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SDM 2023-3/3 : décembre

6 Jan

Dumb money =+ (comédie>suspense USA) : voir la critique. 757-557. (58)

Misanthrope =+ (suspense) : Le jugement courant d’après lequel le début est impressionnant, le reste pas à la hauteur, n’est pas seulement non partagé… je ne comprends pas ce qu’on a vu de si bien vs ce qui aurait été si décevant. Ou bien le film a pour une raison étrange (bande-annonce/teasers ?) leurré une originalité dans l’esprit des spectateurs, bientôt déçus. J’ai au contraire trouvé l’introduction ennuyante, probablement pas assez brutale, impudique ou pyrotechnique pour avoir l’air autre chose que vulgaire ; puis j’ai apprécié le développement du trio et de leurs relations, bien que ce soit comme l’enquête, les décors, les tensions avec la hiérarchie et les collègues : routinier. Le dénouement en deux temps avec confrontation au tueur puis négociation avec le léviathan pourri est un pastiche du meilleur du genre, où le sens moral est tourmenté (pour y aller plus à fond, on peut voir Contre-enquête de Lumet).

Je ne peux m’empêcher de me demander si cette intro m’est parue médiocre par une volonté du film (même si au premier plan, celui du divertissement ou de la tension, ça me semble effectivement fade, quelque soit l’intention) ; car les cibles et le contexte inspirent aucune envie ou sympathie… or cette absence de goût rapproche du dégoût déclaré du tueur, auquel on trouve non des circonstances atténuantes (ou si en trouve, ce qu’il est et ce qu’il fait est trop stérile au mieux, affreux et insoutenable sinon) mais la légitimité souterraine qu’ont les ‘monstres’ d’une société. 677-566. (62)

Marcel le coquillage (avec ses chaussures) + (intimisme) : Réussite technique et sentimentale. Un coquillage adorable mais aussi moqueur, pas si innocent. L’humain est nase, dans les circonstances c’est approprié. 677-678. (72)

Aftersun – (intimisme) : Je vais rester sage et qualifier ce film de léger – il ne sait même pas donner l’instinct de se moquer comme La nuit du 12, ni exaspérer comme sait le faire un Nope, ni amuser par l’ampleur de ses ratés comme un truc tel The sadness ou n’importe quelle autre baudruche boursouflée. Dès qu’on passe deux phrases à son sujet, on est rendu à gonfler son contenu. 353-322. (22)

Reality =+ (suspense) : Ce film sort vaguement du lot grâce à son parti-pris de fidélité aux faits et sa mise en scène parano, le tout en exploitant une transcription du FBI. C’est un spectacle d’empathie et courtoisie d’une faussetés flagrantes, avec un va-et-vient entre surenchère de ‘small talk’ et questions franches pendant une heure avant de lever le mystère sur la nature de l’affaire – dans le dialogue le plus insignifiant ou lunaire, il n’y a qu’une mise sous pression glaciale, professionnelle. Et un seul instant où la subjectivité éclate – de façon bien grasse face à une Reality perdue et suffoquant sous son masque. Je reste peu convaincu de la qualité du personnage de ‘Reality’, sans doute caractérisé de façon ‘blanche’ par pudeur envers la personne réelle – et le dispositif donne de la légitimité à cette inanité. Sur le fond le film tire sur l’ambulance, avec la majorité médiatique de son côté, mais il fallait un cas ‘facile’ à charger pour s’autoriser la démonstration tout en paraissant ancré dans la réalité, donc pas un exercice de style nébuleux ou outrancier (politiquement) à la Punishment park. Néanmoins je dois reconnaître être mitigé quand il convient de plaindre cette femme, car je ne sais pas si une telle méthode est acceptable pour un enjeu à mes yeux non vital ; je n’aurais pas cet inconfort si les libertés individuelles étaient directement ciblées. 576-575. (58)

Killers of the flower moon ++ (drame) : voir la critique. 898-988. (86)

