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HOW HIGH *

19 Avr

HOW highStoner movie à la sauce yo mama oklm, How High vise bas et fait son office avec un succès relatif. Les rappeurs US Method Man et Redman interprètent les étudiants en herbe introduits à l’université grâce aux pouvoirs de la ganja magique. Ces deux guest (au cœur d’une sitcom éclair en 2004, Method & Red) sont traitées en mascotte et leurs péripéties sont prétextes à une avalanche de gags et punchline. L’écriture est sans efforts ni surprise, la vocation est celle d’un feel-good movie s’adressant surtout aux amateurs de rap US, de préférence assez jeunes et bien sûr aux abonnés de la weed.

En tant que comédie grasse, How High fonctionne, inspirant des sourires navrés, des rires honteux ou francs selon le public et ses dispositions. Quelques dialogues, réactions ou même plans (la face de l’asiat devant la vidéo érotique) sont bien troussés, mais How High est malheureusement aussi aléatoire qu’il est bourrin. Sa puérilité le tire vers la médiocrité et sape jusqu’à ses meilleurs élans. Les vannes et les réflexions sont redondantes et tournent autour de thèmes relationnels ou ‘sociaux’ vus de façon primaire (avec « les blancs » surtout).

How High ne tient pas la distance. Il est trop englouti par sa connerie pour en faire jaillir des pépites ou renforcer ses atouts. Lorsqu’il fait péter ses plombs à quelques-uns de ses personnages, il prend des chemins trop bêtes, que ce soit pour le ‘bounty’ ou l’héritier blanc. De la mise en service des sérums de marijuana lors de la réception finale, on ne tire qu’une apparition laconique du fantôme décontracté de Benjamin Franklin. En somme, le cas Ivory, qui faisait partie du postulat de base et promettait au film d’emprunter des voies originales, est négligé jusqu’au-bout.

En effet, après sa mort sensationnelle, Ivory disparaît quasiment des radars, sinon pour prêter main forte à quelques interrogatoires écrits. Rien que pour la triche, il pouvait justifier des scènes remuantes ; au lieu de ça, Jesse Dylan et ses acolytes s’acharnent à restreindre le champ d’action et d’intelligence. Quand même le prétexte de base est perdu de vue et obsolète, le film en arrive à ne raconter quasiment plus rien, laissant couler les saynètes potaches (les brownies), dans un état d’esprit sanguin et mollasson. Dans le détail, il y a du gentiment drôle, de l’aimablement miteux. L’ennui s’achève devant un happening phallique insipide puis des bonus pourrissimes.

Note globale 38

Page Allocine & IMDB  + Zogarok sur Sens Critique

Suggestions… Les Kaira + Ali G

Scénario & Ecriture (2), Casting/Personnages (2), Dialogues (2), Son/Musique-BO (2), Esthétique/Mise en scène (1), Visuel/Photo-technique (1), Originalité (2), Ambition (1), Audace (2), Discours/Morale (-), Intensité/Implication (2), Pertinence/Cohérence (1)

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50 NUANCES DE GREY –

20 Fév

Voilà un film comme les masses en méritent – et elles le méritent tellement. Bien qu’elles fassent semblant elles ramperont toujours à temps pour jouir du spectacle et en ausculter chaque miette. Elles n’auront qu’à se dire écœurées ou consternées par tant de médiocrité, tous les complices seront là pour alimenter la grande chaîne de dénégations et de mise à distance hypocrite. Seuls les haters abonnés aux avant-premières et les cinéphiles bousilleurs systématiques de derniers blockbusters sont de plus éclatants abrutis. Au moins l’insipide mégère venue en toute bonne foi tâter du Grey a le mérite d’assumer – ou de ne pas s’inventer des raisons, ce qui vaut mieux que toutes les revendications.

Cette adaptation de best-seller doit son immense notoriété à sa prétendue nouveauté. Elle initierait le grand-public au sadomasochisme ; dans les faits, elle vulgarise celui des formalistes. En vérité les foules sont déjà bien initiées, mais hors d’épisodes de séries télé policières ou autrement racoleuses, elles ont peu eu l’occasion de se concentrer sur le sujet pendant une heure et demi (il en va autrement pour les et même pour ‘l’individu’, bien entendu). Cinquante nuances de grey a toutes les chances de décevoir ceux qui auront voulu laisser leur chance à la bluette scabreuse. Vu en tant que produit cynique, flatteur et rabaissant à son profit, le film peut tout de même susciter un certain intérêt, tant il se montre conséquent et manifestement efficace (ce qui ne plaide pas [‘dans l’absolu’] en sa faveur ou n’augmente pas ou peu sa valeur par ailleurs).

