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PIELES (Casanova) =+

18 Juin

Après huit-courts métrages exaltant la difformité, Eduardo Casanova passe au niveau supérieur avec Pieles (ou Skins – lancé le 1er avril 2017 sur Netflix, passé en festivals depuis février, sorti en Espagne le 9 juin). Ce créateur espagnol s’est d’abord fait connaître nationalement grâce à son rôle dans la sitcom Aida ; il s’est ensuite affirmé en héritier de John Waters (le dresseur de Divine, qui en a fait une desesperate housewive dans Polyester). Pieles est un nouvel hommage à ‘la beauté cachée des laids’, à condition qu’ils soient des monstres. Son style graphique en atteste – rococo moche mais ‘léché’.

Le bestiaire à l’ordre du jour n’est pas tout à fait neuf, l’abomination principale étant déjà l’héroïne d’Eat my shit – petit film repris dans celui-ci, sans sa fin scato. Son affection rappelle le syndrome de polarité torsonique mis en avant dans l’un des plus potaches des South Park. Les autres sont moins invraisemblables, même lorsqu’ils sont grotesques et spectaculaires, comme peut l’être la neurofibromatose ou le syndrome de Protée (pathologie dont souffrait Joseph Merrick, le modèle d’Elephant Man). La fille sans yeux fait exception, mais a aussi une longueur d’avance sur ses camarades pour se faire aimer (défi et rêverie fondamentale de ces freaks) ; le reste de son corps étant ‘parfait’, avec en bonus un caractère enlaidi au minimum sinon pas du tout par l’aigreur et le désespoir. Sa malformation existe pourtant elle aussi dans le monde réel, c’est l’anophtalmie. S’il faut nourrir les fantasmes des pervers c’est avec cette recrue que Casanova touchera le plus facilement au but, ironiquement avec le minimum de dégueulasserie ou d’indélicatesse – quant à Jon Kortajanera, mannequin et égérie de Tom Ford (apparu dans A Single Man), il n’est pas reconnaissable sous son maquillage de grand brûlé, mais à certains cela pourrait suffire.

Les difformes pourront se sentir offensés mais ils ont aussi trouvé un ami, déclaratif au moins, passionné voire obsédé vu l’ensemble de ses productions (films, images, bibelots). Comme à son habitude Casanova est provocateur, se réjouit des anormalités, déviances, raffole de situations intenables (sexualité hideuse et parfois insolite – ou perversions plus (le père de Christian) ou moins rebattues, quoiqu’en évitant le catalogue) ; aujourd’hui il laisse aussi aller l’envers moins sombre et furieux de son émotivité, magnifie les créatures, semble prêt à venir à leur chevet pour les consoler (les moments d’emphase et de pitié sont plus éloquents avec la fille aux diamants et l’anus parlant). Le goût pour le malaise renvoie à beaucoup de films plus posés et cru(el)s (comme les Paradis d’Ulrich Seidl), sans que Pieles soit mesquin avec ses sujets. À l’opposé de ces boucheries naturalistes et misanthropes, Pieles embrasse l’aberrant, se revendique extravagant – tout en gardant une séparation totale.

Sa fantaisie croise rarement celles des personnages – sauf dans le cas de Christian, l’accidenté volontaire (victime consentante de dysmorphophobie) dans lequel se projette probablement le réalisateur. Les outrances et la radicalité esthétique suffisent à rendre la séance percutante jusqu’au-bout ; heureusement car le spectacle est très décousu – c’est souvent par là que les initiatives loufoques pêchent et amènent à lâcher, mais cette fois le scénario est carrément bâclé. C’est à un assemblage d’exploits finis plutôt qu’à une construction spéciale qu’il faut s’attendre. Vient l’impression d’assister à du Solondz ‘Barbie’ dévoré par l’envie et l’intérêt sincère, sans avoir trop conscience de ce qu’il manipule. La profondeur demanderait plus de temps, les traces de sensibilité restent – et certaines images poursuivent un peu, pour les raisons primaires (balancées à l’affiche) mais aussi, peut-être, à cause de ces éclats sentimentaux atténuant les miasmes cyniques. Cet essai déjanté vaut évidemment le double d’un Feed.