Paysage à la main invisible + (drame) : Quasi disparition du travail et paupérisation de masse : les humains colonisés vivent une Grande Dépression XXL et vraisemblablement irréversible ; ce n’est pas l’économie qui est cassée, c’est la pertinence de la quasi intégralité des vies humaines, managées par des aliens bien trop puissants et supérieurement intelligents pour envisager une quelconque compétition. Comme l’indique le titre, les ravages économiques et sociaux sont tenus pour inévitables et assimilés à la ‘création destructrice’ par les nouveaux dominants ; en résulte une guerre des classes, ou des nuances d’une même grande classe, car l’Humanité entière est prolétarisée (et colonisée) ; tout discours d’émancipation devient inaudible – il ne reste qu’à collaborer au degré le plus raisonnable et supportable possible (les limites de certains, déclassement relativement plus douloureux aidant, tendent à s’évanouir ; l’amertume, le laisser-aller et l’exhibitionnisme gagnent la jeunesse). J’ai rarement vu un film s’éviter à ce point toutes facilités : l’intrigue cœur mute régulièrement, les acquis se dérobent (y compris les secondaires et positifs qui semblaient devoir simplement accompagner et soutenir le récit), puis surtout le rapprochement avec les extraterrestres tourne toujours à la déception ; cette science-fiction enchaîne les retours à la froide réalité. C’est probablement car il est si frustrant, difficile à présenter et facile à considérer obscur et décousu, que ce film a récolté un accueil si tiède ; mais c’est aussi ce genre de proposition, probablement brouillonne mais toujours stimulante et proche de l’inédit, qui peut faire des émules quelques années plus tard. 768-888. (82)

Yannick =+ (comédie) : Cette clownerie-là m’a fait rire et a fait l’objet d’un effort de cohérence et de volonté qui était timide sinon disparu dans les précédentes de Dupieux. Le personnage reste un abruti et la tendresse pour lui un désordre qui m’est étranger ; mais il est vrai qu’il nous sauve d’un vaudeville pourri et sa performance d’ahuri vaut mieux. 547-456. (58)

The pale blue eye =+ (suspense>intimisme) : J’ai été sensible à ce duo d’enquêteurs et leurs tragédies ; l’enthousiasme pour ce film ne doit se mesurer qu’à ça. Il y a encore moyen d’adhérer à l’enquête elle-même et d’aimer cette ambiance sombre. La réalisation est tiède, minimaliste au point de donner une impression de huis-clos sur une grande partie (et de budget cramé pour la distribution devant la levée de l’intrigue). Mais j’aime que ce film soit à ce point discriminant, laisse à l’état de détails tout ce qui n’aurait fait que meubler le suspense, privilégiant la quête elle-même, l’émotion et les relations ; même si ce manque d’envergure l’empêchera de marquer les mémoires – ce point, le personnage joué par Melling (qui est un Poe très ‘librement’ adapté) avec une signature unique s’en chargera. 757-677. (68)

Dream scenario + (suspense) : à revoir et critiquer. 777-889. (8ou9)

Saltburn =+ (suspense) : J’ai commencé par faire le deuil des deux heures à venir devant ces images de mélo gay-Chalamet et trouvé peu d’espoirs dans les débuts sur le campus. Mais Saltburn fait partie de cette minorité de film en constant progrès. La seule scène où le film s’égare soudain est cette échange absurde entre Nate châtré/Felix et Farleigh, tous deux costumés comme des évadé.e.s de Why women kill, pour une petite joute décadente mêlant ressentiment personnel et accusation opportuniste de racisme par une avaleuse soudain prise de scrupules et de conscience d’un au-delà de ses intérêts nombrilesques. J’espère que tout le monde aura bien compris que le méchant est ce petit Fareigh, ventre à terre pour reproduire avec mesquinerie les inégalités venues du fond des âges, de même que la célébration des ‘bons usages’ ; il est d’autant plus abject que sa position est fragile et sa légitimité inexistante. Au contraire, notre psycho-prolo est étranger à la haine et ne cherche jamais à troubler ou blesser gratuitement les autres ! Je dois reconnaître que ce romantique, dont les exploits au bain puis surtout post-enterrement m’ont ému et convaincu, à l’usure apparaît un peu pervers : quand il préfère danser à oualpé au lieu de profiter de sa MILF à mobilité réduite, je comprends qu’il n’est pas tout à fait net ! 678-577. (68+)

