WHERE THE DEAD GO TO DIE =-

28 Juin

Where the Dead go to Die est un des plus gros film malade de l’Histoire du cinéma. Réalisé en 2012 par Jimmy ScreamerClauz, il est encore quasiment inconnu. Il montre des enfants malheureux ou en difficulté conduits dans des dimensions voisines de l’Enfer par un Méphistophélès canin.

Vu le projet et le style annoncé, il est possible d’avoir de la peine à prendre le film au sérieux, pourtant ScreamerClauz ne faillira pas.  Il faut savoir qu’avec ce produit construit comme un jeu-vidéo, avec une esthétique hors-norme et un design extrêmement agressif et inconfortable, le réalisateur serait probablement en prison ou à l’asile s’il ne s’agissait pas d’un film d’animation. Donc, avec des personnages sur lesquels les lois n’ont pas de prise et que l’on peut exploiter au gré de ses fantasmes.

Accumulation de malsain et de crade, Where the Dead aligne un acte de zoophilie… impromptu ; des suicides ; un viol incestueux ; et une flopée de bullshit odieuses. La séance est cauchemardesque, le malaise redoublé par la forme déroutante. La violence est inouïe et surtout accompagne une atteinte aux pires tabous, notamment liés au corps et à la sexualité. Toutefois hormis ces quelques exploits, on se dit à l’arrivée (c’est terrible !) que.. l’étalage graphique est là certes, mais le  »pire absolu » est finalement une simple composante et n’est pas si fréquent ni intense.

Alors c’est extrêmement choquant. Mais comme les chocs hystériques au cinéma, il sature finalement son spectateur, lequel s’en tire par la rationalisation ou le scepticisme, voir l’indifférence s’il est un peu rodé, devant cette avalanche de transgressions certes, mais dans un cadre artificiel. Et en effet le film atteint peu, il dégoûte, peut révolter, mais ne hante pas de ses visions ultra-gores. Sa capacité de nuisance est très faible, toutefois il peut traumatiser de manière terrifiante des esprits peu avertis. Car cet objet underground est, en effet, un monstre, un des films les plus immontrables qui soit.

Le spectacle est usant, par sa crudité, son style graphique, son outrance et sa bizarrerie. A côté de cela, Where the Dead, c’est aussi des délires créatifs admirables, des univers extrêmement élaborés et saisissants. Incroyablement créatif et no limit dans ses diverses productions, ScreamerClauz crée ici des situations farfelues, débarquées de nulle part ; l’attaque de smileys sur pattes, les cyclopes… autant de créatures improbables, certaines sans visage commun, une autre apparaissant comme une sorte de mouche kaléidoscopique qu’on dirait issue d’une dégénérescence du verre géant de Dune.

L’imaginaire qui s’en dégage épate, car chaque instant est un pas dans un nouveau monde, où l’auteur libère toute son intériorité malade, sans la moindre barrière. C’est dangereux et souvent, révulsif et inacceptable. Ces manières sont parfois scandaleuses, la censure est légitime en bien des cas de figure (interdit aux mineurs, évidemment). Mais c’est aussi ça, une expérience de cinéma. Ce qui fascine, en marge de l’horreur véritable dans Where the Dead, c’est son étrangeté bête et prodigieuse.

Note globale 43

Page IMDB, pas de page Allocine  + chronique sur SC

Suggestions… Hôpital Brut + Feed

 .

Voir l’index cinéma de Zogarok

.

3 Réponses to “WHERE THE DEAD GO TO DIE =-”

  1. Voracinéphile juin 28, 2014 à 00:35 #

    Redécouverte toujours en cours, mais avec les commentaires de Jimmy Screamerclauz, c’est tellement plus marrant et agréable à voir. Passé le cap de la découverte (traumatisante, j’en garde une impression de malaise que je n’avais pas ressentie depuis longtemps), c’est un univers sans borne, un support dégueulasse d’animation 3D amateure (Jimmy conçoit lui même ses graphismes et son logiciel) avec lequel il vide son cerveau de centaines de visions perturbantes. Ce qui finit par être drôle, c’est qu’il admet ne jamais avoir cherché à leur donner un sens, et qu’il pensait faire de l’humour trash avec ces visions. Il n’arrête pas de répéter « j’ai dû rater quelque chose », à chaque fois qu’il voulait faire rire, ça donne les traumatismes du film.
    Concernant ma vision de Jimmy, il a des matrices récurrentes (obsession des vagins, de certains insectes, structures de certains monstres, tentacules, cyclopes, personnages sans visage, foetus avortés…), et il remélange toujours tout ça, en faisant des variations et de la surenchère. Et c’est là qu’il est impressionnant, avec toujours les mêmes dadas, il parvient à accoucher de nouveaux cauchemars, à refaire de la merde avec une intensité rare. Jimmy est intarrissable, jamais il ne s’arrêtera. Et même en admettant qu’il est un artiste médiocre (il avoue son amateurisme à la 3D et son incapacité à dessiner proprement (je confirme, voir son site pour s’en convaincre), il poursuit son oeuvre pour se vider la tête.
    Et concernant les hommes à tête de chèvre et en habit de prêtre, jimmy est mort de rire dans les commentaires en disant qu’il avait eu des remarques comme quoi des gars pensaient avoir compris un message, alors que ça le faisait juste marrer et qu’il trouvait le résultat joli.

    • zogarok juin 29, 2014 à 15:27 #

      « Faire de la merde avec une intensité rare », c’est pour cela que tu es si ambivalent envers lui ? (en te penchant sur son cas, tout en lui mettant 1/10 sur SC – à la base)

  2. Voracinéphile juin 29, 2014 à 23:11 #

    Oui, c’est ce qui justifie mon ambivalence. C’est aussi un peu ce que tu décris dans ton avant-dernier paragraphe (je l’ai interprété ainsi en tout cas). A défaut d’avoir une technique qu’il maîtrise, il est foisonnant, et semble sans limites… alors que son champ d’action est paradoxalement très réduit (il ne s’axe que sur la déviance et revient toujours aux mêmes visions organiques infernales). Mais la claque de ces visions (et celles ci ne sont pas les plus estomaquantes)… Je reviendrai sur le cas de la dernière histoire, celle qui m’a toujours retourné…

Laisser un commentaire