SDM 2020 (3 : Juillet – Aout)

3 Sep

Pas de SDM en Juin. Une moitié de films critiqués en Juillet, puis la même en Aout avec les derniers (diversement ignominieux).

  • Cancion Sin Nombre (drame – Pérou)
  • De Gaulle (historique/biopic – France)
  • Color Out Of Space (épouvante/fantastique – USA) Lovecraft, Cage
  • The Vigil (épouvante/fantastique – USA)
  • Yokogao / L’infirmière (drame – Japon)
  • Greenland le dernier refuge (catastrophe – USA)

Cancion Sin Nombre ** (Pérou) : Un film avec de l’élégance et un peu d’inspiration pour l’articulation des émotions brutes, la présentation des contraintes et des impasses personnelles ; mais aussi un film sec, démuni comme sa galerie d’esseulés en dernière instance. On aura pas plus de visibilité qu’eux sur le dossier ou simplement les agents de l’autre côté. Le rythme est lent mais on évite la contemplation vide, beaucoup de scènes montrent les gens engourdis sans rallonger pour bien démontrer. De jolis passages à la limite de l’abstraction, quand Georgina est rendue au fond ou lessivée. La liaison du journaliste avec ce comédien (danseur ?) est largement inutile et sa nature semble au service de l’intégration du film sur le marché occidental, du moins celui des prescripteurs de bon goût (idéalement, d’opinion). (62)

Mr.Jones / L’ombre de Staline *** (USA) : voir la critique. (72)

De Gaulle ** (France) : Film prudent et complètement futile, donnant une forte visibilité à l’existence de la fille handicapée mongolienne. Inspirations pauvres avec quelques plans ‘puissants’ grâce à l’environnement (l’accès au bateau, passages en bord de mer). Forcément nous récoltons un De Gaulle un peu ‘droits de l’hommiste’ et une lecture inclusive de l’Histoire : les forces de l’Empire sont citées plusieurs fois – mais si on s’en tient au film, on ne sait rien de leur application. Néanmoins on est loin des horreurs imaginables de la part d’un tel biopic dans un tel contexte ; il veut passer pour équilibré et surtout ne fâcher personne. Les interprètes sont irréprochables, spécialement le couple Charles/Yvonne, mais on apprécie leurs jeux que poliment ; ils pourraient mettre toute l’intensité ou la belle dignité qu’ils voudraient, l’écriture et la mise en scène ne suivent pas, rien ne saurait décoller – ce serait gênant d’être vivant ou partial, odieux voire révisionniste ! Beaucoup de belles postures et de déclamations nobles (peu ampoulées), mais le passage à l’acte pas évoqué ; naturellement on a droit au passage radio en conclusion – en omettant l’anecdote de l’enregistrement raté – faudrait pas casser l’effet ; pourtant ce n’est pas avec une approche si tiède qu’on dope une légende ; au mieux on l’entretient pour des publics et citoyens endormis. (46)

Jumbo **** (Belgique) : voir la critique. (78)

La Plateforme *** (Espagne) : voir la critique. (68)

Color out of Space *** (USA) : Les personnages et leur mode de vie attirent la sympathie ; l’ambiance est assurée, techniquement c’est très bon, visuellement ça va loin – avec un peu d’inédit et beaucoup d’inspiration auprès de The Thing et dans une moindre (et incertaine) mesure de Society, puis de très jolis moments dans la phase apocalyptique (avec même une échappée vers une sorte de paradis à la Berserk III). Mais pour les puristes de Lovecraft c’est à proscrire absolument ; j’étais déjà circonspect devant cette fin d’une lourdeur suspecte, devant cette fille et l’induction d’une relation avec cet espèce de ‘héros’ du dehors – ces détails ajoutés aux considérables libertés prises avec l’œuvre originelle risquent de faire exploser l’aigreur et l’impatience d’un ‘vrai’ lovecraftien.

