Tag Archives: Ving Rhames

HAUTE VOLTIGE **

25 Mar

3sur5  Le joli titre français va mieux à ce film que ce qu’aurait donnée une traduction littérale à la québécoise, Entrapment se convertissant en  »piégeage ». Haute Voltige c’est : deux heures de virtuosité pure, de rebondissements légers et de péripéties conventionnelles, encadrés par une romance bigger than life. L’ex James Bond Sean Connery est recyclé en richissime gentleman cambrioleur et monte avec Catherine Zeta-Jones un coup ambigu.

Comme un Limier sans peur de flancher sous le poids des approximations, Haute Voltige se nourrit de jeux d’alliances et de manipulations, auxquels se mêlent sentiments et autres formes de loyautés subjectives. Des incohérences mineures parsèment la séance, comme l’ADN laissé par le chewing-gum au moment du vol du masque. Ça n’inquiète pas les pros anticipant les moindres détails ? Manifestement non. Est-ce que ça passe : totalement, si on consent à se laisser bercer par des illusions aussi grossières.

Et les arguments sont là. Association de deux magiciens, un vieil expert et une hôtesse de charme, l’élégant tandem de Entrapment vole au-dessus de ces considérations. L’une des scènes-clés du film consiste à observer les contorsions de Catherine Zeta-Jones et sa doublure dans une tenue très serrée. Le film tourne à la démonstration d’excellence formelle (et un peu émotionnelle) de la part de John Amiel, déjà réalisateur du classiciste et surtout beau thriller Copycat.

Note globale 56

Page Allocine & IMDB  + Zoga sur SC

Suggestions…  Hors d’atteinte

Voir le film

 Voir l’index cinéma de Zogarok

.

HORS D’ATTEINTE **

12 Fév

3sur5  Après le coup-d’éclat de Sexe mensonges et vidéos, son premier long en 1989 (excepté un documentaire quatre ans plus tôt), Steven Soderbergh a peiné à rééditer l’exploit. Dès son film suivant, Kafka, il se trouve exclue de l’attention du grand-public et peine à capter l’attention des cinéphiles. Cette période s’achève en 1998 avec Hors d’atteinte, grosse production avec casting en or, Jennifer Lopez et George Clooney étant en tête d’affiche.

Préparant le terrain du futur Ocean’s Eleven et de sa saga, Hors d’atteinte raconte l’amour impossible entre un braqueur de charme et une femme de loi glamour. Elle est pleine de self-control et attirée par la crème des bandits qu’elle coffre ; il est le séducteur vide, sans attaches, mais s’arrêtant sur elle. Tous les deux vont satisfaire leur besoin d’aventure et soulager leurs tensions. Ils sont impliqués dans des affaires où ils auront plusieurs rôles à jouer, ce sera l’occasion d’expérimenter une espèce de plénitude, tout en sachant qu’elle ne pourra durer.

Hors d’atteinte est plaisant, d’une maestrai exemplaire, c’est une démonstration de qualité par ses auteurs. Avec ça, il y a sa vacuité. Hors d’atteinte est pauvre. On sait déjà qu’il n’en restera rien, on éprouve rien, si ce n’est cette connivence lasse en miroir aux émotions de ces personnages résignés et chic. C’est un film  »mort ». Traffic, livraison de Soderbergh deux ans plus tard, est un peu comme ça : puissant, ambitieux, stylé, il ne dit trop rien. Il accumule par contre, les personnages saisissants, les potentiels ; il les collectionne et les exhibe avec science.

Car si son identité en tant que cinéaste pose question, Soderbergh est un formaliste admirable. Paradoxalement, son raffinement en a fait un cinéaste lourd, aux charmes incertains, un débiteur de pubs propres, mi-jazzy mi-glacées. Et surtout, Hors d’atteinte est aussi précieux sur la forme qu’il est vulgaire sur le fond. Le Soderbergh populo assumé, aka Erin Brockovich, ou celui théorique intégral, aka Kafka, interpelle nettement plus. Reste le plaisir d’un spectacle superficiel et sophistiqué, mélancolique ou enjoué selon la phase, pince-sans-rire, jamais exaltant, jamais trop faible. C’est un peu comme si Michael Mann avait voulu tourner Jackie Brown.

Note globale 59

Page Allocine & IMDB  + Zoga sur SC

Suggestions… Haute Voltige + Showgirls + Diamants sur canapé

.

Soderbergh sur Zogarok : Erin Brockovich + Traffic

.

 Voir l’index cinéma de Zogarok

.