Oppenheimer =+ (drame) : On peut relativiser tant qu’on veut le génie ou le mérite (ou la légitimité à être numéro 1) de Nolan ; une fois encore il montre un savoir-faire supérieur. Aucune impatience de mon côté en pourtant trois heures finalement pas si remplies (au moins ‘quantitativement’) et certainement compressibles sans dommages. Mais encore une fois, j’en sort avec l’impression que l’essentiel pourrait s’envoler rapidement (ce qui m’est arrivé avec Dunkerque que je crains d’avoir sur-noté, pas car c’était un plaisir mais à cause de son ampleur et son efficacité), à l’exception de quelques scènes plus chargées émotionnellement et/ou avec une surprise. Mais contrairement à Tenet je sais déjà que des morceaux précis me resteront : les moments de tournis subjectivistes, ceux avec ses deux amantes, la petite blague du président Truman, puis généralement ces moments où Oppenheimer abdique et accepte de jouer son rôle – ou n’a plus qu’à le déguiser. 787-667. (68)

 

SDM 2023 : Novembre (2), Avril à Octobre (1). SDM 2022 : Novembre (4), Aout à Octobre (3), Juillet (2), Janvier et Mars (1). SDM 2021 : Décembre ou 3/3, Juillet ou 2/3, Juin ou 1/3 .

Mini 2023 : Décembre, Novembre, Octobre, (pas de Septembre), Aout, Juillet, Juin, Mai, Avr, Mar, Fev, Jan.

 

BILAN ANNEE 2023 – CINEMA

1 Jan

  1. Dream Scenario
  2. Killers of the flower moon (82)
  3. Sick of myself (78)
  4. Le garçon et le héron (78)
  5. Paysage à la main invisible
  6. Marcel le coquillage (avec ses chaussures) (72)
  7. Oppenheimer (68)
  8. Saltburn (68)
  9. The pale blue eye (68)
  10. Tar (62)
  11. Reality
  12. Yannick
  13. Dumb money (58)
  14. Beau is afraid (58)
  15. Misanthrope
  16. The Whale (52)
  17. [TV] South park : Joining the pandeverse (48)
  18. Bonne conduite (38)
  19. The fabelmans (38)
  20. Barbie (36)
  21. Aftersun

 

Moyenne des 21 films vus en 2023 : sur100

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SDM 2023-2 : novembre

5 Déc

Le garçon et le héron + (fantaisie>aventures Japon) : Une des ces fugues oniriques où on se rapproche d’un être perdu et se constitue une nostalgie imaginaire, comme d’autres se font un été merveilleux pour se meubler de souvenirs avant de grandir. La trame essentielle est ‘cousue de fils blancs’ car l’intérêt est dans l’exploration d’un monde parallèle et que si le protagoniste en prenait directement conscience, ce serait pour lui aussi un rêve éveillé. Pose la tension entre l’attirance pour les fantômes, les devoirs d’outre-tombe et la résolution d’entrer dans la vie. On trouve ici ce qu’on attend et espère de Miyazaki, tout en trouvant du neuf et ouvrant l’imaginaire – mais aussi en retrouvant des détails rappelant Chihiro ou Le roi et l’oiseau. 788-688. (78)

Sick of myself + (intimiste Suède) : voir la critique. 758-878. (78)

Bonne conduite – (comédie France) : Inquiétant au départ, potable globalement ; abordable et pas ennuyant, ce qui est essentiel dans ce registre. Direction d’acteur parfois grolandaise et pas pour le meilleur, mais avec des acteurs professionnels. Des gags très petits voire enfantins et une écriture au rabais, avec cynisme. Quelques détails drôles mais sans Ludig la faiblesse de la comédie devenait gênante, alors que le style de Calamet, merveilleux pour L’origine du mal, devient trop ‘décalé’ dans les moments les plus ouvertement bouffons. 356-234. (38)

 

SDM 2023 : Avril à Octobre (1). SDM 2022 : Novembre (4), Aout à Octobre (3), Juillet (2), Janvier et Mars (1). SDM 2021 : Décembre ou 3/3, Juillet ou 2/3, Juin ou 1/3 .

Mini 2023 : Novembre, Aout, Juillet, Juin, Mai, Avr, Mar, Fev, Jan.