Comme le film précédent et contrairement à l’ensemble des films 2020 vus jusqu’ici, je l’ai vu sur un petit écran et il n’a pas été diffusé en salles en France. Contrairement à La plateforme (qui n’est sorti en salles principalement que dans son pays d’origine et s’est propagé grâce au rachat Netflix et à sa ‘chance’ d’être rendu accessible en début de confinement), Color Out of Space a eu droit à des projections en festival et, à l’international, à des sorties limitées. (64)

The Vigil * (USA) : On y va car il implique le judaïsme, ça restera son originalité ; hormis le manque de vulgarité flagrante, c’est à peine compétitif par rapport à Countdown, simplement plus précieux. Ce film d’horreur tambourine son ambition pour ‘mieux’ nous délivrer un résultat médiocre et des plus triviaux – dès qu’on est peu envoûté par ses mystères, qu’il met pourtant tellement d’efforts à gonfler. Rien ne semble autorisé à décoller et l’écriture ne fait que se crasher – c’est raccord avec l’attitude de ce mec fait exclusivement de peur, d’impuissance et de culpabilité, imprégnant chaque scène de sa stérilité en-dehors des outrances typiques marquées Blumhouse. Les perches tendues par mamie ne servent donc à rien et le démon pourrait être n’importe lequel – même si on peut saluer l’emphase à l’égard de ses manifestations. Les interprètes et certaines séquences (les plus rudes et inscrites dans le registre fantastique) relèvent le niveau, la scène enflammée (relayée dans la promo) est même potentiellement marquante au moins esthétiquement (même si le passage des murs mouvants sonne radicalement cheap et est emblématique de la vacuité et de la fausse créativité générale). La faiblesse et la lose systématique ennuient puis détournent carrément ; son trauma filmé comme un épisode de série policière [respectable mais datée] d’il y a quinze ans avec la résolution d’époque n’est qu’ennuyeux. Vu dans une salle parsemée dans l’absolu mais bien remplie dans les circonstances ; public jeune avec peu d’égards pour le film au début ; difficile de leur en vouloir. (42) 

Suggestions… The Visit + La nonne.

Yokogao / L’infirmière ** (Japon) : Beaucoup plus ennuyant que la moyenne, assez superficiel dans son écriture et tiède dans son approche, sauvé par la présence de cette MILF et sa témérité sur le (seul) plan émotionnel. Il invite à se frotter à la solitude d’une personne dégradée, à sa honte dont on admet la légitimité sans trop savoir à quel point elle est appropriée – peut-être que cet affichage n’est que préventif, peut-être même que cette femme n’est que traversée d’instincts embarrassants et, pourquoi pas, de fantaisies qui accomplies la ferait basculer dans l’illégalité ; mais tout ça n’est rien d’incroyablement déviant (pas plus qu’être envahi par le désir d’éteindre quelqu’un). Dommage que pour y arriver le film soit à ce point indirect, surtout qu’il n’a pas grand chose à dire et que son scénario est pour le moins minimaliste sans ces effets (tellement lourds qu’à un moment au zoo on en vient à douter de cette orchestration – comme lorsqu’un ‘simplet’ ou un ‘professionnel’ a bavé trop longtemps pour mieux se défiler tout en paraissant sérieux). Petit coté Haneke (avec un passage en voiture à la station-service). On reconnaît la patte du réal d’Harmonium, son attention alléchée et sans jugements à la cruauté, aux impulsions accablantes et aux fatalités gouvernant les autres ; ainsi que ce côté un peu creux ou plus précisément, non épanoui. Peut-être un futur Lars von Trier sur le terrain des sentiments ? (56)

Greenland le dernier refuge *** (USA) : Est ce qu’il promet, en un peu plus sensible et étoffé. Les personnages sont inégaux et le duo particulièrement aimable ; ce n’était donc pas la peine de sombrer dans la niaiserie avec ce sermon lors du passage chez Papy. Les dix premières minutes sont elles aussi dissuasives, heureusement le film se corrige immédiatement. Il est occupé par les exigences de l’époque (deux anges gardiens black en chemin) sans en être plombé. La représentation des humains est équilibrée, peu de cruauté gratuite, pas de pessimisme exubérant. De loin la nouveauté la plus beauf vue ce mois d’Aout et de loin la sortie que j’ai préféré ; je crois définitivement que le branlage auteurisant et les mystères vaseux imprégnant le cinéma ces temps-ci ne lui font pas de bien. (66)

Light of my life * (USA) : voir la critique. (34)

The Hunt ** (USA) : voir la critique. (32) 

Swallow ** (USA) : voir la critique. Celui-ci et le précédent ont été vu hors-salles. (52)

SDM 2020 : 1) Janvier, 2) Février – Mai, 4) Septembre – Octobre.

SDM 2019. (retour en tant que mini-critiques, fin absolue des critiques systématiques)

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