Note globale 56

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Suggestions…

Scénario/Écriture (1), Casting/Personnages (3), Dialogues (3), Son/Musique-BO (3), Esthétique/Mise en scène (2), Visuel/Photo-technique (3), Originalité (4), Ambition (3), Audace (4), Discours/Morale (-), Intensité/Implication (2), Pertinence/Cohérence (2)

Note arrondie de 55 à 56 suite à la mise à jour générale des notes.

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TETSUO ++

1 Fév

C’est une expérience (totale) de cinéma total. Ses spectateurs en sortent invariablement abasourdis. Pour ceux qui se seront laissés bercer jusqu’au-bout, la séance s’achève sur une sensation de tournis lancinante teintée d’une douce euphorie, mais surtout de la perplexité la plus profonde. Et la plus stimulante qui soit pour tout cinéphage de l’extrême. Commençons par ce repère immuable ; quel est le pitsch ? Nous observons un homme s’ouvrir la jambe pour y incruster une tige filetée. Pris de panique devant les conséquences de son geste, il fuit et est percuté par un automobiliste. Bientôt, ce dernier voit une pointe de métal lui sortir de la joue. Poursuivi par un queer d’acier, il commence à se transformer en être mécanique.

L’idée de Tetsuo repose sur un grand thème du fantastique, la métamorphose. A la croisée du Videodrome de Lynch et de l’Eraserhead de Cronenberg (références ultimes du cinéma underground en particulier et du cinéma en général), Tetsuo est le grand film fétichiste que le mouvement cyberpunk attendait. Tsukamoto y met en scène l’acier prenant l’ascendant pour la chaire, pour constituer le corps de l’homme post-moderne. Si le principe d’une humanité broyée par la machine est parfaitement valide dans un Japon obsédé par l’industrialisation, Tsukamoto ne s’astreint pas à reproduire la rhétorique de base de la culture cyberpunk, sublimant ses thématiques en mêlant la sensualité à la technologie. Le cinéaste empiète sur la vie fantasmatique de son héros bureaucrate, laquelle nourrit sa nouvelle chaire en même temps que son poursuivant métallique, avatar d’un monde apocalyptique.

Il ne faut pas y voir une critique ou une condamnation de l’état du monde contemporain. Tetsuo n’est pas, contrairement au cinéma de Cronenberg, le lieu de toutes les névroses ; la mécanisation de l’Homme y est envisagée comme une libération, quoiqu’elle soit opérée dans la douleur et suscite les craintes de son sujet. Parfait film destroy, Tetsuo montre l’épanouissement d’un Homme par la destruction de Soi, comme si l’automutilation lui permettait d’accoucher de son identité, de se réapproprier le dessein de ses rêves.

Il y a une hargne profonde dans cet opéra SM survolté. Comme si après s’être infligé de multiples douleurs, après avoir passé un rite (accomplissant par là un pas décisif vers le futur), le Monde devenait accessible et prêt à subir les aspirations du Monstre. Dans Tetsuo, le héros flirte avec ses pulsions les plus sauvages et inadaptées pour en extraire une rage de vivre qu’à terme rien ne peut freiner. Shinya Tsukamoto met en scène une souffrance cosmique que rien ne vient nuancer ; l’organique artificiel est le fruit d’une fusion exaltante et exaltée. C’est un véritable épanouissement  »mécanique » : d’ailleurs, alors que le début est funèbre, la fin est euphorique.

