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LA GUERRE DES ROSE =+

5 Nov

la guerre des rose

Dernier et meilleur des trois films mettant en vedette Danny DeVito, Michael Douglas et Kathleen Turner, après A la poursuite du diamant vert et sa suite Le Diamant du Nil. C’est la réalisation la plus connue de Danny DeVito, individu généralement plutôt associé à ses performances d’acteur ou d’humoriste. Sa Guerre des Rose montre le combat haineux opposant Oliver à Barbara. Après que la connivence ait foutu le camp ce couple richissime se dispute la seule chose les unissant encore : la luxueuse demeure qui est le fruit de leurs efforts.

Le film fonctionne de façon assez spéciale. Dans un premier temps surtout, Danny DeVito construit une trame pleine de digressions sans que le propos ne s’éparpille ; tout s’empile avec fluidité. La façon de l’alimenter est plus incertaine. Les vingt années précédant la guerre ouverte sont diffusées en accéléré, sans que de grands moments ne se dégagent. On ne peut accuser le film d’être décousu ou de manquer de contenu ; mais alors qu’il cherche ouvertement à être jouissif et percutant, il s’enferme bien souvent dans une demi-mesure bizarre. Il lorgne vers la ‘comédie noire’ tout en gardant un pied dans un registre plus gentillet ; il tend vers une appréciation relativement spirituelle des événements (soutenue par le narrateur) et puis s’engouffre dans l’outrance tout en coupant rapidement le délire.

C’est le contre-coup de l’élagage d’une version initiale durant trois heures, mais aussi le reflet d’une ambiguïté stylistique. La Guerre des Rose évoque ces comédies excentriques et morbides des années 1980-1990, telles La Mort vous va si bien ou Beetlejuice ; l’œuvre supervisée par Danny DeVito est bien plus adulte et ambitieuse thématiquement, mais son dynamisme et finalement son génie sont davantage entravés, voir auto-censurés. Néanmoins, sitôt que la guerre financière est déclarée, les coups cessent de se perdre. Un certain sens des finalités permet de dissiper le flou du film et celui du couple. Kathleen Turner a le beau rôle ; pas celui de la bonne personne, mais le plus passionnant.

Dramatique, crue et égocentrique, elle enchaîne les remarques ‘choc’ et répand ses états d’âmes en toute impunité. Sans ses simagrées le triste équilibre ne serait jamais rompu, il n’y aurait que silence et moisissures. Bien qu’il soit la cible de ses excès, Douglas/Oliver est rendu encore moins sympathique. Discrètement blasé, plus simple et pragmatique, lui ne s’égare pas ; mais c’est à un niveau plus profond qu’il plombe son couple. Elle lui doit tout, le luxe, le standing, les premiers émois sexuels : mais les étreintes d’Olivier sont étouffantes et un jour son égoïsme, son besoin de stabilité et de respectabilité ne sont plus supportables. Le problème d’Oliver et Barbara c’est qu’ils sortent d’une histoire, délectable d’abord, raisonnablement heureuse ensuite, pourvoyant aux nécessités finalement ; ils devraient enchaîner mais ils ne le peuvent pas.

Ce n’est pas qu’ils s’aiment encore au fond ni qu’ils aient toujours besoin de l’autre ; c’est plutôt que les sales manies vous poursuivent tant que vous ne les avez pas purgées. Il aurait peut-être mieux valu pour ces deux-là qu’ils n’aboutissent jamais, ni en amour ni en affaires, le temps d’apprendre la sagesse ; au lieu de ça, la victoire financière et sociale en poche, ils n’ont plus qu’à narcotiser, gueuler, puis finalement se déchirer. La Guerre des Rose n’est pas très fin pour autant, bien au contraire, il combine une puissante malice avec une certaine bassesse ; il va dans la vulgarité, sans foncer et avec philosophie. C’est une espèce de Qui a peur de Virginia Woolf futile, d’une agressivité extrême quoique mordant parfois dans le vide ; une version bourgeoise et biturée d’Une femme sous influence.

