DREDD & JUDGE DREDD +

25 Nov

Les deux versions de Dredd au cinéma. Deux parties de plaisir.

JUDGE DREDD ***

3sur5  Le Judge Dredd est un personnage de comics paraissant dans le magazine spécialisé 2000 AD, pour lequel ont travaillé de nombreux auteurs importants comme Chris Cunningham ou Alan Moore. Il a même eu sa propre revue, Judge Dredd Magazine, dès 1980. En 1995, un film est adapté du comic book, avec Sylvester Stallone dans le rôle phare.

Il y a un grand malentendu autour de ce Judge Dredd. C’est un film d’action kitsch des nineties, situé dans un futur pittoresque illustré à grands renforts d’effets spéciaux et de moyens conséquents. Les railleries à son égard se justifient par le scénario cousu de fils blancs et la relative bêtise du spectacle. Or Judge Dredd a ses amoureux et demeure vingt ans après un spectacle enthousiasmant. C’est peut-être un blockbuster nanar mais en aucun cas un produit médiocre et banal.

On y trouve les résidus de second degré crétin du blockbuster cool (le porte-voix en est le petit malfrat bête mais gentil mis sur les pas du Judge) ; cependant c’est tous les traits d’humour en marge de ceux-là qui réussissent et donnent au film sa marque. Judge Dredd flirte toujours avec la pastiche, voir la parodie. Le Judge Dredd est une caricature grotesque d’un défenseur de la loi et l’ordre, accumulant les saillies miraculeuses (« cette pièce est désormais pacifiée »). On se régale du décalage entre son esprit de sérieux et une perception équilibrée et normale. Malheureusement, les petits numéros de Batlhazar Getty apportent un pâle complément à Stallone et il en devient l’élément parasite du film, son running gag foireux cassant l’ambiance.

Concernant le second malentendu, plus profond, facile à entretenir lui aussi mais surtout témoin d’une grande mauvaise foi ; Judge Dredd n’est pas du tout une apologie fasciste, une éloge de la coercition ou de quoi que ce soit dans ce registre. Le légalisme absurde de Dredd est justement désigné comme la source et le symptôme final de son dysfonctionnement. Judge Dredd n’a rien à voir non plus avec un Robocop, mais pourrait en revanche être comparé à son remake ; sur le seul plan des réjouissances, il le dépasse, notamment car il a le charme et les couleurs flashy en plus.

Note globale 67

Page IMDB  + Zoga sur SC

Suggestions… Total Recall

DREDD ****

4sur5  Seconde adaptation du Judge Dredd au cinéma, celle-ci balaie la précédente, bien que n’ayant pas eu le droit aux honneurs de la sortie en salles dans plusieurs pays, dont la France. Réalisé par Pete Travis (Angles d’attaque), Dredd s’éparpille moins que son prédécesseur et aborde le personnage avec sérieux et simplicité. Nous suivons le Juge dans son travail de routine puis dans une mission périlleuse et inattendue. Il est cette fois secondé par une jeune recrue (et non un doopleganger  »rigolo »).

Ce traitement frontal et réaliste (dans la mesure où il relève de la SF) rapproche Dredd de Tropa de Elite, l’incursion de José Padilha dans la jungle urbaine brésilienne. L’autre référence notable est Raid Redemption. Comme dans ce film d’action radical, les forces de l’ordre doivent gravir les étages d’un immeuble pour atteindre un réseau de hors-la-loi.

Et comme celui-ci, Dredd est un classique instantané. Visuellement proche de la perfection et très audacieux, il introduit des scènes de combats corsées et aériennes, des ralentis lyriques et une ambiance redoutable. Le narcotique slo-mo et ses propriétés sont une invention géniale, mise à profit avec style et intelligence. Par ailleurs le Juge ici est plus subtil que celui campé par Stallone, troquant le grotesque pour la vraisemblance, même s’il en résulte un certain effacement derrière sa moue catatonique.

De minimes fautes de goûts et grossièretés d’écriture traînent, mais n’entament pas le pouvoir d’immersion bien qu’elles soient toujours relevées sur le moment. Il s’agit d’un premier ralenti, déjà superbe mais auquel se greffe un effet daté curieux dans le contexte (« le juuuuge est à nooos trouuUUUUusses ») et surtout quelques niaiseries (« le chômage atteint 96% dans cette zone ») que la première adaptation elle-même n’aurait pas osé. De toutes petites choses qui sont de telles impuretés dans un programme si brillant. On en retiendra également la BO de Paul Leonard-Morgan, incluant également des morceaux de Vitalic et Matt Berry.

Note globale 79

Page IMDB  + Zoga sur SC

Suggestions… District 9 + Pacific Rim + Looper + L’Age de Cristal

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