PIRANHAS 3D **

22 Jan

2sur5 Il fait chaud, les spring-breakers, tous jeunes et beaux, prennent d’assaut le lac Victoria et s’exhibent sans la moindre pudeur et surtout sans la moindre conscience de la menace pesant sur eux. Les piranhas sont là et pas n’importe lesquels. Docteur Llyod, l’expert enthousiaste de service, en atteste : c’est une découverte majeure ; des survivants d’une lointaine époque, dont la constitution en fait des prédateurs dignes de l’ère des dinosaures. La petite farce étant consommée, on omettra de développer.

Car Piranhas 3D est un film d’exploitation totale, d’une générosité imparable au rayon gore & boobs. Il est même plutôt extrême dans ces deux registres : bien trop sauvage pour passer sans dommages, le film vire à la catastrophe dionysiaque. Sa dernière demi-heure, c’est L’Aventure du Poséidon à ciel ouvert et en barbarque. C’est quelquefois hilarant mais surtout particulièrement énervé. Rayon nudité, Aja jouit manifestement d’une immense liberté. Une  »cultissime » scène de sirènes va faire irruption au son de Flower Duet (Lakmé), fausse rupture avec le mauvais goût général et vrai cadeau pour le public.

En-dehors de ces caractéristiques, Piranhas 3D pêche par ses outrances de produit grindhouse militant. L’intrigue relève de la sitcom minable et criarde des 1990s sous le soleil de Miami ou de la côte Ouest. Les fautes logiques et comportements adéquats sont légion, une amourette s’inscruste, insipide même dans une optique  »second degré ». C’est que les repères demeurent ultra conventionnels, pas juste ceux dont on s’amuse. Le personnage principal aurait pu être sympathique : dans l’univers d’Alerte à Malibu et de Alpha Dog, il a le rôle du moraliste plombant. Pour autant, dans le registre presque toujours débridé et décérébré de l’horreur animalière, Piranhas 3D s’en tire honnêtement, sans atteindre le niveau d’Arac Attack mais sans sombrer dans la confusion comme Horribilis.

Alexandre Aja a revendiqué l’autonomie totale de son film par rapport au Piranhas de 1978, bisserie fameuse signée Joe Dante. Il s’agit toutefois bien, sinon d’un remake, d’un nouvel opus dans ce qui est de fait la franchise  »Piranhas » (deux voir trois opus auparavant). L’affiliation s’arrête effectivement là, car le Piranhas sorti 32 ans avant n’était pas un pastiche sarcastique avec une ribambelle de personnages clownesques (ici, Adam Scott en géologue badass, Jerry O’Connell en pervers survolté). Par contre, La Colline a des Yeux (remake) et Haute Tension étaient de grands films de genre, des modèles pour leur époque : Piranhas 3D, un encart ludique et la possible annonce d’un début de déchéance pour le cinéaste Aja, juste après le laborieux Mirrors.

Note globale 54

Page Allocine & IMDB  + Zoga sur SC

Suggestions… Avatar + Le dernier pub avant la fin du monde

Voir le film sur YouTube

 Voir l’index cinéma de Zogarok

.
.

A TOMBEAU OUVERT =+

26 Mai

C‘est avec Shutter Island un de ces films prestigieux de Scorsese, aux prétentions un peu nouvelles de sa part, amenant son entreprise à bon port tout en étant plombé par un concept vite épuisé. Dès le départ A tombeau ouvert inspire un sentiment mitigé. Nicolas Cage (pas plus génial que sa moyenne) y incarne un pompier harcelé par la vision des morts sur les lieux où il intervient.

Scorsese a fait un sous-Bad Lieutenant, en bien propret et mixé par ses manies éprouvées pour conduire les films de mafieux ou de gloire et décadence dans lesquels il s’est illustré. Ici ça ne cadre pas, d’ailleurs elles ont du mal à entrer. Aussi le réalisateur cherche à tutoyer un sens de l’abstraction, voir un certain mysticisme, auquel personne ne croit malgré une réalisation élégiaque.

Cage finit par péter les plombs et faire, comme les autres, la morale aux gens à secourir, par ne plus supporter leurs souffrances et leur faiblesse. À tombeau ouvert raconte donc l’apprentissage d’un certain cynisme, d’une distance rigolarde sur la vie impitoyable ; puis de son corollaire heureux, non plus l’espoir ou le volontarisme, mais l’amour. Y compris avec une femme au bord du gouffre (Patricia Arquette). Tant qu’on peut s’oublier ensemble.