Note globale 56

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Suggestions…  Harcèlement + Wall Street

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BLUE JASMINE +

24 Sep

Le 44e opus de Woody Allen est focalisé sur un personnage et l’ausculte avec génie. Hors du portrait, il n’est pas nécessairement si brillant (pas remarquable formellement) – mais tout converge vers lui. Si les spectateurs ne sont pas réceptifs à la performance de Cate Blanchett et à son sujet ou sceptiques concernant l’écriture, le film pourrait être pénible, sembler pauvre et surfait. Dans le cas inverse, la séance sera jubilatoire et Jasmine attachante en dépit des sombres évaluations qu’elle peut inspirer. Pour mieux mesurer la chute et l’inconfort de Jeannette-Jasmine, le film progresse avec des temporalités parallèles ; à l’effondrement passé s’ajoute celui du présent, pendant que viennent renchérir tous les échecs connus, qui sont autant de rappels à l’ordre, d’insultes au sens grandiose de soi de Jasmine. Mais ce sens de soi n’est qu’inflation et entre-temps Jasmine n’a pas su s’armer ni se grandir de manière à éponger ses dettes.

Au fond Jasmine est une caricature de profils courants – qui ne sauraient s’exprimer et s’étaler ainsi qu’avec beaucoup de moyens. C’est une femme menée par la vanité, au langage hypertrophié, aux émotions plates et creuses malgré une attitude volontiers théâtrale sous la pression. Elle n’est pas une sentimentale pour autant, même en temps qu’égocentrique. Elle se veut éblouissante et digne d’un conte sans avoir en elle quoique ce soit de romantique – sauf dans la mesure où l’otage de son narcissisme pathologique l’est, en se donnant de la valeur à partir de ses besoins tragiques – peut-être qu’il n’y a pas d’individus romantiques mais seulement des conduites ? Au premier abord Jasmine peut impressionner jusqu’à titiller l’envie ou la jalousie, ou simplement charmer par sa combativité dépourvue de pure violence ; elle fait partie de ces gens qui ne sauraient ‘se contenter’ – de la vie comme elle se livre, de la médiocrité régnant spontanément ou des réconforts banals.

Elle est brillante, pas dans le ‘bling-bling’ crû. Son matérialisme est sublime, contraste avec celui des pourceaux et des entrepreneurs mouillant la chemise. Au bout de son triste compte il lui reste cette mentalité ‘positive’ et assertive ; elle sait se vendre, considérer ses talents – bien qu’elle soit une sorte de ‘bonne à rien’. Cet écart grandit tout le long du film, où se précisent ses impostures, déjà révélées par sa nature affichée dès l’entrée (dès sa logorrhée dans l’avion, digne d’une touriste fraîchement tirée de la précarité ou d’une survoltée soudainement revenue à la vie). Jasmine pourrait dégoûter bien des spectateurs, mais ce n’est manifestement pas l’intention ni la perspective des auteurs – ils n’ont pas de problème pour s’en moquer, mais ça n’exclut pas l’acceptation. À force de la montrer sous un angle pathétique sans avoir la pudeur de masquer ses responsabilités, Woody Allen rend Jasmine sympathique : sa personne est sûrement pourrie mais il n’y a pas un gramme de méchanceté en elle. Elle est plutôt faite d’absences, de manques. Et ne peut pas faire autrement, car pour elle plus que pour le commun, la compromission de son écran social signerait l’anéantissement de toutes les béquilles de l’ego – et vraisemblablement la mort psychologique.

