L’année 2012 a été plus riche que la précédente en matière de découvertes cinés. Mais en dépit de ces retrouvailles, la Politique n’est pas loin de prendre l’ascendant sur la Blogosphère… Affaire à suivre. L’année 2013 s’annonce sous les meilleures hospices, avec le remake de Maniac pour démarrer.
En attendant, voici quelques films de l’année écoulée, dans la foulée de chroniques spéciales pour The Amazing Spider-Man, Des Hommes sans Loi, Laurence Anyways ou Frankenweenie.
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ONE LIFE / VIVRE ***
3sur5 Film-documentaire animalier, adapté de la série-documentaire « One Life » diffusé par la BBC, il n’a eu les honneurs de la sortie en salles qu’au Royaume-Uni ; en France il est sorti en DVD par anticipation des fêtes de fin d’année de 2012.
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Le parti-pris consiste à faire de la vie animale une immense constellation où se déploient des combattants et des prédateurs de chaque instant. La structure est sans surprise mais beaucoup plus maîtrisée que d’ordinaire dans le domaine ; Martha Holmes réalise une œuvre intense qui gagne à être ouvertement scénarisée.
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Raffinée et cash, souvent pince-sans-rire, sa mise en scène transforme des poursuites ou des quêtes en séquences à suspense, tout en agrémentant les courses ludiques et les drames élémentaires de commentaires informatifs et enjoués (le narrateur US est Daniel Craig ; Anouk Grinberg pour la VF). La biodiversité est envisagée comme le matériau brut d’un recoupage clipesque, dense et intelligent.
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Grâce à cette originalité du ton, au rythme et à une grâce certaine, ce document animalier se hisse au-dessus du lot. La BBC n’a pas réuni les moyens de Yann-Arthus Bertrand pour Home et son produit n’arbore pas la même splendeur, mais il est plus condensé, plus divertissant et se passe de toute velléité idéologue, pour simplement s’acquitter de sa mission authentiquement écologique et de ses impératifs d’entertainment.
Note globale 65
Page Allocine + Zoga sur SC
Suggestions… Home + Félins
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TWIXT ***
3sur5 Avec Twixt, Coppola flirte plus qu’il ne revient à la source de son œuvre, l’époque où il appartenait aux écuries de Roger Corman et sortait Dementia 13. Un cinéma de genre, mineur mais divertissant. Il honore cette vieille passion avec élégance, mais ne s’arrête pas là : Twixt est un immense théâtre en trompe-l’oeil, arpentant les genres et l’œuvre personnelle du personnage. Le postulat classique de série B débouche sur une foule d’expérimentations, elles-mêmes consacrées autant à racoler une intrigue classiciste qu’engendrer une sorte de thérapie familiale.
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Le film se vit d’abord comme un spectacle un peu hagard et halluciné, une sorte de métafiction exhibitionniste mais trop polie pour être malade. Pour illustrer le processus de création littéraire, Coppola rempli sa mise en scène d’auto-suggestions et multiplie les morceaux de bravoure et de poésie loufoques, hybrides et grand-guignols. Il fait cohabiter logorrhée métaphysique de briscard sur le départ, ironique et néanmoins ravi, conte gothique et farce à suspense. Le charisme de Val Kilmer, magnétique dans un costume à contre-emploi, est presque un aspect secondaire. C’est surtout la beauté de Twixt qu’on retient, la sophistication du trait : la violence elle-même est désincarnée, c’est la grâce qui compte, dans la forme et dans les moyens (c’est le troisième film de l’ère numérique pour le cinéaste).
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Néanmoins Coppola s’identifie largement à ce personnage, créateur fatigué quoique toujours vigoureux, virtuose mais assailli simultanément par deux certitudes : celle d’avoir encore des visions en stock, celle d’avoir perdu le souffle, l’énergie d’engager un chef-d’oeuvre absolu. Il se consacre ainsi à donner le meilleur de lui-même, sans chercher le recul ni l’artifice, sans calcul mais en espérant confectionner un produit ludique. C’est l’œuvre d’un cinéaste se vivant soudain comme un gamer, s’attachant à la mise en scène avec une superficialité revêche. Résultat : un spectacle curieux, nonchalant et ravissant, cynique et généreux. Une sorte de rêve lucide où Coppola assume et revendique un lâcher-prise tout en portant haut ses ambitions d’esthète et d’explorateur introspectif. C’est parfois un peu creux et pourtant toujours habité, d’ailleurs les amateurs avertis seront chaussés de lunettes infrarouges que n’auront pas la plupart des spectateurs, qui n’auront qu’à profiter d’une balade si douce, macabre et enjouée, merveilleuse aussi malgré d’étranges écarts pragmatiques, à la mélancolie rieuse.
Note globale 63
Page Allocine, fiche Cinemovies, interface Cinemagora
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Francis Ford Coppola sur Zogarok > Apocalypse Now, saga le Parrain, Outsiders, Dracula, Jack
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Bilan de l’année 2012 (et de 2011)
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Publié exceptionnellement à 14heures
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