Comme s’il avait honte d’allez sur ce terrain, à raison vu les propos stériles sur la religion, Scorsese s’empresse de faire demi-tour et de laisser barboter ses personnages. La construction d’ensemble demeure orientée par une interprétation de la morale chrétienne, où Cage, martyr ordinaire ne recevant rien en retour de ses services, trouve finalement refuge dans une position de témoin, en tachant d’évincer l’aigreur et rester compassionnel. Pour la symbolique, Scorsese sort l’artillerie lourde, mais dans le détail, il se montre superficiel, englué, justement, dans les témoignages patauds et sans recul d’hommes agissant sans plus rien voir.

Note globale 57

 

Page Allocine & IMDB   + Zoga sur SC

Suggestions… Lord of War + Midnight Express

Voir l’index cinéma de Zogarok

 

L’ARMÉE DES MORTS =+

30 Avr

Evidemment les gardiens du bon mauvais goût ont répété que le propos politique avait été liquidé. Or c’est une saine décision : il serait temps d’avouer que le substrat idéologique des premiers Romero est d’une grande platititude, quelque soit son orientation et ses intentions.

Donc, voici L’Armée des Morts, remake déloyal du Zombie de 1978, film-phare du genre éponyme et critique de la société de consommation. Ce second Dawn of the Dead a permis à Romero de se re-lancer, ce dernier ayant pu revenir avec Land of the Dead avant de retourner en terres zombies en gênant ses fans, un peu comme l’Argento post-Stendhal.

En ce qui concerne L’Armée des Morts, la supervision par Zack Snyder lui permet de transcender sa nature très étriquée et une écriture douteuse. C’est un film d’action gracieux et puissant, où s’exprime cette façon de s’approprier l’espace assez géniale propre à l’auteur de Watchmen et Man of Steel. La rançon, c’est un catalogue de petits plans inutiles, juste pour la beauté du mouvement. Plus rude à apprécier : les scènes additionnelles ultra beauf – du Very Bad Trip soft au nihilisme extrême toujours lancinant, souvent révélé dans une dernière pirrouette, chez Snyder. Et comme toujours avec lui, cette attraction pour des idées fondamentalistes, cette obsession d’une élite lumineuse et punitive, d’un moralisme impitoyable pour les humbles.

Contrairement aux autres grands survival zombies, les personnages sont réduits à un lieu et pataugent à cause de leur incroyable manque de stratégie et de discipline ; on ne les verra qu’arpenter la même courte zone, entre apathie, conneries appliquées puis conneries à réparer. Exemple : allons sauver ce chien qui s’en sort très bien ! Allons sauver cette fille perdue, qui nous annonce une rafale d’emmerdes car « il faut faire quelque chose »

Snyder nous dresse des personnages de plus en plus cartonnesque, s’exprimant de façon très définitive alors que si on prend un peu de recul, on constate l’inanité de leurs décisions et de leurs actions : la palme va bien sûr à Ana (Sarah Polley), la leader charismatique inattendue qui nous fait la démonstration de son sang-froid de guerrière, même si, déformation professionnelle oblige, elle aura besoin de se prendre pour un chevalier blanc : de préférence, évidemment, lorsque ça ne sert à rien.

Ce mélange de pompiérisme et de connerie chez les membres, d’abord très discret, finit par devenir la boussole du film et par caractériser ses protagonistes. Autant dire que leur mort est une bagatelle, ce qui pose problème dans de telles circonstances. Par ailleurs on remarque que la petite troupe est un peu lente à comprendre la nature de la situation dans laquelle elle est plongée.

Eh, tas de demeurés grandiloquents, évitez de vous mettre dans la gueule du loup ! Idem, comater alors que quelqu’un vient de mourir n’est pas particulièrement visionnaire ! Ce n’est qu’à la moitié du film qu’ils agissent de façon logique et dès lors, en étant systématiques (tuer les infectés, donc). Mais la légèreté opposée à la menace gâche en profondeur ce spectacle pourtant intense, sans temps mort et si bien pourvu. À ranger auprès de The Crazies, remake sans fatras social ou métaphysique également, plus carré et cohérent humainement.

Note globale 61

 

Page Allocine & IMDB + Zoga sur SC

Suggestions… Rec + V/H/S 2 + Le Projet Blair Witch

 


.