Dans son univers de mensonge les humiliations catégoriques sont en suspens – ne reste que la fuite en avant et le renforcement des masques et des manières pompeuses, quitte à devenir odieuse et bouleversée quand la réalité contredit clairement ses illusions. Le plus désarmant c’est qu’elle croit à ses postures, ses arrangements : elle pratique le mensonge ‘entier’, sincère à sa manière car engageant. Il doit améliorer sa vie et l’a rendue facile, jusqu’à maintenant. Sur la fin ses automatismes prennent une tournure morbide car ils ne répondent plus qu’à son envie de reconnaissance qu’ils affichent au grand jour. Jeannette s’est sans doute passées mentalement avant de les produire concrètement de nombreuses scènes de sa vie ; mais quand il n’y a plus d’attente (imaginaire quand elle n’est pas provoquée) dans le monde ou d’espace où épater sans prendre trop de risques, alors ces préparations devraient disparaître. Or elles ont fait tenir toute la mécanique sans caractère spontané ou identifié de Jeannette. Il lui reste à réciter, comme d’autres prieraient en attendant un miracle, ses exercices mondains et pseudo-professionnels – ils ont apporté tant de plaisirs et de bénéfices. Les spectateurs pourraient être indifférents envers cette égarée ou pire, détourner le regard d’une telle perdante.

Le rapport au Tramway nommé désir d’Elia Kazan est très lâche. Le postulat est très proche et les protagonistes dans chacun ré-inventent leur passé ; mais les personnages et leurs relations ont peu voire pas de rapports ; et Blue Jasmine n’a aucun lien avec une sorte de huis-clos – ce n’en est même pas un psychique, puisque nous avons à faire avec un caméléon ambitieux (qui sait paraître occupé, demandé, quand il n’a pas su l’être). Son déni et ses représentations ne sont pas partagés ; nous voyons son état et ses compulsions sans être emmêlés dans sa subjectivité. L’évocation lapidaire d’un ‘millionnaire’ relève de la supercherie dans Un Tramway, or il est réel et occupe une place importante dans Blue Jasmine. Pour le reste, dialogues, lieux, ambiances et procédés narratifs y compris, les deux œuvres ne partagent même pas d’anecdotes.

Ironiquement la filiation avec Tennessee Williams est plus évidente. Ce dramaturge pris en modèle pour de nombreuses adaptations, controversé mais très demandé dans les années 1950-60, a fourni plusieurs anti-héroïnes tourmentées et aliénées (souvent rattrapées par la folie) à la culture américaine. Blue Jasmine en donne une version adaptée à son époque, avec ces deux sœurs dépendantes – l’une à son image et toutes les deux aux hommes. Ginger a besoin d’eux pour satisfaire son caractère et ses besoins ; Jeannette-Jasmine s’en passerait largement, s’ils n’étaient pas le rempart contre la révélation de la nullité (réelle ou seulement redoutée) qu’elle s’acharne à dissimuler. Tout l’air qu’elle a brassé n’a pas suffit pour la rendre intrinsèquement et manifestement plus complète et réussie que la pauvre fille sans grande culture qui lui fait office de sœur (adoptée et obsédée par les relations elle aussi).

Enfin deux choix de casting font immédiatement référence à la pièce. Badwin a joué pour la scène et pour l’écran Stanley Kowalski (illustré par Marlon Brando dans la première et véritable adaptation de 1951), Cate Blanchett avait (‘déjà’) incarné Blanche à Broadway. Dans la version déviante de Woody Allen, ils prêtent leurs corps à deux héritiers de ces personnages fictifs, qui ne sont pas des décalques (surtout pas celui de Badwin, Hal Francis, au charme même contradictoire à proximité du zéro).

