MINI FILMS juillet 2021

5 Sep

Les notes au détail (EFI-PTS) : l’Écriture, la Forme, l’Intensité, la Pertinence, le Style, la Sympathie.

Insanitarium * (horreur USA 2008) : D’abord le plaisir de voir une série B en roue libre, puis l’ennui quand la fête commence – le mystère, les personnages secondaires, la pression : plus rien ne sait se tenir. Les petits leviers sont sacrifiés à l’accumulation d’outrances désespérées ; c’est potable et pas honteux dans le domaine, dans l’absolu c’est médiocre à son meilleur, mais toujours abordable. Plusieurs enchaînements étranges suggèrent de gros problèmes dans l’écriture et/ou le montage, sinon de l’insouciance. La seule réussite est la performance de Peter Stormare, le reste est inachevé et la trame globale crétine, l’exécution et les images vaguement réfléchies (avec des ‘coups’ comme les regards cristallins, la conclusion carpenterienne). Notes : 245-243. (36)

Les crevettes pailletées * (comédie F 2019) : Trop gentillet pour être même vaguement intéressant, trop gras et lamentable pour être un divertissement à aborder en tous lieux et toutes circonstances. Probablement assez honnête quant à la démonstrativité ‘gay’, niche humaine plus si curieuse (d’où une ringardise qui demande la créativité et la fougue d’un Almodovar pour arriver au niveau potable des Amants passagers) ; complaisant tout en refusant d’être agressivement militant, comme l’est le vieux donneur de leçon (ou vieux con) du club. Notes : 345-323. (32)

Downrange ** (horreur USA 2017) : Le début est laborieux et les protagonistes parlent trop ; puis l’agression génère une tension excellente. Les amateurs de sensation fortes devraient être satisfaits. Un plan extravagant à la 12e minute où on prend le point de vue d’une roue en train de se faire manipuler. Fin surprenante. Notes : 377-376. (62)

Scary stories to tell in the dark ** (horreur USA 2019) : Film d’horreur pour et avec ados dans la lignée des autres succédanées de Stranger Things. Quelques apparitions pittoresques, une résolution optimiste, sinon rien à signaler. Notes : 365-364. (48)

Residue * (fantaisie Canada 2017) : Ambitieux, démonstratif, un peu sauvage et random. Du cinéma bis sous influence lovecraftienne et dont le côté ‘mindfuck’ pourra ‘parler’ (à défaut de plaire) à un public amateur des classiques américains des vingt ans précédents (Memento, les films de Richard Kelly). L’intérêt de Mr mystère venu d’X-Files dans la manipulation de ce grimoire n’est pas évident, au-delà de jouer avec un matériel extraordinaire. Notes : 444-344. (36)

Wara no tate / Shield of straw * (suspense Japon 2013) : Un autre de ces films d’action stupides et polars ‘tordus’ ultra-démonstratifs signés Miike, passé d’ouvert à offert au grand-public. C’est blanchâtre et d’un style hideux, proche d’un Taxi mortellement lent et sérieux en-dehors des scènes explosives. Même en accéléré x2 je me suis copieusement ennuyé ; heureusement c’est tellement mauvais que les accès ‘d’émotion grave et forte’ (ou les tronches impliquées des collègues flics) me sortaient de la torpeur grâce à leur nullité. Le sujet est trop lourd pour l’équipe en présence et probablement ce convoi d’un tueur d’enfant n’est mis en image que pour son énorme potentiel de racolage. ‘Saloperie de monde, mais que voulez-vous il faut bien des lois et des droits – et vivement qu’on bute le salopard, la justice ne peut pas laisser passer !’ est le sommet que le film arrive tout juste à tutoyer ; mais comme il s’obstine de façon surréaliste à souligner l’absurdité de cette protection et la fatalité du cas (le méchant est incroyablement cruel et l’auto-justice reçoit tout en sa faveur bien que la raison incarnée par notre pilier soit de dire ‘Non’ à cette évidence), l’usure et la charité font se sentir ‘obligés’ d’y trouver un peu de valeur. L’écriture est manifestement supervisée par des cyniques profonds ou des attardés mais même dans ce cas la scène du métro et les ‘dilemmes de flics’ à ce moment laissent interdit. Notes : 252-212. (18)