 

SDM 2023-1 : avril à octobre

13 Nov

The Whale =- (intimisme) : Vu en avril. Se regarde comme les cachalots abdiquant tout effort de décence : avec curiosité voire sidération plutôt qu’émotion. De la cohérence au niveau des tares ou vices mais peu de consistance, certainement car le film se pose en complice de l’amour inconséquent de la sincérité de ce champion de la mise à distance de l’intégralité des problèmes qui peuvent se poser à lui. Le type est muré derrière une foule de dénis (comme accepter de voir l’ignominie de sa fille), son entourage est déplorable et incapable d’apporter une aide véritable : tout dans la moralisation inepte et la pommade affectueuse, jamais de contrainte visant des résultats au-delà de la soirée de la part de l’infirmière. Le final spirituel est une consécration de la fuite perpétuelle de ce type qu’on traite comme un monstre pathétique, alors qu’il est davantage un fou dangereux pour lui-même ; ce qui est bien montré en revanche, c’est que le combat est perdu. Passer le cap vers la comédie aurait été bénéfique pour tout le monde, la farce assumée aurait dissipée le petit parfum mesquin imbibant cette exhibition d’une bête de foire. 757-545. (52)

Tar =+ (drame) : Vu en mai. Voir la critique. 676-657. (62)

The fabelmans – (intimisme USA) : Vu en mai. Voir la critique. 477-343. (38)

Beau is afraid =+ (comédie) : Vu en juillet. Un peu bancal ce passage semi-animé mais admettons… oh mince c’est… tout un chapitre ! J’ai d’abord aimé ce quasi-cartoon psychanalytique et le film sait renouveler le divertissement jusqu’à réaliser, aux alentours du passage au théâtre justement, qu’il ne fait que bricoler sans laisser de chances à son protagoniste de devenir intéressant en-dehors de ses mésaventures. J’en suis sorti avec cette désagréable impression de ‘tout ça pour ça’ (il m’a même fallu parcourir des avis de spectateurs pour me rappeler de nombreux éléments dont les énormités finales dans la lignée d’Henenlotter) et celle d’avoir vu une collection d’épisodes traversée par le même ahuri pleurnichard ; c’est à se demander si Beau is afraid ne devait pas être une mini-série ou n’est pas qu’une collection de courts-métrages reliés en urgence alors qu’une courte fenêtre d’opportunité s’ouvrait.

Pour autant, j’ai rarement vu un film aussi juste sur le thème de la culpabilité et aussi frontal quant à sa source (après y avoir été de façon détournée pendant au moins deux heures) : si ce type est un phobique et un inapte, il le doit à sa génitrice ; cette créature est la synthèse de ce qu’elle a voulu, ajustée par son impatience. Et puis elle ne fait que rejoindre la longue liste des individus probablement préservés d’un bonheur trop complet par une sage loi supérieure et invisible : elle était une entrepreneure géniale, elle ne pouvait pas aussi réussir son fils !

Dans le registre de la fuite en avant inventive avec un héros malmené par l’ensemble de la réalité, je préfère de loin Black book ou L’antre de la folie. 588-566. (58)

Barbie – (fantaisie>comédie USA) : Vu en octobre. Voir la critique. 576-333. (36) 

[Moyen-métrage] South Park : Joining the pandeverse =- (comédie USA) : Vu en octobre. Restera comme un des épisodes les plus ennuyeux et mal bâtis de South Park, générant approximativement aucun rire franc ce qui doit être une première (ou ne concerner qu’un nombre infime d’épisodes atypiques, comme celui avec Butters dans les Caraïbes). La conclusion est incroyablement bâclée, alors que celle du précédent ‘épisode allongé’ (Streaming Wars) était jubilatoire. Seule l’ultime scène est un peu agréable et marquante : une demi-minute de véritable fantaisie vs une quarantaine de minutes à barboter dans les mêmes démonstrations simplistes sans savoir quoi faire de son intrigue principale, ni de ces personnages parallèles (qui ne sont que pénibles). Le retournement en faveur des compétences manuelles est bien vu mais c’est la seule ‘idée’ finalement digne d’être exploitée, ce que les auteurs ont compris… ce qui laisse dubitatif concernant l’existence de cet épisode, davantage utile à se payer Disney et railler les milliardaires mégalos de l’époque qu’à nous offrir de nouveaux exploits de Cartman ou Randy… du moins des exploits dignes de ce nom. Il est temps d’arrêter cette série qui historiquement doit être encore la plus drôle. 465-555. (48)

