MINI FILMS février 2021

2 Mar

Green Book sur les routes du Sud * (USA 2019) : Gentil et de très bas niveau sur tous les plans relevant ‘du fond’ et du caractère. Ne se respecte qu’en tant que feel-good et road-movie – c’est aux acteurs qu’on doit ces bons effets. Gênant de médiocrité, de niaiserie et d’inconsistance dans sa posture en faveur des identités opprimées. C’est adéquatement écrit pour fonctionner mais résolument con et évanescent ; on nous souffle une chose aussi grave qu’une couche supplémentaire d’anormalité du black, soudain homosexuel ; puis plus rien là-dessus. Ce film a-t-il été moindrement réfléchi ? Que les Farelly s’en tiennent aux comédies épaisses où la laideur et la bêtise tranquilles ont leur légitimité (et donnent de splendides résultats avec Dumb & Dumber). (32)

Lost River * (USA 2014) : Le film de Ryan Gosling flirte avec le catalogue du glauque et du grotesque sans jamais franchir la ligne. Comme ça en a l’air, c’est du Refn purgé de sa personnalité, au développement minimal, à l’univers à un jet. Joli, creux, ennuyeux (probablement assommant en salle), à peine violent ou épatant, simplement gratuit dans ses pauvres outrances (comme les meurtres dont celui du rat). (42)

Fais de beaux rêves ** (Italie 2016) : Tourné par le réalisateur de Vincere, c’est un drame sensible et futile sur une blessure d’enfance grave et ses effets sur le long-terme. À la fois habile dans ses jeux empathiques, avec des détails tragi-comiques savoureux (la réaction de la mère après la lecture), mais aussi trop lent et long, au point de paraître nébuleux ou de greffer des lignes de scénario de façon gratuite pour étoffer. À moins qu’il s’agisse de décevoir méthodiquement (par exemple en introduisant ce trader pour rapidement l’évacuer) ? Malheureusement même quand notre héros sort la tête de l’eau, les personnages majeurs autour de lui ont encore l’air de figurants dans sa vie ; ce qui reste pertinent pour le portrait des états d’âme de cet homme devient raide et usé à l’échelle du film et du casting (le forçage ultime étant ce personnage de Bérénice Bejo). (64)

The Big Short le casse du siècle ** (USA 2015) : Sur les raisons de la crise des subprime et de l’économie mondiale en 2008-2009. Pédagogue, pas concentré sur les misères et les personnes comme le serait une production française sur le sujet (celles où Vincent Lindon traîne son personnage de gars lessivé qui en a gros mais aussi qu’en peut plus, qu’a l’envie mais plus la santé pour se battre). Mise en scène vive, grasse et volontiers idiote, soulignant la dégueulasserie morale de divers agents. Lors d’apartés explicatifs de fameux acteurs et surtout actrices sont présentés en postures hautaines ; l’intérêt de la manœuvre n’est pas évident. Le monde de la finance floue les gens – et donc on le leur explique, en leur rappelant au passage qu’ils sont loin de ce qui brille ? Mesquinerie, inconscience, provocation à vocation militante ? Ou simplement jeu d’auteurs malins mais communs d’esprit (et de convictions) ? Au vu des livraisons suivantes de la bande autour de ce film, cette dernière option est la meilleure à considérer. (52)

Desierto * (Mexique 2015) : Une espèce de série B à l’auto-complaisance absolue et d’une débilité difficile à situer : j’étais favorable au tandem des méchants et à peine conscient de l’humanité des poursuivis ; était-ce souhaité ? C’était légitime compte tenu de la livraison, mais il me semble que le film se voulait plutôt une démonstration de la cruauté des anti-migrants plutôt que la négation de leurs âmes au bénéfice d’un spectacle grossier – mais pas laid. On a le droit à une atmosphère décente, des décors superbes et quelques plans même assez marquants avec le chien de Negan (car on a encore recruté l’interprète du connard ultime de Walking Dead pour jouer un salaud méprisant tous droits humains). (32)

Sils Maria ** (France 2014) : Milieu artistique ou ‘d’évadés’ comme d’habitude chez Assayas (Boarding Gate, Demonlover, Irma Vep). Empathie ou sympathie plutôt qu’investigation ; s’intéresse aux personnages et relations, bon quand touche Binoche. Mise en abyme et scénario un peu simples et bornés – des interprètes moins appropriées rendraient l’exercice lourd et ennuyeux. (62)

The Super ** (USA 2018) : Film ‘deu-genre’ fabriquant une ambiance interpellante, avec un Val Kilmer déguisé en tordu de l’ombre de l’impossible, juste assez grave pour ne pas devenir comique. Un tour énorme est tenté, malheureusement l’écriture n’est pas à la hauteur, la réflexion est absente et le montage rame pour rendre la chose épatante (et meubler suffisamment notre esprit pour ne pas jeter le discrédit sur ce qui s’est déjà produit – à quoi bon la mort de cette vieille ?). J’aimerais dire que le film s’arrête au moment où il devient intéressant, mais j’ai plutôt la sensation qu’il s’achève avant le dégonflage radical puis le crash fatal. Il y a assez de films d’horreur sur le deuil incomplet pour que celui-ci paraisse une tentative honorable ; ce n’est qu’une série B pittoresque quoique peu originale, ratant son envol. (46)

 

Mini-Critiques : 2021: Fev, Janv ; 2020: Dec, Nov, Oct, Sept, 15, 14, 13 ; 2019: 12, 11, 10 ; 2018: 9, 8 ; 2017: 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1

Mini Courts : 2020, 4, 3, 2, 1

Mini Revus : 2ou2020, 1

Mini Mubi : 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1. Courts & moyens Mubi : 4, 3, 2, 1

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