Les logiciens de service s’arracheront les cheveux, mais s’ils sont honnêtes ils verront que les concepteurs du film sont loin d’être négligents. Les incohérences objectives ou seulement apparentes sont fondées sur des pseudo-vérités égotiques largement répandues. La petite héroïne est contradictoire et superficielle (une véritable Bridget Jones, une intello maladroite, une effrontée passive-agressive, une gamine admirative et offerte, une fille fluette et anxieuse, une bonniche blasée et lucide, une intrépide rieuse et épanouie) ; on pourrait la juger mal écrite et cela reste défendable ; mais elle est parfaite ainsi, si le but est de fédérer en elle la part avide, bestiale et quelque peu servile d’une multitude de femmes. Cinquante nuances de Grey mise surtout sur des nuances de types féminins, d’ombres honteuses ou de facettes leurrées. Ce sera aussi une manière d’atténuer les dossiers à charge contre le film et sa représentation des femmes. C’est le rôle de la prise d’assurance d’Anna et de son coup de poker final, où l’orgueil semble soudain la prendre toute entière, au point qu’elle se sente maîtresse de la situation, indépendante malgré sa légère confusion et ses états peu constructifs. Le film reste ouvert et peut être soupçonnable d’une chose et son contraire en matière de féminisme ou d’adhésion énamourée au patriarcat, voire de romantisme ou de pragmatisme. Même si concrètement, il est totalement romantique, pour le bénéfice d’une femme qui ne l’est pas beaucoup (hors de ses espoirs peut-être, mais ils sont trop communs et de basse intensité).

La représentation de Christian (et non ‘de l’homme’) en tout cas est totalement romantique, d’une espèce de sobriété d’hystérique. Il fait le cynique [etc] mais a du cœur ; il aime dominer mais ne fera jamais de mal, n’abusera vraiment jamais. Il pratique aussi l’humanitaire – mais c’est dit-il pour le business (pudique mâle alpha). Il rappelle Pretty Woman : lui aussi n’embrasse pas sur la bouche, d’ailleurs il ne faut pas le toucher. Car il tient à rester fort et garder son armure intacte, enfin ce n’est pas tout – il a aussi un côté sombre et en est conscient. On croit qu’il la fait mariner, or il ne veut pas blesser ce pauvre oiseau paumé (scène du café). Enfin il peut tout faire, surpassant Hannibal Lecter. Il a tout pour : davantage de moyens, pas de barrières – sinon son esprit probablement torturé et plein de secrets si difficiles. Et en plus il sait traiter l’Anna comme le ferait un godemiché turbulent et complice soudain pourvu d’une âme (« Je ne fait pas l’amour ; je baise, brutalement »). Last but not least, il aime malgré les défauts (il reste tolérant -mais dirigiste- lorsqu’elle est pathétique face à lui) – et lorsque la fille devient sale ou décevante, lui ne perd rien de sa superbe. Naturellement, comme il est tellement parfait (« sexy » pour être précis), Kate (l’extravertie aimable et décontractée) le soupçonne d’être gay ! C’est qu’on ne saurait oublier un des archétypes discount avec lesquels les bécasses donnent du sens à la réalité, s’approprient le langage et les références humaines. Le déroulement et les expressions sont remplis de ce genre de singeries – le film répète des tics lourds et indices limités à tous points de vue, comme les mordillements de lèvres, entre deux clichés de lovers (le piano après l’amour c’est plus propre que la cigarette) ou révélations cocasses (… et en plus elle est vierge !).

