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THE HUMAN CENTIPEDE III (FINAL SEQUENCE) –

26 Juil

human centipede 3

Dernier film de la trilogie, où le mille-pattes humain aboutira (500 personnes et maintenues en vie) en prenant une dimension industrielle. Il arrive porté par un buzz énorme ; déjà, le second atteignait des sphères improbables. C’est étonnant de retrouver, sur des sites mainstream et tout-public, un produit normalement connu principalement des amateurs de pellicules barrées. Comme pépite malsaine, il y a largement plus riche ; en revanche Tom Six a battu des records dans la sauvagerie que seul le Z underground voir les fake snuff peuvent normalement se permettre. HC3 a été laminé par la critique, censuré en Grande-Bretagne et n’est pas sorti en salles hors des USA, mais il a obtenu une attention surréaliste, alors qu’il est loin d’avoir les qualités des torture porn des années 2005-2009 tels que Saw ou Hostel.

Tom Six s’engageait à faire du II « un Disney » à côté de cet ultime opus (puis a précisé : sur le plan psychologique). En terme de dégueulasseries et d’aperçus de misère humaine, le Final ne vaut pas Full. Par sa fièvre il le surpasse et est, comme promis, « 100% politiquement incorrect ». Non qu’il soit fin, mais c’est bien le cas ; outre la suggestion du mille-pattes comme antidote au crime, il moque quand il le peut quelques minorités ethniques et religieuses, souille tout le monde sur son passage. Le film est habité par un nihilisme rageur quoique artificiel, sans référentiel solide. Il est trop dément pour être un temps soit peu cohérent dans sa charge ou même dans sa violence ; c’est surtout un cri insensé nuancé par le dégueulis gratuit. Hormis pour rappeler que les pédophiles mériteraient d’avaler la fiente des camionneurs, Tom Six n’est absolument pas structuré. Il envoie son shocker, laisse discuter, s’enflammer, créer un mythe ; et cette fois ça a été la tolle quasi unilatérale.

Et comme pour le II, on vient voir en se doutant que Final Sequence risque d’écoper d’une évaluation médiocre ; car il y a l’espoir d’un dépaysement, d’un gros morceau ; c’est la curiosité trash de l’année, la bête immonde (et branque, certes) de sortie. Human Centipede III tient le pari s’il s’agit d’épater par l’immoralité crasse, mais c’est loin d’être un déluge de visions d’horreurs : c’est d’abord un nanar odieux et purulent ayant accédé au gros budget. L’inspiration dans l’abjection exulte avec le trou de rein et son viol, mais sur la longueur le plus sordide est la tenue du personnage principal, le directeur de prison. Pour interpréter cet espèce de chien psychotique digne des enfers de ScreamerClauz (artiste produisant en anime ce qui l’enverrait autrement en prison – Where the dead go to die), Tom Six ré-engage Diter Laser, le Dr Heiter de la First Sequence.

Dans la peau de Bill Boss, il campe un nouveau Dr Mengele post-moderne, très ambitieux, impliqué corps et âme dans son entreprise de dégradation. Il dépasse les projets sadiens, les scientistes à l’éthique diabolique ou les hommes de loi impétueux qui ont été ses prédécesseurs car son délire tient plus de la transe animale que d’une quête de pouvoir, de jouissance ou de déterminé à rester dans le champ de l’Humanité. C’est le fou parmi les barbares. Là-dessus, la démonstration que tente de greffer Tom Six est misérable : pour nous montrer ‘le Mal’, il invente un cinglé aberrant, s’appuyant sur les Etats-Unis d’Amérique (dénonciation courageuse inside), qui en plus fait sa petite révérence à Dieu avant de dévorer les couilles de son prisonnier le plus détesté. Les remontées misanthropes épiçant la bouillie de Tom Six sont comme le reste : ad hoc.

Leur poids est quasi nul, parce que HC3 est d’abord un happening bercé par la confusion et la désinhibition : alors il est arythmique, peu logique, ennuyeux finalement. Tom Six ne calcule rien, sait juste donner dans la surenchère et envoyer ce qui pourra remuer. La médiocrité de la mise en abyme en ouverture est alignée sur le reste. Néanmoins il arrive au film de s’élancer sur des pistes fructueuses, d’approcher la mise en forme d’un brûlot acquis à la perspective d’une corruption ultime de tout élan vital. Lorsque Laser Mengele annonce leur sort aux prisonniers, sa façon de bouillir est édifiante. Lorsque le nabot à moustache impose sa grande idée au directeur (vers 45 »), le délire des deux protagonistes monte assez haut et leur confiance à ce moment rejaillira par la suite, par exemple lors des déclamations face au gouverneur.