 

 

SDM 2022 : Novembre (4), Aout à Octobre (3), Juillet (2), Janvier et Mars (1)

Mini 2022 : Décembre, Novembre, Octobre, Septembre, Aout, Juillet, Juin, Mai, Avril, Mars, Février, Janvier

SDM 2021 : Décembre ou 3/3, Juillet ou 2/3, Juin ou 1/3

 

 

SDM 2022 (5-Décembre)

16 Avr

Les notes au détail (EFI-PTS) : l’Écriture, la Forme, l’Intensité (ou l’impact) ; la Perspective (ou pertinence), le Style, la Sympathie.

Les huit catégories de genre : Intimisme (empathie et personnages), Drame (lourdeur et extériorité), Fantaisie (évasion et imagination), Épouvante (effroi et agression), Suspense (intrigue et investigation), Action (aventures et divertissement), Comédie (humour et situations) & Alternatif (non-fiction et expérimental).

Hellraiser (épouvante) : critique à venir. (7ou8)

La nuit du 12 – (suspense) : Ciné simplets. La bande-annonce était sidérante de fausseté et tant de sérieux maladroit et lourd de la part du réal de Seules les bêtes me semblait anormal. Mais le film est effectivement un pensum grossier avec une galerie d’hommes toxiques qui sont tous un peu le tueur de cette jeune fille. Les acteurs font pitié car ils donnent une contenance à ce qui n’a aucun sens. La juge est sidérante et si ce genre d’attitude ‘positive et constructive’ fausse et imbécile est crédible (surtout venant d’un de ces individus dont on sent l’inanité dans un rôle d’autorité), montrer un personnage féminin à la contribution si mauvaise est étrange de la part d’un film chargeant les hommes. Si le film ne recevait pas de si bons avis je me demanderais encore pourquoi certains ont senti le besoin de le faire exister. Apparemment un bon casting et une grosse déférence à l’agenda idéologique féministe suffisent à galvaniser quelques foules. 363-253. (26)

Peter von Kant – (intimisme) : voir la critique. 245-234. (32) 

Pearl + (drame) : Sur la douleur (et la rage) d’être et se savoir de peu de valeur, sentir l’urgence de saisir les rares opportunités sous peine de se désintégrer – mais sous le filtre exubérant d’une fille de ferme psychotique poursuivant des illusions narcissiques. Le développement de son état et du scénario sont prévisibles, le film doit beaucoup à l’interprète (Mia Goth) – atout trop bien compris par le réalisateur qui pousse la démonstration aux portes du lourdingue (le sourire fixe en générique de fin) et du mauvais goût (la danse avec un décors de tranchée en carton-pâte). L’autre puissance originale de Pearl est son style, avec sa photo saturée, son cadrage de comédie musicale légèrement euphorique des années 1940-50 malmené par des émotions toxiques d’envie et de frustration. La mère souhaite mutualiser son propre fardaud – elle serait une caricature parfaite [de film à moralité légère ou victimaire – en plus elle pleure ses camarades allemands !], si elle ne faisait part de sa propre souffrance et surtout si le film n’en venait pas… à lui donner raison (bien que son attitude n’ait pu qu’encourager les fixations de sa fille et les contenir que maladroitement). Sortie simultanée avec X, avec lequel il partage des personnages, thèmes et décors en commun avec deux générations de différence. Adopte un focus individuel et tourmenté alors que X fait dans la comédie et le grotesque. 678-687. (76)

Barbare =- (épouvante) : Démarre tout en mystère et dignité puis se dégrade en farce, avec quelques facilités et invraisemblances. Contient un connard de compétition. 466-365. (52)

Pinocchio =+ (fantaisie) : Confirmation après Nightmare Alley que le cinéma de Guillermo Del Toro devient enfin pleinement satisfaisant et complet grâce à une bonne écriture au sens large : histoire, thèmes, personnages. Le deuxième élément est assez ordinaire et répétitif, avec des couplets sentimentaux, anti-autorité et anti-militariste, mais donne aussi dans la variation heureuse de Frankenstein. Superbe animation, belle dans une moindre mesure car les passages dans l’au-delà brisent la moyenne ; la version de 2020 était moins flamboyante et peut-être moins gracieuse, mais j’ai été plus sensible à son réalisme décalé. Les personnages sont réussis, malheureusement les méchants fascistes sont mono-traits donc assez vains au-delà de la fonction de repoussoirs ou punching-ball. Bande-son un peu trop Candy crush. 687-677. (68)