Southbound ** (horreur USA 2016) : Film à sketches horrifique au concept obscur – si bien que j’ai peut-être raté ce qui en ferait davantage qu’un divertissement saignant à l’originalité ‘gadget’. Certains sketches sont redondants et monolithiques, ceux du dîner et de l’hôpital sont facilement les plus percutants. Notes : 367-355. (52)

Mausoleum * (horreur USA 1983) : Cinéma d’horreur grotesque avec monstre pustuleux et possession d’une MILF blonde à forte poitrine. Qualité visuelle notamment lors des scènes clé comme l’intro au mausolée inondé de fumées vertes. Les effets spéciaux assez bons même si trop loufoques pour être effrayants. Souvent très lent ; une bonne expérience horrifique pour grands enfants ou bisseux régressifs ; écriture cousue de petites choses idiotes, mais l’inutile est réduit au minimum (ou à cette scène avec cette dame de compagnie). Notes : 354-355. (42) 

Hell * (horreur 2012) : La quarantaine de minutes ouvrant le film montre de la survie ‘réaliste’. Sans inspiration ou qualités notables, en-dehors de ce décors sableux. La suite est au choix l’oubli total de ce qui pouvait faire l’intérêt et la différence de ce film – ou du cinéma bis ‘classiciste’ dont on a le droit de n’être pas lassé. Je trouve regrettable une telle mise en place pour finir dans l’horrifique aligné sur Massacre à la tronçonneuse & cie ; que la fin du monde ne soit prétexte qu’à rejouer la carte des fondamentalistes bouseux morbides peut être un tas de choses, mais sûrement pas un signe de génie ou de passion pour le sujet (qu’il soit la post-apocalypse, l’effondrement, l’intégrisme, le survivalisme). Les auteurs sont tout de même assez larges d’esprit pour mettre en avant le lien de ces méthodes et projets brutaux avec la pénurie – non avec une sorte de folie, qui aurait sa place dans un cinéma plus libre et ludique (films gore ou slashers). Le laïus final éculé et même pas approprié d’Angela atteste de cette intelligence au mieux superficielle, au pire simplement imitatrice. Notes : 475-354. (38)

La Giovinezza/Youth *** (intimisme Italie 20) : Dans la continuité de La grande belleza (avec ce même goût visuel à la fois raffiné a-priori et en vertu des ingrédients, pourtant un brin dégueulasse), le poids de la civilisation et des devoirs mondains ou d’actif au bord de la décadence mis de côté ; à l’abri du besoin et des contingences trop lourdes, ces types ont tout le temps de sentir leur vieillesse l’emporter et le monde s’éloigner – et suffisamment de rouerie et de confort pour ne pas en être trop affectés. Notes : 786-767. (68)

Le colosse de Rhodes ** (action Italie 1961) : Péplum traditionnel rehaussé par le ton violent et désenchanté propre aux œuvres de Sergio Leone, qui sera bientôt le rénovateur du western. Notes : 666-566. (62)

La noche de 12 anos / Companeros *** (drame Uruguay 2018) : Film poignant sur la captivité, la solitude manifestement abyssale et la sortie de cet enfer, d’abord en esprit et par un opportunisme autrefois inenvisageable. Si ce n’est déjà le cas, chaque nation latino-américaine devrait bientôt avoir plusieurs films ambitieux réglant leurs comptes aux dictatures militaires. Dans celui-ci comme dans les autres (mais c’est valable pour l’ensemble des films politiques dans la région), le contenu idéologique est peu important ; et c’est autant de leurres en moins. Notes : 778-777. (74)

L’arbre le maire et la médiathèque ** (France 1993) : S’écoute et ne mérite pas davantage que des coup-d’oeil. Ce n’est pas idiot, quand c’est brillant c’est pour sans engagement. Comme Un conte de printemps, ça a été pour moi un accompagnement futile et agréable de type radio ou podcast. Notes : 633-534. (44)