Sous ses dehors de grande ‘petite fille’ timide et sensible, Anna renferme une âme de mégère commune. Elle essaie d’être normale et y arrive au fond d’elle-même. Le film épouse les points de vue grossiers qu’Anna véhicule spontanément. Ainsi Christian Grey est une sorte de pervers, un sadique, pourtant nous voyons comme il est ‘bien sous tous rapports’ : décidément cet homme ne saurait être totalement corrompu ; or ces penchants de prédateurs sont bien ceux des méchants, dont il n’est pas, donc il les a acquis de force ! (Or lui-même a été introduit au BDSM – par une sorte de pédophile, comme la qualifie Anna ?) Autrement dit : on ne peut apprécier une chose ‘déviante’ sans être un déviant global sur le reste, ou sans avoir connu (et de préférence subi) un événement douloureux (ou pire). Christian ne peut pas ronger son frein lorsqu’on lui refuse le fist car on le priverait de la satisfaction d’un penchant naturel ; il faut des raisons livrables en un petit pavé ou même en un mot, un traumatisme. Donc que ça se ‘règle’ – et il est probable qu’Anna bataille dans ce sens lors des suites prévues à cet inévitable triomphe au box-office (ou obtienne satisfaction en voyant son pseudo-maître chamboulé).

Finalement ce film n’est qu’un cas particulièrement transparent d’appât ‘transgressif’ pour foules éblouies par le luxe et les ‘plaisirs’ sophistiqués – comme les suites de Saw ou certaines émanations de la real-TV en ont été, dans leur registre (et comme Le Loup de Wall Street pouvait l’être, en l’affichant et y participant). Les procès moralistes, qu’ils se définissent comme tels ou non, ne sont ni francs ni appropriés si à côté des productions plus soft mais également racoleuses restent ‘impunies’. Les jeux autour des fantasmes d’hommes ou des désirs des femmes ne choquent que des minorités (aux perceptions structurées par l’idéologie) lorsqu’ils se diffusent dans les films avec Cary Grant ou les romcom modernes qui oublieraient leur second degré ou leur dose de circonvolutions progressistes. 50 nuances reste bien pire que Le Milliardaire (de Cukor) avec Marilyn et Montand et bien nul face à La Secrétaire, où les notions de pouvoir, de (ré)confort et de confiance étaient prises en compte avec humour et subtilité (quoique les charmes de l’aliénation consentie sont correctement survolés entre Grey et Anna). Les spectateurs contemporains seront ennuyés ou embarrassés par les bouffées de niaiseries et par l’hypocrisie du programme, plutôt que par les élans ‘SM’. Car ce film promet beaucoup et donne peu, avec un rendement très en-dessous en termes de violence (une scène ‘torride’ et ‘hargneuse’ déprimante pour tous) mais généreux pour l’érotisme. Que de grosses suées pour trois [salves de] fessées (et des bribes de sensualité qui n’apportent rien de neuf ou d’assez puissant) – mais tout ça est trop précis et harmonieux, trop implacable, pour être totalement désagréable. La seule partie largement repoussante est la musique, outrancière dans le moche exalté quand Anna vit ‘le rêve’.

Note globale 36

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Suggestions…

Scénario/Écriture (2), Casting/Personnages (2), Dialogues (1), Son/Musique-BO (1), Esthétique/Mise en scène (2), Visuel/Photo-technique (3), Originalité (2), Ambition (3), Audace (2), Discours/Morale (-), Intensité/Implication (2), Pertinence/Cohérence (1)

MBTI-Ennea : Lui ENTJ 3, dinde probablement 9 ISFP.

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LA TRAVERSÉE DU TEMPS –

23 Déc

Mamoru Hosoda a d’abord participé à des séries renommées de la japanim comme Dragon Ball Z ou Sailor Moon. Il a réalisé les deux adaptations de Digimon puis la sixième transposition au cinéma de One Piece. Fort de cette expérience, il prend des distances avec ses collaborateurs habituels et va réaliser trois films à succès avec le soutien de Madhouse : La Traversée du temps, Summer Wars puis Les Enfants Loups, Ame et Yuki.

Toki wo kakeru shōjo est l’un des films d’animation japonais récents les plus surévalués. Ses qualités visuelles sont imparables et un vaste travail a été effectué sur le son. Ce bidouillage n’est pas heureux. Avec des atouts inouis à bord, ce film est un naufrage, la faute à une direction aussi propre et carrée qu’étrangère à la moindre inspiration. L’OST pourtant excellente est rendue désagréable ou risible selon les moments à cause d’une gestion criarde. Mais comme la volonté est à la sobriété, le spectacle parvient à agresser sans toutefois rien avoir donné.