Mort sur le Nil + (suspense) : Excellente surprise pour moi qui aime beaucoup la version de 1979 (et aussi Meurtre au soleil). Bonne intro sur le champ de bataille et à l’infirmerie où la femme a la meilleure réaction possible, aidante et pragmatique sans être sale. La dégradation immédiatement après (la danse ‘tam-tam’ en public) restera un morceau isolé. Des soupçons de wokisme ridicule, mais on est dans l’extrême fourchette basse venant d’un blockbuster. C’est d’ailleurs une contribution paradoxale car aseptisée ; le film choisit l’ineptie la plus commode et rassembleuse, refait l’Histoire plutôt qu’il la ‘déconstruit’. Concernant l’intrigue, il vend la mèche en mettant trop d’emphase sur le duo de tueurs, perdu de vue dans la seconde moitié où s’enchaînent les meurtres. Le suspense est donc un peu fragile contrairement à l’approche sentimentale, la qualité vient surtout des personnages et du casting. La scène où Poirot se met à courir est positivement surprenante : à événement exceptionnel, réaction exceptionnelle. Elle est moquée par les mêmes puristes qui s’effaroucheront de l’absence d’audace de ce remake inutile : on fera semblant de découvrir un pont entre les anti-conformistes puérils et les gardiens du temple. La réplique « Le caviar me manque, mes employés encore plus » est grotesque : et alors ? Elle est parfaitement cohérente, mais peut-être faut-il qu’en tant que nantie elle sorte un truc ouvertement dégueulasse afin de bien se signaler et ne laisser aucun doute pour prononcer sa condamnation ? 778-678. (72)

Firestarter =- (fantaisie) : Très différent du premier (que je sur-note), donne l’impression d’avancer dans le brouillard (on ne revoit jamais le vieux créateur). Gros manque d’intensité et ‘trop écrit’. Émotionnellement trop pleurnichard, héroïne peu crédible dans la colère. La richesse du premier venait surtout des personnages et ici ils sont à la fois mal conçus et mal voulus : le revirement de l’indien est aberrant alors qu’il était déjà un écho infamant au rôle de G.Scott. Le couple de vieux campagnards, des gens fiables sur lesquels nos héros en fuite pouvaient se reposer, cède la place à un ronchon sous-doué avec sa femme immobilisée depuis trente ans. On marche dans le vide au royaume de la stupidité et du misérabilisme, avec une once de style (et la musique de Carpenter), un gap [favorable] entre la tenue du rythme et la faiblesse de fond (peut-être imputable au roman car le premier était fort malgré ce découpage bizarre de l’histoire – avec une autre mise en scène et direction d’acteurs sa part de ‘mou’ aurait tout dévoré). Finalement le moralisme doucereux constant de papa envers la fille sert surtout le film, car il justifie la rétention de son pouvoir même quand elle est acculée – mais elle l’utilisera pour le climax et lors de quelques débordements où elle se fait peur. Plus absurde que tragique, l’équilibre craque lors d’une séquence insensée avec les flics et le sniper. Pour liquider les individus à problème l’organisation secrète et les forces de l’ordre sont excellentes, pour mener à bien la mission c’est une catastrophe ; la façon dont la gamine circule dans le QG n’a aucun sens, hormis nous fournir une séquence bien kitsch de couloirs froids mordorés et violacés où la grande méchante malgré elle tente de corrompre notre héroïne tout en la brisant. 455-254. (42)

Ambulance =+ (action) : Excellent dans son registre. La VF amplifie le côté beauf et bigger-than-life, surtout au départ avec les voix de loubards et Nitro le chien. Gyllenhaal a de fameux restes de son psychopathe de Night call. Une jolie scène érotico-gore digne des Crimes du futur (où le côté érotique n’était pas communicatif). Quelques trucs douteux voire éclatés (repeindre l’ambulance pour passer inaperçu ? Sans repeindre celles en couverture ?) et des flics pas très ‘instinctifs’ aux abords de la banque. 377-367. (64)