Ainsi, le film ne rejoint pas l’idée  »d’aliénation » de l’homme par la technologie et la sur-industrialiste. Loin pour autant de tenir un discours quelconque, c’est néanmoins une oeuvre progressiste dans le sens ou elle accueille la modernité et la désirant tout en y projetant ses haines et ses impulsions. Tsukamoto confère à son personnage l’état de surhomme ; c’est un être au-delà du vivant et de l’inerte. Il est engendré au milieu d’un monde neurasthénique ; il n’y a pas de figurants dans Tetsuo, les rues sont vides, abandonnées aux transformation à l’oeuvre sans autre regard que celui du Monstre lui-même. De cette manière Tsukamoto exclut toute prise de distance avec l’action et le phénomène en marche. C’est toute la démarche du réalisateur, fonçant sans s’interroger. On ne se privera pas d’en déduire que le génie ne se calcule pas. Il dresse ainsi le culte de son hybride entre l’homme et la machine, paroxysme de  »la nouvelle chaire » prônée dans Videodrome (dont Tsukamoto revendique l’héritage). Tout cela concourt à faire de Tetsuo un film  »déviant » et avant-gardiste.

Pour autant, Tetsuo n’est pas un film mû par de longues réflexions conscientes ; c’est un film construit dans état de crise par un personnage, adepte des vieux films de monstres, s’inspirant vaguement des mangas et de ses souvenirs d’enfance, tirant de son propre rapport à la ville de Tokyo et de ses images mentales la matière de son art, raccordant celui-ci avec spontanéité et passion, pour donner un maelstrom d’images hallucinant et ultra-sensitif. Le cinéaste a fait confiance à ses visions et à son imaginaire. Tetsuo est quasiment le film d’un seul homme, puisqu’hormis ses deux acteurs et son compositeur, l’ensemble des collaborateurs de Tsukamoto ont fui le projet au fur et à mesure que celui-ci se concrétisait.

Issu de la publicité, Tsukamoto en garde des tics particulièrement opérants. Le montage de Tetsuo est ainsi un modèle de dynamisme ; les séquences sont très courtes, l’image se suffit et chaque symbole porte une étourdissante puissance suggestive et émotionnelle. La musique concrétise l’hors-normité de l’objet, avec une BO industrielle lugubre, quelquefois d’un lyrisme étrange. En dépit de la sensation, partagée unanimement, d’assister à un spectacle si abouti, le spectateur ne peut ignorer que les racines de Tetsuo sont cheaps par définition. Il faut savoir que les effets spéciaux sont réalisés à base de matériaux récupérés par le cinéaste lui-même dans des décharges de la capitale nippone. Mais cet homme est parvenu à compenser son absence de moyens par une utilisation astucieuse du 16mm, appropriée à cet enfer mécanique torturé qu’une caméra haut-de-gamme aurait sans doute  »rationnalisé ».

Si Tetsuo a failli mener son auteur à la ruine (lequel était prêt à en brûler l’unique pellicule), une fois cet OCNI présenté au festival du film fantastique de Tokyo et à Rome, Tsukamoto va attirer les éloges des plus grands maîtres du bizarre, en tête Jodorowsky et Clive Barker. Cette folie ininterrompue, cette logorhée visuelle épileptique, ces soixante-sept minutes d’expérimental emphatique ou toutes les mutations sont permises, à la façon d’un cauchemar insensé, conduisent même les plus grands routiers du cinéma au vertige. Tetsuo est un film révolutionnaire demeurant une anomalie génétique du 7e Art, un produit balayant toutes les conventions esthétiques et narratives. Il y a certes un scénario  »fil rouge » identifiable, mais il n’est que le prétexte d’une somme de dérives incontrolâbles bafouant à chaque seconde toutes notions de vraisemblables. C’est l’un des rares moments de cinéma épousant la forme d’un cauchemar et offrant au spectateur une échappée du réel sans commune mesure.

