ENNEMI D’ÉTAT =+

10 Jan

Ennemi d'état

Tony Scott est un artisan bourrin de premier ordre, mais il a un style, il a ‘son’ cinéma, avec les caractéristiques suivantes : sujets intéressants voir assez audacieux, approches grossières mais néanmoins pertinentes, mise en scène extrêmement dynamique (avec plus ou moins de caractère selon le cas). Enemy of the State ne dépareille pas, c’est un très bon opus dans sa carrière et un film de studios avec son gros supplément ( »d’âme », ce serait abusif) et réellement efficace. Les Mission:Impossible ne sont pas beaucoup plus palpitants, peut-être plus gracieux dans leur empressement cependant.

Sorti en 1998, ce film américain traite de la surveillance étatique et montre au quidam l’avance qu’ont sur lui les organismes de pouvoir. Le pouvoir, c’est le gouvernement mais aussi les différents organes liés à l’état américain et entrant parfois en contradiction ; ce sera d’ailleurs le cas ici pour les pourchasseurs de Will Smith, eux-mêmes aux prises avec d’autres agences au-dessus des lois et service de sa majesté les Etats-Unis. Ennemi d’état montre le véritable atout du pouvoir : l’ascendant technique. C’est par lui que les autorités peuvent vous détruire, tout connaître de vous ; puis balancer des vérités privées embarrassantes ou mieux, semer des rumeurs calomnieuses grâce à leur arsenal.

Car au-delà de la surveillance, les ressources du vrai pouvoir sont immenses. Ennemi d’état est un divertissement intégral, au-delà de l’étalage des ressources techniques, le film ne s’attarde pas sur les moyens et les effets du travestissement de la réalité par ces autorités. Mais le message est clair : l’homme ordinaire est mis face à sa vulnérabilité sociale et politique. Il y a peut-être égalité devant la mort, d’ici là il faut vivre dans le mensonge ou être un collaborateur de l’ombre ; ou courir, comme Will Smith. Les coups de théâtre seront légions et tout finira relativement bien, car ce sont les lois de l’entertainment grégaire. Il y a d’ailleurs un soupçon de comédie, des élans grivois, petites saillies HS ou running gag (le mixer), comme dans les films d’action badass et décontractés des années 1990.

Cette dimension-là occupe une place très secondaire dans le film mais raccroche clairement cet Ennemi d’état à sa vocation de spectacle tout-terrain et familial. Finalement ces touches sont bienvenues et aèrent la course, comme les aléas triviaux concernant Smith et son couple ou Smith et son partenaire de combat. Ennemi d’état fait bien quelques clins-d’œil à Conversation secrète mais il ne postule à un niveau supérieur au sien (contrairement à Spielberg par exemple, qui en oublie au passage le divertissement – Minority Report, La guerre des mondes). C’est bon et peu profond, mais pour une fois clairement pas con ; en plus, le connard de l’histoire a l’honnêteté de parler du monde réel et de n’être que le partisan zélé de l’extension d’un système déjà en place, pas un apprenti sorcier lointain. La spécialité de Tony Scott est l’hystérie, pas la fantaisie.

Note globale 68

Page Allocine & IMDB  + Zoga sur SC

Suggestions… Snake Eyes + Une journée en enfer + Looper + After Earth  

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