 

Voir l’index cinéma de Zogarok

 

 

 

LE SOUS-SOL DE LA PEUR =-

7 Fév

Wes Craven est identifié comme un des principaux artisans du cinéma d’Horreur américain de la fin du XXe siècle. Pourtant il ne doit cette réputation, légitime compte tenu de son influence et de ses exploits stylistiques, essentiellement qu’à Scream et aux Griffes de la nuit, ainsi qu’aux sagas assorties (Scream et Freddy). En-dehors de ceux-là, sa carrière est très aléatoire, avec plusieurs plongeons en eaux troubles. Les deux films ‘cultes’ des débuts, La colline a des yeux et La dernière maison sur la gauche, honorés par des remakes assez sophistiqués (en 2006 et 2009), ressemblent à des sous-Massacre à la tronçonneuse ou des sous-Mad Max.

Le sous-sol de la peur fait partie de ces opus de second rang dans l’œuvre de Craven, échappant au banc des refoulés (comme Un vampire à Brooklyn, La ferme de la terreur ou le téléfilm Invitation en enfer). Il met en avant un enfant black issu des ghettos, égaré dans l’immense demeure d’un couple de riches blancs après une tentative de cambriolage. Les injustices et les tourments sadiques qu’ils infligent justifient cette intrusion, ainsi que l’aspect cool et candide (‘de bonne foi’ et même ‘dans son bon droit’) des assaillants. La séance va osciller entre l’horreur la plus virulente et euphorique, dans la lignée de Shoker (précédent opus de Craven), tout en renvoyant aux films d’aventures pour enfants, à leur limpidité et à la sincérité de leurs petits héros. Par conséquent l’ADN du film est très originale et sa construction franchement sauvage. À l’écran cela donne l’impression d’un effondrement permanent, dénié par l’outrance des méchants et le volontarisme puéril des opprimés.

La violence extrême de L’emprise des ténèbres (deux opus plus tôt) est proche, des protagonistes dignes de Casper et Denis la malice se disputent le temps de présence : c’est d’un kitsch flagrant et déraisonnable, même dans le contexte de son époque (1991). Craven cherche à extérioriser sa conscience politique de Castor Junior à la traîne : il veut dénoncer, jouer au Gremlins clashant la société américaine. Il s’attaque donc à des dominateurs de longue date (famille de propriétaires immobiliers), sur la pente de la dégénérescence même si leur prédation s’emballe (la résidence doit être bientôt rasée) : c’est l’establishment bucolique conservateur, fanatique mais passablement asocial, limite séparatiste dans les faits tant son indépendance est profonde (elle favorise et atteint le délire).

Donc les méchants sont chargés et déversent leurs excentricités avec insouciance, ce qui est bon pour le show (avec quelques non-sens corsés comme le running gag de la combinaison SM). Malheureusement Craven est perdu au-delà de la performance : il y a plus de rugissements que de pièges dans la maison et de rebondissements dans l’action, plus de couloirs que de surprises, plus de mines effrayées que de flirts avec quelque monstre sérieux. Aucun élément supplémentaire n’est apporté au cours du film, les caractères restent aussi vierges et statiques. En face du couple de gros-bourgeois versant dans le white trash (peut-être inspirés par Delphine Lalaurie, le bourreau d’esclaves interprété plus tard par Kathy Bathes dans American Horry Story 3), tout le monde est gentil : le film est mielleux et sans ironie sur ce point.

Il est sans panache également, Craven étant généralement trop mou pour être identifié au fond ou pris au sérieux dans ses sympathies, surtout lorsqu’elles se politisent (à côté Invitation en enfer fait brûlot). Au moins Joe Dante s’investit clairement et a un jeu à déballer (Small Soldiers, Vote ou crève). L’ironie ultime est qu’en dépit de cette insignifiance, Craven arrive à la démagogie la plus vile en fermant son film sur une vendetta qui paraît d’autant plus obscène que ses motifs sont séparés de toute la foire qui s’est déroulée. Cela fait beaucoup de générosité éparpillée et de bons sentiments dispensés en vain. Finalement c’est une farce bête, un Goonies horrifique sans sève ; et plutôt un raté par rapport aux ambitions affichés de Craven. À moins qu’en vertu de son coté patchwork et de ses qualités techniques plus qu’honorables, il soit apparu à son auteur comme une réussite – voire la preuve d’une maturité décontractée. L’unique argument sérieux est donc Wendy Robie.

Note globale 42

Page IMDB  + Zoga sur SC

Suggestions…

Scénario & Écriture (1), Casting/Personnages (2), Dialogues (2), Son/Musique-BO (2), Esthétique/Mise en scène (2), Visuel/Photo-technique (3), Originalité (3), Ambition (3), Audace (4), Discours/Morale (-), Intensité/Implication (2), Pertinence/Cohérence (1)

Voir l’index cinéma de Zogarok

.