Pendant un long moment l’adaptation est de mise, notamment en raison des vertus d’un tel postulat. La Traversée du temps est le prolongement d’une nouvelle populaire au Japon (de la SF jeunesse par Yasutaka Tsuitsui), où une femme vit une expérience hors-du-commun. Ici, sa nièce connaît la même aventure : évitant un accident mortel, elle découvre le pouvoir de remonter le temps, via des sauts en arrière au propre comme au figuré. Le scénario n’est malheureusement pas à la hauteur et il faut admettre finalement le gâchis, tandis que les vices ancrés dès le départ apparaissent inamovibles. C’est logique puisque dans La Traversée du temps, rien n’est transformé.

Le niveau de niaiserie du personnage principal, son manque d’ampleur et de maturité, largement excusable a-priori, devient le boulet d’un film sans saveur. Elle galvaude totalement son pouvoir et Hosoda ne se permet à peu près rien : c’est l’anti Paprika. Même sur les possibilités les plus passe-partout, le spectacle est un raté total. On s’englue dans le mélo sans lendemain, on tatonne au sein d’un climat insouciant et stérile. La narration est aussi creuse que l’héroine. C’est comme si Bridget Jones venait saper Un jour sans fin avec ses élucubrations, en étant toutefois ni drôle ni tourmentée et avec le malheur d’être en mesure de dominer son environnement. Aussi lorsque Makoto Konno pleure, on peut enfin souffler : finalement voilà quelque chose de distinct, de cohérent et entier. On pourra se marrer éventuellement.

La voix attribuée à l’héroine dans la VF achève, mais n’est qu’une outrance sur-aigue de plus dans l’ambiance sonore. Il faudrait donc recommander de le voir sans VF ; mais à quoi bon le recommander, tout simplement ? Non que ce soit une purge. C’est une chose insignifiante, pas mal-aimable, étouffante. L’héroine, l’intrigue, le rythme : sont épuisants, sentimentaux, incapables d’anticipation, sans aucun chemin. Il n’y a rien choses dans ce film qui ne se trouve en mieux ailleurs et à portée de mains.

Note globale 39

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Suggestions…  Le Vent se Lève 

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LE TRÉSOR DE LA SIERRA MADRE =-

15 Déc

sierra madre

Western et film d’aventures, ou film d’aventures mordant sur le western, Le trésor de la Sierra Madre est gentiment divertissant au départ. Or c’est un fillm de John Huston et la lourdeur de son style assomme très vite, noyant tout intérêt potentiel. Les protagonistes du roman d’un des écrivains les plus mystérieux du XXe siècle (B.Traven) deviennent des idiots sur grand écran. Les acteurs ont l’air d’ivrognes prenant un temps pour se concentrer et faire illusion comme s’ils étaient des formes humaines sérieuses alors qu’ils sont des loques en représentation. À une seconde près on les verrait retourner comater ou prendre une nouvelle murge.

En faute, cet espèce de premier degré d’emprunt à l’artificialité outrée laissant une sensation d’absence, tout en manifestant discrètement une volonté d’imposer une vision de l’Homme, totalement branque et évanescente au point qu’Huston profère au mieux des banalités de mémères sordides sans le faire exprès. Spielberg est souvent critiqué par les cinéphiles élitistes : on peut tout aussi bien critiquer Hawks (Rio Bravo, Le grand sommeil) ou Huston pour des raisons similaires. Il est possible de se divertir en se laissant absorber par l’intrigue ou cultiver une quelconque sympathie pour les personnages : mais Le trésor de la Sierra Madre ne présente guère de qualités proprement cinématographiques.

Tout ça pourrait aussi bien se dérouler au théâtre ou être raconté par un narrateur, car le gain à l’écran est faible. D’habitude, Huston est un excellent faiseur d’images – elles sont fortes dans Le faucon maltais, épiques dans L’homme qui voulut être roi. Ici, elles sont sans relief et peu importe que ce film soit l’un des premiers produits américains tournés quasi-essentiellement à l’étranger (Mexique). Les défenseurs de ce film ne peuvent tirer que ce carton rouge : Entertainment ! Huston en a le sens, il ménage les aventures pittoresques, les petits rebondissements, les musiques d’ambiance sans beauté ni originalité se fondant bien dans la petite balade.

L’attachement au Trésor est compréhensible, c’est un bon produit pour divertir en masse et il a même ses moments tire-larmes bourrins. Toutefois il est dix fois plus bête que les westerns les plus délibérément niaiseux de John Ford. Il n’est bon qu’à se relaxer : si on y arrive et si c’est ce qu’on attend du cinéma, de la culture, ou de la vie en général, il faut voir ce Trésor de la Sierra Madre ! Son exigence de lenteur mentale n’heurtera pas dans ces conditions. Ce film est d’un manque d’intériorité et de ‘tripes’ déconcertant.

