus et toutes ses petites surprises se voient venir (le sort de Poelvoorde, les relations avec le rat) de même que les commentaires des bouffons en lycra. Cette farce mériterait la poubelle sans son casting et le sketch avec Blanche Gardin. 365-253. (38)

Suspiria(2018) : Mise en scène insensée et empilages narratifs douteux. J’ai été sidéré par la première scène avec la fille en panique chez son psy où tout est incroyablement sur-fait (cette façon de porter son corps par le vieillard est au mieux celle d’une marionnette) et le montage n’a rigoureusement aucun sens (couloir, intérieur, fond de la salle, papy au bureau, la fille hystérique, papy toujours à son bureau, couloir, moquette… et toujours aucun progrès dans la scène et dans l’échange… c’est censé refléter la confusion ?)… avant d’être initié aux lumières de ces sorcières ? Ou à celles de chasseurs de fémi-anti-nazi ? Ce nanar raffiné, caricature de la distinction artistique avec ses drama queen insaisissables, est cohérent après Call me by your name mais j’aimerais savoir pourquoi… sauf que non, exceptionnellement, je m’en fout. Si un film est à ce point incapable de savoir [exprimer ?] ce qu’il nous raconte je serais bête de chercher à sa place ; enlevez-lui sa sophistication, il paraît crûment aussi débile, ringard et gratuit (oh oui que la nouille salive en évoquant l’atrocité nazie ou la bande à Baader !) que n’importe quel produit de bac à DVD invendus noté 3/10 sur IMDB (intérêt ou gain collectif, définition de cette entité victorieuse suite à la purge hystérocheap des enfers ?). Tout ce qu’il faut lui accorder a-priori c’est d’être raccord avec le rejet déclaré [par Tilda la fantaisiste Huppert de l’extrême anglo-saxonne] de la joie et de la beauté, avec son cortège de femmes qu’il réussit à rendre rebutantes sur tous les points ; seule l’héroïne et celle de Pearl sont encore un peu jolies, les autres pourraient être dévêtues qu’elles inspireraient des sentiments gris (ou des frayeurs dans le cas de la génération supérieure) plutôt que du désir. 364-232. (28)

Falcon lake =- (intimisme Canada 2022) : Déséquilibre entre la qualité de la photo, les décors enchanteurs et le style sinon à niveau au moins honorable ; et la faiblesse du reste. On met une once de trivial pour faire authentique, une once d’ambiguïté pour éviter de tomber dans le sucré ; sinon a un qu’une énième visite de l’éveil sexuel par des adultes yes-life intimement pouète. Mieux vaut des orientations plus tranchées, soit réalistes et crues comme celle du vicelard signataire de Ken Park, soit psychologiques, soit romantiques (et éventuellement abstraites) ou légères ; mais à quoi bon cette variation de clips nostalgiques, cette pruderie magnétisée par les petites déchéances adolescentes ? J’aimerais être complaisant envers ce film (car on est pas dans le ‘mauvais’ ou le non-maîtrisé et je comprends qu’on soit charmé), mais je suis fatigué de voir toujours des choses soit similaires, soit insignifiantes – et celle-là est terriblement creuse. 574-343. (42)

Mini-Critiques 2023 : Mar, Fev, Jan. 2022 : Dec, Nov, Oct, Sep, Aou, Jul, Jun, Mai, Avr, Mar, Fev, Jan. 2021: Dec, Nov, Oct, Sep, Aou, Jul, Jun, Mai, Avr, Mar, Fev, Jan. 2020: Dec, Nov, Oct, Sept, 15, 14, 13. 2019: 12, 11, 10. 2018: 9, 8. 2017: 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1. Mini Mubi : 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1.

Mini Courts : 2021, 2020, 4, 3, 2, 1. Courts & moyens Mubi : 4, 3, 2, 1.

Mini Revus : 2020, 1ou2018/2019

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