Rêvons un peu en imaginant que Tetsuo aurait pu ouvrir la voie à un cinéma néo-expressionniste ; tant pis, tant mieux, Tetsuo reste et restera probablement sans concurrent. Parions néanmoins que le très vulgaire mais assez ébouriffant Vibroboy de Jan Kounen n’était pas innocent (notez qu’il faut voir ce court-métrage avant Tetsuo pour pouvoir le juger sans être tenté par une ironie acide) ; tant qu’au Pi d’Aronofsky, film-clé de la culture geek au sens pur du terme, l’influence est revendiquée. Et laissons Tarantino rêver de s’approprier le mythe ; qui oserait croire que le cinéaste-cinéphile de référence puisse se mesurer à un génie hors de toutes normes, alors que Tarantino ne sait faire qu’une chose (et parfois brillamment) : travailler les formes des normes déjà éprouvées.

Deux décennies plus tard, cette pierre angulaire du cinéma underground ne perd rien de sa puissance puisqu’on tient là un objet ne ressemblant, fondamentalement, qu’à lui-même (malgré les connexions plus ou moins évidentes avec les must have see évoqués). L’expérience est si forte, si inédite, tellement au-delà de tout ce qu’on a pu découvrir jusque-là, qu’elle appelle de nouvelles visions rapides, ou qu’on la maudit à jamais. Chacun retiendra au moins un tourbillon de violence, de cris, de morceaux de rêves démoniaques dans leur aptitudes à générer la fascination.

Plébiscite international auprès d’un public restreint mais hystérique au-delà du raisonnable (caractéristique même du  »culte »), Tetsuo permettra à Tsukamoto d’exercer son art avec désormais l’appui des producteurs, même pour ses projets les plus personnels ou audacieux. Il signera deux suite à son oeuvre phare ; les deux premiers opus de la saga Tetstuo sont en outre considérés comme une fraction de sa trilogie Tokyoite, avec Tokyo Fist.

Note globale 96

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CARTES POSTALES DU GROTESQUE ACHEVÉ – DIVINE, LES MORCEAUX PHARES

22 Oct

Déstockage de Divine. Ne vous fiez pas trop aux notes, c’est un indicateur mixte. Et, dans le cas présent, fixé selon des critères contradictoires.

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Divine est un personnage fascinant, euphorisant et immonde. Son mépris incroyable vis-à-vis de son propre personnage ne relève même pas de l’ironie : c’est une bête de rage, de fureur et de haine. C’est le mauvais goût dans son élan le plus disgracieux, le plus infect, abject et antipathique ; c’est inouï, malpoli, refusant tout compromis. Il y a quelque chose d’achevé, d’absolu, dans cette attitude surgie du chaos et condamnée à replonger dans le néant.

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Cet article est sans doute celui qui exposera les pires atrocités depuis la chronique sur la saga Guinea Pig. Autre registre, autre méthode, mais l’ambition et le résultat sont les mêmes : performances au nihilisme effréné, allégorie de la décadence en action, emphase totale avec des pulsions de dégénérescence et d’impureté jusqu’au-boutiste.

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Divine, le travelo obèse qui passait ses journées à se titiller le nombril en le barbouillant d’éclaboussures de merde flétries. Il ne reste plus rien de ses passages, on en sort pantois, repus et brouillé.

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Cet article fait suite à « L’Antifemme Opulente ».

I’m So Beautiful, le titre-phare de Divine, a déjà été traité sur la Blogosphère.

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DIVINE – YOU THINK YOU’RE A MAN (LIVE AUSTRALIA TV) °+° = *****

Répugnant et dantesque, You Think You’re a Man est une sorte de new wave rudimentaire, avec échos minables, effets d’un kitsch inconvenant, agressif.

Le clip, avec ses prises de vues rapprochées des plus glauques, arbore un petit côté Cruising pas trop fauché. Divine cantatrice dans les zones d’agonies crapoteuses… Il faut bien avoir été confronté à un puritanisme oppressif et mal digéré pour aboutir à une telle représentation. Le dégoût du sexe, du corps des femmes et du désir des hommes, est criant même s’il n’est pas consommé explicitement.

Cette vidéo pour la TV australienne se montre plus exubérante. L’entrée de Divine, d’une beaufitude monumentale, accueillie par une choré gay ringarde au possible, puis tous ses déhanchés bourrins (faussement hytériques) surpassent en dégueulasserie la vidéo précédente, jetant peut-être même, pour un moment, dans l’ombre son monstrueux I’m so Beautiful.

