XXY +

31 Juil

xxy argentin

L‘hermaphrodisme a rarement été abordé au cinéma. Il y eut le français Le mystère Alexina (1985, basé sur l’histoire de Herculine Barbin au XIXe), le péruvien Both (2005). Film argentin de 2007, XXY n’a donc pas besoin d’être un film d’exception pour avoir un statut remarquable. Au-delà de cette prime au défrichage, XXY vaut pour sa finesse d’écriture, la force de son regard, l’excellence du casting et son originalité plastique. Le sujet est abordé en étant connecté à des questionnements moins spécifiques, aux défis alentours relatifs à l’adolescence et à l’identité sexuelle.

La rencontre avec Alex, la jeune intersexuée, se déroule l’été de ses 15 ans. Elle vit depuis toujours avec ses parents dans une maison isolée, entre les bois et la plage. Ses parents convoquent un spécialiste en chirurgie en mesure de régler son ambiguité (‘objective’). Celui-ci vient avec sa propre famille et Alex a l’occasion de fréquenter un jeune garçon homosexuel, premier témoin de sa différence et premier partenaire. La place à occuper pour Alex n’est pas nette, sa projection dans un genre contrariée ; avec ou sans passage au bistouri, le troisième X laissera une emprunte.

Le père d’Alex affirme d’ailleurs qu’elle ne sera probablement jamais une femme quoiqu’il arrive et s’attend à ce qu’elle n’en reste pas une (car elle apparaît bien comme une fille à ce jour). Le futur est flou et dissuasif, les sentiments d’Alex en deviennent confus, ses élans sont noyés par les contradictions et se soldent par plus de colère et de frustration tandis que les fatalités se disputent. La dureté de XXY tient à cette intensité des souffrances, à l’ampleur des répercussions de ce dérèglement caché, sur une famille qui ne sait et ne peut vivre, percevoir, se laisser-aller à la joie comme les autres.

Lucia Puenzo tire le sujet vers l’universalité, évoque aussi bien les remous de l’adolescence ou de la vie de parents, donne un aperçu par le témoignage de la façon dont se vit un intersexué post-opération. C’est sobre, cru, empathique. Les protagonistes cherchent à faire des choix, les informations qu’ils échangent, les sentiments qu’ils éprouvent, sont autant d’appuis sans solution. L’été en Uruguay est gris et pluvieux, les vacances moroses : la rage circule en vain dans ces territoires beaux mais sinistres, une chape de tristesse risque à tout moment de broyer Alex et les siens et réduire leurs gesticulations à néant.

Note globale 76

Page Allocine & IMDB  + Zoga sur SC

Suggestions… Boys don’t cry + Tomboy + Virgin Suicids + J’ai tué ma mère + Elephant/Van Sant + Black Swan + Juno + Les Nouveaux Sauvages

Scénario & Ecriture (3), Casting/Personnages (4), Dialogues (3), Son/Musique-BO (4), Esthétique/Mise en scène (4), Visuel/Photo-technique (3), Originalité (4), Ambition (4), Audace (4), Discours/Morale (-), Intensité/Implication (3), Pertinence/Cohérence (4)

Note arrondie de 75 à 76 suite à la mise à jour générale des notes.

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2 Réponses to “XXY +”

  1. Moonrise juillet 31, 2015 à 21:27 #

    Merci pour la découverte. L’hermaphrodisme m’a toujours fascinée, et y a peu d’oeuvres de fiction avec ce type de personnage. Le cadre a l’air atypique aussi.

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