LE TROISIÈME HOMME =+

1 Déc

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Au sortir de la seconde guerre mondiale, Vienne est divisée en quatre zones sous la tutelle des vainqueurs, le centre est international. Les gens, même les plus nantis, vivent de petits trafics. Dans ce contexte arrive l’écrivain américain Holly Martin (Joseph Cotten) et apprend la mort de son ami d’enfance Harry Lime (Orson Welles). Il rencontre de nombreuses figures locales en essayant de s’expliquer cette disparition, dont la dernière principale amante de Harry, Anna (Alida Valli). Elle non plus n’est pas encore certaine que Harry soit toujours vivant ; il est en fait en train de mener ses affaires dans le marché occulte de la pénicilline.

Le Troisième Homme est un des films noirs les plus renommés et il vaut bien Le Faucon Maltais. Le film surprendra et frustrera ceux qui s’attendent surtout à un thriller, ou s’intéressent surtout à son versant policier. C’est plutôt une comédie morale grinçante, où à travers le dilemme concernant Harry Lime se pose l’enjeu suivant : faut-il choisir la fourberie envers l’Humanité ou celle envers les amitiés profondes qu’on a nouées ? Le Troisième Homme est une fable désenchantée sur le règne du moindre mal, où le rouleau-compresseur du pragmatisme est la seule voie vers le progrès, la seule à apporter des gains rapides et peut-être la seule à booster la société.

C’est en tout cas la conviction de Harry Lime : la présence d’Orson Welles est courte, mais son apparition est un moment fameux où il irradie de cynisme, sans aigreur ni méchanceté, véritablement rayonnant et optimiste. La Vienne en ruines est un théâtre parfait pour ces optimistes opérationnels. Il n’y a guère de violence ou de mystères conventionnels dans Le Troisième homme, tout juste une grande scène de poursuite avant l’épilogue ; ce qui est impitoyablement sombre et étouffant, c’est la philosophie étalée, l’absence d’alternative dans un monde où il n’y a tout au plus que le droit et l’argent comme phares dans la jungle.

Les gens de Third Man vivent dans un couloir où les repères sont flous et la vertu obsolète, en tout cas dans la pratique et pour le moment. Et si jamais le Mal venait à gagner, il faudrait bien s’y adapter plutôt que regretter un paradis perdu ou une utopie égarée. Palme d’Or cannoise de 1949, entre deux années de suspension du festival, n°1 du top100 British Film Institute, Le Troisième Homme a fait de Carol Reed un cinéaste de l’importance de David Lean à l’époque. Il s’agissait alors de sa nouvelle collaboration avec Graham Greene, après une première adaptation un an plus tôt, The Fallen Idol. Il laisse à la postérité sa musique à la cithare par Anton Karas, ainsi que le dialogue avec Orson Welles, l’un des plus connus par les cinéphiles classicistes.

Note globale 69

Page Allocine & IMDB  + Zogarok sur Sens Critique

Suggestions… La Soif du Mal + Boulevard du crépuscule + Casablanca + Le Quatrième Homme

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