Cette prestation de Divine est son sommet. Putride, effroyable, définitif : le trash à découvert.

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DIVINE – BORN TO BE CHEAP *** (4sur5)

Born to be Cheap : le chant qui la résume parfaitement, son étendard, dionysiaque acrimonieux, au nihilisme typique. A voir pour la fureur, pour cette hargne et cette rage quasi surréalistes.

Dans un contexte où elle est raillée sans détours, Divine s’exécute pourtant parfaitement, au mépris des circonstances et du climat dominant. Mais au lieu de simple souci de  »s’assumer », propre des parfaites créatures ratées masquant leur désespoir par une sur-valorisation d’elles-mêmes vaine et insipide, Divine  »assène », elle affirme ce qu’elle est, clame sa laideur et réclame, non pas la reconnaissance, mais la liberté de jouir de cette misère, au détriment du bien commun, de l’harmonie et des humeurs voir de la santé collective. Divine, icône libertaire et régressive, ne respecte aucune culture : elle est toute la culture qui soit.

Le contexte restreint, voir élude un peu, la dimension morbide du délire, la pulsion de vie paradoxale du personnage, polit un peu la façade décadente de la démarche, mais ce face-à-face crâne avec sa fin en soi [entre racolage et intimidation] en affirme pourtant, sans doute pas tout, mais beaucoup de la substance.

Sinon, la musique est plutôt immonde mais Divine est là, avec ses facéties étranges, à l’instar de ces petits pas improvisés.

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SHOOT YOUR SHOT *** (4sur5)

Assurément l’un des chefs-d’oeuvres du personnage et une perle trash de façon générale. Shoot your shot, soit l’équivalent de…  »tires ton coup », assommante et hallucinante balade aux confins d’on ne sait trop quoi, fut un carton chez les Allemands en 1983 [la drag-queen plaît davantage en Europe].

Il y a ce son  »psyché » brinquebalant du début, avec rideau de fumée, une atmosphère décalée et absurde qui ne font que préparer le terrain à un moment de solitude assumé au-delà de toute raison. Le filmage panoramique est sans concession, Divine pas moins à son propre égard.

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WALK LIKE A MAN *** (4sur5)

Encore ces effets  »psyché » atrocements cheaps : look at like everything radiates in the sky, mais attendez trente secondes avant [le choc] que surgisse Divine et sa voix plus éraillée que jamais. Walk Like a Man ressemble à un bad trip épuisant ; la musique obstinée et sans motif est entêtante malgré elle.

Divine se traîne dans la boue en entraînant avec elle les avatars d’une imagerie précaire, mix improbable entre Ouest sauvage et Petite Maison de la prairie. C’est en fait tout Divine : réinventer les acquis, atomiser la culture, s’attarder sur les restes.

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LOVE REACTION ** (1-1-2sur5)

http://www.youtube.com/watch?v=Fx7Hdj3wIQo&feature=related

Sorte de phase de  »maturité » pour Divine, plus sobre que d’habitude, dans la maîtrise. Dans le clip, elle apparaît en diva marginale assumée, pas au top de sa forme. La bêtise est pleine et entière, mais le ton moins trash. C’est un petit dégoulis, pénible à suivre jusqu’à son terme car sa nullité est objective et guère passionnée, ne se traduit pas par des jaillissements horrifiques ou libidinaux mal placés.

http://www.youtube.com/watch?v=mYTYvWpApi4&feature=related

Après l’épure, la version naturelle. Dans la version live, Divine arbore le costume d’un Michou hardcore. Sans calcul. Elle sursurre ou hurle, le résultat est techniquement désastreux et le contexte minable. L’ensemble dégage la puissance d’un spectacle de majorettes première année, sauf qu’à la naiveté et la sincérité s’ajoute la dégénérescence et la sueur. Immonde, mais pas dégueux. Nul, simplement. Un peu pathétique, quoique la transparence de Divine rende son humanité laide, parce que vierge, trop candide pour être tenue en estime. C’est trop, parce que maintenant c’est vraiment l’enfer et la crasse, sans espoir de rédemption.