Les oiseaux de passage ** (drame Colombie 2019) : Après avoir bien affiché son style et ses ambitions, ce film n’en fait au mieux que ce qu’on pourrait attendre de lui si on était un directeur de programmation effrayé d’avoir à se justifier sur la marchandise. Tout se noie dans une histoire banale, les sentiments ont déjà été mille fois affichés de cette façon – et si un personnage, une situation, commence à trop s’étoffer, on coupe et retourne à la contemplation. Manière de respecter les traditions et l’immobilisme agressif de ce village ? Enlevez-lui sa plastique relativement exotique et ce film n’est plus qu’un brouillon de série B mafieuse. Notes : 574-453. (46)

Hyènes * (Sénégal 1992) : On peut apprécier l’effort technique et la direction d’acteurs, puis sans indulgence saluer la mise en scène et musique ; mais c’est un de ces spectacles assommants qui n’emmène nulle part. C’est lent, curieusement ampoulé, tente tièdement la satire et s’achève comme un conte. Notes : 563-333. (34)

Dilili à Paris * (2018) : C’est un cinéma bien brave mais ennuyeux ; c’est gentillet et moraliste sans être pleinement crétin, un défilé de Gary & Mary Sue dans des mondes aseptisés ; on passe au Moulin Rouge mais tout est aussi sage et tiède – comme dans un Ehpad. Les ‘mâles maîtres’ sont le seul booster pour quelques secondes ; cette secte misogyne sent le raccrochage hasardeux à la vague féministe de l’époque. Elle ne déploie rien en mesure de secouer cette petite utopie (où la seule adversité sont les grincheux) sans grâce mais avec du style, pour les nostalgiques anti-racistes, taillée par Michel Ocelot. Le souffle Kirikou était déjà timide sur ses précédentes productions ; son œuvre se dégrade tranquillement et s’enlaidit avec le temps. La plus grande sophistication technique rend paradoxalement toujours plus ringard et repoussant – on est dans une ‘vallée de l’étrange’ et si le résultat est plus propre qu’Azur et Asmar, c’est aussi plus commun. Ni expérimental ni traditionnel, Dilili court après l’innovation mais semble le faire dans un monde parallèle. Notes : 463-323. (28)

Cul et chemise * (comédie Italie 1979) : Une de ces comédies exigeant énormément de fatigue et de familiarité pour être adéquatement reçue. S’il vous manque au moins l’un des deux il n’y a plus qu’un film gentiment minable, au rythme subjectivement amolli par la médiocrité ; il ne mérite pas de sanction, que de l’oubli. De Terence & Bud, mieux vaut aller directement vers les Trinita (ou Mon nom est personne sans Bud). Notes : 244-233. (26)

35 rhums * (intimisme France 2009) : Au début 35 rhums étonne par sa radicalité dans la complaisance pour la banalité ; or il a trop de style pour avoir les façons grasses et dégueulasses d’un drame social ou d’un reportage vite-fait pour la télé. C’est du naturalisme anti-réaliste et du cinéma sensoriel focalisé sur la vie urbaine non-miséreuse mais un peu ténébreuse. Claire Denis se fascine pour une humanité à la fois utopique et triste, percluse de fonctionnements maladifs sous-entendus ou carrément ‘annulés’ en esprit. Il ne devrait rien arriver à une humanité si sereine… on ne saurait comprendre d’où le mal pourrait surgir ; donc on plane avec quelques bouffées émotionnelles appelées à être balayées. Si ce filtre ‘pastel’ sur la réalité a son charme il rend aussi la séance profondément stérile par sa sacralisation de l’acceptation au mépris de toute approche un peu analytique. Notes : 364-244. (42)

Mini-Critiques : 2021: Aout, Juin, Mai, Avr, Mar, Fev, Jan. 2020: Dec, Nov, Oct, Sept, 15, 14, 13. 2019: 12, 11, 10. 2018: 9, 8. 2017: 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1

Mini Courts : 2020, 4, 3, 2, 1

Mini Revus : 2ou2020, 1

Mini Mubi : 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1. Courts & moyens Mubi : 4, 3, 2, 1

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