Il fait abondamment penser à trois autres : Les raisins de la colère, La rivière rouge, Le salaire de la peur. Ce n’est pas délibéré d’autant que le deuxième sort plus tard dans l’année et le troisième cinq ans après : en tout cas il est minuscule face à eux. Au départ le film aligne de modestes réflexions, prête une philosophie à ses personnages, recèle une perspective sociale en germes. Tout ça s’évanouit, hormis l’espèce de tentative morale ridicule concernant les trois prospecteurs : voilà trois collaborateurs tout en contraste, chacun avec son idée de ce qu’est l’aventure et le succès.

Leur inanité est à niveau pour asséner le moralisme primaire et benêt sur la cupidité des hommes : le gain (ici l’or) vient à bout de l’intégrité des gens les plus honnêtes et même des amitiés les plus profondes. Dans des proportions pudiques à l’écran, certes. Voilà un discours puissant et une véritable conviction traversant comme une lame de fond le cinéma de John Huston, car elle sera au cœur de L’homme qui voulut être roi. Celui-là sera plus pertinent et réfléchi dans ses expressions – c’est juste un film dégueulasse.

Note globale 36

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Suggestions… Rio Bravo

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WILDERNESS (2007) –

21 Nov

Dans la galaxie horrifique, la première décennie 2000 est marquée par une vague de films anglais forts en trash, parfois originaux ou semi-parodiques (Severance, Shaun of the dead) et dont certains sont devenus des références ‘incontournables’ du genre (The descent). Wilderness prend le train en marche. Comme dans Battle Royale, des jeunes sont envoyés à la mort sur une île : cette fois, ils l’ont ‘cherché’, ce sont des délinquants et non des lycéens innocents. Wilderness organise une chasse à l’homme, sur fond de colos avec des ‘durs’ (cas sociaux), répartis en deux groupes non-mixtes : groupe mâle et femelle, chacun avec un encadrant grincheux, quarantenaire usé à la carcasse athlétique. Le souci de réalisme social est flagrant, le résultat court et médiocre.

À l’instar de projets bis comme Shrooms ou My Little Eye, Wilderness part sur un postulat fort sans remplir sa besace pour le chemin. Aucune surprise à propos des monstres sur l’île, aucun éclat concernant les épreuves à traverser. Des morts et des  »découvertes » sont plantées tout le long des 94 minutes, les méchants bergers allemands et les pièges à loup font leur job. De grands archétypes comme la maison déserte au fond des bois nous sont servis, mais même ces repères sont délabrés. Rien n’est creusé, le développement des personnages est nul en-dehors des mots, les mises en relations pauvres. Les effets-mystères désuets succèdent aux bavardages de teigneux (jeunes aspirants caïds/raclures et sous-sergents recyclés en travailleurs sociaux).

Au final Wilderness raconte peu et arrive à être confus (la mort du vieil hurluberlu, coup-d’envoi des hostilités). La deuxième moitié est meilleure grâce à la fuite absurde des jeunes et peut divertir un public néophyte ou complaisant. Au bout, une résolution évidente vient couronner ce modeste produit. À quoi bon ce semblant de dissimulation !? Un peu de grandiloquence et de psycho discount pour enrober le tout et la chose tient debout. Concernant le cœur du morceau, c’est-à-dire la tripaille, Bassett (Deathwatch/La tranchée, Solomon Kane) capture bien la sauvagerie des pics d’agression, avec une préférence pour le concis et une omission de l’intense. Il saisit les opportunités du cadre (tournage en Irlande du Nord) et certains plans liés aux moments d’agitation (sur la plage notamment) se détachent.

Note globale 34

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Suggestions… Coldwater + Dog Pound + Peur bleue + Eden Lake (2008) + Dog Soldiers + Cabin Fever

Scénario & Écriture (1), Casting/Personnages (2), Dialogues (2), Son/Musique-BO (2), Esthétique/Mise en scène (1), Visuel/Photo-technique (2), Originalité (1), Ambition (2), Audace (1), Discours/Morale (-), Intensité/Implication (2), Pertinence/Cohérence (1)

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