http://www.youtube.com/watch?v=4Wk1zm9qkjc

On peut se rabattre sur le titre officiel, exploité commercialement, qui constitue peut-être le seul morceau sérieux de Divine. Pousser le vice jusqu’à prétendre qu’il est le seul à être potable est trop pervers pour moi. Mais ce re-pompage du Blue Monday de New Order est néanmoins audible, à l’image de la créature immonde tout en étant plus lisse et raffiné.

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HARD MAGIC * (2sur5)

A condition d’être influencé par des matières autrement toxiques, le clip est drôle quelques portions de secondes pour son esthétique grand-guignole. Mélodie plus monocorde, degré zéro, Hard Magic est moins menaçant que les standards de l’icône trash, quoique très flippant tout de même : Divine en icône sexuelle pataugeant dans son bac à sable avant d’être l’objet de jouissance d’affreux vilains sauvages. Très beauf (d’ailleurs, les gros plans scabreux abondent), très  »particulier ». Un exercice de style presque curieux, mais douteux jusque dans la cohérence du personnage : en clair, il y a ici des choses qui n’alimentent en rien son univers et paraissent même hors-propos. Encore un effort avant de répondre aux critères de MTV, puis peut-être…

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JUNGLE JEZIBEL * (1sur5)

Lorsque je compare cette chronique à Guinea Pig, ce n’est pas tellement par hasard. Dans Flowers of Blood et The Devil’s Experiment, une femme est sacrifiée à un théâtre morbide organisé par des hommes, un spectacle gratuit et odieux offrant un individu réduit à son état le plus primal, diminué et humiliant.

Avec Divine, c’est la même chose. Elle ôte toute décence, tout honneur à son personnage, lui interdit même la vie. On croirait assister à un extrati de Strip-tease, en plus glauque. Dans cette vidéo (réalisée au club Hacienda en 1983, comme pour l’extrait similaire de Love Reaction), Divine touche le fond. Pour ceux qu’intéresse les abymes et qui tendrait bien la main, à moins que ce soit pour un peu plus l’enfoncer, à des putes borderlines à la médiocrité et la vacuité tragique. Attention c’est vraiment, vraiment minable, presque énervant. Ou quand après avoir tout rasé, annihilé les émotions des spectateurs, Divine se transforme en petit incitatif à la colère. 

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L’ANTIFEMME OPULENTE

5 Sep

Effectivement, je n’ai jamais vu quelqu’un mépriser à ce point les femmes et les gays, tout en suggérant son inaptitude à l’homosexualité sereine ou au transgendérisme assumé.

Mais j’ai fait une erreur en croyant que cet aveu ostensible n’existait pas, n’était manifeste que par hasard, alors qu’il cohabite avec la simple et pure volonté d’humiliation de toute forme sexuelle non-hétérosexuelle, par dépit et par haine  »rentrée ». Il est étouffé, mais il est partout. Certes, un personnage comme Divine vient sacrer toutes les identités sexuées  »différentes » comme des horreurs toxiques, des déviances intrinsèques ; l’hétéro-beauf est le premier ravis, de même que le petit gay inconscient.

Cependant, Divine est dans un mode passif-agressif. Elle n’est pas tout à fait offensive, ni tout à fait cynique. Et ce qu’annihile réellement Divine, c’est la femme, plus particulièrement la femme prude, rangée, inconsistante, bref, la gentille ménagère lisse et insipide, effacée et conformiste, modèle rayonnant encore dans les fantasmes d’aujourd’hui et dominant à son époque.

Divine ne va pas vers la féminité en ami : il fait une OPA sur elle pour l’entraîner dans son sillage et sa poursuite ( »revancharde ») du laid et du médiocre. Les rondeurs nourricières deviennent gras superflu, outrance répugnante et comique. Divine montre qu’un homme peut être aussi fort qu’une femme, aussi égocentrique et avachi aussi. Il blesse la féminité au cœur. Ce n’est pas par hasard que ce travelo homérique, cette loque polie et gentille, devient une femme opulente.