Note globale 82

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Suggestions… Le Général de la Rovere + Le rêve de Cassandre + Helen + 30 rock

Scénario/Écriture (7), Casting/Personnages (8), Dialogues (9), Son/Musique-BO (7), Esthétique/Mise en scène (7), Visuel/Photo-technique (7), Originalité (5), Ambition (7), Audace (5), Discours/Morale (-), Intensité/Implication (8), Pertinence/Cohérence (7)

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TITANE =+

17 Juil

3sur5  La notion d’expérience est un peu creuse et galvaudée (modestement par rapport à ‘cinéma de genre’) mais parfaitement appropriée dans le cas de Titane. Ce n’est pas nécessairement un bon film or pour l’attaquer comme pour le soutenir la tâche est difficile. C’est par contre à voir impérativement pour tous ceux qui cherchent l’originalité, l’outrance et l’intensité, spécialement en explorant les cinémas de la marge et du bis (et la confirmation après Grave que Ducournau est à suivre, car même si elle ne devait pas convaincre elle saura probablement impressionner).

Prolongeant les premiers retours et la presse évoquant Cronenberg puis particulièrement Crash, les cinéphiles abondent en citations, se réfèrent naturellement à Christine de Carpenter, à Winding Refn pour les scènes de pulsions violacées ou à Tsukamoto (Tetsuo, Bullet Ballet) pour ceux plus alertes ou réceptifs aux tentations transhumanistes. Une autre référence s’est imposée à moi : Henenlotter et ses farces lubriques comme Elmer ou Sex Addict. J’ai vu en Titane une fantaisie horrifique brutale et imprévisible, jouant à plusieurs degrés pour livrer, selon l’envie du spectateur, une comédie acide, un film d’exploitation et de suspense dans un univers LGBT ou un drame pathétique d’un ton inhabituel ; dans tous les cas le grotesque règne.

Mais ce qui fait de Titane une expérience à vivre [avant d’être à évaluer comme (plutôt) une réussite], c’est la présence de Vincent Lindon (surtout avec la connaissance de l’aura de l’homme et acteur, moins dans l’absolu). Quand il débarque dans ces lieux de sauvage étrangeté, c’est encore dans sa peau d’abîmé au grand cœur – les stéroïdes n’y changent rien, le tirent plutôt vers Patrick Sébastien. Le contraste entre son désespoir et celui de la psychopathe Alexia relance constamment la machine et apporte un semblant de légitimité à cette irréalité ; il faut une capacité de déni, de bienveillance et d’inflation de l’ego de cette trempe pour faire tenir un tel mirage – sans quoi, passé la foire gore, on s’en irait vers du plus trivial, du Rob Zombie (31, Devil’s Rejects) ou vers l’ennui.

Les scènes de danse, ennuyeuses à mes yeux (sauf celle, tant elle est grossière, du salon tuning), pourront plaire aux fétichistes de poses lascives et d’extases de drogués non-démolis. La façon dont le message est martelé dans ces moments devient un brin malaisante et la dernière danse pourrait rater son coup, en omettant que, tout simplement, ce qui reste d’Alexia, quelque soit les attentes ou la libido du public, est proche de la viande avariée. Si c’est par empathie que vous êtes alors en train de vous réjouir, sachez qu’au préalable vous allez souffrir – si l’inhumanité d’Alexia vous a rendu plus froid, alors il n’y aura que des sensations fortes pour égayer une séance décadente – Benedetta de Verhoeven donne davantage la nausée, autrement dit des besoins de vomi tournés vers l’intérieur. Enfin si vous n’êtes pas un ergoteur progressiste, un fondamentaliste ou un complotiste bio il n’y a aucune raison d’intellectualiser ce que vous aurez vu.

Note globale 66

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Suggestions… Eastern Boys + La féline/Schrader + eXistenZ + Neon Demon + T’aime

Écriture : 6. Forme : 7. Intensité : 8+.

Pertinence : 4. Style : 6. Sympathie : 6+.