Dans l’ensemble la décharge est aussi massive que brouillonne ; une cacophonie primaire avec des déjections hautes en couleur à la densité rachitique. Human Centipede III finit par décoller mais reste globalement accablant et quelque peu saoulant, musclé mais sans grande incidence pour qui a vu les précédents opus ; il n’a pas le pouvoir traumatique du second opus ni la force de l’initiative du premier. Tom Six donne dans l’humour avec ses moyens et son univers, donc avec une grossièreté de caniveaux, tout le temps. Des tortures, des gros mots, le cul suant de Bree Olson (transfuge du porno) et la salive autour ; c’est bien du nanar de dernière zone, où des bidasses freaks et hystériques se la jouent sadiques. La laideur du film est assez choquante, alors qu’esthétiquement le travail est faible, sans grand lien avec la démonstration générale, sauf s’il s’agit d’accoucher d’un déchet rédhibitoire. Les couleurs sont saturées, une espèce de orange gras dégouline sur chaque parcelle de pellicule. Pour les exploits beaufs en prison, sans énucléation et avec de la vanne de Grosses têtes plus légère, préférez De retour pour minuit.

Note globale 28

Page Allocine & IMDB  + Zogarok Human Centipede 3 sur Sens Critique

Suggestions… Le Silence des Agneaux + FART the movie + Guinea Pig  

Scénario & Ecriture (1), Casting/Personnages (2), Dialogues (1), Son/Musique-BO (1), Esthétique/Mise en scène (2), Visuel/Photo-technique (1), Originalité (3), Ambition (3), Audace (4), Discours/Morale (-), Intensité/Implication (2), Pertinence/Cohérence (2)

Note ajustée de 29 à 30, puis mécaniquement à 28 suite à la mise à jour générale des critiques (novembre 2020).

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HUMAN CENTIPEDE 2 (FULL SEQUENCE) =-

1 Mar

Les films d’horreur et de violence constituent une menace car ils peuvent perturber et faire passer à l’acte des esprits fragiles ou dérangés : tout le monde est censé le savoir ou faire semblant d’y croire. Human Centipede avait fait parler de lui en 2009. Réputé comme l’un des plus trash de l’époque, le film montrait un savant fou fabriquer un mille-patte humain avec trois jeunes filles capturées dont ils cousaient les bouches à l’anus, avant de créer un système digestif d’un nouveau genre.

Pittoresque. Porté par le succès et la rumeur autour de cet exploit saugrenu, Tom Six persévère et présente une suite deux ans plus tard. Human Centipede 2 met en scène un handicapé mental fan du premier film décidé à reproduire le projet du sinistre médecin. Son mille-pattes sera composé de douze personnes. Cet opus-là a été interdit pendant quatre mois au Royaume-Uni. Une situation extrêmement rare aujourd’hui pour des films bis connus des amateurs, digne de l’ère des Cannibal Holocaust et consorts il y a donc au moins vingt ans. La bande-annonce ne manque pas de s’en vanter. Un troisième opus sort en 2014 pour clore la trilogie.

Le premier était original et raté, avec un rythme cassé ; le second, indécent et lourd, enchaînant les fulgurances et donnant un aperçu de l’humanité extraordinairement sordide, pustuleux (seule la merde est en couleur). Le cauchemar, c’est celui-là. Tout ce qu’on peut imaginer de sain ou de séduisant chez nous-mêmes et nos prochains est resté à la porte de cet Human Centipede 2 ; et lorsque son héros (Martin) s’émeut, c’est d’une manière tout à fait perverse, car il regrette que ses élus rendent les restes endommagés de leurs âmes avant de rejoindre le grand projet qu’il leur avait préparé. Ce héros, le répugnant Laurence R.Harvey, rappelle celui de Salad Fingers car il est comme lui prisonnier d’un univers autiste, mais ici il s’agit d’un arrière-monde alors que Salad est hors-monde ; et surtout, lui a une sensibilité, une candeur, sinon carrément une âme, que Martin n’a pas.

Hormis son ignominie, c’est le côté absurde du film qui interpelle. Comment ce nain trisomique a pu si facilement capturer une dizaine de personnes ; comment ce gnome hideux parvient à ce point à dominer autrui et satisfaire ses désirs ? Le défaut de vraisemblance atténue la portée viscérale, le noir & blanc également, mais on est atteint tout de même, car c’est l’horreur absolue, avec un filtre raffiné, qui nous est présentée. Le dernier où l’expérience s’accomplit passe les barrières de l’immonde.

Un film monstre, à ne recommander à personne, à laisser seulement à ceux qui se sentent imperméables aux provocations les plus dégénérées, voir à ceux qui aiment ce genre de déferlement. Dans tous les cas, pour ceux qui veulent tout voir ou ont besoin de s’abîmer. Human Centipede 2 est le film de la dégradation. C’est aussi fondamentalement une farce prodigieusement glauque, du Philosophy Of A Knife en mode burlesque, mâtiné de séquences d’angoisse renvoyant aux grands uppercuts sur les tueurs ou à Eraserhead dans les moments d’intimité. Tous ces films étaient moins crapoteux.

Note globale 44

Page IMDB  + chronique Zogarok sur SC

Suggestions… Hostel + A Serbian Film + Subconscious Cruelty + Begotten + saga Saw + Der Todesking  

Note initiale de 41 passée à 44 suite à la revoyure (2021).

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