Elle déteste les femmes fragiles et déboule comme pour leur montrer « regarde ce que je sais faire ». Elle s’en prend indirectement aux princes charmants n’attendant que de trouver la perle rare ; elle les désillusionne. Elle se donne en spectacle devant des gays et des folles haissant la femme et la préférant diminuée ou ravagée ; eux-mêmes poursuivant une image et une attitude que l’homme ne tolère pas et la femme elle-même n’accepte pas. C’est une célébration libidinale au nom de l’amour de la médiocrité, de la quête de l’instinct primaire et de la régression, morale, esthétique et sexuée. Et sexuelle éventuellement parmi le public sincèrement et objectivement fan de Divine, miroir dans lequel ils se confondent avec énergie et enthousiasme.

Il y a chez Divine un côté christique, sacrificiel et autoconsumériste. C’est le paroxysme de l’artiste débridé engagé dans un délire sans fin, festoyant la haine de sa propre personne.

Ce qu’elle est et représente est ignoble, mais justement, le trouble de Divine est fascinant, de même que son rapport au-delà du tragique et du grotesque à sa propre valeur d’être humain, dont elle fait l’écrin des passions les plus brutales et sommaires, tout en les habillant d’un romantisme de caniveau et de fastes dionysiaques.

Elle n’envoie pas de messages ; elle contemple sa propre décadence. Et sans arrêt, elle en exprime autant la conscience que la satisfaction suicidaire. Et c’est pour ça que Divine fascine, pas simplement en tant que divertissement grotesque et hargneux, mais comme identité souillée de la plus grandiloquente et extrême des façons. C’est une façon de se ré-approprier : si je ne puis être parfait, je vais tout décimer, mais dans un ordre certain. Je lâche l’affaire et je prend les choses en main mieux que jamais. 

ASSELINEAU DANS « CE SOIR OU JAMAIS »

14 Oct

Président de l’UPR, François Asselineau a fondé ce mouvement avec un projet précis : sortir la France de l’OTAN, de l’Union Européenne et de la zone euro. Dans la foulée, il s’acharne à « désenfumer » les idiosyncrasies dominantes. Son positionnement sur l’échiquier traditionnel n’a pas d’intérêt puisqu’il recherche l’union sacrée au nom d’une vision pragmatique et réformiste.

Il est néanmoins issu de la droite souverainiste et défend des positions « antilibérales », critiquant le néolibéralisme économique, la médiacratie, la farce de la représentation parlementaire et des dualités politiques. Il s’en prend notamment aux « antisystèmes » et aux postures populistes vouées selon lui à verrouiller le système, citant souvent le cas du FN (« épouvantail consentant »).

Boycotté par les médias, le personnage a été reçu pour la première fois (début Octobre) en plateau par Frédéric Taddéi, dans son émission Ce soir ou Jamais. Mais cette invitation arrive bien tard : prétendant invisible lors de la course à l’Elysée de 2012 (il n’a pas été en mesure de réunir les 500 signatures), Asselineau ne peut plus que décrire la mise en oeuvre du TSCG, dont l’application officielle aura lieu le 1er janvier 2013, mais dont les préceptes sont déjà en partie appliqués et inscrits dans la Constitution.

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Blog de l’UPR & d’Asselineau

L’interface AgoraVox de Asselineau

Page Wikipedia (pas de version française)

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*Le TSCG est déjà officiellement validé par le Gouvernement Français, mais pas encore dans toute l’Europe.

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La Vidéo… 2 > Féminisme – Tiens-ta langue ou disparaît

La Vidéo… 1 > Mirage anti-passéiste des ploucs élitistes de Gauche

La Vidéo… 0 > Marion Maréchal Le Pen – quelle envergure pour le nouveau FN ?