LA GRANDE AVENTURE / DET STORA AVENTYRET (1954) ++

23 Jan

Cinquante ans avant Le Peuple Migrateur et La Marche de l’Empereur, La Grande Aventure était un documentaire animalier aux orientations originales. Ce premier long-métrage d’Arne Sucksdorff (écopant du Prix International à Cannes en 1954) croise la vie quotidienne d’humains et d’animaux dans un même récit, entre romanesque et reportage. Les animaux sont filmés de près, la bande-son rapporte précisément leurs bruits et leurs cris. Ils sont suivis dans la forêt, dans les chasses, lors d’expéditions contre les biens des humains (la capture des poules à la ferme) ou d’autres concurrents.

Les principaux acteurs sont des renardeaux et une loutre (Otty). Beaucoup d’autres animaux tiennent un petit rôle dans leurs traversées : oiseaux, canetons, écureuils, etc. Le principal antagoniste est un lynx. Les humains reprennent la main dans la seconde moitié : après une course à la loutre, le film part du point de vue et des initiatives des enfants ou des adultes. Contrairement au Renard et l’enfant un demi-siècle plus tard (film français ciblant la jeunesse, avec des renards dressés), il montre une cohabitation possible entre un animal sauvage et des humains, mais restant contraignante pour les deux partis et défaite en dernière instance. Les commentaires sont réduits à l’essentiel, livrés surtout au début et la mystification pas autorisée. Beauté, entraide et cruauté dominent spontanément la réalité, à hauteur d’instincts. Naturel ou artificiel, le dressage est toujours au programme de la vie. Ces images apportent une joie saine et douce, sans nourrir d’illusions et en continuant de plaider pour le rôle des Hommes.

L’authenticité et la dévotion de cette approche, la qualité de la direction et de la technique, font la force du film. L’intervention auprès des êtres est discrète, les mœurs animales ne sont pas trahies. Nous ne sommes pas dans le dessin animé prêtant une humanité aux animaux, ou simplement leur donnant la parole (comme le fera Martin Rosen, en leur laissant leurs préoccupations, dans La Folle escapade et Plague Dogs). Cette séance a également valeur de premier bilan dans l’œuvre d’un explorateur, traçant une philosophie, synthétisant des acquis et une expertise (sur le mode de vie des bêtes comme sur les tournures visuelles). Arne Sucksdorff était alors auteur de nombreux courts-métrages mettant en valeur la faune et les paysages de Suède. Ses principales réalisations à venir seront le documentaire El Djungelsaga/L’arc et la flûte (1957) et la fiction Le garçon dans l’arbre (1961). Des intérêts humanitaires s’ajouteront à sa fibre écologiste ; il finit sa carrière en activiste lié à l’UNESCO.

Note globale 88

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Suggestions…

Scénario/Écriture (3), Casting/Personnages (5), Dialogues (3), Son/Musique-BO (5), Esthétique/Mise en scène (4), Visuel/Photo-technique (5), Originalité (4), Ambition (4), Audace (3), Discours/Morale (-), Intensité/Implication (4), Pertinence/Cohérence (4)

Note arrondie de 87 à 88 suite à la mise à jour générale des notes.

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