HUMAN CENTIPEDE 2 (FULL SEQUENCE) =-

1 Mar

Les films d’horreur et de violence constituent une menace car ils peuvent perturber et faire passer à l’acte des esprits fragiles ou dérangés : tout le monde est censé le savoir ou faire semblant d’y croire. Human Centipede avait fait parler de lui en 2009. Réputé comme l’un des plus trash de l’époque, le film montrait un savant fou fabriquer un mille-patte humain avec trois jeunes filles capturées dont ils cousaient les bouches à l’anus, avant de créer un système digestif d’un nouveau genre.

Pittoresque. Porté par le succès et la rumeur autour de cet exploit saugrenu, Tom Six persévère et présente une suite deux ans plus tard. Human Centipede 2 met en scène un handicapé mental fan du premier film décidé à reproduire le projet du sinistre médecin. Son mille-pattes sera composé de douze personnes. Cet opus-là a été interdit pendant quatre mois au Royaume-Uni. Une situation extrêmement rare aujourd’hui pour des films bis connus des amateurs, digne de l’ère des Cannibal Holocaust et consorts il y a donc au moins vingt ans. La bande-annonce ne manque pas de s’en vanter. Un troisième opus sort en 2014 pour clore la trilogie.

Le premier était original et raté, avec un rythme cassé ; le second, indécent et lourd, enchaînant les fulgurances et donnant un aperçu de l’humanité extraordinairement sordide, pustuleux (seule la merde est en couleur). Le cauchemar, c’est celui-là. Tout ce qu’on peut imaginer de sain ou de séduisant chez nous-mêmes et nos prochains est resté à la porte de cet Human Centipede 2 ; et lorsque son héros (Martin) s’émeut, c’est d’une manière tout à fait perverse, car il regrette que ses élus rendent les restes endommagés de leurs âmes avant de rejoindre le grand projet qu’il leur avait préparé. Ce héros, le répugnant Laurence R.Harvey, rappelle celui de Salad Fingers car il est comme lui prisonnier d’un univers autiste, mais ici il s’agit d’un arrière-monde alors que Salad est hors-monde ; et surtout, lui a une sensibilité, une candeur, sinon carrément une âme, que Martin n’a pas.

Hormis son ignominie, c’est le côté absurde du film qui interpelle. Comment ce nain trisomique a pu si facilement capturer une dizaine de personnes ; comment ce gnome hideux parvient à ce point à dominer autrui et satisfaire ses désirs ? Le défaut de vraisemblance atténue la portée viscérale, le noir & blanc également, mais on est atteint tout de même, car c’est l’horreur absolue, avec un filtre raffiné, qui nous est présentée. Le dernier où l’expérience s’accomplit passe les barrières de l’immonde.

Un film monstre, à ne recommander à personne, à laisser seulement à ceux qui se sentent imperméables aux provocations les plus dégénérées, voir à ceux qui aiment ce genre de déferlement. Dans tous les cas, pour ceux qui veulent tout voir ou ont besoin de s’abîmer. Human Centipede 2 est le film de la dégradation. C’est aussi fondamentalement une farce prodigieusement glauque, du Philosophy Of A Knife en mode burlesque, mâtiné de séquences d’angoisse renvoyant aux grands uppercuts sur les tueurs ou à Eraserhead dans les moments d’intimité. Tous ces films étaient moins crapoteux.

Note globale 44

Page IMDB  + chronique Zogarok sur SC

Suggestions… Hostel + A Serbian Film + Subconscious Cruelty + Begotten + saga Saw + Der Todesking  

Note initiale de 41 passée à 44 suite à la revoyure (2021).

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