2sur5 Ça va trop loin, oui, ça va trop loin. Megan is Missing a troublé pas mal de monde et est souvent évoqué comme un film très dur, parfois même comme un choc. Le film a de franches qualités mais c’est un uppercut en mousse. Il surfe sur les paniques morales concernant Internet et alimente une paranoïa disproportionnée, se trompant surtout d’objet, comme d’autres se tromperaient de colère. Michael Goi aura réussi à alimenter les débats sur des sujets impliquant le commun des mortels, mais sa contribution sur le fond est faible.
La demi-heure d’ouverture se déroule avec Megan et Amy, deux adolescentes de 14 ans, meilleures amies, la première étant sûre d’elle, populaire et active. Elles rejoignent quotidiennement des chatroom sur internet et se montrent à la webcam, parfois pour discuter entre amis, parfois avec des inconnus. Surgit Josh, avec sa caméra cassée. Il noue des liens avec Megan sans se découvrir lui-même, puis l’invite à le rejoindre. Megan disparaît. Amy s’entretient à son tour avec Josh et ils évoquent ensemble cette disparition. Peu à peu Josh tient des propos avilissants, mais Amy maintient le contact.
Utilisant la forme du found-footage, Megan is Missing et bien plus intelligent et construit que la moyenne : c’est-à-dire qu’il a l’intérêt objectif d’un film normal. Contrairement à l’essentiel de ses navrants homologues, Michael Goi se comporte comme un metteur en scène et effectue un travail optimal, dans les proportions permises par le principe. Il se permet le split-screen, rend lisible chaque plan et n’introduit que des séquences réfléchies pour son objectif, évitant les logorrhées stupides en caméra cachée.
Il nous implique en nous mettant dans la position de l’interlocuteur ou récepteur, notamment pour le fameux Josh, dont n’existera que la voix. L’essentiel du long-métrage est partagé entre des conversations webcam et des scènes IRL en caméra à l’épaule. Les reportages d’une chaîne info locale viennent s’ajouter dans la seconde partie, après la disparition. Enfin les 22 dernières minutes marquent le basculement dans l’horreur, où Goi s’étend en plans-séquences superflus pour faire sentir le drame, ménageant ses effets par ailleurs. Se prétendant inspiré de faits réels, Megan is Missing apporte une illustration concrète des cas de détournement de mineur par des pédophiles sur internet.
Comme bienveillante propagande de service public, c’est une sérieuse réussite car il installe une grande proximité avec le spectateur et surtout les adolescents. En-dehors de son utilité auprès des enfants (qui ne le verront pas) ou jeunes adolescents, le film revêt cependant peu d’intérêt et demeure un tissu d’amalgames, faisant d’un cas unique et extrême une généralité universelle. Surtout, la personnalité malveillante reste inconnue, or le réalisme cru tant revendiqué s’en trouve entamé, puisque derrière l’écran, il n’y a pas un fantôme ou une abstraction, mais un individu de chair et de sang. Ne pas allez au bout de la paranoïa permet de jouer à se faire peur et faire la leçon. Hormis agiter les parents anxieux et les mégères phobiques, quel est l’intérêt ? Hormis la prévention brutale à coups d’amalgames, quel éclairage ?
Note globale 51
Page Allocine & IMDB + Zoga sur SC
Suggestions…
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