Un talent en or massif =- (comédie) : Poussées hystériques et inconsistances (les agents secrets sont lamentables). Ne sait pas quand s’arrêter et la farce meta ne dilue pas complètement l’impression d’assister à une série B bâclée mais sous stéroïdes grâce à sa star. Ce dispositif ne donne qu’une sorte de plaisir coupable avec Cage de plus ; hormis son scénario, pas de quoi se démarquer, or ce scénar est très faible en-dehors des lignes principales utiles aux rebondissements. 365-334. (38)

Terrifier 2 – (épouvante) : Le premier Terrifier était quasi mutique, tenait la tension constante sinon allait droit au but, quasi toujours dans les griffes du tueur. À cette bisserie sauvage (qui visait bas avec appétit) succède une bisserie sucrée toute en remplissage (qui vise le sous-sol avec mollesse). Nous subissons une heure de présentation puis (le sommet gore puis) encore une demi-heure bavarde avant que le film démarre. Finalement les trente minutes à la fête foraine sont tellement médiocres… Oui Terrifier 2 vous donnera quelques scènes extrêmes, mais entre elles c’est l’ennui. Et puis, 2h20 pour ça ? Mais les Vendredi 13 et les Freddy les plus foireux avaient la décence de durer 1h30 ! Aucun effort ne soutient la ré-orientation teen et marvelo-retardée ; que dire du ressort ‘Ils t’ont appelée car tu es la seule capable de les arrêter’… Évitez de tartiner un long scénario s’il y a si peu à mettre dedans et qu’avec ce si peu l’auto-contradiction arrive déjà. On fait fructifier le surnaturel planté à la fin du premier, lequel manifestement va permettre de boucler n’importe comment quand n’importe quoi aura été accumulé : saga en vue et elle se donne des garanties pour être des plus minables. 243-132. (22)

Top Gun Maverick =- (action) : Davantage un film sentimental rappelant les westerns lénifiants de la prétendue ‘grande époque’ que du cinéma d’action. Toutes ces scènes de troupes finissent par donner envie de dégueuler tant c’est artificiel et enfantin même quand ça se veut gras. Tous ces dialogues clichés sont-ils nécessaires ? Cette façon de tourner autour de Connelly sans jamais aboutir alors que tout s’y prête a-t-elle le moindre sens ? Les scènes d’entraînement sont trop rares. Les clins-d’oeil au premier abondent (pourtant je ne l’ai jamais revu – ça doit être pour ça que je ne suis pas réceptif… sauf qu’il est de bon ton de dénigrer le premier tout en valorisant celui-ci). On devrait pouvoir parler de reboot pour être puriste, mais remake à ce stade n’est pas insensé tant l’obsession du décalque parsème la séance – parfois même en deux temps à peu d’intervalle (le retour en moto devant la maison de Jennifer). Le succès d’un film aussi pingre et lisse me laisse perplexe. 374-334. (36)

Shamshera – (drame Inde) : De l’épique raisonnablement lourdingue et grossier, proche des blockbuster américains. Très creux et rempli de trahisons. Sans surprise, j’en sort renforcé dans ma conviction que le secteur est à éviter. 365-323. (36)

Bullet train – (action) : Déluge de second degré lourdingue et de violence extrême. Je n’ai apprécié qu’à de rares exceptions comme la mort de ‘pétasse’ car avec ce personnage on tombait trop bas. 365-233. (28)

Glass Onion – une histoire à couteaux tirés =- (suspense) : Le renversement de la deuxième heure me semble un peu facile ; on nous montre peu de choses pertinentes, puis soudain on nous annonce que les deux intrus en savaient davantage et passe en revue leurs scènes de la première heure. Le suspense n’est pas forcément entamé, mais il est de basse qualité. 465-344. (42)

SDM 2022 : Novembre (4), Aout à Octobre (3), Juillet (2), Janvier et Mars (1)

Mini 2022 : Décembre, Novembre, Octobre, Septembre, Aout, Juillet, Juin, Mai, Avril, Mars, Février, Janvier

SDM 2021 : Décembre ou 3/3, Juillet ou 2/3, Juin ou 1/3