THE FABELMANS –

9 Nov

Petite histoire de famille au ton léger avec peu d’arguments. Ce n’est pas une de ces catastrophes qui vendrait de façon obscène l’ascension irrésistible d’un génie malgré les barrages et traumas caricaturaux etc ; ça ne risque pas car c’est un ton plus bas. Ce film utilise la vocation du réalisateur que comme un fil au service du rythme et du remplissage, essaie de nous faire avaler des couleuvres – et les étirent. Le point de vue est mignon et débile, ultra répétitif et focalisé, ne tolère aucune finesse. La seule motivation patente de Spielberg et son alter ego consiste à mobiliser et divertir le groupe de façon uniforme (et joyeuse) ; dans une moindre mesure, à se raconter que le cinéma est une épreuve et une consolation – mais à l’écran, tout en affirmant l’inverse à l’occasion, il n’y a de place que pour la consolation, avec un monde simplifié à outrance même par rapport à la moyenne des productions de masse, des complications et épreuves allégées sinon sucrées.

Le rejet de la profondeur concerne aussi l’art : où est la passion pour le cinéma, pour les films, les réalisateurs ? Ses propres recherches, de cinéphile, de technicien par l’apprenti réal ? À des détails près (notamment la direction du chef de guerre) on ne voit que son émerveillement devant certains effets ou tournages – ceux d’un spectateur charmé. C’est pourquoi la scène de rencontre avec John Ford (Liberty Valance, Le fils du désert, Les raisins de la colère, La taverne de l’irlandais), passé le côté rigolo du vieux bourru (trope déjà placé avec tonton cascadeur) joué par un type inattendu (David Lynch), apparaît dans sa bêtise et son conformisme absolus – scène d’autant plus bancale que rien n’indiquait auparavant que le garçon en était admirateur – mais Ford est ‘le’ cinéaste de l’époque alors dans un monde dépouillé d’ombres, d’individualités hors cartoon et de contradictions durables, admirer ‘le’ patron du domaine est au minimum une évidence.

Finir là-dessus est un peu gênant et montre que Spielberg n’avait pas l’intention de faire une autobiographie digne de ce nom, même de façon biaisé ; il a fait une de ces attractions efficaces et vite digérées (mais d’une efficacité telle qu’elle peut suffire à rendre ce travail admirable), pleine de sentiments et surtout jamais sombre ou ambiguë, dont il a le secret – mais ce créneau est saturé. Beaucoup déplorent la prestation de Michelle Williams, alors que c’est une ‘bipolaire’ convaincante : je me demande ce qui a pu meubler les deux heures pour eux ?

Écriture 4, Formel 7, Intensité 7 ; Pertinence 3, Style 4, Sympathie 3.

Note globale 38

Page IMDB  + Zogarok sur SensCritique

Suggestions…

Laisser un commentaire