THE CANYONS =+

14 Jan

Sorti en salles mais surtout en VOD à partir du 5 août 2013, The Canyons ne sera à l’affiche que le 19 mars en France (naturellement les plus pressés auront déjà pu le voir). Très attendu, ce thriller érotique a franchement déçu spectateurs et critiques, qui y ont néanmoins trouvé beaucoup à redire voir à sauver, la performance de Lindsay Lohan en particulier.

Au programme, le quotidien de cinq jeunes adultes en quête de pouvoir, de succès, de satisfactions et pour certains de reconnaissance. Au-delà de Lohan, le casting est sulfureux, avec notamment la star du porno James Deen, mais aussi le cinéaste Gus Van Sant apparaissant dans le rôle d’un psy. Le film est réalisé par Paul Shrader, scénariste de Taxi Driver et La Dernière Tentation du Christ, auteur de Auto Focus ; et plus notable encore, il marque le passage de l’écrivain Breat Easton Ellis au cinéma, en tant que scénariste. Tout le monde est fin prêt pour mettre en scène la décadence sensuelle des happy few.

Toute la séance baigne dans le luxe ; la débauche et l’opulence, contrariées par une angoisse sourde. Une décomposition est à l’œuvre, elle ne concerne pas le statut ni la richesse de ces personnages, mais bien leur désintégration dans ces grands espaces où ils sont des maîtres sans sujets, jouisseurs arrogants aux ancrages superficiels. The Canyons exhibe la fatigue psychique et morale engendrée par le piège d’un confort matériel où on ne trouve de perspective que dans le sexe et le repli.

Ainsi après 80 minutes de soap chic & choc où l’excès de coke, de sexe, en bref de vie facile et frivole, débouche sur l’horreur à force d’avoir plongé dans le vide. Pas un happening meurtrier, juste une petite secousse, sèche et définitive. Puis il faudra relancer la machine. Et ça s’en tient là (dénouement pataud et kitsch). Le spectacle est franchement agréable, servi par une direction artistique de haut vol (la photo de John DeFazio), mais Shrader et son équipe sont piégés par leur sujet. The Canyons est un peu comme ses protagonistes, surjouant la noirceur ou l’intensité alors qu’il est résigné et sans contenu. Dans un tel cas de figure, on se fait plaisir, on joue avec le feu, écrasés par la fatalité de toutes façons. The Canyons raconte bien ceci, ce manège de morts-vivants tirant parti de l’existence.

Note globale 61

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3 Réponses to “THE CANYONS =+”

  1. Voracinéphile mars 11, 2014 à 13:53 #

    J’ai apprécié gentiment moi aussi… Dans ce genre de film, Paul Schrader prend définitivement un prétexte d’histoire pour mettre en scène ses personnages, suivre leur évolution et le contexte sur lequel ils s’appuient. J’aime ce côté portrait social, et la sur-utilisation des nouvelles technologies est plutôt bien exploitée dans ce film (alors que je suis certain que ça va être une chose qu’on lui reprochera lors de sa sortie, ce point là sera taxé de « ringard »). Après, ça ne va pas très loin, et on aura attendu longtemps qu’il se passe quelque chose de vraiment important.
    J’espère en tout cas que Ellis et Schrader vont continuer à bosser ensemble, leurs univers concordent. On évite le cafouillage ici (c’était simplement pour se mettre en phase), vivement un nouveau projet.

    • zogarok mars 11, 2014 à 23:18 #

      Il ne semble pas y avoir de projet de ce genre malheureusement. Il faudrait en tout cas ajouter quelque chose, du désir et un sens du défi chez ces personnages vains et fiers de l’être.

  2. Voracinéphile mars 12, 2014 à 16:17 #

    Un scénario qui tire les enjeux un peu plus haut que se tirer simplement dans les pattes, aussi. Pas forcément besoin de beaucoup plus de violence, mais il faudrait trouver une histoire un peu plus ciblée. Il faudrait peut être que Schrader adapte officiellement une oeuvre de Ellis (moins que zéro, par exemple, ou Glamorama).

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