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FÊTE DE FAMILLE **

17 Sep

3sur5 L‘histoire de pantins qui ne répareront jamais leur pièce abîmée. Le film démarre docilement sur des sentiers rebattus puis laisse les deux pires agités le piloter sur l’essentiel, pendant que le reste de la tribu s’efforce de calmer le jeu ou se dés-impliquer sans fauter. Les auteurs et le réalisateur ne portent pas de jugement sur leurs personnages mais ne sont pas neutres sur la famille. Cédric Kahn et ses partenaires l’affiche dans tout ce qu’elle peut avoir d’ingrat tout en refusant la fantaisie. Le pire veut éclater, l’énergie familiale tassera tout ça ; mais la somme des parties a bien des aiguillons et c’est clairement maman-déni et papa-assistant, autorités molles voire évanouies, d’autant plus inébranlables. Un couple joliment assorti, à la tête d’une piteuse famille – mais sans famille, peut-être pas de couple ou d’entente.

Effectivement c’est réaliste, les outrances à l’écran pré-existent au cinéma. La folle de famille a les vices qu’on ose évoquer (c’est une parasite à la vie de vols, de bohème et de repos forcé), a les ‘tares’ dont on l’accuse et des raisons solides d’être et demeurer cinglée. Le film a l’intelligence de nous servir des énormités empruntées à la banalité et découvrir rapidement son plan, sans préparer de révélations tragiques ni recourir à des passés traumatiques extraordinaires. Il n’y pas de clé magique pour couvrir la situation, mais un système, incurable en l’état car ses membres sont trop aliénés. Le revers de cette bonne volonté et de cette impudeur tempérée est une certaine fatuité. Personne ne sort avancé de ce film, sauf les spectateurs souffrant d’une confiance exagérée dans les diagnostics médicaux, la sainteté des liens fraternels ou la fermeté de la notion de ‘folie’. Le scénario est un peu court, impuissant probablement par principe, donc l’essentiel repose sur les interprètes. Grâce à eux les rôles les plus hystériques sont curieusement les plus vraisemblables, alors que Marie et le père barbotent dans des eaux triviales dont ils n’émergent que pour se dresser en pauvres caricatures aux mots laborieux. Deneuve est parfaite en matriarche planquée terrifiée par le conflit.

On sent une tendresse à l’égard de ces personnages et notamment des plus turbulents (comme Romain qui essaie peut-être de purger l’atmosphère en l’objectivant et en s’imposant chef-d’orchestre). Or, comme le film refuse la subjectivité et l’abstraction, il ne peut plonger en eux et comme il est choral, il doit forcer et retenir une poignée de scènes pour évoluer vraiment auprès de certains parmi eux. Conformément au style du groupe, le drame est verrouillé. Et comme dès qu’un peu de pression survient, ces gens-là enchaînent les idioties (et prennent des décisions débiles quand ils ne peuvent plus étouffer les catastrophes émergentes ou se noyer dans les affaires courantes), comme la mauvaise foi de tous vaut bien la régulation émotionnelle nulle de quelques-uns, il y a de quoi pleurer de rire. D’un rire intérieur et navré, bon compagnon d’un sentiment de voyeurisme, heureusement assumé et signé par le dénouement. Sur un thème similaire, Préjudice savait se tirer de l’absurdité et tirait une force supérieure de sa distance ; mais cette Fête de famille est toujours plus recommandable qu’un dîner revanchard et hyper-focalisé à la Festen.

Note globale 58

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Suggestions… Roberto Succo + La tête haute + Carnage + Chien + Canine + Une femme sous influence

Les+

  • les acteurs
  • pas de mystères ou de démonstrations surfaites
  • pas ennuyant
  • bons dialogues

Les-

  • reste trivial
  • personne n’en sort avancé
  • écriture ‘bouchée’

Ennégramme-MBTI : Deneuve en base 9, type xxFJ (Sentimentale extravertie). Le père très I. Macaigne dans un personnage probablement NTP (Intuition extravertie & Pensée introvertie). Emma sans doute IxFP (Sentimentale introvertie). Vincent xxTJ (Pensée extravertie) ou aux alentours, probablement eSTJ. Son épouse xSxJ (Sensation introvertie) avec du F, sans doute ISTJ+Fi.

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JE PROMETS D’ÊTRE SAGE **

14 Août

3sur5 La conception n’a pas l’air éclatée mais le film semble au carrefour de plusieurs autres. C’est comme si un auteur avait voulu planter les graines de son œuvre à venir, en évitant de trop dépareiller, donc de prendre à bras le corps un de ces projets de film. Au départ la séance donne des indices de comédie familiale triviale (certainement le rôle de Magalie la sceptique maternante) correcte et garantie sans nervosité. Pourtant déjà on sent que le film va tourner mal ou à n’importe quoi (le four au théâtre en ouverture est aussi là pour ça). Tout est calme (et le restera) mais il flotte une petite odeur inquiétante en même temps que la perspective d’une libération.

Effectivement le film va prendre des tangentes, ou plutôt flirter avec et se rétracter. La fin en attesterait sommairement si elle n’était pas d’une immoralité et d’une envie de poésie si flagrantes. La comédie désuète est utilisée comme une espèce de matelas [de secours pour accrocher au film et le faire tenir debout] ; sur ce terrain, le travail est fait, les gags sont laborieux. Un humour atypique pointe constamment, un cynisme serein cherche à s’imposer. Le tandem le cristallise ; en-dehors de lui, on se sent dans une comédie dramatique tatillonne, avec la hauteur et les moyens d’un téléfilm.

Les personnages et interprètes sont de loin le point fort et le seul quasi uniforme (on peut préférer dire ‘mûr’). Le cadre et les gens sont normaux, leurs excentricités sont celles que chacun pourra croiser. Ils semblent avoir une vie en-dehors du film, ce que ne peut pas revendiquer toute la concurrence, même lorsqu’elle s’adresse aux adultes. Avec cette Sybille Je promets d’être sage aurait pu aller loin. Introduite comme une négativiste, elle s’avère une sorte de psychopathe proche de Marina Fois dans Irréprochable, elle aussi en lutte désespérée contre l’humiliation de sa situation. Mais c’est davantage une évitante agressive : elle a du mordant et apparemment de l’assurance mais pas de plan. Sa misère est plus profonde que celle de ces autres qu’elle méprise – et continuera à mépriser quoiqu’il arrive, car au-delà de la mise entre parenthèses (ou de la subordination) elle ne semble pas avoir d’autre façon d’encadrer l’altérité.

Le film ne cache rien de ses petites fourberies et ose les valider. Il souligne cet opportunisme propice à des lâchetés comme à du pur romantisme. Puis il s’y attache et se perd alors. On dirait la victime d’un de ces odieux connards en train de donner carte blanche – et se plongeant dans la rêverie ou l’abandon de soi pour s’assurer que tout ira bien. Jusqu’au-bout cette tentative curieuse en eaux banales semble rabougrir sa vocation pour s’inscrire dans un compromis qui, sans les qualités de jeu (ou de présence) de Léa Drucker et Pio Marmai, serait un film creux à l’improbable potentiel.

Il vaut mieux y aller sans rien en savoir. Dans ce cas on est baladé entre des trucs diversement réussis, assurés mais sans éclats, parfois poussifs (au rayon de la pure comédie, du conflit ordinaire). Si on en sait ne serait-ce que le synopsis entier, on verra simplement un film slalomer et finalement retarder le nerf de la guerre (c’est-à-dire le lancement des escroqueries), où il n’a pas grand chose à explorer ni raconter (les flash-back d’un épisode de Lost étaient déjà plus complets).

Note globale 56

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Suggestions… Prête à tout + Jusqu’à la garde + Ober / Waiter ! + Chien/Benchettrit

Les+

  • les caractères
  • les deux principaux acteurs
  • relativement original et pas obnubilé par les supposées attentes du public

Les-

  • pas sûr qu’il ait trouvé le ton juste, régresse régulièrement
  • peut donner une impression de remplissage

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